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mercredi 25 mars 2015

Symbolisme des figures géométriques


La symbolique des figures géométriques est l'étude des figures géométriques (point, lignes, surfaces, volumes) en tant que symboles, dans leur capacité à désigner, à signifier ou même à agir.


Le symbolisme des figures géométriques concerne les dimensions en tant que symboles, dans leur puissance à représenter analogiquement, à être interprétés, à porter sens et valeurs (en plus de l'aspect pratique ou scientifique). On entre dans l'étude des figures géométriques en tant que symboles (symbologie) ou en tant que systèmes (symbolique) ou dans l'examen de leur capacité à désigner, à signifier, voire à exercer une influence (symbolisme). La figure géométrique en général a son symbolisme (elle représente les limites, l'étendue des choses), et chaque figure géométrique en particulier a son symbolisme (la sphère représente le milieu parfait, le cercle représente l'espace clos). 

On raconte que Pythagore demandait à ses disciples de méditer durant sept ans sur certaines figures géométriques fondamentales : le cercle et le point, la ligne, le triangle, la croix, le carré, etc. Par ailleurs, l'utilisation de symboles géométriques se retrouve dans de nombreuses civilisations et traditions. La raison en est simple : les symboles forment un langage bien plus ancien que les mots. Le langage symbolique est celui de la nature et de l'univers tout entier.


Selon Omraam Mikhaël Aïvanhov (Le langage des figures géométriques, éditions Prosveta), les figures géométriques constituent le langage symbolique absolu : les symboles y sont en effet réduits à de pures abstractions. Leurs formes sont parfaites. Ces figures constituent la charpente de la réalité, son "squelette". En elles se condense la quintessence de la sagesse. Elles sont semblables à des graines contenant le potentiel de toute une forêt : lorsque nous les semons dans notre vie, elles y développent toute leur richesse. En effet, ces symboles géométriques aux formes archétypales s'adressent non seulement à notre mental, mais à toute notre structure psychique et physique, et à notre conscience profonde. Quand nous travaillons avec eux dans le long terme, leur action se fait ressentir dans toutes les dimensions de notre être (physique, psychique, spirituel) et sur tous les aspects de notre vie (travail, relations). Leur effet est toujours supérieur à la compréhension consciente que nous en développons.


Une fréquence de base
Alors, à quoi tient l'effet des symboles de figures géométriques ? On peut considérer que ceux-ci fournissent à la psyché des modèles parfaits - des archétypes fondamentaux - qui permettent à l'individu tout entier de se remodeler selon ces schémas qui sont à la base de la création. Ils entrent en résonance avec la structure fondamentale de l'être humain dont l'éducation nous fait bien souvent nous écarter. Dans un orchestre, avant de commencer à jouer, le hautbois donne le "La" pour que tous les instruments s'harmonisent. De manière analogue, les symboles géométriques fondamentaux envoient une fréquence de base à notre être qui lui permet d'harmoniser ses différentes composantes selon une norme juste et parfaite. Une autre image que j'utilise volontiers est celle de l'étalonnage. Avant d'utiliser un instrument de mesure, il est nécessaire de l'étalonner, de le remettre à zéro, sans quoi toutes les mesures seront erronées. En nous-mêmes, nous avons également des instruments et des critères d'évaluation, dont l'étalonnage s'est fait de façon arbitraire, selon les influences culturelles, familiales et religieuses que nous avons subies. Ces archétypes premiers que sont les symboles géométriques fournissent à notre être tout entier un étalon absolu, indépendant des fluctuations des cultures, des modes, des idées. C'est un référent stable, constant, sûr.

Déchiffrer la nature
A l'ère du "Tout, tout de suite et sans efforts", le travail symbolique représente évidemment une gageure, puisqu'il requiert une pratique quotidienne régulière, assidue, quoique de courte durée (maximum 15 minutes par jour). La nature ne nous montre-t-elle pas qu'un gros orage inonde les champs sans que l'eau ait le temps de pénétrer le sol, tandis qu'une petite pluie quotidienne imprègne la terre en profondeur ? Il en va de même dans le travail intérieur : aucun changement durable ne s'effectue en un instant. Au-delà de la transformation personnelle, l'apprentissage du langage symbolique nous procure aussi la joie d'apprendre à déchiffrer la nature, le monde qui nous entoure, ainsi que les textes sacrés des grandes religions. A n'en pas douter, les symboles sont des clés qui peuvent ouvrir de nombreuses portes en nous et autour de nous.



