Ceux qui choisissent la voie de la
spiritualité doivent savoir que le plus grand danger est de s’y aventurer sans
guide. Je suis toujours étonné de constater que des gens qui n’auraient jamais
l’idée de faire l’ascension d’un sommet sans être accompagnés d’un guide
expérimenté, se lancent comme ça, tout seul, à l’assaut des montagnes
spirituelles où les dangers de s’égarer, de tomber dans des gouffres ou d’être
ensevelis sous des avalanches sont beaucoup plus grands. Vous direz qu’il n’est
pas toujours facile de rencontrer des guides sûrs. C’est vrai. Mais tout de
même, à défaut de les rencontrer en chair et en os, la tradition spirituelle
présente suffisamment d’exemples et a laissé suffisamment d’ouvrages pour
éclairer, orienter celui qui désire sincèrement marcher dans cette voie. Et
c’est alors qu’il découvrira que le monde spirituel est le plus réel, le plus
sûr, le plus clair, et qu’il reste pour l’éternité immuable et beau.
Oui, mais à condition d’accepter la
discipline indispensable, car pour pouvoir capter, utiliser et surtout
maîtriser les courants du monde invisible, il faut préalablement développer
certaines qualités et vertus : le désintéressement, l’humilité, la pureté…
Dans ce domaine, la volonté ne suffit pas, il y a tout un travail préparatoire
à faire. Beaucoup de spiritualistes sont là en train d’insister, de désirer, de
souhaiter, mais comme ils n’ont pas pensé à préparer les conditions préalables
pour que les processus attendus se produisent, ils n’obtiennent aucun
résultat ; ou pire, ils se cassent la tête.
Donc, que celui qui décide de s’engager
sur le chemin spirituel comprenne dès le début une chose essentielle : il
doit préparer son travail. Un ouvrier, un artisan le savent ; regardez un peintre, un maçon, un boulanger,
un chirurgien ; avant de se lancer dans leurs travaux, ils réunissent
autour d’eaux tous les outils et matériaux dont ils auront besoin – sans parler
des années d’études qu’ils ont d’abord dû faire ! Et le chimiste sait que
s’il veut obtenir une certaine réaction, il doit mettre en présence tel et tel
corps dans des conditions déterminées d’avance : pureté, quantité,
température, etc. si les conditions sont respectée s, il parvient au résultat
attendu ; sinon il a beau regarder dans son éprouvette… rien. Ou alors il
fait tout sauter !
Eh bien, voilà où est l’erreur de beaucoup
de prétendus spiritualistes. Ils ne donnent pas à leur activité une base
solide. Ils se lancent comme ça, sans aucun préparatif, en pensant qu’il suffit
d’en avoir le désir et la volonté pour que le monde invisible se révèle à eux,
que les anges viennent les servir et que tous les pouvoirs tombent entre leur
mains. Eh oui, malheureusement, beaucoup trop de gens s’imaginent que pour
devenir des Initiés, il suffit d’en avoir le désir ou la volonté. Tout de suite
ils se présentent avec des airs supérieurs, une mine inspirée, et ils se
croient capables d’instruire les autres. Mais ils sont tout simplement
ridicules. Ridicules et dangereux, car ils ne savent même pas de quoi ils
parlent.
Dans la vie spirituelle, il existe une
règle qui vaut que lorsqu’on reçoit une vérité, on commence par la vivre avant
d’en parler et de la répandre autour de soi. Oui, vous devez d’abord éprouver
une vérité, faire des exercices, des expériences avec elle, au point qu’elles
deviennent enfin chair et os en vous, qu’elle ne fasse plus qu’un avec vous. Si
vous commencez à prêcher dès le lendemain des vérités que vous venez à peine de
recevoir, vous les perdrez. Il faut garder un certain temps ces vérités en
vous, sans rien dire, et vivre avec elles, les faire vôtres, pour qu’elles vous
apportent des éclaircissements, des forces et vous aident à triompher des
difficultés que vous aurez à traverser. A ce moment-là, non seulement elles ne
vous quitteront plus, mais quand vous en parlerez aux autres, elles auront une
telle force, une telle puissance à cause de votre accent de sincérité, que vous
arriverez à les leur faire partager. En attendant, taisez-vous, gardez votre
travail secret ainsi que les résultats auxquels vous aspirez.
