La
musique est le maillon entre le monde angélique et le monde humain ; elle est
le fil qui joint ces deux mondes. C’est pourquoi tous les exercices spirituels
débutent par la musique. Elle est le langage des esprits ; ils connaissent
cette langue et quand vous désirez attirer un esprit, soit pour l’influencer,
soit pour qu’il vous comprenne, chantez ou jouez d’un instrument.
La
musique exige beaucoup de travail, un travail intensif pour ce qui est de sa
compréhension, et non seulement vis-à-vis de son aspect extérieur, mais aussi
du point de vue intérieur. Par exemple, si je vous jouais quelques morceaux
occultes, certains d’entre eux pourraient vous paraître aussi tempétueux que
certains morceaux de musique ordinaire, et d’autres, aussi dépourvus de sens que
cette dernière. Les exercices que je vous donne ont pour but de développer les
sentiments.
Quand
vous vous trouvez près d’une source ou d’une rivière, vous ne soupçonnez pas
qu’il s’y trouve également une musique ou une pensée. Quand vous êtes dans une très
mauvaise disposition d’esprit, faites l’expérience d’aller au lieu-dit «
Eri-Déré » et choisissez un endroit escarpé. Nous irons là où la rivière
bifurque, où se trouve une petite auberge, observer son cours, et quand vous quitterez
cet endroit, vous serez dans une excellente disposition. Quand vous monterez
écouter le chuchotement de l’eau, des cailloux et aussi celui des feuilles,
cette rivière fera naître en vous une excellente disposition, et en vous
naîtront la joie et l’allégresse. C’est toute une vie ! De la musique émane de
ses cailloux, de ses rivages ! Quelqu’un dira : « Ce n’est pas de la musique !
» Bien, mais ce bruit a produit sur toi une influence favorable. Allez écouter
le meilleur concert, écoutez le plus grand virtuose et voyez s’ils produisent
en vous une aussi bonne humeur.
La
musique produira en vous des pensées comparables à celles qu’a produites la
rivière. Mais pas uniquement. Allez près d’un ruisseau de montagne, non boueux
- car dans les ruisseaux boueux, la musique est tout autre -, choisissez un
ruisseau aux eaux pures et transparentes, avec de petits cailloux, sur lesquels
l’eau se heurte çà et là, et écoutez quelle musique s’y joue ! Alors, quand
vous irez en forêt, vous entendrez de telles symphonies, de tels morceaux de musique...
Je dois vous y emmener. Il existe une période de l’année durant laquelle vous
pourrez écouter de tels concerts.
Jusqu’à
présent, vous n’avez pas observé la nature car votre intellect était occupé par
d’autres pensées. Vous êtes déjà passé par de tels lieux, mais sans y prêter
attention. Vous irez en pleine nature, et là vous oublierez tous vos soucis et
vous tendrez l’oreille. De bon matin, quand vous pénétrez en forêt, tout est
silencieux autour de vous ; puis vous commencez à entendre un petit murmure, un
tout petit bruissement qui, progressivement, augmente et devient de plus en
plus fort : le vent est venu et toutes les branches s’agitent puis vient une
nouvelle accalmie. Alors, si votre ouïe est développée, vous vous rendrez
compte que le frémissement de chaque feuille produit des sons particuliers.
Les
gammes actuelles sont différentes des gammes occultes de la nature, elles ne
sont pas en harmonie avec elle. La musique de la nature est accordée
différemment. Si vous vous accordiez d’après cette musique et que vous
chantiez, on vous demanderait : « D’où tenez-vous ce morceau, quel en est
l’auteur ? » Ainsi, je voudrais que vous connaissiez la musique occulte, et que
vous puisiez des forces et votre inspiration dans la nature vivante, et tout particulièrement
des arbres. Allez un jour dans une forêt de pins, là, la musique est
particulière. Si vous allez dans une forêt de hêtres ou de chênes, trouvez un
bel endroit où certains changements se produisent sur le terrain.
