Croyez-moi : il y a dans
la démarche du Maitre, quelque chose d'extraordinaire. Avant de se mettre en
route, il se tient la tête et le corps bien droits. Jamais il ne se précipite,
mais il reste un instant immobile, jetant un regard devant lui, puis à droite
et à gauche, comme un général qui aurait une armée derrière lui à qui il
ordonne: à droite! à gauche! On sent que c'est pour lui-même qu'il agit ainsi,
non pour les autres. Ensuite il avance. Je ne l'ai jamais vu se mettre en
marche avant de s'être orienté et sans avoir vu devant et derrière lui ce qu'il
y avait, ni avant d'avoir placé son corps dans une certaine attitude. Je ne
l'ai jamais vu le dos courbé ou la tête baissée, et quand il avance, il semble
ne faire aucun effort. Ses mouvements sont si légers qu'il paraît ne pas
toucher terre. Pourtant il fait de grands pas, on dirait qu'il vole. C'est
stupéfiant! Il se déplace dans l'espace avec une souplesse, un calme et une
joie extraordinaires, et assez vite en général. On ne saurait l'imiter.
Il ne marche lentement
que sur le terrain d'Izgrev où nous faisons des exercices et où quelquefois il
se promène avec un frère ou une soeur. Durant toute la conversation il garde la
même tenue remarquable. On éprouve à le regarder une harmonie; il y a une musique
dans ses gestes, dans sa démarche où il n'apparaît rien de lourd, de triste, de
forcé. On a de la peine à le suivre; on croit prendre son pas, et il vous
dépasse; il faut courir.
A Rila, quand nous étions
en excursion avec lui, nous courions tous. Il était toujours le premier, pas
essoufflé du tout malgré la pente. Il connaît le secret de la marche et surtout
de la respiration. En marchant il respire sur un rythme inconnu tout en faisant
avec les mains et le corps des mouvements destinés à neutraliser, à anéantir
toutes les forces désharmonieuses qui provoquent la fatigue. Avec ses
quatre-vingts ans, le Maître Deunov est le seul qui n'est pas fatigué ni
essoufflé, alors que tous les autres, plus jeunes, sentent leur coeur.
Dans cette démarche, il y
a toute une philosophie et toute une science qui concerne d'abord la
respiration, ainsi que la pensée que l'on garde en soi, la tenue de la tête et
les mouvements des mains. Tous ces éléments vont de pair, car la démarche de
l'homme est un système complexe de mouvements simultanés qui doivent être
harmonisés.
Si vous gravissez une
pente et que vous chantiez, au bout de cinq minutes vous serez épuisé,
essoufflé, c'est évident, parce que votre respiration ne peut être en harmonie
avec le mouvement de vos pieds et que vous contrecarrez la bonne circulation
des forces en vous. Le secret, c'est que tout, la pensée, la respiration, les
gestes, doit participer à ce que vous êtes en train de faire: marcher. Tout
doit oeuvrer en harmonie.
Cette vérité vaut pour
toutes les activités de la vie. Quoi que vous entrepreniez, vous devez tout
harmoniser en vous afin de ne pas gaspiller vos énergies. J'ai beaucoup observé
ceux qui travaillent. S'ils ne savent pas harmoniser tout en eux, ils se
fatiguent très vite. S'ils savent le faire, ils ne s'épuisent pas. C'est la
grande différence qui sépare l'apprenti de son patron.
L'expérience a enseigné à
celui-ci comment travailler. Cela est vrai en peinture, sculpture, chant,
philosophie, dans tous les métiers, dans tous les domaines. Voyez certains
chanteurs qui après quelques instants sont essoufflés et anéantis, parce qu'ils
étaient crispés. Et les orateurs; certains ne peuvent parler plus de quelques
minutes, alors que d'autres le font sans fatigue durant des heures. C'est une
chose que j'ai vue chez mon Maître également. Non seulement Il sait marcher,
mais Il sait parler.
Message-Audio
de Omraam Mikhaël Aïvanhov sur le blog de
Francesca http://herosdelaterre.blogspot.fr/
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