Certains diront : "Mais si
nous parlons, c’est pour aider les autres. Nous voyons qu’ils sont dans
l’erreur, et nous voulons leur faire du bien". Non, si vous voulez
vraiment travailler pour le bien, commencez par laisser les autres tranquilles.
Vos parents, vos amis, ne les prêchez pas, car vous ne réussirez qu’à vous
rendre insupportables pour eux. Occupez-vous d’abord de vous transformer, de
vous perfectionner. Sinon, savez-vous ce qui va arriver ? Vous
ressemblerez à celui qui, les mains pleines de cambouis, voit une petite tache
sur la figure de son ami : "Attends, lui dit-il, je vais t’enlever
cette tache". Et avec ses mains toutes noires, il le barbouille
entièrement. Eh oui, voilà ce que font tous ceux qui se croient capables de
conduire les autres sur le chemin de l’Initiation alors qu’ils n’ont pas encore
commencé le véritable travail de purification, de désintéressement, de maîtrise
de soi.
Le véritable spiritualiste ne s’impose
jamais aux autres. Pendant des années et des années, sans rien dire, il apporte
chaque jour des éléments nouveaux à l’édifice qu’il a entrepris de construire
dans le monde invisible, jusqu’au moment où même les plus aveugles commencent à
s’exclamer :"Oh, mais il y a une construction ici" eh oui, parce
qu’il a commencé par le toit, par le monde divin. Il faut seulement travailler,
prier, et les choses apparaîtront peu à peu d’elles-mêmes. Sans que vous ayez
besoin de parler, même malgré vous, ce que vous êtes se manifestera.
Celui qui a compris ce qu’est
véritablement le travail spirituel, accepte de passer vingt ans, trente ans,
toute la vie même à se préparer sous la direction d’un Maître, qu’il soit
vivant ou non, et c’est ensuite qu’en très peu de de temps il obtient des
résultats. Dans le domaine spirituel, c’est la préparation qui est longue. Mais
les gens ne se préparent pas ; ils continuent à entretenir toutes sortes
de miasmes dans leur tête et dans leur cœur, et parce que de temps à autre sils
lisent quelques livres ésotériques, qu’ils méditent soi-disant, et se livrent à
quelques cérémonies magiques, ça leur suffit. A eux, oui, peut-être. Mais ne
réalité, cela ne suffit pas, il y a des conditions préalables à remplir. Et
celui qui les remplit est obligé de découvrir que les lois du monde spirituel
sont aussi sûres et véridiques que celles du monde physique : te travail
spirituel apporte autant de résultats que le travail dans la matière.
Donc, la question n’est pas de douter ou
de croire à la réalité du travail spirituel, mais de trouver des meilleures
méthodes pour avancer… les meilleures, c’est à dire les moins dangereuses, les
plus efficaces ; peut-être les plus longues, mais dont les résultats sont
les plus durables. Le malheur, c’est que les gens sont pressés, ils n’ont ni le
temps, ni la patience. Ils croient qu’ils peuvent devenir des initiés, des mages,
des voyants, comme on devient pédicure ou manucure. Dès qu’ils obtiennent un
petit résultat, ils font tout un tapage avec a et ils induisent beaucoup de
gens en erreur, profitant de ce que la foule, qui n’a pas de critères, avale
tout. Mais ils doivent savoir qu’ils auront un jour des comptes à rendre au
Ciel.
Vous vous demandez, bien sûr, pourquoi
ce travail est si long ? La réponse est
simple : c’est que vous ne l’avez pas encore commencé dans vos
incarnations antérieures ; alors, votre matière psychique est devenue
tellement compacte, épaisse, qu’elle oppose une grande résistance, et pour la
changer, le rendre sensible, il faut beaucoup de temps. Si vous vous étiez déjà
exercé depuis longtemps dans ce sens, votre matière serait à présent beaucoup
plus souple, malléable et facile à éduquer. Cette préparation aurait facilité
le travail de l’esprit en vous.
