La question n'est pas la longueur du temps;
mais la fin de la lutte, la fin des choses. Or, cette fin est radicalement
opposée dans les deux cas considérés. Pour celui qui s'engourdit avec des
stupéfiants, du vin, du tabac, la fin des choses est l'anéantissement de la
volonté, souvent la folie, toujours la grossièreté, le manque de sensibilité,
la désolation.
Tous ceux qui usent de stupéfiants finissent
très mal, par le désespoir. Ils ne peuvent vaincre le chagrin, parce que,
pendant qu'on est engourdi, on donne des possibilités au chagrin qui crie :
"Mes amis, venez, il y a là du pain à manger. Venez vous restaurer chez
cet être qui a perdu tout vouloir".
C'est bien là la plus grande stupidité de
croire qu'en remettant sa maison aux mains des voleurs, on pourra vaincre ses
ennemis. On pense qu'on vaincra par ce moyen ! Oui, durant quelques instants et
en apparence, puis, le moment suivant, on s'apercevra que c'est le contraire
qui s'est produit. La vérité se trouve dans la succession infinie de moments
qui s'appelle éternité. On tâche de gagner cette éternité dans l'instant et
l'on pense : après moi, le déluge!
Mais livrer sa maison aux ennemis, c'est leur
permettre de s'emparer de la sensibilité, du charme qu'on possède, de tout ce
qui est beau. La couleur de la peau change, elle devient dure, rêche,
désagréable et tout le reste à l'avenant. Si j'entends que quelqu'un dit
"Je sais ce que vous nous dites là, j'en fais constamment
l'expérience".
Je lui crierai : Bravo ! Tandis que je ne puis
trouver bien quelqu'un qui me dit, que cela lui fait du bien, que c'est la
raison pour laquelle il boit ou fume. Celui qui parle ainsi est égaré. C'est le
grand nombre. Il y a peu d'êtres qui disent: "Oui, je suis faible, je sais
que c'est mauvais, mais je ne sais pas résister". La majorité est
convaincue qu'agir ainsi est tout à fait inoffensif. Si nous ne pouvons la
sauver par la statistique, nous pouvons tout au moins le faire par des
arguments.
Le véritable disciple éloigne de lui tous ces
procédés factices de régler les problèmes qui l'assaillent. Il veut devenir un
appareil qui fonctionne parfaitement, qui sache recevoir le courant divin, issu
de Dieu Lui-même et qui ne donne jamais ni fumée, ni déchets d'aucune sorte. Si
un Maître s'avisait de donner la moindre petite fumée, il serait chassé
instantanément du Royaume de Dieu. Le Maître nous disait qu'au paradis, il
n'existe pas de fumée, il n'y a pas de cheminées sur les toits des maisons. La
foule va, répétant qu'il n'y a pas de feu sans fumée. Il existe un amour sans
fumée, c'est-à-dire sans égoïsme, sans querelles, sans discussions.
La fumée est le symbole de la discussion, de
tout ce qui est noir, obscur, désharmonieux. Lorsque deux personnes se
querellent, nous disons en bulgare que la cheminée commence à fumer. Or, il ne
doit y avoir de fumée nulle part.
On évite la fumée en ne fumant pas tout
d'abord. C'est un premier essai pour diminuer la fumée dans le monde, pour
apprendre cette grande science dont je viens de vous parler. Celui qui donne
des arguments pour excuser ses erreurs, n'a pas de philosophie. Il doit
reconnaître que cela correspond avec tout ce qui est sur la terre. Lorsque vous
envoyez un peu de fumée dans les yeux, pourquoi la membrane de cet organe sensible,
se révolte-t-elle immédiatement?
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