La forme de base : Le Cercle

Le cercle est une figure qui exerce une réelle fascination sur l'imagination humaine. Ce fait ne peut être réduit à une simple dimension subjective ; il reflète tout autant une dimension objective, constituant ainsi l'un des archétypes les plus universels. C'est à travers la révélation de sa forme que Parménide a fondé la métaphysique occidentale, en s'appuyant sur l'intuition d'une identité de l'être et du connaître. De fait, le symbole du cercle semble avoir partout joué le rôle d'un support de méditation pour les rapports de l'apparaître, du connaître et de l'être. C'est ainsi que les grandes oppositions catégorielles, à commencer par celles liées à l'espace et au temps, ont été mises en ordre sur des schèmes circulaires (rose des vents, calendriers, zodiaque, etc.). À lire ce qu'écrit Platon dans Le Timée, le cercle constitue comme une sorte de double face, de Janus morphologique. Il est ce qu'il se donne à voir : forme pleine, homogène, statique, parfaitement fermée sur soi, image de toute clôture ontologique - le cercle du Même. Mais il est tout autant ce qui n'apparaît pas : un vide, un abîme cachant en soi un chemin invisible, principe de toute ouverture de la « forme » sur la « non-forme » - le cercle de l'Autre.

Le cercle est le signe le plus commun et le plus universel, on le trouve dans toutes les cultures. Pour presque toutes les civilisations anciennes, il représente l'ordre cosmique. 


L'Ouroboros, le serpent ou dragon qui se mord la queue, se dévorant et renaissant éternellement de lui-même, est un symbole d'éternité et de la nature cyclique de l'univers. Il exprime l'unité de toutes les choses, qui ne disparaissent jamais mais changent de forme dans un cycle de destruction et de re-création. 

Le cercle est également synonyme de la Roue de la Vie. Cette forme géométrique parfaite n'a ni début ni fin, ce qui en fait le symbole parfait pour l'éternité, la plénitude, l'infini, la continuité. Mais il est aussi le symbole des limites, de l'enfermement et des cycles renouvelés. 

Pour les païens, le cercle représente l'unité, le cycle écologique Vie-Mort-Renaissance et la Roue de l'Année. Il est aussi un rappel de l'espace sacré qu'est le cercle magique et réaffirme que nous sommes interconnectés avec le Tout.

Le cercle véhicule le symbolisme de la perfection.

Le cercle est en effet l'une des figures les plus simples qui soit. Celui-ci peut se décomposer en deux éléments : le centre et la circonférence. Le centre peut être conçu tout seul, mais la circonférence ne peut pas exister sans le centre. On en déduit donc déjà la prédominance du centre sur la circonférence. Le centre représente donc le Principe, le point de départ et le point d'arrivée, le lieu d'où provient toute chose, et le lieu où toute créature aspire à retourner. C'est le territoire de la stabilité, de l'immuabilité, de la non-dualité, de l'éternité. Alors que la circonférence au contraire est le terrain du changement, du mouvement, du bruit, de la transformation. On peut aussi dire que le centre représente le point de départ des émanations, tandis que la circonférence représente la manifestation.

Travail méditatif d’Olivier Clerc sur le symbole du Cercle et du point central

On considère en effet le seul symbole du cercle et du point comme le symbole le plus fondamental, le plus simple, le plus universel. On le retrouve aussi bien dans l'atome, la cellule, que dans de nombreux fruits, l'œil, le système solaire ou le cosmos. Au niveau de l'être humain, le centre du cercle représente l'esprit, tandis que le cercle lui-même représente l'être incarné.

En me concentrant sur ce symbole, jour après jour, je m'efforçais de me re-centrer, d'établir ma conscience dans mon centre. En effet, toute l'éducation moderne contribue à créer des êtres décentrés, dont la conscience est dispersée entre le mental, le cœur, l'estomac, le sexe, etc. Ils ignorent jusqu'à l'existence de ce centre intérieur et s'identifient généralement à leur cercle, à leur personnalité sociale, ce qui les rend souvent très réactifs, susceptibles, prompts à tout prendre personnellement. L'assiduité et la régularité de ce travail ont provoqué chez moi, au bout d'un ou deux mois, un changement de " centre de gravité identitaire " : ma conscience commençait à s'unifier dans mon centre. Cela s'est même répercuté sur mon physique dans les mois qui ont suivi : souffrant de maux de dos depuis des années, avec une statique défaillante, j'ai progressivement retrouvé un axe intérieur fort et souple. Immanquablement, ce recentrage a provoqué des transformations au niveau relationnel : les liens, amitiés, relations contractés hors du centre ont dû se réajuster sur la nouvelle donne, devenant plus vrais, plus sincères ou se rompant définitivement.


Symbolisme du Cercle et Psychologie  du point de vue d’un Yogi

Symbolique du Cercle
La symbolique du cercle est d’une richesse immense, en attestent ses nombreuses images artistiques, philosophiques et religieuses. Symbole du cosmos, il est aussi au cœur de l’âme humaine, comme une goutte de cette perfection à laquelle tout homme aspire. Il est le moyen par lequel dépasser le cadre spatio-temporel qui définit l’homme, vers la dimension divine.
Il est exceptionnel de pouvoir observer dans les innombrables formes qu'offre la nature à notre vue des figures géométriques simples parfaites, tels le carré, le triangle etc. En revanche le cercle s'y rencontre de façon très habituelle, et tout d'abord matérialisé dans la forme des deux "grands luminaires" qui éclairent nos jours et nos nuits et dont le livre de La Genèse décrit la création par Dieu le quatrième jour à l'origine des temps: cercle flamboyant du soleil qui trace dans le ciel, de l'aube au crépuscule, le demi cercle invisible de sa course fidèle, et cercle de la pleine lune qui éclaire de sa douce et mystérieuse lueur, tous les vingt-huit jours, nos nuits.

