Son séjour en Inde avait été un voyage vers des sommets spirituels. Une
immersion dans une civilisation unique au monde, la rencontre de grands
Maîtres, la découverte de milieux riches ou pauvres : hommes d’affaires et
ministres, yogis et brahmanes, gens de la classe moyenne, sadhous et mendiants…
Dans ce pays, où il avait dû faire face aux conditions les plus difficiles de
la vie sur la terre – celles de la pauvreté et de l’ignorance – il avait aussi
trouvé les valeurs spirituelles d’un peuple orienté vers la recherche de
l’absolu et la suppression des désirs terrestres, un peuple imprégné des
efforts de détachement de centaines de générations. Au début et à la fin de son
séjour, il avait lui-même consacré des mois à la contemplation dans la solitude
de l’Himalaya. Encore une fois, il était allé sur la montagne spirituelle.
Encore une fois, il était revenu vers sa famille humaine.
Omraam Mikhaël était l’un de ces êtres épris de Dieu, capable de
canaliser toutes leurs énergies pour atteindre les cimes de l’expérience
spirituelle. À seize ans, pour la première fois, il était allé sur cette
montagne mystérieuse où l’on peut rencontrer le monde divin. Il y était monté,
il avait failli y mourir de bonheur, mais il en était redescendu, et s’il en
était redescendu, c’était parce qu’il savait, dans le fond de son cœur, qu’il
avait une tâche à accomplir et que le plus grand bonheur ne pourrait jamais le
distraire de cette tâche. C’est ce qu’il disait à propos de son extase, à
dix-sept ans, au cœur de la musique des sphères : « C’est la peur qui
m’a fait revenir, non pas la peur de mourir, mais de ne plus pouvoir revenir
travailler sur la terre. Si vous avez une tâche sur la terre, il faut
l’entreprendre. Je ne pouvais pas y renoncer. »
On l’appelait maintenant Maître,
et si on l’appelait ainsi, ce n’était pas parce qu’il avait appris à dominer
ses semblables, au contraire, c’était parce qu’on pouvait constater chez lui
cette domination de soi qui ne s’obtient qu’après des années d’efforts assidus.
Il avait commencé très tôt ce travail de perfectionnement que tous sont appelés
à faire sur eux-mêmes, il avait traversé une grande partie des difficultés que
peuvent connaître tous les êtres humains, il les avait utilisées comme des
instruments pour se transformer.
Après son séjour en Inde, il lui arrivera de parler des grands Maîtres
qui, après avoir atteint à la maîtrise personnelle, ont préféré vivre dans la
solitude plutôt que de rester avec la famille humaine. Lui-même ne pensait qu’à
cette famille humaine qui était sienne. Il ne pensait qu’à ses frères, ses
sœurs, ces hommes, ces femmes, ces enfants qu’il voulait prendre par la main,
fraternellement, et les guider vers les sommets de leur être, les aider à
comprendre leur rôle dans cette société, dans cette famille dont ils font
partie… et c’est pourquoi il leur parlait sans cesse de la vraie fraternité qui
peut apporter à l’humanité un Âge d’Or. Car s’il désirait les aider à se
perfectionner, à trouver la joie et la paix intérieures, son but était plus
vaste encore, il voulait les amener beaucoup plus loin : bien au-delà des
méthodes individuelles, il se préoccupait de la création d’une civilisation
fraternelle, solidaire, aussi spirituelle que matérielle, axée sur les valeurs
les plus élevées, pour le plus grand bien de tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire