On parle d'amour, encore d'amour,
toujours d'amour, et l'amour reste incompris! Il faut étudier l'amour des
années et des années! Vous rappelez-vous le grand-père et la grand-mère dont je
vous ai raconté l'histoire? Je vais vous la redire:
Il y avait une fois en Bulgarie un vieux
grand-père qui vivait avec sa bonne vieille femme dans une maisonnette. Pauvres,
ils étaient très heureux parce qu'ils s'aimaient. Un jour, le vieux partit pour
la foire afin de vendre leur cheval. Il se réjouissait à l'idée de rapporter un
cadeau à sa femme, grâce à l'argent qu'il obtiendrait. En chemin, il rencontra
un paysan qui désirait vendre sa vache. Pensant que sa vieille serait contente
d'avoir du lait en abondance, il échangea son cheval contre la vache. Satisfait
de son troc, il se remit en route. Lorsqu'il aperçut une belle brebis bien
grasse et couverte de belle laine blanche, il pensa:
"Voilà ce qu'il nous faut. Non seulement
ma femme aura du lait de brebis, mais elle pourra filer la laine et nous faire
de chauds vêtements pour l'hiver".
Il proposa donc au propriétaire de la brebis
de l'échanger contre sa vache, ce qui fut fait aussitôt. Le vieil homme part
avec la brebis et voici qu'il rencontre un paysan qui s'en va au marché avec
une grosse poule.
"Tiens, se dit-il, plutôt que de traire
la brebis, de la tondre pour filer et tisser ensuite, une poule, ça vaut mieux;
nous n'aurons qu'à prendre les oeufs pour les manger". Il troque la brebis
contre la poule. Plus loin un paysan vend des oeufs.
"Oh! voici ce qu'il me faut ! Ces
oeufs-là, ils sont au moins déjà pondus. Plus besoin de nourrir la poule".
L'échange est facile, et notre vieux continue son chemin. Il voit un marchand
qui vend des aiguilles et se souvient que sa femme justement en a besoin. Il
donne ses oeufs pour avoir une aiguille. Puis il rentre à la maison, fort tard.
Sa femme l'attendait patiemment.
Elle le reçoit toute joyeuse et il se met à
lui raconter sa journée: "J'ai troqué le cheval contre une vache.
- Parfait, dit la femme, elle nous donnera du
lait. - Oui, mais je l'ai échangée contre une brebis.
-
Encore mieux, nous aurons du lait et de la laine.
- La brebis, je l'ai donnée contre une poule.
- Tu as bien fait, car je ne suis plus jeune, et c'est dur de traire à mon âge.
Une poule, c'est mieux.
- Oui, mais je l'ai échangée contre de beaux
oeufs tout frais.
- Ah bon, ainsi je n'aurai qu'à faire
l'omelette, au lieu de devoir nourrir la poule et l'empêcher de piétiner le
jardin.
- J'ai
rencontré pour finir un homme qui vendait des aiguilles et je lui en ai demandé
une que j'ai payée avec les oeufs. J'ai pensé que tu avais besoin d'une
aiguille.
- C'est vrai. En fait, nous ne mangeons pas
tellement d'oeufs et je pourrai ainsi raccommoder nos vêtements".
Le vieux se mit à chercher dans toutes ses
poches la précieuse aiguille, mais en vain: "Oh! je l'ai perdue! -Ah! tant
mieux, répond la femme. Tu sais bien que j'ai de mauvais yeux, il m'aurait été
très difficile de coudre". Alors, contents, ils s'embrassèrent de tout
leur coeur, heureux, lui d'avoir voulu apporter quelque chose à sa femme, elle
de n'avoir pas à coudre. Ils se couchèrent ce soir-là plus contents l'un de
l'autre que jamais.
Voilà! Ce sont de pauvres Bulgares. Cela ne
s'appliquerait pas aux Français, bien sûr! Ces deux vieillards étaient
extrêmement bêtes, j'en conviens, mais rien ne pouvait ébranler leur paix, leur
amitié, leur affection. Que vaut un cheval en regard de la paix et de l'amitié?