Plus fugaces, mais eux aussi parfaits, ces trains d'ondes circulaires qui naissent du point d'impact d'une pierre tombée à la surface d'un lac : lequel d'entre nous, enfant, n'a été fasciné par cette simulation symbolique du grand mouvement de la création de l'univers à partir de ce que nous appelons maintenant le "Big Bang", et qui nous renvoie inconsciemment aux origines mêmes de la manifestation et de la vie… L’onde de forme…

Tracer un cercle à l'aide du compas porte déjà en soi tout un enseignement symbolique, centré sur le nombre 3

Trois gestes sont nécessaires pour réaliser ce tracé : piquer la première branche du compas sur le papier, ce qui détermine le centre du futur cercle encore virtuel puis écarter les deux branches d'une distance qui définit la dimension du rayon : enfin faire effectuer à la deuxième branche la rotation autour du centre qui trace la circonférence. Dès lors, le cercle est réalisé, avec ses trois éléments structurels, chacun des trois symbolisant un aspect particulier de la toute-puissance créatrice du Divin. Le centre, sans apparence ni dimension mais qui porte en lui la possibilité de manifestation de la circonférence, symbolise l'Absolu non manifesté portant unifiée en lui la possibilité de manifestation de toutes les formes peuplant le cosmos. La circonférence délimite la surface du cercle figurant l'espace nécessaire au déploiement de la manifestation, mais aussi, animée du mouvement circulaire, elle symbolise le temps qui soumet toute chose au changement continuel dans la roue du "Samsara". Quant aux rayons qui relient le centre à la circonférence, ils suggèrent la puissance créatrice du Divin et le fait que la plus infime parcelle de la création est toujours intimement reliée à sa source divine.

Ainsi le cercle achevé représente-t-il l'ensemble de la manifestation et les trois corps qui la constituent : le corps causal avec le centre, le corps subtil avec le rayon, le corps grossier avec la circonférence. De même peut-on y voir la structure trinitaire de l'être humain: corps périphérique, âme (psychisme) intermédiaire et esprit central.

Cercle et Psychologie

Si dans une vision totalisante le cercle symbolise le cosmos et plus particulièrement l'être humain comme condensé du cosmos, d'un point de vue plus limité il peut être pris comme figure de la psyché, c'est-à-dire de l'âme.

Jung, qui a toujours refusé de porter son investigation sur les aspects religieux ou métaphysiques de l'être humain, a voulu voir dans le cercle le symbole de la totalité de la psyché qu'il appelle "le Soi", et de l'unité de la vie. C'est ainsi qu'il interprète l'image de Brahma sur le cercle du lotus, tournant son regard vers les quatre points cardinaux, comme figurant le besoin d'orientation psychique de l'individu : "Les quatre fonctions de la conscience décrites par Jung - la pensée, le sentiment, la sensation, l'intuition - donnent à l'homme la possibilité d'interpréter les impressions qui lui parviennent de l'intérieur et de l'extérieur. C'est grâce à ces fonctions qu'il comprend et assimile son expérience et peut réagir. Le quadruple point de vue pris par Brahma sur le monde symbolise l'intégration nécessaire de ces quatre fonctions. 



Pour Jung, le psychisme humain ayant réalisé la totalité de ses possibilités se symbolise par des cercles à quatre ou huit rayons (huit si l'on considère quatre fonctions intermédiaires aux quatre principales). Ainsi fait-il du cercle de l'auréole du Christ divisée en quatre par deux diamètres perpendiculaires, l'un vertical, l'autre horizontal, le symbole de son unité indifférenciée. Ainsi explique-t-il également la figure du mandala tibétain associant le cercle au carré - donc au nombre quatre - dot il fait là encore l'image d'une psyché totalement réalisée dans le jeu harmonieux de ses quatre fonctions structurelles. Jung avait d'ailleurs observé chez nombre de ses malades psychotiques une tendance à dessiner des figures évoquant des mandalas, et avait interprété ce fait comme la tentative d'un psychisme menacé de dissociation par la psychose pour restaurer son unité brisée. Lui-même avait systématiquement usé de ce procédé graphique dans les périodes où il se sentait submergé par des images redoutables menaçant sa santé psychique, et avait constaté le pouvoir réunifiant de ces figures mandalas: 

"Images de l'ordre qui, ainsi qu'un viseur psychologique, marqué d'une croix dans un cercle - ou d'un cercle divisé en quatre - est imposée au chaos psychique, de sorte que chaque partie du contenu est remise à sa place et que le bouillonnement confus est maintenu dans le cercle protecteur".




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