Les
occultistes des courants actuels et les religieux, d’après leur compréhension,
disent : « Nous n’avons pas spécialement besoin de chanter, mais de
profondément réfléchir. » Et qu’est-ce qu’une profonde réflexion ? Quelqu’un
s’assoit et se concentre. Que font les Hindous ? Mais, ces Hindous qui
utilisent depuis des siècles certaines méthodes de concentration, ont aussi
durant des siècles, pratiqué le chant et la musique. Ils ont passé le premier
degré d’étude, et sont maintenant arrivés à la concentration. Ils ont acquis
des dons qu’ils peuvent éveiller. Et que se passe-t-il avec un Européen ? Il se
concentre et quand il pense et repense, il s’endort. Ce n’est pas de la
concentration !
Après
quoi, il se frotte les yeux, serre le poing et dit : « Je vais me concentrer. »
Tu as déjà gâté la concentration. Tu dois être calme. Tu te relaxeras, tu
poseras tes mains librement, tu ne te crisperas pas afin qu’aucun muscle ne
soit contracté. Quand vous chantez, de temps à autre certains se crispent. Non,
relâchez votre larynx, il doit être libre. Quelqu’un demande : « Que diras-tu
de moi qui ne comprends rien à la musique ? - Laissez cette critique de côté.
Tu as envie de chanter et de jouer de la musique, n’est-ce pas ? Tu as fait une
erreur, fais-en cent et apprends à chanter ; nous t’excuserons. » Mais si tu
dis : « Je vais d’abord apprendre avant de chanter », tu n’apprendras jamais.
C’est une compréhension erronée. Laissez de côté votre amour-propre, votre vanité.
Au début, vous ne prendrez pas correctement les tons, mais peu importe, ne vous
désespérez pas. « Mais je ne suis pas un bon chanteur ! » Nous vous donnerons
des règles pour chanter. Et si vous les suivez, vos larynx s’amélioreront ;
cela s’arrangera.
Il
y a plus de quinze ou seize ans, j’en ai fait pour la première fois
l’expérience. C’était à Varna où une élève de la classe de sixième était
incapable de chanter deux tons corrects à la suite. Tous se moquaient d’elle et
la traitaient de piètre musicienne. Et quand on l’attaquait, elle commençait à
pleurer. Je lui ai dit : « Tu peux apprendre à chanter ! » Elle apprit à
chanter, et plus tard, fit partie d’une chorale. Il faut donner à l’homme
confiance en lui-même, le persuader qu’il a un don. Il doit avoir la foi et
apprendre à chanter pour lui-même.
Je
ne vous enseigne pas à chanter sur scène. La meilleure musique est celle que tu
chantes ou joues pour toi-même. Je le tiens de mon expérience personnelle. J’ai
passé les meilleurs moments avec mon violon. Je le prends, je joue en
m’adressant à tous les chagrins et à toutes les souffrances, et avec ces
mélodies - que j’appelle ‘exercices occultes’ - tous les esprits s’en vont et
je deviens gai et joyeux. Mais, si je ne joue ni ne chante, ces esprits se
montrent alors extrêmement méchants.
Certains
se demandent à quoi je passe mon temps. Quand je suis fatigué, je joue et je
chante. Quand je me trouve en forêt, j’écoute comment la forêt et les sources
chantent ; je tends l’oreille dans toutes les directions. Si un oiseau chante,
je m’arrête, tends l’oreille et dis : « Comme c’est beau ! À certains moments
tu chantes bien, mais à d’autres, c’est un peu raté. » J’écoute et observe les
rossignols.
