Le bruit retient l’homme dans les régions psychiques
inférieures ; il l’empêche d’entrer dans ce monde subtil où le mouvement
devient plus facile, la vision plus claire, la pensée plus créatrice. Bien sûr,
le bruit est l’expression de la vie, mais pas des degrés supérieurs de la vie,
il révèle plutôt une imperfection dans la construction ou le fonctionnement des
êtres et des objets ; quand une machine, un appareil commence à avoir des
ratés, cela fait toutes sortes de bruits ; et si, de plus en plus, les
constructeurs se préoccupent de mettre au point des appareils silencieux, c’est
parce qu’ils sont conscients d’apporter par là une véritable
amélioration : le silence est toujours l’indice d’un perfectionnement.
La douleur elle-même est un bruit qui nous prévient que
les choses sont en train de se gâter dans nos organes. Dans un corps sain les organes
sont silencieux. Bien sur ils s’expriment puisqu’ils sont vivants, mais ils
s’expriment sans bruit. Le silence est le signe que tout fonctionne correctement
dans l’organisme. Dès que quelque chose commence un peu à grincer, attention.
C’est l’annonce de la maladie.
Le silence est le langage de la perfection, alors que le
bruit est l’expression d’une défectuosité, d’une anomalie ou d’une vie qui est
encore désordonnée, anarchique et qui a besoin d’être maîtrisée, abordée. Les
enfants par exemple sont bruyants parce qu’ils débordent d’énergie et de
vitalité. Au contraire, les gens âgés sont silencieux. Vous direz :
"Bien sûr, c’est clair, les gens âgés aiment le silence parce qu’ils ont
moins de forces, alors le bruit les dérange". C’est un peu vrai…, mais il
se peut aussi qu’il y ait eu une évolution en eux, et c’est leur esprit
maintenant qui les pousse à entrer dans le silence. Pour réviser leur vie,
réfléchir, en tirer des leçons, ils ont besoin de ce silence où se fait tout un
travail de détachement, de simplification, de synthèse. La recherche du silence
est un processus intérieur qui conduit les êtres vers la lumière et la
véritable compréhension des choses.
Plus l’homme devient adulte, plus il comprend que le
bruit est un inconvénient pour le travail, alors qu’au contraire le silence est
un facteur d’inspiration, et il le recherche pour donner à son cœur, à son âme,
à son esprit la possibilité de se manifester par la méditation, la prière, la
création philosophique ou artistique. Mais beaucoup de gens n’aiment pas le
silence, ils ont du mal à le supporter ; ils sont comme les enfants qui ne
se sentent bien qu’au milieu de l’animation et le bruit, ce qui prouve qu’ils
doivent encore beaucoup travailler pour avoir une véritable vie intérieure.
Même le silence de la nature les inquiète et quand ils se rencontrent, ils se
dépêchent de parler, comme si le silence les gênait ; ils le ressentent
comme un vide qu’ils doivent combler par des paroles et des gestes. Et c’est
normal, le silence physique les oblige à prendre conscience de leurs
dissonances et de leurs désordres intérieures, c’est pourquoi ils en ont
tellement peur : ce silence peut même les rendre fous. N’ayant plus rien
d’extérieur à eux pour se distraire et s’ étourdir, ils ne peuvent plus
échapper à leurs démons intérieurs.
Le silence est l’expression de la paix, de l’harmonie, de
la perfection. Celui qui commence à aimer le silence, qui comprend que le
silence lui apporte les meilleures conditions pour l’activité psychique et spirituelle,
arrive peu à peu à le réaliser dans tout ce qu’il fait ; quand il déplace
les objets, quand il parle, quand il marche, quand il travaille, au lieu de
faire tout un remue-ménage il devient plus attentif, plus délicat, plus souple
et tout ce qu’il fait est imprégné de quelque chose qui semble venir d’un autre
monde, d’un monde qui est poésie, musique, danse, inspiration.
Apprenez à aimer et à réaliser le silence, sinon même si
vous êtes là avec votre corps physique, votre âme et votre esprit seront
toujours ailleurs.
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