Ce qu'embrasse le mot amour est très vaste. L'amour prend des formes
multiples et il se manifeste de diverses façons. C'est sur ce point que je vais
vous répondre. L'amour commence par être tout petit. Le bébé n'aime ni le
cosmos, ni l'humanité, ni même ses proches, il n'aime que lui-même. Il veut
manger, boire, dormir, bouger, c'est tout. Le cercle dont il est le centre est
minuscule.
En grandissant il se met à aimer ses parents, ses frères, ses
camarades. Puis il se fait des amis, il se crée des relations, il se marie. Son
amour ne cesse de grandir. Il va s'étendre aux enfants. Déjà vous aimez les
autres, tout en vous aimant vous-même. Votre intérêt gagne vos voisins, la
société, la cité. Vous agrandissez votre cercle. Vous lisez, vous apprenez à
connaître le monde, et votre amour se porte maintenant sur toute la race
blanche, puis sur toute l'humanité. Et ce n'est pas fini.
Votre amour doit s'étendre au cosmos et aux autres univers. Il grandit
jusqu'à l'infini et vous en arrivez à aimer Celui qui a tout créé, qui vous a
créé, qui ne cesse de se sacrifier pour créer.
On ignore encore ce qu'est l'amour. Ce n'est pas de pousser des
soupirs, d'éprouver une passion dévorante, ce n'est pas de brûler, et ce n'est
pas le désir de manger quelqu'un, avec la colère de son refus. Si les gens
étaient sincères, ils diraient non pas: «Je t'aime", mais: "J'ai
faim. Je veux te manger".
Certains attendent de moi que je me laisse manger. Ce prétendu amour ne
conduit pas à la tendresse, à la finesse, à la gentillesse, au respect. Cet
amour se moque bien de l'autre. Il veut assouvir sa faim, rien de plus. Dans
notre enseignement, l'amour est d'abord de penser à l'autre.
Quand vous aimez quelqu'un, posez votre main sur votre coeur et
demandez-vous honnêtement : «Est-ce que j'ai faim ou est-ce que je l'aime
vraiment?"
Ceux qui aiment d'un vrai amour grandissent, s'ennoblissent, s'élèvent.
L'amour qui veut dévorer tend des pièges, étend ses tentacules comme
une pieuvre, pour saisir les fluides et les radiations de l'autre. Pour moi, ce
sentiment n'est pas de l'amour. Tout le monde s'y plonge, on se gargarise de ce
mot, mais cet amour est faux.
Aimer, c'est sacrifier quelque chose de soi: bonté, sagesse, effort,
pour aider, fortifier, éclairer, nourrir celui qu'on aime. Ce n'est pas de le
blesser, de le vexer, de lui arracher la peau. Les gens s'embrassent, puis ils
se donnent des coups de pied. Cet amour-là n'est qu'égoïsme.
Question: En quoi celui qui ne se laisse pas manger
manifeste-t-il l'amour?
Réponse de Omraam Mikhaël
Aïvanhov : C’est
l'histoire du gland. Tombé à terre, il se sentait gonflé d'amour et, désireux
de se sacrifier pour l'humanité, il décida de rester là, sur la route, et de se
laisser manger. Un chien qui le regardait lui conseilla de plutôt se mettre à
l'abri en se cachant sous terre, mais le gland lui dit : «C’est très
égoïste".
Le chien eut beau lui expliquer : «Sous terre,
tu germeras, tu feras des racines, tu deviendras un grand arbre et tu donneras
à tous des glands en abondance, tu offriras de l'amour aux amoureux et aux
voyageurs. Tout le monde t'appréciera".
Mais le gland s’entêtait : «Je veux me sacrifier.
J'ai du coeur, moi. Je me laisserai manger".
Or, un cochon vint à passer, qui avala le
gland. Qui avait raison, le chien ou le gland ?
Si vous voulez donner quelque chose à ceux qui
désirent vous manger, au moins ne vous donnez pas vous-même, et ne pensez pas
que vous faites du bien à l'humanité. Ne donnez pas votre violon à ceux qui ne
savent pas en jouer.
Chantez, jouez, mais ne vous dépouillez pas de
votre instrument. Ne donnez que les sons que vous tirez de lui parce que vous
savez jouer. On veut vous prendre votre coeur, votre corps ou votre
intelligence ?
Accordez quelques sentiments, quelques réflexions
quelques gestes. Pas davantage. Ne donnez pas l'arbre, ne le laissez pas
couper, mais distribuez-en les fruits.
Donnez l'eau de la source, ne cédez pas la
source. Que pourriez-vous encore faire pour les autres, si vous n'agissiez
ainsi ?
On dit: «J’ai donné mon coeur", mais
celui qui l'a pris en avait déjà un, le sien ; avait-il besoin du vôtre ? Quand
on tient deux pastèques sous le bras, on en perd bientôt une, à coup sûr.
Omraam
Mikhaël Aïvanhov
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