On a les meilleures aspirations, on désire et on poursuit d'excellentes
choses, et pourtant on se laisse aller au découragement. Pourquoi? Comme on
ignore la loi selon laquelle se créent des conditions favorables pour réussir,
on se désole, on est prêt à renoncer. Les résultats dépendent de nous, de nos
pensées, de nos sentiments et de nos actes. Beaucoup se découragent, gémissent,
ou bien cherchent ailleurs, réclament autre chose, parce qu'ils ne reçoivent
pas, ne réussissent pas, parce que les portes restent fermées devant eux.
Premièrement, pour obtenir quelque chose, on doit fournir certains
matériaux. Nous sommes dans une époque où l'on doit apporter chez le commerçant
le récipient dans lequel il nous remettra le lait, le vinaigre ou l'huile que
nous lui demandons. Il faut fournir soi-même les bouteilles, les boîtes ou les
flacons, ou en rendre en échange de ceux qu'on vous remet. Autrement on ne vous
donne rien. Le monde invisible agit de la même façon, mais ce n'est pas par
avarice ou par pauvreté; je me sers seulement de cet exemple pour décrire les
choses; le monde invisible n'aurait que faire de nos vieux emballages. Pourtant
il attend de nous quelque chose, qui fait office de la monnaie. Il demande:
"Avez-vous de cette monnaie dans vos poches?" - J'ignorais qu'il
fallait avoir de l'argent, je n'ai rien". - "Alors revenez quand vous
vous serez procuré le nécessaire, quand vous pourrez payer!"
Le second point, c'est qu'il faut attendre pour être servi, même si on
a de la monnaie. Ce que vous demandez dans un magasin n'est pas toujours
préparé d'avance, et les employés doivent s'en occuper pour vous. Dans un
restaurant on ne vous apporte pas tout de suite le plat que vous commandez ou
bien vous vous dites que c'était déjà cuit depuis la veille, que ce n'est pas
frais....On voudrait bien être servi très vite et que pourtant ce soit frais!
Que d'exigence! Il est pourtant normal d'attendre que les légumes, les salades,
ou la viande soient nettoyés et apprêtés, et si le marchand ou le restaurateur
n'ont pas tous les éléments nécessaires, il leur faut du temps pour les
assembler. Donc il faut attendre, et on attend. Il n'en va pas autrement dans
le monde invisible.
Quelle est la monnaie que vous devez avoir dans votre poche pour être
reçu à la porte du monde invisible? Votre ardeur, votre confiance, votre amour,
votre patience. Le monde invisible, quand il voit cette monnaie-là, vous ouvre
sa porte et vous fait asseoir: "Attendez quelques minutes, nous allons
préparer ce que vous demandez".
Quelques minutes, cela peut être des semaines, des mois, des années
ou.....des siècles. Les mesures dans ce monde-là ne sont pas celles de notre
temps. On accepte et on comprend qu'un tailleur ne puisse pas livrer rapidement
le costume qu'il doit confectionner; il faut des essayages, et on sait bien
qu'il doit satisfaire d'autres clients. Et dès qu'il s'agit du monde invisible,
on croit que tout est automatique, qu'il suffit de glisser une monnaie dans la
fente d'un appareil pour qu'il vous tende l'objet désiré. Non, le monde
invisible n'est pas un automate. Il est tout habité d'esprits, qui travaillent
à la vitesse de la lumière, mais ensuite l'objet vous est apporté par un
employé qui ne vous atteint peut-être pas directement parce que vous avez donné
une adresse inexacte ou incomplète, ou bien parce que se sont modifiées vos
conditions; vous avez changé de femme, d'enfants dans la nouvelle vie où vous
êtes venu vous incarner, vie déterminée par un passé séculaire. Autrefois vous
avez désiré des choses précises, bizarres, et pour les réaliser, de nombreux
esprits ont dû se mettre au travail. Pendant ce temps, vous avez pris un autre
corps, une autre identité, une nouvelle famille, et les esprits vous cherchent
sans vous trouver. Les ouvriers du monde invisible sont innombrables, mais il
leur faut du temps pour réaliser tout ce que vous demandez.
Nos projets, nos désirs, nos souhaits n'aboutissent et ne
trouvent réalisation que si nous donnons quelque chose de notre coeur, et si
nous sommes exempts de doute, d'impatience, de révolte. C'est la monnaie qu'on
nous demande. Il faut que le désir que nous envoyons vers le ciel soit
persistant, fidèle, durable. Si vous désirez une vertu, un bien durant trois
minutes au cours d'une année, cela ne forme qu'une pensée si minuscule qu'elle
se perd très vite dans l'espace. Le monde invisible attend de vous que vous
demandiez encore, que vous désiriez encore, et s'il voit que c'est déjà fini,
qu'aucune nouvelle prière ne vient, il annule votre demande. Et vous savez bien
qu'aux objets perdus, beaucoup restent sans que leurs propriétaires viennent
les réclamer, si bien qu'on les utilise ailleurs. C'est une image très simple
qui illustre comment cela se passe dans le monde invisible.
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