Certains
d’entre eux sont de bons chanteurs, des maîtres. Je dis au rossignol : « Tu
montes bien la voix, mais tu dois encore étudier. » Un jour que j’étais dans le
bois du roi Boris, sur le chemin, j’entendis chanter le rossignol. C’est un
oiseau très timide. Il se tenait caché dans un pin. C’était un excellent
chanteur, mais comme je ne le voyais pas, il éveilla mon intérêt. Il prenait
des tons justes et purs et je voulais savoir où il était caché. Après être allé
d’un côté et de l’autre jeter un coup d’œil, je le vis. Il chantait les yeux
fermés, comme transporté. Alors que je l’écoutais, il rouvrit les yeux et il me
vit. Il sursauta en disant : « Comment ? Tu m’épiais ? » Et je lui répondis : «
Écoute, ton chant m’a plu ; tu chantes bien, tu es un excellent chanteur. »
Nous
devons faire des observations. Quelqu’un dira : « Maintenant je vais m’asseoir
pour apprendre de ce petit rossignol. Je n’ai rien d’autre à faire et je vais
m’intéresser à lui. » Si tu n’as pas d’intérêt pour ce petit rossignol, tu ne
peux en avoir pour autre chose. Si le Seigneur voit que tu ne cherches que les
grandes choses dans le monde, Il dira : « Notre fils n’évolue pas bien. » Alors
que s’Il te voit attentif aux petites choses, les grandes viendront. Vous pensez
parfois que le chant est sans importance. Qui chante ? Certains répondront : «
Nous savons qui chante. » Le Bulgare considère le chant de la façon suivante :
« La jeune fille doit chanter parce qu’elle se mariera. Le pope a l’obligation
de chanter, et le psalmiste chante aussi. Mais je ne suis ni psalmiste ni pope,
ni une jeune fille à marier, pour chanter ! Passe encore si l’on chante une
fois par an, quand on va quelque part, à l’occasion d’un dîner où l’on peut se
réjouir ! » Telles sont, en général, les conceptions de notre peuple sur le
chant. Le Bulgare les a adoptées au cours de sa descente, mais dans sa vie
primordiale, quand il se trouvait dans une situation plus élevée, il montrait
de bonnes aptitudes pour la musique ; plus tard, il perdit cette culture
musicale. Le Bulgare a le sens de la musique. Il avait une culture mais en
perdant sa musique il a aussi perdu sa littérature. Et maintenant, rien ne
reste de la littérature slave. Cependant, les Slaves sont des peuples très
musiciens, chez qui l’esprit de la musique doit se réveiller.
Nous
commencerons par de petits exercices simples. Je veux que ceux qui parmi vous
désirent chanter, le fassent de leur plein gré et avec amour. Si vous voulez
apprendre et que ces exercices produisent un effet sur vous, vous devez tout
faire avec amour. Respectez les lois. Ne prenez pas les tons trop legato, en
traînant la voix, mais prenez des tons justes et purs. Apprenez tout d’abord
les quatre tons fondamentaux : do, mi, sol, do. Qu’ils soient justes, puis, quand
vous saurez les prendre, vous ajouterez les autres.
Je
ne dis pas que vous ne pouvez pas vivre sans musique ; vous le pouvez, mais
avec elle, votre vie sera meilleure. Ceux qui souffrent beaucoup sont ceux qui
vivent sans musique. Le musicien ne souffre pas. Certes il souffre, mais se
réjouit de ses souffrances. J’ai remarqué qu’il y avait différentes sortes de
mendiants, et les meilleurs sont ceux qui jouent de la gadoulka. Quand l’un
d’entre eux joue et que quelqu’un passe près de lui, il dit : « Je ne mendie
pas, j’exerce mon art. » Et cela est un art ! Il joue bien, éduque les gens ;
il se trouve sur la route et dit : « Je vous propose mon art sans demander
d’argent. » Ainsi, dans le nouvel enseignement, je veux à tout prix que vous
sachiez tous faire de la musique. Celui qui n’a pas le sens musical ne peut
être disciple de l’École. Vous devez tous avoir une bonne oreille et distinguer
les tons les plus subtils. Cela ne signifie pas seulement devenir sensible car
en devenant trop sensible, vous deviendriez en même temps vaniteux et
orgueilleux. Mais développez des images : votre sensibilité doit vous amener à
transformer la musique en une musique imagée. La création d’images est une
qualité de l’intellect humain. La sensibilité est nécessaire au cœur, au même
titre que la vapeur qui doit se transformer en énergie. Notre chant doit
toujours produire de beaux tableaux, comme certaines belles images qui existent
dans la nature.
À
l’extérieur de l’École, vous chanterez d’autres chants. En passant de la musique
actuelle à la musique occulte, vous connaîtrez une période de transition. Vous
passerez d’un état à l’autre quand vous changerez de gamme. Parfois la voix
s’émousse, ce qui est dû au fait que vous n’avez pas appris à concentrer votre
volonté. Placez votre volonté dans le larynx, et faites certains exercices pour
le maîtriser et pour que votre volonté accompagne les tons. La colère, le
doute, l’emportement, le manque de foi, tous détruisent la gorge. Quelqu’un
peut avoir beaucoup de talent, mais ces défauts influenceront inévitablement
son larynx. Votre élocution présentera un caractère musical. Par exemple, si
vous dites : « Je veux ! », c’est une musique.
