L'oeuf est composé de trois parties. La
coquille, c'est le côté extérieur, le corps physique, tandis que le blanc
représente le côté astral, vital de l'âme; et le jaune, ce germe qui se nourrit
du blanc et doit un jour briser la coquille pour la quitter, c'est l'esprit. Le
disciple, c'est un oeuf, c'est un germe qui doit se développer et il faut pour
cela qu'une poule vienne le couver, c'est-à-dire lui donner sa chaleur. Cette
poule pour le disciple, c'est un Maître. Par son amour, sa patience, sa
tendresse, ses sacrifices, toute cette chaleur venant de l'extérieur, il
permettra qu'un jour s'éveille la chaleur intérieure de l'oeuf. Ce qui existe
avant toute chose disent les Initiés, c'est le feu. Le feu est présent partout,
en tout. Il éveille les mouvements de l'air, ceux de l'eau qui se lie à la
terre qu'elle aime. L'eau et l'air intermédiaires entre le feu et la terre sont
en contact l'un avec l'autre, ils sont amis. Grâce à l'air, le feu vaporise
l'eau qui s'élève alors dans l'atmosphère où elle reste un temps, suspendue à
visiter certaines régions; puis l'air trouvant que son séjour se prolonge trop,
lui intime l'ordre de partir. Il agit envers l'eau comme nous le faisons à
l'égard d'amis importuns qui s'attardent chez nous. Alors, tout comme ces amis,
l'eau pleure de grosses larmes de dépit et de chagrin et c'est la pluie. L'eau
revient sur la terre qui s'en réjouit. La peine des uns fait la joie des
autres!
Les quatre éléments participent à tous les
secrets de l'involution, de l'évolution, de la génération des êtres, de la
formation des métaux, de la transformation des continents. Les êtres diffèrent
selon qu'en eux prédomine l'un ou l'autre des éléments. Ils sont physiques si
la terre domine; végétaux ou astraux si l'eau domine; animaux ou sensibles si
l'air domine; et humains, pensants et raisonnables si c'est le feu, la lumière.
L'interaction des éléments a créé la vie. L'élément le plus spirituel, l'Esprit
primordial, Dieu, c'était le Feu. Le feu produisit un principe, l'air, le
soufre ou l'âme des choses. De son côté, l'air agit sur l'eau et l'eau sur la
terre. Il est dit que l'air et l'eau ont produit le mercure et que l'eau et la
terre ont produit ensemble le sel. La terre n'a pas trouvé après elle d'autre
élément sur lequel agir et le processus s'est arrêté là.
Nous avons donc trois principes et quatre
éléments, ce qui fait le nombre sept. Celui qui connaît bien le nombre 7 et
sait agir sur les 4 éléments peut faire des miracles. Il est un magicien, un
alchimiste, il est riche, parce qu'il est capable de changer les choses, de
transformer ses états, il possède la science et les pouvoirs.
Le nombre 7, c'est l'homme complet parce qu'il
contient les 4 états de la matière et les 3 principes. L'oeuf symbolise tout
cela. Il contient la représentation des trois principes et des quatre éléments.
Où les trouver? Le feu a agi sur
l'air de l'oeuf et a ainsi formé le jaune correspondant au soufre qui est
jaune. Il s'agit naturellement non du soufre chimique mais du soufre
philosophique. Le blanc de l'oeuf correspond au mercure, blanc comme l'eau. La
coque, c'est-à-dire le cercle, la périphérie, l'enveloppe correspond au sel. Le
disciple est un œuf ; il doit trouver un Maître qui accepte de le couver, qui,
pour cela, le prendra auprès de lui, lui donnera sa chaleur afin d'éveiller et
d'exciter celle qui est enfouie dans le fond de lui-même. Cette chaleur agira
sur les molécules de l'air, puis de l'eau et de là passera dans les molécules
de terre. Le petit poussin commencera à bouger dans l'oeuf et quand la mère
verra car elle sait le voir qu'il peut vivre hors de la coquille protectrice,
elle la brisera délicatement afin d'aider l'oison à se libérer car il n'aurait
pas encore à ce moment-là, la force de percer du dedans la coque qui
l'emprisonne; son bec n'est pas assez dur.
Ne vous imaginez pas pouvoir sortir de votre
coque matérielle sans aide extérieure, sans un Maître, c'est une illusion
grossière. Il faut qu'un Maître intervienne et casse cette coque pour que le
disciple s'en échappe. Trouver Dieu tout seul! Cette idée fausse, cette
prétention ont fait tant de ratés, tant d'oeufs stériles bons à jeter! D'autres
n'ont pas eu le bonheur, la bénédiction de trouver la chaleur d'une couveuse;
ils sont seuls. Et que fait-on des oeufs qui ne peuvent être mis à couver? On
les mange. La nature a bien fait les choses. Il faut une poule pour couver les
oeufs afin que les poussins viennent à naître. Il faut une poule et un oeuf.
