Même pour ceux qui ont embrassé la vie
spirituelle, il est difficile de parvenir à un niveau de conscience supérieur et
surtout de s'y maintenir. Un jour ils remportent une victoire, et le lendemain
ils se laissent un peu aller... Il est presque impossible d'arriver à quelque
chose de stable, de définitif. La stabilité, c'est le sommet de l'initiation,
le moment où le disciple peut dire enfin, comme le hiérophante de l'ancienne
Egypte: « Je suis stable, fils de stable, conçu et engendré dans le territoire
de la stabilité. » Le territoire de la stabilité, c'est Binah, la région des Vingt-quatre Vieillards.
En quoi consiste la stabilité? A ne plus
être ébranlé par le mal. Et pour ne pas être ébranlé par le mal, il faut lui
échapper en s'élevant jusque dans les régions où il ne peut plus avoir de
prise. Vous direz: « Mais ces régions existent? » Oui, elles existent, elles existent
en vous-même, comme elles existent dans l’univers. Seulement, vous ne vous en
êtes pas rendu compte parce que vous n'avez pas tellement l'habitude de vous
observer. N'avez-vous jamais été surpris
de constater que certains événements qui, à un moment, vous avaient attristé,
découragé, s'ils se reproduisent dans d'autres circonstances, ne vous touchent
plus? Pourquoi? Est-ce que vous avez perdu toute sensibilité? Non, mais vous
avez réussi à vous élever jusqu'à un niveau de conscience où ils ne vous atteignent
plus. C'est donc bien la preuve qu'il y a des régions en l'homme où le mal n'a
plus de prise.
Dans la Kabbale il est dit que le
serpent peut monter jusqu'à certaines séphiroth, mais qu'il ne peut jamais
atteindre cette région formée des trois séphiroth Kéther, Hohmah et Binah. Et
puisque nous sommes créés à l'image de l'univers, il existe aussi en nous-mêmes
une région où le mal ne trouve plus de conditions d'existence favorables. Dans
les régions sublimes de notre être et de l'univers, régnent une telle lumière,
une telle intensité de vibrations, que tout ce qui n'est pas en harmonie avec
cette pureté, avec cette lumière, est désagrégé. Le mal n'a aucun droit
d'existence dans les régions sublimes, il est repoussé; il ne peut exister que
dans les régions inférieures où il se promène, fait des ravages et rend les
gens malheureux: parce que dans ces couches inférieures de la matière, toutes
les conditions lui sont favorables.
Donc, selon la région où vous vous
trouverez, vous serez ou non atteint par le mal. Voilà ce que nous enseigne
l'initiation. Et c'est ce que d'une autre manière Jésus a voulu aussi exprimer
quand il a dit: « Construisez votre maison sur le roc. » Le roc, c'est
symboliquement cette région intérieure que la philosophie hindoue appelle le
plan causal et qui se situe au-delà des plans astral et mental, c'est-à-dire
au-delà des pensées et des sentiments ordinaires.
Les Vingt-quatre Vieillards de
l'Apocalypse dont parle saint Jean (« Et je vis vingt-quatre trônes, sur ces
trônes vingt-quatre Vieillards assis, revêtus de vêtements blancs ») sont
installés sur des rocs que rien ne peut ébranler. La stabilité est l'essence de
Dieu Lui-même. Dieu est par essence inchangeable, inchangeable dans son amour,
dans sa sagesse et dans sa puissance.
Si vous voulez vous approcher de cette
stabilité des Vingt-quatre Vieillards, n'abandonnez jamais votre haut idéal.
Une fois que vous avez décidé de marcher sur le chemin de la lumière, quoi
qu'il arrive gardez toujours cette orientation. Pour tout le reste vous pouvez
changer, mais n'abandonnez jamais votre orientation divine.
Comprenez bien cela: stabilité ne
signifie pas immobilité. Si vous rencontrez un Maître véritable, vous ne le
verrez jamais figé comme une idole, attendant qu'on lui baise les mains ou les
pieds. Au contraire, il se déplace, et même plus que les autres, pour visiter
ceux qui ont besoin de lui, pour les instruire, les guérir. C'est
intérieurement dans ses convictions qu'il reste stable, et personne ne peut le
séduire par les richesses ou les honneurs.
Être stable, c'est être fidèle à ses
engagements et poursuivre le chemin malgré tout. Et ça c'est difficile, plus
difficile que d'être gentil, serviable, aimable, généreux, courageux. Quand on
est dans de bonnes dispositions, on donne sa parole, on fait des promesses,
mais quelques jours après, on se trouve dans un autre état d'esprit où l'on ne
se souvient même pas de ce que l'on a promis. Eh bien, ce n'est pas ainsi que
l'on obtiendra l'accès à la vraie puissance de la région de Binah.
La vérité, c'est que les humains
n'aiment pas beaucoup entendre parler de fidélité, de stabilité. Oh, que c'est
ennuyeux, oh, que c'est difficile! Eh bien, sachez que cette façon de penser
rendra ces vertus encore plus ennuyeuses et encore plus difficiles à réaliser.
C'est de vous qu'il dépend d'avoir telle ou telle qualité. Pourquoi? Parce que
c'est vous qui, n'aimant pas une chose, ne l'attirez pas. Vous n'aimez pas être
fidèle, vous aimez le changement, alors comment voulez-vous que la stabilité
vienne s'installer en vous? Quand j'analyse, je constate que ce sont les
humains eux- mêmes qui repoussent telle ou telle vertu : parce qu'ils ne
l'aiment pas. Pour attirer une chose, il faut l'aimer! Voilà le côté magique.
Avant d'essayer d'obtenir quoi que ce soit, tâchez d'abord de l'aimer, sinon
quoi que vous fassiez vous n'y arriverez pas. Il est essentiel de connaître
cette loi.
Alors, tâchez d'avoir de l'amour pour la
stabilité. Tâchez de devenir plus fidèles envers votre idéal, ne le trahissez
jamais, sous aucun prétexte, sinon vous perdrez la confiance de tous les grands
Esprits qui vous observent. Ils ne vous estimeront plus, ils ne vous
apprécieront plus, ils ne vous soutiendront plus. Et une fois livrés à vos
propres ressources, vous ne pourrez pas réaliser grand-chose. On peut aimer le
changement, il n’est pas interdit de changer d’activité, mais il ne faut pas
changer de direction, il ne faut pas abandonner son haut idéal. On peut être
pour la diversité extérieure, mais on doit maintenir l'unité intérieure. [Voir
Izvor n° 235 « En Esprit et en Vérité », chap. V : « De la multiplicité à
l’unité »]
Omraam
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