La symbolique des figures
géométriques est l'étude des figures géométriques (point, lignes, surfaces,
volumes) en tant que symboles, dans leur capacité à désigner, à signifier ou
même à agir.
Le symbolisme des figures
géométriques concerne les dimensions en tant que symboles, dans leur puissance
à représenter analogiquement, à être interprétés, à porter sens et valeurs (en
plus de l'aspect pratique ou scientifique). On entre dans l'étude des figures
géométriques en tant que symboles (symbologie) ou en tant que systèmes
(symbolique) ou dans l'examen de leur capacité à désigner, à signifier, voire à
exercer une influence (symbolisme). La figure géométrique en général a son
symbolisme (elle représente les limites, l'étendue des choses), et chaque
figure géométrique en particulier a son symbolisme (la sphère représente le
milieu parfait, le cercle représente l'espace clos).
On raconte que Pythagore demandait à ses disciples de méditer durant
sept ans sur certaines figures géométriques fondamentales : le cercle et le
point, la ligne, le triangle, la croix, le carré, etc. Par ailleurs,
l'utilisation de symboles géométriques se retrouve dans de nombreuses
civilisations et traditions. La raison en est simple : les symboles forment un
langage bien plus ancien que les mots. Le langage symbolique est celui de la
nature et de l'univers tout entier.
Selon Omraam Mikhaël
Aïvanhov (Le langage des figures géométriques, éditions Prosveta), les figures géométriques
constituent le langage symbolique absolu : les symboles y sont en effet réduits
à de pures abstractions. Leurs formes sont parfaites. Ces figures constituent
la charpente de la réalité, son "squelette". En elles se condense la
quintessence de la sagesse. Elles sont semblables à des graines contenant le
potentiel de toute une forêt : lorsque nous les semons dans notre vie, elles y
développent toute leur richesse. En effet, ces symboles géométriques aux formes
archétypales s'adressent non seulement à notre mental, mais à toute notre
structure psychique et physique, et à notre conscience profonde. Quand nous
travaillons avec eux dans le long terme, leur action se fait ressentir dans
toutes les dimensions de notre être (physique, psychique, spirituel) et sur
tous les aspects de notre vie (travail, relations). Leur effet est toujours
supérieur à la compréhension consciente que nous en développons.
Une fréquence de base
Alors, à quoi tient l'effet des symboles de figures géométriques ? On peut
considérer que ceux-ci fournissent à la psyché des modèles parfaits - des
archétypes fondamentaux - qui permettent à l'individu tout entier de se
remodeler selon ces schémas qui sont à la base de la création. Ils entrent en
résonance avec la structure fondamentale de l'être humain dont l'éducation nous
fait bien souvent nous écarter. Dans un orchestre, avant de commencer à jouer,
le hautbois donne le "La" pour que tous les instruments
s'harmonisent. De manière analogue, les symboles géométriques fondamentaux
envoient une fréquence de base à notre être qui lui permet d'harmoniser ses
différentes composantes selon une norme juste et parfaite. Une autre image que
j'utilise volontiers est celle de l'étalonnage. Avant d'utiliser un instrument
de mesure, il est nécessaire de l'étalonner, de le remettre à zéro, sans quoi
toutes les mesures seront erronées. En nous-mêmes, nous avons également des
instruments et des critères d'évaluation, dont l'étalonnage s'est fait de façon
arbitraire, selon les influences culturelles, familiales et religieuses que
nous avons subies. Ces archétypes premiers que sont les symboles géométriques
fournissent à notre être tout entier un étalon absolu, indépendant des
fluctuations des cultures, des modes, des idées. C'est un référent stable,
constant, sûr.
Déchiffrer la nature
A l'ère du "Tout, tout de suite et sans efforts", le travail
symbolique représente évidemment une gageure, puisqu'il requiert une pratique
quotidienne régulière, assidue, quoique de courte durée (maximum 15 minutes par
jour). La nature ne nous montre-t-elle pas qu'un gros orage inonde les champs
sans que l'eau ait le temps de pénétrer le sol, tandis qu'une petite pluie
quotidienne imprègne la terre en profondeur ? Il en va de même dans le travail
intérieur : aucun changement durable ne s'effectue en un instant. Au-delà de la
transformation personnelle, l'apprentissage du langage symbolique nous procure
aussi la joie d'apprendre à déchiffrer la nature, le monde qui nous entoure,
ainsi que les textes sacrés des grandes religions. A n'en pas douter, les
symboles sont des clés qui peuvent ouvrir de nombreuses portes en nous et
autour de nous.