Tant de disciples s'égarent parce qu'ils veulent chercher Dieu sans l'aide d'un
Maître.
De l'oeuf ou de la poule, lequel fut le
premier au commencement de la création? Les savants se sont cassés la tête sur
cette question et ils se sont livrés une véritable guerre pour déterminer si
l'oeuf, le premier, sortit de la poule ou bien la poule de l'oeuf! Les Maîtres
disent que la poule fut la première parce qu'elle exista de tout temps et c'est
elle qui mit l'oeuf au monde.
Croire que l'oeuf fut le premier, c'est avoir
une philosophie matérialiste, c'est celle des savants qui prétendent que la création,
le monde, proviennent de la combinaison mécanique, stupide des éléments, que ce
qui était privé de raison avait engendré la raison, avait organisé et suscité
la beauté, l'harmonie de l'univers tel que nous le connaissons. La théorie
mécaniste veut que les atomes se soient unis et réunis on ne sait trop pourquoi
ni comment et qu'ils aient réussi à faire ainsi un homme conscient.
Mais on n'a jamais pu comprendre et expliquer
comment la raison avait fait son apparition dans cet organisme, dans cet être
issu de la matière, fabriqué par elle. C'est une théorie totalement
inadmissible. Celle des grands Initiés dit que l'Univers provient d'un Etre
conscient, existant depuis toujours, Tout-Puissant et Tout-Intelligent, Dieu.
Le monde est venu du Cosmos, c'est-à-dire d'un ordre, d'un Oeuf donné par Dieu,
le créateur.
Le symbole de l'oeuf recouvre de nombreux
secrets, entre autres justement ces deux théories, ces deux points de vue
philosophiques. Ce n'est pas pour rien que les alchimistes ont vu dans l'oeuf
la représentation de beaucoup de vérités. Pourquoi l'oeuf a-t-il un jaune, un
blanc et une coquille? Les alchimistes parlent d'une matière première qui a
créé toute chose et qu'ils dénomment de nombreuses façons: chaos, Mercure,
pimbar, pibrède, crachat de Lune, Virginale, fumée blanche, Oiseau d'Hermès,
rosée céleste, etc... Cette matière blanche doit être mise dans le creuset la
coquille avec une autre. De ces deux matières, l'une est féminine, l'autre
masculine. La première doit être prise dans le minéral et la seconde dans le
métal. Lorsque le feu sera allumé par l'alchimiste, la chaleur montera et une
matière mangera l'autre, tout comme le jaune de l'oeuf mange le blanc pour se
nourrir quand la poule le couve.
L'alchimiste, c'est le Maître qui couve l'oeuf
afin que le poussin croisse et bientôt sorte de sa coquille. Il sait que la
chaleur ne doit pas être trop forte car les deux matières ne pourraient alors
se joindre et former l'enfant, le roi, nourri de matière virginale, qui sera
vêtu de pourpre. C'est cet enfant qui sera le roi de la terre, le prince le
plus puissant. Il viendra sauver ses frères rouillés, aveugles ou lépreux. Ces
frères, ce sont les métaux inférieurs et il les transmuera en or pur. Ce roi
qui doit sortir de l'oeuf, c'est la pierre philosophale.
Il reste beaucoup de questions au sujet des
travaux à effectuer pour produire la pierre philosophale et les alchimistes,
qui nous disent presque tout, encore faut-il l'interpréter, taisent le nom de
la matière première et la température à laquelle le feu doit faire monter le
contenu du creuset. Il faut que la cuisson dure très longtemps, mais sans le
brûler; brûlé, il ne pourrait faire apparaître le roi. Si un feu trop faible ne
produit rien du tout, un feu trop fort brûle tout. Il y a toujours une sorte de
putréfaction dans l'oeuf avant que le poussin n'en sorte; donc, dans le
creuset, la matière aussi doit se putréfier. Lorsqu'elle arrive à la couleur
blanche, si on arrête le travail, on pourra transformer les métaux en argent.
Si l'on va jusqu'à la couleur orange, on peut les changer en or. Voilà la
signification des deux couleurs de l'oeuf, blanc et jaune orange; ce sont les
symboles des couleurs philosophales.
Mais ce qui nous intéresse, nous, c'est le
disciple! Le disciple doit être chauffé, cuit, préparé, élaboré par son Maître
jusqu'à ce que le petit poussin sorte de l'oeuf, c'est-à-dire jusqu'à ce que
naisse le petit Christ intérieur, le Roi qui pourra enseigner et libérer les
autres. Pour qu'il naisse ce roi, il faut qu'un Maître vous guide dans votre
vie profonde, un Maître qui sache régler la chaleur favorable à votre éclosion.
