Dans les plans psychique et mental, tout se
passe exactement de la même façon. Vous êtes guetté par des ennemis, et jamais
vous ne devez croire les avoir apprivoisés. Ils sont là, et ils n'attendent
qu'un moment d'inattention de votre part pour vous attaquer.
C'est pourquoi l’Évangile conseille d'être
vigilant. Il est dit: "Veillez et priez". Ces ennemis intérieurs, ce
sont le moi inférieur, l'égoïsme, la sexualité, ce serpent perfide qui ne
pardonne jamais. Vous pouvez dire: "Depuis vingt ans je me domine, mon
corps m'obéit, mes instincts me sont soumis" et peut-être bien que tout le
monde vous croira, mais pas moi. Vous dominez vos passions, votre sexualité,
oui, c'est vrai, parce que vous êtes vigilant, attentif, concentré. Mais
oubliez seulement deux jours d'être prudent et vigilant, relâchez la tension de
votre conscience, de votre esprit, et voilà, vous découvrirez que rien n'est
changé: la matière étant restée la même, l'estomac et le sexe aussitôt
reprennent la parole et veulent s'imposer, ils réclament avec autant
d'insistance et de force ce qu'ils obtenaient autrefois. Avec stupéfaction vous
constaterez que vos organes manifestent leurs instincts anciens. Ce sont des
primitifs à qui vous avez fait subir un dressage universitaire; aussitôt
laissés à eux-mêmes, ils reprennent leur ancienne vie.
Le corps physique, la matière restent toujours
pareils à eux-mêmes. On se trompe si on croit pouvoir transformer la matière,
la nature humaine. En fait la nature humaine restera éternellement la même:
elle boira, elle mangera, elle copulera, elle se livrera à toutes sortes de
choses abaissantes.
Alors comment se fait-il que cela soit différent chez les Grands
Maîtres ?
Chez eux, l'esprit est entré si profondément
jusque dans leur corps, que c'est lui qui se manifeste à travers la matière, et
non plus celle-ci qui commande. Si l'esprit les quittait, on verrait que leur
matière est aussi cette chose qui dort, qui mange et boit, qui vit mal. Le
corps sans l'esprit reste ce qu'il est. Voyez le cheval monté par son maître.
C'est le cavalier qui chante, parle, guerroie, pas le cheval.
Et quand il s'agit de l'homme, cet esprit
monté sur le cheval qui est son corps physique, on continue de croire que c'est
le cheval qui fait tout. Pourtant quand le chevalier esprit s'en va chanter
quelque romance à sa bien-aimée, sa monture peut faire Dieu sait quoi! Vous
pouvez être resté trente ans sur votre cheval à le tenir toujours en bride;
lui, il est resté cheval. I
Il y a eu de très grands Maîtres qui ont
accompli des choses magnifiques ; parce qu'ils étaient montés sur leur cheval,
celui-ci leur obéissait. L'esprit qui était en eux ayant quitté leur corps,
celui-ci reprit ses vieux instincts et mena une vie pire encore que celle
d'autrefois. Il se vautrait dans les plaisirs de la chair, parce qu'il avait
perdu l'esprit qui le dirigeait. Le corps physique est charnel, faible, stupide
et primitif. C'est là le fond du problème. Et l'histoire révèle cette vérité
chez de nombreux grands hommes. Dans ces conditions, il ne reste qu'une chose à
faire: cesser de compter sur cette chair perfide, et s'appuyer sur la stabilité
et sur l'infaillibilité de l'esprit, l'empêcher de s'éloigner, de fuir. Sans
l'esprit, nous serons assaillis par les faiblesses et les passions comme
autrefois.
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