A la lecture d’une page du Maître Deunov :
Le monde actuel est rempli d'hommes raisonnables et non raisonnables,
semblables aux cinq vierges sages et aux cinq vierges folles. Comment les
hommes raisonnables se distinguent-ils des hommes sans raison ou stupides?
L'homme raisonnable est travailleur, il compte sur lui-même; mais celui qui
n'est pas raisonnable est fainéant. Il s'assied, ne travaille pas et attend que
les cailles lui tombent toutes rôties dans la bouche.
Il a foi en la fortune qui vient toute seule entre les mains. Il dit:
"Ce qui tombe dans le mouchoir lié, sans qu'on ait eu à travailler, c'est
vraiment la fortune". Le paresseux n'a aucun métier et erre d'un lieu à un
autre, traînant ses pieds et remuant ses mains sans savoir pourquoi. L'homme
raisonnable se meut, mais ses mouvements diffèrent totalement de ceux du
fainéant. Souvent, les hommes religieux font divers mouvements et disent que
l'esprit les a touchés.
Il y a une différence essentielle entre les mouvements de l'esprit et
ceux des hommes religieux non raisonnables. Pour ne pas choir dans des erreurs,
l'homme doit connaître les qualités de son esprit, de son âme, de son
intelligence et de son coeur.
Les libres-penseurs tout autant que les hommes religieux doivent posséder
le savoir, afin de comprendre les choses et ne pas être comme les Turcs qui
disent que l'homme n'a pas besoin de connaître beaucoup de choses.
"Comment distinguer les vrais fainéants
des faux?"
Cette question fut posée autrefois à un sultan
de Constantinople. A cette époque, il y avait des "dembélé hané",
c'est-à-dire des hôtels pour les fainéants, ceux qui étaient mous, paresseux,
qui se mouvaient avec peine et inspiraient la pitié. On les logeait et on les
nourrissait dans ces maisons très spéciales qui coûtaient cher au sultan. Mais
un jour il se rendit compte que les fainéants étaient si nombreux que sa
fortune ne suffirait plus à les entretenir. Il faut dire que beaucoup étaient
des fainéants volontaires, seulement pour se faire nourrir gratuitement. Un
sage dit au sultan: "Mettons le feu à l'hospice; nous verrons bien qui
sont les faux fainéants". Ainsi fut fait. Tous les habitants de l'hôtel
s'enfuirent sauf deux. L'un dit: "Frère, tous sont partis. Pourquoi
rester?
Allons-nous-en aussi!" Mais l'autre ne
bougea pas: "Comment peux-tu encore parler? C'est fatigant..." Et le
sultan ne garda que ces deux hommes, pour qui il fit construire une maison.
Tous les prétendus fainéants furent chassés. Le monde invisible, lui aussi, se
demande quels sont les vrais et les faux fainéants. Pour les distinguer il
boute le feu dans leur vie, comme fit le sultan pour ses pauvres, c'est-à-dire
qu'il leur envoie des épreuves, des privations, des persécutions, des menaces,
et il regarde: "Sont-ils vraiment paresseux?" Les véritables
paresseux sont fidèles à leur vocation de fainéantise dans n'importe quelle
circonstance, tandis que les autres se mettent en mouvement et commencent à
travailler dès que le danger les presse.
Il y avait en Bulgarie une femme si paresseuse
qu'elle ne savait ni faire le ménage, ni allumer un feu, ni préparer les repas,
et son mari, furieux, voulait se séparer d'elle. Des voisins venaient de temps
en temps faire quelque chose pour lui. De telles femmes, qui ne font rien pour
leur mari, existent partout, pas seulement en Bulgarie. Dans une famille, en
général il y a un fainéant, soit la femme, soit le mari. Cette femme donc, un
jour d'hiver, grelottait de froid dans une chambre sans feu. Un voisin lui dit:
"Vas dans la forêt, fais un fagot, puis tu appelleras une personne qui est
là et qui t'aidera: elle s'appelle "Besoin". Crédule, la femme
partit, ramassa des branches pour faire un fagot, puis elle se mit à appeler la
femme Besoin.
