Comprendre où est le bien et désirer ce bien n’est
peut-être pas facile, mais c’est toujours moins difficile que la troisième
étape : l’application.
Chacun peut très bien admettre qu’il est préférable
d’être sobre, de rester fidèle à son mari ou à sa femme, de maîtriser ses
mouvements de colère, d’agir honnêtement et souhaiter sincèrement y parvenir,
mais voilà, quand la tentation arrive, comment ne pas succomber ? Pour
résister il faut que la question soit claire dans les trois plans de
l’intellect, du cœur et de la volonté, et le plus difficile est d’entraîner la
volonté afin de changer ses habitudes.
Une mauvaise habitude est comme un cliché qui s’imprime
sur nos corps subtils. Une fois imprimé, il se reproduit à l’infini. Même si
ensuite on regrette sa faut, cela ne sert pas à grand-chose, à n la répète… et
puis on la regrette à nouveau… c’est un enchaînement sans fin de fautes et de
remords.
Lutter, pleurer, se repentir est le plus souvent
inefficace, car le remords a lui aussi inscrit son cliché, alors il revient
après la faute, mais il n’aide pas à la corriger. C’est comme si faute et
remords étaient deux entités entre lesquelles n’existe aucun contact. Elles se
suivent, c’est tout. Vous direz : "Mais c’est parce que l’homme est
faible" Oui, il est faible, il est faible parce qu’il est ignorant. Le
jour où il aura la lumière, il arrivera à triompher de ses mauvaises habitudes.
Et que faut-il faire alors ? Remplacer le
cliché, c’est-à-dire remplacer les mauvaises habitudes en s’appliquant, peu à
peu et consciemment, à avoir d’autres pensées, d’autres sentiments, et surtout
à faire d’autres gestes. Ce sont là autant de nouveaux enregistrements, de nouveaux
clichés qui arriveront à neutraliser les autres. Ils ne les effaceront pas, car
dans la nature rien ne s’efface, mais ils se superposeront à eux et c’est eux
qui agiront.
Un homme me confiait un jour qu’il était
irrésistiblement attiré par les toutes jeunes filles ; il se rendait
compte combien cela était dangereux, mais il ne savait pas comment lutter
contre cette tendance et il me demandait conseil.
Demandait conseil. Alors, voici celui que je lui ai
donné : "Cherchez à rencontrer une jeune fille qui vous laisse plutôt
indifférent, là vous conserverez plus facilement la maîtrise et vous pourrez
consciemment prendre l’habitude de garder des distances. Puis, vous en
rencontrerez une autre, et encore une autre, et vous continuerez à agir
correctement. Ainsi, peu à peu, vous inscrirez en vous une nouvelle attitude,
c’est elle qui prendra le dessus, et quand vous vous trouverez devant une de
ces jeunes filles qui vous faisaient auparavant perdre la tête, vous resterez irréprochable.
Mais soyez vigilant, continuez à vous exercer avec celles qui ne vous tentent
pas".
Or, que fait-on en général ? Exactement le
contraire : on se précipite vers les personnes et les choses qu’on trouve
plaisantes, et on se détourne des autres. Pour vaincre une tentation, une
faiblesse, vous devez chercher à remplacer l’objet dangereux par un autre qui
est pour vous inoffensif ; les nouveaux clichés que vous allez ainsi
imprimer vous protégeront. Mais même si vous n’êtes pas exposé à des tentations
qui vous perdraient si vous y succombiez, vous devez toujours penser à créer de
nouveaux clichés, meilleurs, afin de progresser.
Combien de personnes croient agir conformément au
bien qu’elles comprennent et qu’elles aiment. En réalité, elles font exactement
le contraire, mais impossible de leur faire admettre. Pourquoi ? Parce
qu’elles s’imaginent qu’il suffit d’accepter mentalement un idéal et de
souhaiter le réaliser pour y parvenir. Eh bien, non, malheureusement non, c’est
même là que commence la partie la plus difficile. Voilà pourquoi une des
premières qualités du disciple est la lucidité.
Il est préférable de bien se conduire, mais mal se
conduire n’est pas encore le plus grave. Le plus grave est de ne pas en être
conscient. Celui qui est incapable de voir qu’il a mal agi finit par être pris
dans des contradictions inextricables. Il rencontre des échecs, il est rejeté
par les autres et il ne comprend pas pourquoi ; il se croyait
irréprochable, il était convaincu que les autres l’approuveraient,
l’admireraient même. Il est troublé par ce qui lui arrive, il s’imagine que le
monde entier se ligue contre lui, ce qui influence très négativement ses
pensées et ses sentiments ; il se révolte et dans cette révolte, il perd
sa lumière et il perd son amour.
Tour cela parce qu’il refus d’admettre qu’il n’a
pas réussi à faire le travail dans le troisième plan : la réalisation.
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