Dans les conversations courantes, mais aussi dans
les discours publics, et à la radio à la télévision, lorsqu’on observe les
réactions des gens, on est frappé par le fait que même s’ils expriment des
convictions – et qui peuvent varier d’ailleurs suivant les circonstances – ils
ne possèdent pas réellement de certitudes. Ils ont bien des idées
philosophiques, religieuses, scientifiques, politiques, artistique s, mais on dirait
que quelque chose leur manque pour sentir qu’ils avancent sur un terrain sûr.
Pourquoi ?
Pendant des siècles, des millénaires même, les
sciences et les techniques n’ont progressé que très lentement. De temps en
temps, il y avait bien quelques découvertes, mais les moyens de les diffuser
étaient limités, et même quand elles finissaient par être connues et utilisées,
elles ne modifiaient pas grand-chose à la représentation que la plupart des
hommes se faisaient du monde. Aucune de ces découvertes scientifique sou
techniques ne pouvait vraiment remettre en cause l’image de Dieu et de la
Création que leur donnait la religion en s’appuyant sur les textes sacrés
qu’elle interprétait littéralement. Ainsi, même si des catastrophes venaient
bouleverser leur vie, les gens avaient toujours la sensation intérieures
d’appartenir à un monde bien défini, et donc d’avancer sur un sol solide et
stable ; ils s‘appuyaient sur quelques croyances et connaissances que rien
ne pouvait ébranler.
Ils étaient heureux, ils étaient malheureux, mais aucun
événement, aussi bouleversant soit-il, ne remettait en cause l’idée qu’ils se
faisaient de l’ordre du monde.
Or, avec le temps, le rythme des découvertes s’est
accéléré ; et avec ces découvertes un doute a commencé à s’insinuer. Au
cours du vingtième siècle particulièrement, dans le domaine scientifique,
tellement de certitudes se sont effondrées. En physique, en astronomie, en biologie,
on a l’impression que chaque génération vient remettre en question les acquis
de la précédente. Ces nouvelles théories, qui modifient profondément la
conception de l’homme et de l’univers, modifient donc aussi, chaque fois,
l’image de Dieu créateur de l’homme et de l’univers. La religion qui, pour les
croyants, avait si longtemps répondu à tous les questions, n’est plus un
véritable recours. La multiplication des découvertes et des théories qui se
font jour à un rythme accéléré contribue
à créer un climat d’incertitude ; plus personne n’est sûr de quoi que ce
soit. On croit de moins en moins qu’il puisse exister des vérités définitives,
et on reste dans l’expectative en se disant : "attendons, ce n’est
sans doute pas encore fini", et cette mentalité gagne peu à peu les
domaines.
Le malaise de l’homme moderne est là : il ne
sait plus dans quel monde il vit, il n’est plus sûr de rien, alors il vagabonde
à droite t à gauche, cherchant toujours quelque chose et ne sachant même pas
clairement ce qu’i cherche. Puisque l’incertitude règne désormais dans ce qu’on
pouvait considérer comme le plus sûr ; les sciences quel crédit peut-on
accorder à la morale, à la religion, à la spiritualité qui ne sont fondées sur
aucun critère objectif et qui entrent même en conflit avec les découvertes
scientifiques ? alors, là aussi, on attend et, en attendant, les personnes
que la science et la philosophie matérialiste ne satisfont pas pleinement,
s’intéressent à tout ce qui peut exister comme sortes de spiritualité, elles
vont de l’une à l’autre. Le sentiment qui domine, l’état d’esprit qui se fait de
plus en plus jour actuellement, c’est la curiosité, l’envie de
nouveautés ; qu’y a-t-il encore à découvrir ?
Il n’est évidemment pas répréhensible de manifester
de l’intérêt et de la compréhension pour toutes les formes de spiritualité. Ce
qui est dangereux, c’est de s’éparpiller, de ne jamais choisir une méthode de
travail intérieur et s’y tenir. Mais comprenez-moi bien, la question n’est même
pas de savoir s’il faut être catholique, protestant, orthodoxe, bouddhiste,
taoïste, ou rien de tout cela. La question – et elle se pose à chacun, croyant
ou incroyant – est de s’arrêter sur quelques vérités spirituelles essentielles
et de s’appliquer à les mette en pratique. Sur cette question- là il n’y pas
s’incertitude à avoir.
La spiritualité n’est pas un domaine facultatif que
l’on peut choisir ou ne pas choisir comme on le fait pour d’autres
disciplines : les langues, l’art, le sport, etc. Etant donnée la structure
de l’être humain, la spiritualité est une nécessité vitale, et tant qu’il ne
prendra pas conscience de cette nécessité, il va se jeter dans des activités
absurdes et dangereuses pour lui-même et pour les autres. Tel qu’il est
construit, s’il ne trouve pas de nourriture que réclament son âme et son
esprit, il sera continuellement tourmenté par un sentiment de vide qu’il
essaiera en vain de combler.
L’être humain est comme un puits sans fond ;
aucune acquisition matérielle, aucune réussite sociale aucun plaisir, aucun
savoir intellectuel même, ne peut vraiment le satisfaire. Il ne faut donc pas
s’étonner si tant de gens remarquables par leurs capacités, leur intelligence,
finissent par tomber dans les pires égarements. Parce qu’ils n’arrivent pas à trouver
ce qu’ils cherchent, et qu’ils ne sont même pas conscients de chercher, tous
ces gens sont pris dans un engrenage sans fin ; i leur faut toujours plus
de notoriété, toujours plus de pouvoir, toujours plus d’argent, toujours plus
de terrain à occuper, toujours plus de plaisirs … et ils sont prêts pour cela à
asservir ou à écraser le monde entier. Mais même quand ils ont réussi à s’emparer
de tout ce qui fait l’objet de leurs convoitises, ils ne sont pas encore
satisfaits, car ils n’ont pas réussi à combler ce vide qu’ils sentent en eux
comme un gouffre béant.
Le seul moyen de lutter contre ce vide, c’est de ne
plus accepter de vivre dans l’incertitude, mais d’avoir un idéal spirituel. Un
idéal spirituel nous lie à un monde supérieur dont nous recevons la nourriture.
Et celui qui goûte, ne serait-ce qu’un moment, à cet élixir de la vie divine
reçoit plus que ne pourront jamais lui apporter des années d’études, de succès,
de pouvoir, de gloire et de plaisir. Cela vous étonne ? eh bien, c’est que vous ne connaissez pas la
nature du monde spirituel.
Le monde spirituel est placé sous le signe de la
qualité ; à la différence du monde matériel qui est placé sous le signe de
la quantité. C’est la qualité de ce que vous vivez dans votre âme et dans votre
esprit qui peut, en une seconde, vous donner une plénitude qu’aucune
accumulation de biens matériels ne pourra jamais vous faire éprouver.
Il n’y a donc pas être tellement admiratif de tous
ces gens brillants, opulents, puissants, qui ne donnent aucune place à la vie
de l’âme et de l’esprit. Et il ne faut surtout pas se fier à eux. Comme ils ne
cherchent pas une nourriture spirituelle, la seule qui pourrait les combler,
ils sont comme des fauves affamés, et leurs ambitions leurs convoitises, leur
voracité finissent fatalement par les entraîner sur les chemins dangereux pour
eux-mêmes et pour leur entourage.
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