Lorsque nous ouvrons notre fenêtre le
matin et que nous apercevons le soleil, nous sommes heureux de voir sa lumière,
de sentir sa chaleur et de nous laisser pénétrer par la vie qu'il répand dans
l'univers. Mais si nous pouvions quitter la terre pour nous rapprocher du
soleil, peut-être découvririons-nous quelque chose de noir, d'obscur, qui ne
nous réjouirait pas du tout. Voilà un mystère que nous devons creuser plus
avant, car c'est une expérience analogue qu'ont faite tous ceux qui sont allés
très loin dans la quête de la lumière. Et même beaucoup n'en sont pas revenus,
car lorsqu'on s'élève jusqu'à ces hauteurs, on ne peut plus retourner sur la
terre. Le papillon se brûle à la flamme de la lampe qui l'attire. Ceux qui ont
voulu toucher l'Absolu ont disparu, fondus par la puissance de ses vibrations.
C'est pourquoi il est dit que Kéther, la plus haute séphira, absorbe ou
pulvérise ceux qui l'atteignent.
C'est aussi le sens qu'il faut donner
aux récits de l'Ancien Testament concernant la disparition d'Enoch qui « marcha
avec Dieu; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit: il fut enlevé pour
qu'il ne voie point la mort... » ainsi que celle d'Elie qui fut emporté par «
un char de feu et des chevaux de feu... et monta au ciel dans un tourbillon. »
Le feu dévore les objets et les transforme en flammes et il en est de même de
la lumière. Cela vous paraît terrifiant? Non, pour les Initiés, être absorbé
par la lumière, se fondre dans cet espace dont on ne sait plus s'il est lumière
ou ténèbres, c'est l'expérience la plus désirable.
Dans l'Egypte ancienne, lorsque le
disciple atteignait le dernier degré de l'initiation, le grand-prêtre lui
chuchotait à l'oreille: « Osiris est un dieu noir... Osiris est ténèbres, trois
fois ténèbres. » Comment Osiris, Dieu de la lumière et du soleil, pouvait-il
être noir? Le disciple était troublé, car le noir est le symbole du mal et de
l'inconnaissable. Avoir cherché la lumière, avoir parcouru tout ce chemin pour
finir par découvrir les ténèbres! La réalité, c'est qu'Osiris est tellement
lumineux qu'il semble obscur. Osiris est lumière au-delà même de la lumière.
Pourquoi parle-t-on de « lumière aveuglante »? Apparemment il y a
contradiction, mais en réalité, non. Même nous, dans le plan physique, nous
n'appelons lumière que ce que nos yeux peuvent voir. Ce qu'ils ne peuvent pas
voir, nous l'appelons ombre, nuit, et tout cela est relatif, ne serait-ce qu'en
comparaison avec certains animaux qui, eux, y voient clair dans la nuit. Si
rien ne vous a préparés à comprendre la pensée d'un très grand philosophe, d'un
très grand savant, quelle que soit la lumière qu'il est en train de projeter
sur certaines questions, tout cela reste obscur pour vous, et même, on peut
dire que plus sa pensée est lumineuse, plus elle est obscure pour ceux qui ne
peuvent pas la saisir. Les mots « ténèbres », « obscurité » ne sont pas
utilisés là pour définir objectivement une réalité, mais pour exprimer notre
incapacité à la concevoir. Et ce que nous appelons lumière correspond à une
réalité qui se trouve davantage à notre portée. C'est pourquoi on peut dire que
pour nous la lumière sort toujours des ténèbres.
Nous ne saurons donc jamais si les
ténèbres sont véritablement ténèbres ou si elles nous apparaissent telles à
cause de notre incapacité à voir. Comment savoir si les ténèbres ont ou non une
réalité? Mais pour faciliter la compréhension, les Initiés, qui ont voulu
instruire les humains sur les mystères de Dieu et de la création, enseignent
que la lumière est sortie des ténèbres. Au début du livre de la Genèse, par
exemple, il est écrit: « La terre était informe et vide. Il y avait des
ténèbres à la surface de l'abîme et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des
eaux.
Dieu dit: Que la lumière soit! Et la
lumière fut. » Le monde des dix séphiroth que nous étudions est celui de la
manifestation, à partir du moment où Dieu a dit: « Que la lumière soit! » Mais
cela ne signifie pas qu'auparavant régnaient les ténèbres, au contraire. C’est
pourquoi dans l’Arbre séphirotique les kabbalistes ont nommé l’espace au-delà
de Kéther : Aïn Soph Aur, lumière sans fin. Cet espace est comme un voile tendu
que l'on ne peut pénétrer. C'est l'Absolu, le Non-manifesté, dont on n'a aucune
notion et dont Kéther, Dieu le Père, est une émanation.
La Divinité telle que les kabbalistes la
comprennent est au-delà de la lumière et des ténèbres, au-delà des mondes
créés. Et pour mieux exprimer encore ce mystère de la Divinité, au-delà d'Aïn
Soph Aur les kabbalistes ont conçu une région qu'ils ont appelée Aïn Soph: sans
fin, et encore au-delà d'Aïn Soph, Aïn: sans. A l'origine de l'univers il y a
donc une négation. Mais
« sans », qui signifie l'absence, le
manque, ne signifie pourtant pas la non-existence. Aïn n'est pas le néant
absolu tel que certains ont imaginé le Nirvana des hindous. En fait, c'est
exactement l'inverse. Aïn Soph Aur, comme le Nirvana, n'est pas une
non-existence, un anéantissement, mais une vie au-delà de la création, de la
manifestation, et tellement au-delà qu'elle semble être une non-existence.
Aïn, Aïn Soph, Aïn Soph Aur... C’est
ainsi que les kabbalistes ont cherché à exprimer ces réalités qui échappent à
notre entendement. L'Absolu, on ne peut pas en parler, mais gardez-en la notion
et remerciez Dieu, votre Père Céleste qui vous aime, qui vous aide à grandir et
qui travaille dans votre cœur, car les mots sont tout de même une manière de
nous faire pressentir cette réalité.
Demandez au Ciel de vous donner la
lumière afin de pénétrer ces Mystères vers lesquels je ne peux que vous
orienter.
Omraam
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