Le mot Bible signifie livre, mais le vrai livre, la
véritable Bible, c’est la nature vivante, l’univers que Dieu a créé et qu’il a
peuplé d’innombrables créatures visibles et invisibles. Tous les livres sacrés
de l’humanité ont leur origine dans ce grand livre, et chacun n’en présente que
quelques aspects, quelques fragments.
Même si la Bible est un livre universellement
connu, et sans doute actuellement le plus traduit, il n’en est pas pour autant
le plus lu et le mieux compris. Les catholiques en ont une moins bonne
connaissance que les protestants, étant donné les craintes qu’a longtemps inspirées
à l’Eglise romaine sa traduction dans les langues nationales, dites langues vernaculaires.
En effet, une traduction supposant toujours une part d’interprétation, elle
peut être tendancieuse et trahir le vrai sens du texte. On connaît la maxime italienne
"traduttore, traditore" : traducteur, traître. La lecture dans
les deux langues où elle a été écrite ; l’hébreu pour l’Ancien Testament,
et le grec pour le Nouveau Testament, ne posait en principe pas de
problème ; et la traduction latine de saint Jérôme était aussi acceptée.
Mais y avait-il beaucoup de personnes capables de lire l’hébreu, le grec et le
latin ?...
Ainsi, pendant des siècles, la diffusion de la
Bible a été soumise à des sévères restrictions.
Vers la moitié du XXè siècle s’est amorcée la
déchristianisation de l’Occident, et actuellement, on aurait tendance à
considérer l’Ancien et le Nouveau Testament comme des monuments de la culture
universelle assez comparables à ce que sont aussi, pour les Européens, l’Iliade
et l’Odyssée d’Homère, ou l’Enéide de Virgile. C’est pourquoi les nouvelles
traductions s’appliquent surtout à revenir au sens premier des mots, à souligner
l’originalité, la puissance et la beauté du texte.
En 2001, les éditions Bayard publièrent une traduction
Française à laquelle participèrent vingt écrivains et vingt-sept exégètes. Il
s’agissait de présenter "une Bible qui témoigne d’une réception
contemporaine et littéraire", ainsi que le note Frédéric Boyer dans sa
préface.
La parution de cette nouvelle traduction, remarquable
à beaucoup d’égards, eut un grand retentissement. A la radio, sur les chaîne
France-Culture, une nuit fut presque entièrement consacrée à la lecture d’un
certain nombre de passages soigneusement sélectionnés. Mais donner de la Bible
une version plus contemporaine comme si elle était surtout un texte littéraire
n’en éclaire pas nécessairement le sens.
Pendant des siècles, en Occident, même s’ils ne
lisaient pas la Bible, les chrétiens qui constituaient la majorité de la population,
avaient reçu dans leur enfance une instruction
religieuse, ils avaient assisté aux offices et participé aux fêtes liturgiques.
Ils avaient donc entendu commenté différents épisodes de ce qu’on appelle
"l’histoire sainte", et ils en avaient vu des représentations sur les
murs à l’extérieur et à l’intérieur des églises, ce qui est de moins en moins
le cas de nos jours, puisqu’elles sont de moins en moins fréquentées. Il n’y a pas
lieu ici d’analyser le phénomène actuel de déchristianisation, mais il est impossible
de ne pas en mentionner les conséquences sur la culture générale du public, et
même d’un public instruit.
Pour s’en tenir seulement à la littérature
française… constatant l’ignorance de ses élèves, une enseignante professeur de
lettres dans les classes préparatoire à l’Ecole normale supérieur, a jugé
indispensable de publier un dictionnaire biblique qui répertorie les thèmes,
les personnages et les événements dont les étudiants doivent avoir connaissance
pour comprendre le sens des textes qu’ils ont à leur programme.
Dans sa présentation, elle écrit : …. "La
Bible, qui a nourri toute notre littérature, religieuse et non religieuse, et
dont l’ignorance ne peut que conduire à fausser le sens des textes littéraires,
est méconnue de nombreux lecteurs".
Le sens des Ecritures, dit le Maître, n’est révélé
qu’à celui qui possède une clé, et cette clé est la loi de l’analogie, la loi
des correspondances. La Bible a un corps, une âme et un esprit. Celui qui
s’arrête au récit des événements qui y sont rapportés et aux personnages qui en
sont les acteurs n’en connaître que le corps. Celui qui sent que quelque chose
de profond, l’essentiel se dégage de ces récits commence à en explore l’âme, et
il s’en nourrit comme on se nourrit de l’air qu’on respire ou du parfum des fleurs.
Enfin, à celui qui a longtemps étudié d’après quelques lois Dieu a créé l’univers
et l’homme, ainsi que les relations qui existent entre les mondes physique,
psychique et spirituel, à celui-là, la Bible révèle son esprit.
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