La forme de base : Le Cercle
Le cercle est une figure qui exerce une réelle fascination sur l'imagination
humaine. Ce fait ne peut être réduit à une simple dimension subjective ; il
reflète tout autant une dimension objective, constituant ainsi l'un des
archétypes les plus universels. C'est à travers la révélation de sa forme
que Parménide a fondé la métaphysique occidentale, en s'appuyant
sur l'intuition d'une identité de l'être et du connaître. De fait, le symbole
du cercle semble avoir partout joué le rôle d'un support de méditation pour les
rapports de l'apparaître, du connaître et de l'être. C'est ainsi que les
grandes oppositions catégorielles, à commencer par celles liées à l'espace et
au temps, ont été mises en ordre sur des schèmes circulaires (rose des vents,
calendriers, zodiaque, etc.). À lire ce qu'écrit Platon dans Le
Timée, le cercle constitue comme une sorte de double face, de Janus
morphologique. Il est ce qu'il se donne à voir : forme pleine,
homogène, statique, parfaitement fermée sur soi, image de toute clôture
ontologique - le cercle du Même. Mais il est tout autant ce qui n'apparaît pas
: un vide, un abîme cachant en soi un chemin invisible, principe de toute
ouverture de la « forme » sur la « non-forme » - le cercle de l'Autre.
Le cercle est le signe le plus commun et le plus universel, on le trouve dans
toutes les cultures. Pour presque toutes les civilisations anciennes, il
représente l'ordre cosmique.
L'Ouroboros, le serpent ou dragon qui se mord la queue, se
dévorant et renaissant éternellement de lui-même, est un symbole d'éternité et
de la nature cyclique de l'univers. Il exprime l'unité de toutes les choses,
qui ne disparaissent jamais mais changent de forme dans un cycle de destruction
et de re-création.
Le cercle est également synonyme de la Roue de la Vie. Cette forme géométrique
parfaite n'a ni début ni fin, ce qui en fait le symbole parfait pour l'éternité,
la plénitude, l'infini, la continuité. Mais il est aussi le symbole des
limites, de l'enfermement et des cycles renouvelés.
Pour les païens, le cercle représente l'unité, le cycle écologique
Vie-Mort-Renaissance et la Roue de l'Année. Il est aussi un rappel de l'espace
sacré qu'est le cercle magique et réaffirme que nous sommes interconnectés avec
le Tout.
Le cercle véhicule le symbolisme de la
perfection.
Le cercle est en effet l'une des figures les plus simples qui soit. Celui-ci
peut se décomposer en deux éléments : le centre et la circonférence. Le centre
peut être conçu tout seul, mais la circonférence ne peut pas exister sans le
centre. On en déduit donc déjà la prédominance du centre sur la
circonférence. Le centre représente donc le Principe, le point de départ et le point
d'arrivée, le lieu d'où provient toute chose, et le lieu où toute créature
aspire à retourner. C'est le territoire de la stabilité, de l'immuabilité, de
la non-dualité, de l'éternité. Alors que la circonférence au contraire est le
terrain du changement, du mouvement, du bruit, de la transformation. On peut
aussi dire que le centre représente le point de départ des émanations, tandis
que la circonférence représente la manifestation.
Travail méditatif d’Olivier Clerc sur le symbole du Cercle et du point
central
On considère en effet le seul symbole du cercle et du point comme le symbole le
plus fondamental, le plus simple, le plus universel. On le retrouve aussi bien
dans l'atome, la cellule, que dans de nombreux fruits, l'œil, le système
solaire ou le cosmos. Au niveau de l'être humain, le centre du cercle
représente l'esprit, tandis que le cercle lui-même représente l'être incarné.
En me concentrant sur ce symbole, jour après jour, je m'efforçais de me
re-centrer, d'établir ma conscience dans mon centre. En effet, toute
l'éducation moderne contribue à créer des êtres décentrés, dont la conscience
est dispersée entre le mental, le cœur, l'estomac, le sexe, etc. Ils ignorent
jusqu'à l'existence de ce centre intérieur et s'identifient généralement à leur
cercle, à leur personnalité sociale, ce qui les rend souvent très réactifs,
susceptibles, prompts à tout prendre personnellement. L'assiduité et la
régularité de ce travail ont provoqué chez moi, au bout d'un ou deux mois, un
changement de " centre de gravité identitaire " : ma conscience
commençait à s'unifier dans mon centre. Cela s'est même répercuté sur mon
physique dans les mois qui ont suivi : souffrant de maux de dos depuis des
années, avec une statique défaillante, j'ai progressivement retrouvé un axe
intérieur fort et souple. Immanquablement, ce recentrage a provoqué des
transformations au niveau relationnel : les liens, amitiés, relations
contractés hors du centre ont dû se réajuster sur la nouvelle donne, devenant plus
vrais, plus sincères ou se rompant définitivement.
Symbolisme du Cercle et Psychologie
du point de vue d’un Yogi
Symbolique du Cercle
La symbolique du cercle est d’une richesse immense, en attestent ses nombreuses
images artistiques, philosophiques et religieuses. Symbole du cosmos, il est
aussi au cœur de l’âme humaine, comme une goutte de cette perfection à laquelle
tout homme aspire. Il est le moyen par lequel dépasser le cadre spatio-temporel
qui définit l’homme, vers la dimension divine.