La
langue primordiale était purement musicale. En raison de la chute des humains,
certains sons perdurent sans tonalité musicale. Et maintenant, dans la musique d’opéra, on
voudrait restituer la musique par le chant et le jeu théâtral. Mais en le
regardant, on se prononce de façon inconvenante en disant : « C’est une sorte
de singerie ! » Et si l’homme contemporain nous demandait : « Quel est donc le
mouvement correct, quelles sont les bonnes manières ? »
Nous
lui répondrions : « Ceux qui sont en accord avec la nature. »
Savez-vous
quels sont les mouvements corrects, à quel moment est apparue la poignée de
main ? Par rapport à l’évolution humaine, la poignée de main n’est pas très
ancienne. Chaque mouvement exprime un ton musical ; nous les étudierons plus
tard avec la musique.
Quand
un mouvement coïncide avec le ton qui lui correspond, il a une grande force.
C’est pourquoi le psalmiste dit : « Les sources, les forêts, les rivières
t’appellent. » Toute la nature participe à glorifier le Seigneur. Comment Le
glorifie-t-elle ? En chantant. Ne pensez pas que j’ai en vue le chant dans la
musique contemporaine ; ce chant n’est pas encore de la musique. À l’avenir,
les gens naîtront avec des dons pour la musique. Actuellement, d’après ce que
je vois, certains d’entre vous sont assez doués pour la musique. C’est bon
signe. À l’avenir, la musique éveillera en vous d’autres dons, elle vous rendra
plus doués, plus fins et plus doux. La finesse est nécessaire et nous avons
aussi besoin de douceur, de musique. J’utilise la musique comme méthode la plus
efficace pour établir l’harmonie entre vous. Et, si cette méthode n’était pas
efficace, je disposerais encore d’une autre méthode dont je vous parlerai plus
tard. Mais vous direz : « Il y aura des retours de bâton ! » Ma pensée est tout
autre. J’ai une meilleure méthode. Elle vous sera donnée quand vous connaîtrez
mieux la musique.
Cette
méthode pourrait vous être donnée plus tôt, mais si vous commenciez à
l’appliquer, il vous faudrait rebrousser chemin ; elle vous ferait revenir en
arrière afin d’apprendre la musique. Il n’existe pas d’exception dans cette
méthode. Il est préférable de bien apprendre la musique maintenant.
Et
quand vous y serez parvenu, tel un oiseau, vous déploierez vos ailes et vous
vous élèverez. Et que votre voie soit libre !
Revenons
maintenant à nos deux exercices. Ils sont presque terminés. J’appelle ces réunions
des récréations car pour moi, ce sont des réunions ou des soirées de
distraction.
Qu’un
disciple chante le premier exercice que nous avons terminé. Ensuite, nous
chanterons l’exercice concernant le soleil. « Dis-moi ta tristesse ». (Le
Maître joue et les huit frères chantent.)
Premier
couplet :
« Force vive (2)
dis-moi (2)
où l’eau jaillit (2)
dis-moi (2)
deux mots doux.
Tes mots doux,
Deux mots doux. »
Deuxième
couplet :
« Dis-moi ta tristesse,
ouvre ton cœur
aux rayons du soleil. (4)
Rayons divins, ils nous enverront la douceur,
et à ton âme, ils apporteront la joie, (5)
ils apporteront la joie, (8)
et à ton âme, ils apporteront la joie. »
(Nous avons chanté ces couplets
plusieurs fois.)
Chantons
le deuxième couplet de telle manière que lorsque la mélodie est ascendante,
elle soit chantée plus fort que lorsqu’elle est descendante ; le chant
s’atténue progressivement. Quand nous en serons au passage : ‘apportent la
joie’, que le son augmente, puis s’atténue jusqu’à chanter tout doucement. Dans
la musique, si le son augmente, cela montre qu’il existe certaines difficultés
qui sont progressivement surmontées, comme lorsque l’on gravit une montagne
jusqu’à son sommet. Et tu redescends tout doucement.
L’ascension
se fait par vagues. Dans le chant ‘Dis-moi une douce parole’, existent des
demi-tons que vous ignorerez.
Combien
la musique occulte est vaste ! La musique ordinaire se divise en quatre parties
que les gens arrivent tout juste à chanter. Pratiquez la musique dans votre
vie. Si vous avez un travail difficile à accomplir, commencez à chanter. (Le
Maître chante seul « Les rayons divins nous envoient la douceur et dans ton
âme, ils apporteront la joie. ») Chantez ce chant sans contraintes. Et, à
partir de cet air, vous pourrez composer beaucoup de chants. Prenez ensuite :
‘Dis moi, dis-moi deux mots doux’. Quels sont ces deux mots doux ? (Le Maître
chante) Ces mots ne sont pas inventés. Quand le Bulgare dit : « Dis-moi deux
mots doux », il utilise de beaux et joyeux motifs.
(Le Maître joue ‘Dis-moi, dis-moi...’)
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