Aujourd'hui, pour un mot, pour deux centimes,
des amis très liés se vexent et se séparent. Dans tous les ménages il y a des
malentendus et des querelles qui proviennent de ce qu'on ne sait pas la valeur
de l'amour et de la paix. Aucune richesse ne peut se comparer à l'amour, à la
paix, à la bonne entente. Ce sont ces choses qui apportent tout le reste. Si
vous avez l'amour, il n'y a qu'à tendre la main pour recevoir. Mais on a tant
parlé de cette question qu'on n'y comprend plus rien, et l'on préfère rester
dans la désharmonie plutôt que d'entendre les mots amour et paix!
Je vous ai appris à faire un geste après les
exercices du matin. Vous levez le bras droit, main tendue vers le ciel en
projetant en pensée votre main astrale jusqu'au trône de Dieu et vous dites:
"Mon
Dieu, tout ce que je possède T’appartient. Sers-Toi de moi pour le succès et la
gloire de Ton Royaume. J'accomplirai Ta
volonté. Que Ton amour, Ta sagesse et Ta puissance se manifestent à
travers moi".
C'est un exercice magnifique.
La sincérité que l'on peut mettre à prononcer
cette formule montre le degré d'évolution que l'on a atteint. Certains jours,
on ne peut dire ces mots de tout son coeur, on sent en soi une réticence, la
peur de perdre quelque chose à quoi l'on tient et qu'on ne veut pas céder. Il
faut arriver à le dire sincèrement chaque jour. C'est un moyen sûr de mesurer
où on est. C'est très difficile à réaliser parfaitement, mais avec le temps on
y parviendra. Dieu aime l'homme prêt à accomplir Sa volonté. Mais croyez-vous
que lorsqu'Il entend ces mots: "Seigneur, tout ce que j'ai T'appartient,
sers-Toi de moi", Dieu vient aussitôt saisir tous les biens de l'homme qui
Lui parle? Non, Il viendra plutôt les accroître, car Lui n'a besoin de rien, Il
est tellement riche ! Mais une crainte risque de troubler votre coeur: que Dieu
vous dise: "Eh bien ! quitte ta bien-aimée, quitte ta femme, donne ta
fortune", et cette peur paralyse votre élan au moment où vous voulez dire
la formule.
Ceux qui ne vaincront pas leur peur perdront
tout, car qui est incapable de consacrer tout à Dieu n'évolue pas. Ce qu'ils ne
peuvent sacrifier, ils le perdront tôt ou tard, c'est sûr. Ils n'ont pas
confiance en Dieu; ils ne croient pas qu'Il leur donnera d'autres biens. Voyez
combien cet exercice peut vous être précieux. Il vous permettra de vérifier où
vous en êtes, il vous évitera peut-être des illusions sur vous-même. Vous
verrez si vous pouvez prononcer ces paroles en les sentant avec une totale
sincérité, sans la moindre crainte ni pour vos biens ni pour votre vie.
C'est une grande chose que de se sentir prêt.
Si Dieu vous demande de donner, faites-le, Dieu dira: "Cet être a tout
remis entre mes mains, dans ma banque. Qu'on lui donne ce dont il a
besoin!" Actuellement, sans avoir rien déposé dans la banque céleste, on
réclame femme, enfants, situation, fortune, facilités. Mais Dieu ne s'occupe
pas des demandes de celui qui ne Lui a pas donné sa confiance. Ce ne sont pas
les connaissances, le rang social, la beauté ou la célébrité qui servent de
critères pour mesurer la valeur de quelqu'un. Il est mesuré d'après son
attitude intérieure de consécration.
Pouvoir prononcer de toute son âme cette
formule est le fait d'un esprit évolué.
le 19 avril 1942
Propos de Omraam Audio MP3 sur le blog de Francesca
http://herosdelaterre.blogspot.fr/
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