Si tu as des connaissances, pourquoi
appelles-tu le médecin dès que tu es souffrant ? À quoi te sert alors ta
science ?
Si tu te trouves dans la vie en butte
aux privations, à la misère, si tu es toujours affamé, sans abri, si tu
n’arrives pas à résoudre ce problème maté- riel, à quoi te sert ta connaissance
?
Tu es esclave de l’apparence et tu
t’occupes tout le temps de tes vêtements, de tes chaussures… Certains s’en
défendent et disent que ce sont des choses sans importance. Sous un certain
rapport, il est bien vrai que ces détails sont insignifiants, mais d’un autre
point de vue, il n’est pas indifférent de savoir se chausser d’une manière
propre à ne pas nuire à sa santé.
De la manière dont marche une personne,
on peut déceler les traits de son caractère ; une démarche lourde, pesante,
dénote un être dur, obstiné, indocile. Celui qui marche légèrement,
silencieusement, comme un chat, est agile, rusé. L’homme raisonnable a une
démarche légère, régulière et calme. Le pas d’un soldat fait trembler toute la
maison. Il n’y a en cela rien de mal, mais seulement une dépense exagérée
d’énergie. On peut faire un rapprochement entre la démarche des êtres humains
et la manière dont ils résolvent certaines questions importantes de
l’existence, ainsi qu’avec leurs conceptions philosophiques. La question de
Dieu, par exemple, ils la traitent d’une manière dogmatique. Cependant, la
conception de Dieu est inexplicable.
Dieu est cet Être qui a existé avant
tous les autres êtres. Dieu est éternel et infini. Il existe continuellement.
Il est illimité et limite tous les autres êtres en les englobant en Lui. Tout
ce qui entre dans sa conscience se limite et c’est pour cela que notre univers
est limité et défini. On peut, par exemple, compter combien de milliards d’étoiles
existent dans l’univers ; et les mathématiciens contemporains calculent sa
durée probable mais cela reste limité par une conscience humaine. Je vais
maintenant vous exposer une image du Coran que Mahomet présente dans une de ses
légendes. L’image représente la fin de l’univers ; les soleils, les planètes
s’obscurcissent, s’éteignent ; le paradis et le ciel disparaissent ; tous les
hommes, les Anges, les Archanges s’endorment et restent seulement Dieu et
l’Archange Michaël. Celui-ci, se voyant seul dans tout l’univers, éprouve
beaucoup de peine et ne pouvant supporter cette situation, il s’arrache la
tête. Je vous demande si ce fait est véridique ?
Il ne peut l’être qu’à moitié, car si
tout l’univers, avec tous ses soleils et ses planètes, avec tous les êtres
vivants, disparaissait, la vie se transformerait et passerait au-delà de ses
frontières. Derrière l’univers que nous voyons, il y en a un autre, comportant
des soleils et des êtres infiniment plus éthérés, inaccessibles à nos yeux
humains. Par conséquent, toute la vie passera précisément dans cet univers, des
milliers de fois plus beau que le nôtre. Tous ceux qui sont prêts à y vivre le
rejoindront, mais ceux qui ne le sont pas resteront dans l’univers actuel et
s’arracheront la tête comme l’Archange Michaël. Dieu est Esprit.
L’Esprit est quelque chose qui est plus
proche de l’homme. Il est porteur de vie. À la création de l’homme, l’Esprit y
a introduit la beauté que nous appelons âme. Il a spiritualisé l’homme. Dans le
monde, l’homme existe comme âme et non comme esprit. La première forme dans
laquelle l’Esprit a déposé son intelligence, certains l’appellent « homme »,
c’est-à-dire particule sortie de Dieu ou encore la première graine, le premier
embryon qui est en cours de développement dans le monde. Longue est l’histoire
de l’âme humaine ! L’âme est un principe qui de lui-même ne meurt jamais, mais
change constamment. L’âme est ce grand livre sacré dans lequel sont inscrites
toutes les manifestations de Dieu.
L’homme ne vit que parce qu’il est une
manifestation de l’Esprit. En conséquence, les esprits supérieurs en prennent
soin, parce que son âme recèle tout ce qui s’est passé avant eux, tout ce qui
s’accomplit maintenant et tout ce qui s’accomplira dans l’avenir. Tout cela est
écrit dans l’âme humaine, et celui qui sait y lire peut étudier le
développement de la Création. Ainsi, en observant le visage d’un homme ou la
structure de son corps, nous pouvons dire d’où il provient. Il est dit dans les
Écritures que l’homme est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cela
concerne le premier homme. Le deuxième est fait de terre, c’est-à-dire de tous
les éléments de la nature qui comprennent les minéraux, végétaux, animaux. Tous
ces éléments constitutifs doivent être considérés comme êtres vivants.
Mais l’homme a éliminé ce qui en lui
était élevé, idéal. C’est pour cette raison qu’il a dû sortir du paradis,
entrer dans le monde physique, concevoir sa nature inférieure. Voilà pourquoi
existent en l’être humain différents désirs, humeurs et tendances auxquels il
doit faire face. Je dis qu’aujourd’hui, une grande tâche est donnée à l’homme
raisonnable : celle de créer son caractère. Pour cela, il doit découvrir et
s’emparer des forces et aptitudes déposées en son âme pour les élaborer. La
nouvelle culture qui vient nous apporte de grandes ré- formes : dans la vie, la
religion, la science. Elle nous propose un renouvellement de toute l’humanité.
Les hommes de la nouvelle culture se vêtiront d’une toute autre manière.
Chaque être humain doit revenir vers sa
forme initiale, vers ses pensées et sentiments primordiaux purs qu’aucunes
circonstances ne peuvent faire changer. Pour cela, chacun doit faire des
efforts, des vérifications sur lui-même jusqu’à découvrir ce désir ou ce
sentiment qui ne varie pas. Par exemple, tu aimes quelqu’un. L’amour est la
pierre de touche qui détermine la constance du caractère. L’homme ne pouvant
aimer tout le monde à la fois, il commencera par vérifier son sentiment envers
une seule personne. Faites l’essai suivant : supposez que la personne que vous
aimez ait tous les défauts ou vous ait gravement fait du tort. Si, malgré cela,
vos sentiments demeurent inchangés, c’est qu’ils sont forts, au-dessus des
conditions et que rien ne peut vous faire hésiter. Éprouvez aussi vos sentiments
par un processus contraire. Imaginez que la personne que vous aimez ait fait de
grands sacrifices pour vous, vous ait aidé et comblé de cadeaux. Vérifiez alors
si votre amour n’est pas amplifié à cause justement des bienfaits qui vous ont
été prodigués. Ce serait la preuve qu’il serait faible. Votre amour doit être
inébranlable, qu’il vous soit bénéfique ou non.
Quand il vous fait du bien, remerciez
qu’il se manifeste ainsi ; quand il vous fait du tort, remerciez aussi qu’il
vous donne la possibilité d’apprendre quelque chose. Celui qui s’engage dans
l’étude de l’ordre divin ne doit pas tenir compte du bien ou du mal qu’on lui
fait, car ce sont là des choses extérieures. Mais si vous voulez étudier
l’ordre humain, alors là, vous avez le droit d’être sensible au bien ou au mal
que l’on vous fait. Les deux expériences que je vous propose sont difficiles,
mais vous devez les faire, si vous voulez vous développer, croître, tremper
votre caractère, ennoblir votre âme, si vous voulez devenir des héros.
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