Alors, maintenant, ne perdez pas un
temps précieux en tergiversations : commencez ce travail dès aujourd’hui
sans vous laisser aller au doute et au découragement. Ou plutôt, si vous
doutez, doutez non pas des lois ou du Ciel, mais de vos capacités : là bien
sûr, il y a parfois de quoi douter et se décourager. Mais il faut toujours
garder sa foi dans la véracité des lois divines. Quoi qu’il arrive, ne vous
laissez pas arrêter par le fait qu’il vous est impossible de constater avec vos
yeux les progrès que vous avez réalisés et les répercussions de ces progrès sur
votre entourage. Travaillez, c’est tout, en sachant que ce qui compte pour le
Ciel, ce ne sont pas vos succès, mais vos efforts. Vous n’avez pas
réussi ? Ce n’est pas grave, le Ciel ne vous en tiendra pas rigueur. Car
en réalité les succès ne dépendant pas tellement de nous, mais du Ciel. Ce qui
dépend de nous, ce sont les efforts, car le Ciel ne peut pas les faire à notre
place. Mais pour le succès, c’est lui qui décide du moment. Combien de saints,
de prophètes, d’Initiés ont quitté la terre sans voir les fruits de leur
travail ! malgré leur lumière, leur intégrité, leur élévation spirituelle,
ils n’ont pas réussi à faire triompher leurs idées, ce qui nous prouve bien que
leur succès ne dépendait pas d’eux.
Celui qui s’engage sur la voie de la
spiritualité doit le faire avec une conscience éclairée de la réalité des
choses. La bonne volonté ne suffit pas, ni les efforts ni les sacrifices, il
faut aussi connaître les lois qui régissent le monde invisible. Souvent on se
tourmente : "Pourquoi je ne réussis pas mieux ? Pourquoi rien ne
change" ? en réalité, de grandes transformations se sont déjà
produites, mais elles sont encore trop subtiles pour être visibles. Et si je
vous parle ainsi, ne pensez pas que ce sont seulement des paroles comme ça,
pour vous encourager. Non, on peut encourager les gens, mais quelques minutes
ou quelques jours après, ces encouragements sont démentis par la réalité parce
qu’ils ne reposent sur rien de solide. On dit à quelqu’un : "Mais ne
t’inquiète pas, mon vieux, tu guériras, tu nous enterreras tous" et il
meurt le lendemain. Voilà des encouragements !... Mais quand moi je vous
affirme que, si vous faites le travail de tout votre cœur, de toute votre âme,
même si cela ne se voit pas encore, ce travail donne vraiment des résultats, là
ce sont des encouragements réels, solides car ils sont basés sur un savoir
initiatique.
Il ne faut pas vous imaginer que du
moment que vous avez entrepris un certain travail, les choses vont se dérouler
exactement comme vous l’espérez : que vos instincts vont se plier à votre
volonté, que la sagesse et la raison vont triompher en vous et que le Ciel
entier, émerveillé, n’aura rien d’autre à faire qu’à se pencher sur vous pour
réaliser tous vos désirs. Ne vous conduisez pas comme tous ces soi-disant
spiritualistes qui, voyant qu’ils n’ont pas réussi comme ils le souhaitaient et
dans le temps qu’ils souhaitaient, s’aigrissent et importunent les autres avec
leurs sublimes ambitions déçues. Sachez que le Ciel et la Terre se sont juré de
donner à chacun ce qu’il mérite. Alors, pourquoi s’inquiéter ? Il n’y a
pas à se demander si les entités qui dirigent votre destin sont intelligentes
et bonnes, ou si elles se sont endormies et ovus ont oublié. Il y a seulement à
se demander si on fait bien son travail.
Il ne faut pas se lancer dans la vie
spirituelle sans en connaître les lois, sinon les résultats sont quelquefois
pires que si on restait le plus ordinaire des matérialistes. Du moment que vous
avez trouvé le véritable travail, rien ne doit plus pouvoir vous arrêter.
Lorsque j’étais jeune disciple du Maître
Peter Deunov, en Bulgarie, il avait l’habitude de me répéter ces
mots : "Rabota, rabota,
rabota… Vrémé, vrémé, vrémé… Véra, véra, véra…"
Rabota signifie le travail : vrémé, le
temps, et véra, la foi.
Jamais il ne m’a expliqué pourquoi il
répétait ces trois mots, mais des années cela m’a préoccupé, et j’ai compris
qu’il y avait condensé toute une philosophie. Donc, voilà : le travail,
mais aussi la foi qui est nécessaire pour l’entreprendre et le continuer,
et surtout le temps. Car il faut le
temps ! Que l’on ne s’imagine pas que tout va être réalisé d’un seul coup.
Maintenant, je connais ce qu’est "vrémé". Les années ont passé et je
vois que "vrémé", c’est vraiment quelque chose !
Omraam
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