Refuser de travailler avec un Maître, c'est faire comme un alchimiste ignorant
qui, pour essayer, fait cuire n'importe quoi sur n'importe quel feu; c'est agir
comme les sophistes et on les rencontre partout sur son chemin si on refuse un
guide. Ils se présentent sous des formes diverses, par exemple sous les traits
d'une femme cajoleuse, enjôleuse, qui fournit un feu brûlant et destructeur,
celui de la passion, de l'amour sensuel.
Et bien d'autres faux guides vous mèneront
n'importe où. Au lieu de naître, le poussin sera brûlé ou bien l'oeuf sera
dérobé, détourné. Des sophistes, on en trouve de toutes sortes: amis, patrons,
enseignants, etc.! Celui qui a été mal guidé, dupé, ne devra pas se plaindre
par la suite, parce que c'est lui qui a refusé de se confier aux mains d'un
vrai alchimiste. Il était impossible que le poussin naquît. Il est un avorton,
un raté. Qui ne veut pas de Dieu pour Maître, forcément tombera sous la coupe
du diable. Son feu ne sera pas le bon et il brûlera, il sera consumé. Les
disciples qui cherchent les plaisirs, les passions, la sensualité, déjà ont
appelé à eux le grand sophiste de la chimie destructrice. Ils se sont installés
dans l'enfer où le feu est ardent, mais, les opérations alchimiques manquées,
ratées.
Pour que l'enfant-Christ naisse en eux, les
disciples doivent se hâter d'entrer dans le centre du cercle afin d'être
couvés. Il faut posséder la pierre philosophale symbolique, intérieure. Christ
veut et doit naître en nous. Cette petite phrase est d'un sens profond,
essentiel, dont je ne vous révèle ici qu'un aspect. Le plus grand mystère,
c'est de trouver la pierre philosophale. Ceux qui rient des théories des
alchimistes ignorent leur sens réel. Le sens de la vie est justement de
découvrir cette pierre, de connaître les quatre éléments et de savoir comment
ils travaillent dans l'univers, dans le cosmos et en nous-mêmes. Le sens de la
vie c'est de savoir tout ce qui se passe en nous, de reconnaître l'élément qui
prédomine à tous les moments, de savoir aussi quels développements se font
lorsqu'agissent les trois principes, Amour, Sagesse, Vérité, ou, dans le
langage alchimique: soufre, mercure et sel.
Le blanc, le jaune et la coquille de l'oeuf
représentent les trois principes et l'on y découvre les quatre éléments,
puisque le solide est la coquille, le liquide est le blanc, l'élément aérien
est dans le jaune et le feu s'y cache. Les alchimistes ne se sont pas trompés,
quoiqu'en pensent les savants actuels. Ils connaissaient la vie dans la nature,
ils savaient établir des comparaisons et se servir des analogies. Ils
étudiaient la terre, les minéraux, leur formation dans les couches géologiques
et ils avaient pénétré de nombreux processus qui échappent totalement aux
géologues d'aujourd'hui. Ils pouvaient décrire l'apparition des minéraux et des
végétaux. Mais de toutes ces choses je vous donnerai une autre fois la
description du point de vue initiatique.
Il faut avoir un centre, regarder vers lui, il
faut aimer Dieu. Il faut obéir à la tête, comme le font les membres et les
organes dans votre corps. La tête donne des directives à tous les points du
corps comme le centre projette ses rayons sur tous les points de la
circonférence. Ces rayons ont tous la même longueur, leurs points extrêmes sont
tous à la même distance du centre. Il n'y a aucune injustice et tout marche
parfaitement bien dès lors que toutes les cellules écoutent et entendent la
raison.
Mais si l'un des organes, n'importe lequel,
exagère, se rebelle, se singularise, que ce soit les pieds, les poumons, le
foie, l'estomac ou le cerveau, l'homme commence à souffrir. C'est ainsi que les
choses se passent dans toute société, dans l'humanité; tous doivent obéir à
Dieu, tous doivent regarder le centre, tous doivent tenir très haut leur idéal.
Nous devons chercher Dieu comme centre, point d'arrivée, d'aboutissement et
accorder toutes nos cellules pour qu'elles marchent ensemble dans la même direction.
Au lieu de les laisser se disperser en pleine anarchie, nous les unirons et les
harmoniserons dans un travail commun et magnifique. Quand il n'y a pas de tête,
quand il n'y a pas un idéal commun à tous, il n'y a ni cercle, ni centre. Nous
n'atteindrons la perfection que si tous les rayons convergent vers un point
unique, un centre ou un sommet, vers Dieu.
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