Il n'y a d'autre moyen que les privations et
l'exemple. Dans notre Enseignement, chacun doit se faire un programme, adopter
une discipline pour chaque jour. Il faut que ce programme comporte un peu de
méditation, de la lecture, du travail physique (nettoyage ou autre) un peu de
tout, afin que toutes les cellules soient mises en action, excitées,
réveillées.
Il y a dans la Fraternité des personnes complètement
rouillées, parce que jusqu'ici elles faisaient tout en se prélassant dans leur
lit ; elles lisaient, mangeaient, méditaient, priaient, écrivaient, installées
bien au chaud sous leurs couvertures. Maintenant elles souffrent du froid,
elles sont engourdies, raides, lourdes, et les médecins n'y peuvent rien.
C'est la mère paresse qui les a conduites à
cet état. Moi, avec mes microscopes, j'ai trouvé le microbe de la paresse, et
c'est le plus dangereux de tous. Il n'y a que le travail, le mouvement, pour
l'éliminer. On voit des personnes devenir très âgées, grâce à leur activité
continuelle. Mais il faut aussi savoir ne pas dépasser les limites
raisonnables. Ma grand-mère a vécu jusqu'à l'âge de cent quinze ans. Elle était
un exemple de ce travail incessant. L'activité protège et prolonge la vie. Elle
est la source du plus grand bonheur et du meilleur repos. Si vous travaillez,
vous comprendrez le repos.
Dans la paresse, le repos vous empoisonne et
il vous ennuie. Après le travail il vous apporte la joie.
Nous réclamons, dans notre Fraternité, des
travailleurs, pas des fainéants. Certains viennent me voir: "Je suis seul,
je désire rencontrer des amis qui s'occupent de moi". Ils veulent donc que
les autres travaillent pour eux, ils cherchent des imbéciles qui leur procurent
tout, les nourrissent, les cajolent, et eux ils resteront des frères ou des
soeurs, mais par leur manière d'agir ils les feront s'éloigner, même de la
Fraternité peut-être, parce qu'ils ne voudront pas rester dans un "hôtel
des fainéants", un "dembélé hané".
Ces paresseux auront été de mauvais exemples.
On veut avoir des amis, des frères, on désire des échanges, mais dites-vous
bien que dans la Fraternité on a autre chose à faire que de s'occuper de vous;
on est là pour étudier. On m'a proposé de faire une Fraternité. Mais quelle
serait-elle, cette Fraternité dont je serais le chef? Ah! ce serait beau!
Ceux qui font cette proposition seront
évidemment les plus fainéants dans ce "dembélé hané"; leur gloire
sera de rester couché toute la journée. Et des journalistes viendront voir
cette merveille de fainéantise à nulle autre pareille. Même d'Amérique ils
viendront. Une personne qui revenait des États-Unis m'a fait la réflexion
suivante: "Je ne suis pas restée là-bas, parce qu'on n'a pas même le temps
de causer comme on le fait ici. Ils travaillent tous d'une façon forcenée, ils
parlent à peine entre eux et se précipitent à nouveau à leur travail".
Ces Américains ne ressemblent pas aux
Bulgares, c'est sûr. Si en France on aime passer des heures à bavarder sur tout
et sur rien, les Américains viendront sûrement admirer cette Fraternité de
fainéants, une vraie curiosité! Les Bulgares, eux, connaissent déjà cela. Ils
aiment beaucoup à parler sans travailler, quoique cela ne soit pas général. Ils
peuvent être très actifs et très laborieux. Mais on voit, ici et là, de grands
paresseux. Que ceux dont l'idéal est la paresse la laissent maintenant de côté!
Une Fraternité où des soeurs vous serviraient, c'est trop facile.
Et travailleraient-elles gratuitement comme les soeurs de certains
hôpitaux?
Cela existait du moins pendant la guerre. Les
malades attendaient tranquillement qu'on leur apporte leur repas... Ce sont des
fainéants! Qu'ont-ils donc fait pour en arriver là? L'idéal des disciples de la
science spirituelle n'est pas celui des malades. Il est de travailler sur
eux-mêmes et sur les autres afin que soit accomplie la volonté de Dieu.
Pour y arriver, il faut s'étudier, apprendre
beaucoup de choses, observer, prendre conscience, faire des exercices afin de
ne pas se rouiller. Il faut être actif sur tous les plans sinon certaines
cellules se rouilleront et les conséquences suivront. Travaillez tous avec
ardeur dans l’idéal de la véritable fraternité, celle de l’activité.
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