Beaucoup de gens ressentent un besoin de
spiritualité, ils ont conscience que la vie matérielle, sociale et même
familiale ne peut pas tout à fait les combler. Alors, ils se disent :
"Je vais d’abord remplir mes engagements envers ma famille, régler tous
mes problèmes matériels, et ensuite je serai libre pour me consacrer à la
pratique spirituelle…" Mais les années passent, les voilà déjà usés, et
ils n’ont pas réussi à réserver une minute pour étudier, méditer, prier, faire
des exercices ! Pourquoi ? Parce qu’ils avaient fait un raisonnement
erroné : ils attendaient "d’avoir le temps" Mais pour vivre la vie
spirituelle, il ne faut pas attendre que les affaires soient arrangées, car
rien n’est jamais vraiment au point, il y a toujours quelques chose qui cloche
quelque part. C’est exactement comme si on essaie de redonner sa forme ronde à
une balle de caoutchouc qui a été percée : quand on arrive à supprimer le
creux d’un côté, il se reforme de l’autre.
Eh oui, l’existence est ainsi faite que
rien n’est jamais définitivement réglé. Vous avez un métier, mais peu après
vous perdez votre place et vous vous retrouvez au chômage ... Vous vous
mariez, mais quelque temps après, rien ne va plus, et vous divorcez… Vous avez
une maison, mais un événement se produit qui vous oblige à déménager… Et les
enfants, quels soucis avec les enfants : leur santé, leur éducation, leur
avenir ! Et quand ils sont enfin adultes, s’ils ont les mêmes problèmes
que vous, et ces problèmes également vous préoccupent : la santé, le
métier, le mariage, le divorce… Et après les enfants, ce sont les
petits-enfants… Je vous le dis, c’est interminable ! Alors, n’attendez pas
pour vivre la vie spirituelle que la situation matérielle soit au point. Et
d’abord dites-vous qu’il n’y a pas de réelle opposition entre le matériel et le
spirituel, au contraire : c’est grâce à la vie spirituelle que vous
trouverez de meilleures solutions à tous les problèmes qui se posent à vous
chaque jour, car vous serez plus fort, plus patient, plus sage, mieux inspiré.
Maintenant, bien sûr, il faut savoir
garder la mesure. Si vous me dites : "Bon, j’ai compris, je vais
arranger ma vie de telle sorte que je n’aie plus à dépenser mon temps et mes
énergies dans des préoccupations matérielles, professionnelles ou
familiales", je vous répondrai qu’l ne faut pas non plus exagérer. Nous
vivons dans une société qui a ses règles et nous ne pouvons pas faire comme si
elles n’existaient pas. Tous ceux qui croient que la vie spirituelle les
dispense d’avoir un métier et de s’occuper de leur famille, se comportent comme
des asociaux, des parasites, ils végètent, ils deviennent des fardeaux pour les
autres. Il faut savoir ajuster les deux : les activités dans le monde et
la vie spirituelle. C’est un équilibre que tout être humain qui veut évoluer
doit trouver : comment vivre dans le monde, avoir des relations avec lui,
tout en laissant la première place à l’essentiel : l’âme et l’esprit.
C’est d’après sa façon d’ajuster ces
deux aspects, matériel et spirituel, que chacun révèle son degré d’évolution.
Et rien n’est plus difficile : les uns sont tentés de s’enfoncer dans la
vie matérielle en oubliant la vie de l’esprit, et les autres de se consacre à
la vie spirituelle en négligeant la matière. Mais il existe une troisième
solution et c’est elle que chacun doit trouver pour lui-même, car chaque cas
est particulier. Pour le fond, bien sûr, tous les êtres humains possèdent la
même nature, ils ont les mêmes besoins, mais leur degré d’évolution n’est pas
le même, leur tempérament n’est pas le même, leur vocation dans cette existence
n’est pas la même, et chacun doit trouver individuellement son équilibre. Celui
qui se sent poussé à fonder une famille ne peut pas résoudre la question comme
celui qui préfère rester célibataire. Celui qui a besoin de beaucoup d’activité
physique ne peut pas mener la même vie que celui qui a un tempérament méditatif,
contemplatif. L’essentiel, c’est que chacun soit capable de bien s’analyser
afin de connaître ses tendances profondes ; ensuite, qu’il s’efforce
d’équilibrer dans sa vie le spirituel et le matériel en sachant que, quelle que
soit l’activité qu’il doit assumer pour vivre, elle peut devenir le point de
départ d’un travail spirituel.