Cette femme ne venant pas, elle continua à
crier jusqu'au soir, mais en vain. Le crépuscule tombait, elle comprit que
l'autre ne viendrait pas, et, par crainte de la nuit et des loups, elle chargea
son fagot sur son dos et le rapporte elle-même à la maison. En vérité, la femme
Besoin était cachée en elle.
La fainéantise est une maladie sur laquelle aucun
médicament n'a prise. Mais le monde invisible a un moyen pour l'attaquer et la
faire disparaître: la faim. Heureusement la faim existe! Elle rend actif,
entreprenant, intrépide, expéditif. Sans la faim, l'homme serait passif. Les
autres méthodes dont le monde invisible dispose pour pousser l'homme à agir
sont les restrictions, la misère, les maladies. Sans ces maux, nous nous
endormirions, engourdis pour l'éternité. La faim et le dénuement nous
aiguillonnent, heureusement, car sans ces souffrances nous ne ferions rien. Et
personne ne remercie le ciel de ces maux!
Pourquoi le Maître Deunov dit-il :
"Souvent les religieux font des gestes et des mouvements, et ils disent
alors que l'esprit les a touchés"? Nous avions en Bulgarie une soeur
gentille et sympathique qui s'occupait de divination. Elle disait que le
Saint-Esprit lui parlait et elle écrivait des cahiers entiers sous la dictée de
l'esprit. Elle dessinait toujours des poissons de diverses grandeurs et elle
inscrivait des caractères et des chiffres qu'elle ne comprenait peut-être pas,
mais, disait-elle, le Saint-Esprit lui parlait et toujours annonçait santé,
épanouissement, gains, avantages. Cette vieille soeur était bonne, et elle ne
refusait rien à personne. Elle n'avait pas besoin de travailler, si bien que
toute la journée elle dessinait ses poissons, pour les uns ou pour les autres,
pleine de confiance et avec une gentillesse et un sourire inaltérables. Elle
avait plus de quatre-vingts ans, elle était toute menue et ridée et elle
montait sur le plus haut sommet du Moussala. Elle était un exemple.
Dans
les réunions, quand notre Maître disait quelque chose à son sujet, elle faisait
des gestes extraordinaires avec les bras disant qu'ils Lui servaient d'antennes
pour recevoir du monde invisible des communications. Ces mouvements
dérangeaient les frères et soeurs durant les conférences et certains la
priaient de s'arrêter, mais notre Maître, Lui, restait tranquille et la
regardait de temps en temps en souriant. Ce manège dura des années. Parfois le
Maître disait: "Ce sont vos esprits qui viennent vous parler et ils vous
trompent".
Cette soeur aimait à s'approcher du Maître et
à Le toucher, et elle se mettait à trembler. Comme elle s'asseyait au premier
rang, on s'efforçait de ne pas la regarder, mais on s'amusait d'elle. Si un
jour cette causerie est connue là-bas, tout le monde rira en reconnaissant
cette brave soeur. Elle me prédisait des choses fantastiques que jamais elle ne
disait aux autres; je les ai questionnés à ce sujet. C'est donc à cause de
cette soeur que le Maître Deunov disait: "Souvent les religieux font des
gestes et ils disent que c'est l'esprit qui les a touchés". Il est
essentiel de bien distinguer les mouvements inspirés par l'esprit et ceux que
font des hommes religieux sans raison. Pour ne pas choir dans l'erreur, l'homme
doit connaître les qualités de son esprit, de son âme, de son intelligence et
de son coeur. Il doit être capable de reconnaître d'où lui viennent les
télégrammes qu'il reçoit. Cette soeur bulgare ne savait pas d'où venaient ses
messages.
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