Actuellement,
notre conscience n’est préoccupée que par le ciel, et nous pensons que c’est un
très bel endroit. Mais en quoi consiste cette beauté ? Vous êtes-vous déjà
rendu compte de ce qu’est exactement une belle vie ? Une belle vie est une vie
raisonnable, rien de plus ! Comment se manifeste une vie raisonnable ? Elle
s’exprime aussi bien extérieurement qu’intérieurement, et son côté intérieur se
manifeste par la musique. Il y a de la musique en nous. Chacun chante lorsqu’il
est gai et joyeux. Quand quelqu’un est joyeux, il chante et s’il n’est pas
chanteur, il prie ou chante intérieurement. Qu’est-ce que la prière ? C’est un
chant divin. Prier est un art intérieur qui ne connaît pas de limites. La
prière nécessite un autre instrument.
Ainsi,
nous avons le chant, les sons, et avec eux, nous devons combiner la musique
divine avec la musique angélique. Quand nous y serons parvenus, le rôle des
hommes sera d’en donner la technique d’interprétation. L’élaboration des
instruments de musique en bois nous revient. La partie physique, la confection
du violon, des cordes, de l’archet, est humaine, mais les vibrations de l’air
sont liées au monde angélique et le sens que porte la musique vient du monde
divin. Tous nos contemporains ont comme idée que nous, les hommes, en tant
qu’êtres dotés de raison, sommes les seuls à vivre. Il n’en est pas ainsi. À un
moment donné, une personne peut être morte à vos yeux. Dans quel cas ? Quand
vous ne vous intéressez pas le moins du monde à sa vie. Si vous êtes
complètement absorbé par votre travail, une personne peut être absente pour un
certain temps de votre intellect, et même, sembler morte pour vous ; mais par
la suite, elle peut attirer votre attention et devenir intéressante pour vous.
Dans votre vie, nombreuses étaient les personnes dont vous ne vouliez rien
savoir mais auxquelles, après un certain temps, vous avez commencé à vous
intéresser.
La
musique est un moyen pour que la nature vive en vous. Et à vos yeux, les
pierres retrouveront leur vie, les arbres, les sources, tout ce qui vous était
extérieur deviendra vivant ; alors votre vie deviendra acceptable, et n’importe
où que vous soyez, vous pourrez vous tonifier.
Toutefois,
je ne parle ni de la vie citadine, ni de celle des villages, car vous ne
pourrez y trouver cette fraîcheur.
Les
Bulgares parlent beaucoup de leur musique. Je ne critique pas notre ancienne
musique, mais je dirais que nous n’avons rien créé de nouveau depuis
l’occupation turque - durant cinq ou six siècles -, mais que nous aimons nous
en vanter. Le Bulgare vit toujours dans le passé. Il raconte : « Notre père,
quel joueur de flûte il était ! Quel violoniste il était ! Ne regardez pas ce
que je suis, mais ce qu’étaient mon grand-père, mon arrière-grand-père ; et ma
grand-mère, quelle chanteuse elle était ! »
Ton
grand-père et ta grand-mère étaient musiciens. Bien, ils ont posé les
fondements ; et toi, qu’as-tu fait ? Si ton grand-père était musicien et ta
grand-mère, chanteuse, si ton grand-père jouait de la gadoulka et que ta
grand-mère chantait, qu’as-tu posé sur ce fondement ? Tu dois, toi aussi, y
mettre quelque chose. Et le Bulgare répond : « Moi, je n’ai pas besoin de
musique. - Alors, tu es en dehors de la vie ! - Je n’ai pas besoin de prières !
- Alors, tu es en dehors de la vie ! »
Actuellement,
on cherche à montrer que la musique a de l’importance et c’est pour cette
raison que les gens mondains y consacrent plus de temps. C’est bien, ils
marchent sur le bon chemin et je les félicite.
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