Il est exceptionnel de pouvoir observer dans les innombrables formes qu'offre
la nature à notre vue des figures géométriques simples parfaites, tels le
carré, le triangle etc. En revanche le cercle s'y rencontre de façon très
habituelle, et tout d'abord matérialisé dans la forme des deux "grands
luminaires" qui éclairent nos jours et nos nuits et dont le livre de La
Genèse décrit la création par Dieu le quatrième
jour à l'origine des temps: cercle flamboyant du soleil qui trace dans le ciel,
de l'aube au crépuscule, le demi cercle invisible de sa course fidèle, et
cercle de la pleine lune qui éclaire de sa douce et mystérieuse lueur, tous les
vingt-huit jours, nos nuits.
Plus fugaces, mais eux aussi parfaits, ces trains d'ondes circulaires qui
naissent du point d'impact d'une pierre tombée à la surface d'un lac : lequel
d'entre nous, enfant, n'a été fasciné par cette simulation symbolique du grand
mouvement de la création de l'univers à partir de ce que nous appelons
maintenant le "Big Bang", et qui nous renvoie inconsciemment
aux origines mêmes de la manifestation et de la vie… L’onde de forme…
Tracer un cercle à l'aide du compas porte déjà en soi tout un enseignement
symbolique, centré sur le nombre 3.
Trois gestes sont nécessaires
pour réaliser ce tracé : piquer la première branche du compas sur le papier, ce
qui détermine le centre du futur cercle encore virtuel puis écarter les deux
branches d'une distance qui définit la dimension du rayon : enfin faire
effectuer à la deuxième branche la rotation autour du centre qui trace la
circonférence. Dès lors, le cercle est réalisé, avec ses trois éléments
structurels, chacun des trois symbolisant un aspect particulier de la
toute-puissance créatrice du Divin. Le centre, sans apparence ni dimension mais
qui porte en lui la possibilité de manifestation de la circonférence, symbolise
l'Absolu non manifesté portant unifiée en lui la possibilité de manifestation
de toutes les formes peuplant le cosmos. La circonférence délimite la surface
du cercle figurant l'espace nécessaire au déploiement de la manifestation, mais
aussi, animée du mouvement circulaire, elle symbolise le temps qui soumet toute
chose au changement continuel dans la roue du "Samsara".
Quant aux rayons qui relient le centre à la circonférence, ils suggèrent la puissance
créatrice du Divin et le fait que la plus infime parcelle de la création est
toujours intimement reliée à sa source divine.
Ainsi le cercle achevé représente-t-il l'ensemble de la manifestation et les
trois corps qui la constituent : le corps causal avec le centre, le corps
subtil avec le rayon, le corps grossier avec la circonférence. De même peut-on
y voir la structure trinitaire de l'être humain: corps périphérique, âme
(psychisme) intermédiaire et esprit central.
Cercle et Psychologie
Si dans une vision totalisante le cercle symbolise le cosmos et plus
particulièrement l'être humain comme condensé du cosmos, d'un point de vue plus
limité il peut être pris comme figure de la psyché, c'est-à-dire de l'âme.
Jung, qui a toujours refusé de porter son investigation sur les aspects
religieux ou métaphysiques de l'être humain, a voulu voir dans le cercle le
symbole de la totalité de la psyché qu'il appelle "le Soi", et de
l'unité de la vie. C'est ainsi qu'il interprète l'image de Brahma sur
le cercle du lotus, tournant son regard vers les quatre points cardinaux, comme
figurant le besoin d'orientation psychique de l'individu : "Les quatre
fonctions de la conscience décrites par Jung - la pensée, le sentiment, la
sensation, l'intuition - donnent à l'homme la possibilité d'interpréter les
impressions qui lui parviennent de l'intérieur et de l'extérieur. C'est grâce à
ces fonctions qu'il comprend et assimile son expérience et peut réagir. Le
quadruple point de vue pris par Brahma sur le monde symbolise
l'intégration nécessaire de ces quatre fonctions.
Pour Jung, le psychisme humain ayant réalisé la totalité de ses
possibilités se symbolise par des cercles à quatre ou huit rayons (huit si l'on
considère quatre fonctions intermédiaires aux quatre principales). Ainsi
fait-il du cercle de l'auréole du Christ divisée en quatre par deux diamètres
perpendiculaires, l'un vertical, l'autre horizontal, le symbole de son unité
indifférenciée. Ainsi explique-t-il également la figure du mandala tibétain
associant le cercle au carré - donc au nombre quatre - dot il fait là encore
l'image d'une psyché totalement réalisée dans le jeu harmonieux de ses quatre
fonctions structurelles. Jung avait d'ailleurs observé chez nombre
de ses malades psychotiques une tendance à dessiner des figures évoquant des
mandalas, et avait interprété ce fait comme la tentative d'un psychisme menacé
de dissociation par la psychose pour restaurer son unité brisée. Lui-même avait
systématiquement usé de ce procédé graphique dans les périodes où il se sentait
submergé par des images redoutables menaçant sa santé psychique, et avait
constaté le pouvoir réunifiant de ces figures mandalas:
"Images de
l'ordre qui, ainsi qu'un viseur psychologique, marqué d'une croix dans un
cercle - ou d'un cercle divisé en quatre - est imposée au chaos psychique, de
sorte que chaque partie du contenu est remise à sa place et que le
bouillonnement confus est maintenu dans le cercle protecteur".
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