Beaucoup trop de gens voient une
incompatibilité entre le travail physique et le travail spirituel. Eh bien, ils
se trompent, car n’importe quelle activité physique peut être spiritualisée si
on sait y introduire un élément divin ; et, en revanche, la prière, la
méditation ou toute autre activité dite "spirituelle" devient
extrêmement prosaïque si elle ne vise pas un idéal supérieur. Ceux qui prennent
prétexte de la vie spirituelle pour abandonner tout travail dans le plan
physique ne sont pas en réalité des spiritualistes, mais des paresseux. Combien
de personnes sont capables de soutenir un véritable travail spirituel plusieurs
heures durant ? Extrêmement pue. Les autres se laissent seulement aller à
des élucubrations qui les affaiblissent, qui les détraquent ; ils feraient
mieux souvent d’aller laver leur linge, faire la cuisine, piocher leur jardin
ou couper du bois. Beaucoup de malentendus subsistent encore sur cette question.
La spiritualité ne consiste pas à refuser l’activité physique, mais à tout
faire en vue de la lumière par la lumière, par la lumière. La spiritualité,
c’est d’apprendre à utiliser n’importe quel travail pour s’élever, s’harmonier,
se lier à Dieu.
"Mais, diront certains, nous avons
lu dans des livres qu’en se dépensant dans le plan physique l’homme perd sa
lumière". Eh bien, c’est ne rien comprendre à la nature de la lumière. Les
hommes primitifs en savaient davantage sur ce sujet : quand ils voulaient
faire du feu, ils prenaient par exemple deux morceaux de bois qu’ils frottaient
l’un contre l’autre ; ce frottement produisait de la chaleur et, au bout
d’un moment, on voyait apparaître une flamme, la lumière. La lumière est donc
un produit de la chaleur qui est elle-même un produit du mouvement. Oui, celui
qui fait un travail dans le plan physique en y mettant toute son ardeur et sa
conscience sent naître ne lui l’amour, "la chaleur" pour ce
travail ; et parce que son cœur se réjouit, la clarté finit par jaillir
dans son esprit.
Vous devez donc comprendre que le
travail dans le plan physique est indispensable pour l’évolution de chacun.
Même si personne ne vous le demande, vous devez vous y obliger vous-même, cela
se reflétera d’une façon bénéfique sur votre santé d’abord, bien sûr, mais
aussi sur votre compréhension des choses. Alors, chez vous, chaque fois que
vous avez l’occasion de nettoyer de ranger, de laver, de coudre, de bricoler,
même s’il vous est possible de le faire faire par d’autres, faites-le
vous-même, ne vous montrez jamais négligent. Dites-vous bien que ce n’est pas
en laissant le travail matériel aux autres que vous vous montrerez plus évolué.
Il faut se débarrasser une fois pour
toutes de ces conceptions erronées concernant la vie spirituelle. Celui qui
s’imagine qu’en travaillant physiquement il va perdre sa lumière, eh bien,
c’est mieux qu’il la perde, parce que ce n’est pas la lumière véritable, mais
une lumière trouble malsaine. La véritable lumière, on ne la perd pas en travaillant,
au contraire. C’est grâce au travail qu’on l’entretient, que l’on comprend
mieux les choses, que l’on fait des découvertes. Alors, ne laissez pas ce
travail aux autres, sous prétexte que vous, vous êtes en conversation avec les
anges ou avec le Seigneur !
Le travail physique, non seulement nous
devons l’accepter, mais encore nous efforcer de l’exécuter en faisant des
gestes mesurés, harmonieux. Car chaque geste représente un son, une vibration
dans le monde invisible où, sans s’en douter, l’homme produit parfois des
bruits effrayants. Celui qui apprend à surveiller les gestes qu’il fait en
travaillant, sent peu à peu que certaines activités physiques qu’on a plutôt
l’habitude de mépriser, prennent une dimension spirituelle à condition d’y
mettre consciemment des pensées et des sentiments appropriés.
On raconte que dans un couvent vivait un
moine très gentil mais naïf et sans instruction. Il n’était capable de rien
faire d’autre que de laver la vaisselle et de balayer, mais il avait pris ces
tâches très à cœur, et quand il faisait la vaisselle, il répétait avec
ferveur : "Seigneur, comme je lave ces assiettes, que mon âme soit
lavée !... " Et quand il balayait, il répétait : "Comme je
nettoie ce plancher, que mon cœur soit nettoyé de toutes ses impuretés".
Etc. en priant pendant des années de cette manière, il devint si pur, si sage,
si éclairé, que bientôt des évêques et des cardinaux vinrent le consulter,
parce qu’il était visité par le Saint Esprit. Vous direz que c’est une légende.
C’est possible, mais elle contient une idée qui est à prendre au sérieux. Cette
idée, c’est que dans tous les actes de la vie quotidienne, même les plus
simples, nous pouvons mettre en action des forces et des éléments qui nous
permettent de transposer ces actes dans le plan spirituel et d’atteindre ainsi
des degrés supérieurs de la vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire