Il se peut que certains parmi vous se
demandent pourquoi, en ma qualité de pédagogue, je ne parle que très rarement
de l’éducation des enfants. Tous les pédagogues s’occupent des enfants, et moi
non, je fais exception. Pourquoi ? Parce que je pense que les premiers
qu’il faut instruire, ce ne sont pas les enfants, mais les parents.
Je ne crois à aucune théorie
pédagogique, je crois seulement à la façon de vivre des parents avant et après
la naissance des enfants. Voilà pourquoi je n’ai jamais voulu tellement parler
sur l’éducation des enfants. Si les parents ne commencent pas par s’éduquer
eux-mêmes, comment feront-ils pour éduquer leurs enfants ? On parle aux
parents de l’éducation de leurs enfants comme s’ils étaient vraiment prêts à
assumer leur rôle : du moment qu’ils sont capables de les mettre au monde,
on considère qu’ils sont prêts. Eh non, malheureusement non. Certains ne se
préoccupent même pas des conséquences que leur mauvais état de santé aura sur
celui de leurs enfants, ni s’ils sont matériellement en mesure de les élever,
et encore moins, ce qui est pourtant l’essentiel, s’ils possèdent les qualités
nécessaires afin d’être pour ces enfants un exemple, une sécurité, un réconfort
dans toutes les circonstances de la vie. Ils mettent des enfants au monde, et
ces enfants grandiront tout seuls, livrés à eux-mêmes, ils se débrouilleront
comme ils pourront ; et un jour ils auront eux-mêmes des enfants dans des
conditions aussi déplorables que leur parents.
Ce sont donc les futurs parents,
d’abord, les hommes et les femmes, qui doivent être éduqués bien avant de
devenir des pères et des mères. Sinon, le moment venu, on aura beau leur
présenter les meilleures théories pédagogiques, leur conseiller des livres à
lire ou des films documentaires à regarder, cela ne servira à rien ; et
même, en voulant appliquer ces connaissances qu’ils n’auront pas réellement
assimilées, ils commettront beaucoup d’erreurs. Ils doivent donc se préparer.
Vous direz : "Se préparer…
Mais comment" ? Se préparer, c’est, des années à l’avance déjà,
envisager cette possibilité de devenir un père, une mère, et avoir des pensées,
des sentiments, une attitude qui attireront dans une famille des esprits
exceptionnels, des divinités. Car ce n’est pas par hasard qu’un esprit vient
s’incarner dans une famille : consciemment ou inconsciemment – et le plus
souvent inconsciemment – ce sont les parents qui l’ont attiré. Mais ce qui est
inconscient peut devenir conscient. Les parents peuvent faire descendre sur la
terre des êtres qui se distingueront par leurs talents, leurs vertus. Oui, car
ils ont le pouvoir de choisir leurs enfants ; voilà ce que la plupart des
parents ne savent pas.
Maintenant, qu’on ne me comprenne pas
mal. Je ne suis pas en train d’approuver ou d’encourager les tentatives
actuelles d’améliorer l’espèce humaine sans discernement par tous les moyens
que la biologie est capable de mettre au point. Il ne s’agit pas de fabriquer
scientifiquement des générations d’enfants bien portants, en éliminant les
autres, et doués de telles qualités ou capacités selon la convenance et les
désirs des parents, de la société, ou l’ambition des Etats. Si on veut vraiment
l’amélioration de l’humanité, il faut savoir que jamais les moyens techniques
ne remplaceront la pratique spirituelle. C’est aux parents eux-mêmes à
communiquer aux enfants qui vont naître les germes divins qu’ils veulent voir
s’épanouir en eux. Et je vous dirai même que, s’ils ne sont pas soutenus par
une pratique spirituelle, les moyens techniques que la biologie a de plus en
plus à sa disposition fabriqueront des êtres dangereux, des monstres de cruauté
et d’orgueil, et non des bienfaiteurs de l’humanité, de véritables fils et
filles de Dieu.
Pour améliorer l’espèce humaine il faut
revoir cette question depuis le commencement, et le commencement c’est la
conception des enfants. Les parents doivent s’y préparer des mois, des années à
l’avance comme à un acte sacré. Or, que se passe-t-il en réalité ? Bien
souvent, c’est un soir de "fête", après avoir fait quelques excès de
nourriture et de boisson, qu’ils conçoivent un enfant. Voilà les conditions
qu’ils choisissent, si encore on peut dire qu’ils le sont
« choisies » ! Ils auraient pu décider d’attendre un moment de
paix, de lucidité, un moment où régnait entre eux une grande harmonie, et même
choisir la date de cette conception d’après les meilleures influences
planétaires. Mais c’est là le dernier de leurs soucis.
Comment les humains ont-ils pu descendre
si bas pour laisser à l’aveuglement et au hasard cet événement si important ;
la conception d’un enfant ? Au lieu de demander l’aide du Ciel, la
présence des anges pour pouvoir attirer un esprit lumineux qui sera une
bénédiction pour tous, on demande l’aide de l’alcool ou de je ne sais quoi… Ou
bien alors l’enfant arrive par hasard, à la suite d’une scène de violence
durant laquelle la femme n’a cessé de nourrir envers l’homme des sentiments de
mépris, de dégoût, de haine et un désir de vengeance. Un enfant qui vient au
monde dans de telles conditions ne peut être que la première victime de ses
propres parents. Comment s’étonner ensuite si cet enfant, qui souffre, éprouve
plus tard le besoin de faire souffrir les autres ?
Et ensuite, quand l’enfant sera né, ces
parents inconscients ne cesseront de lui donner le spectacle de leurs
faiblesses, de leurs disputes, de leurs mensonges. Est-ce ainsi qu’ils vont
l’aider à s’épanouir ? même s’ils lisent toute une bibliothèque de livres
de pédagogie, à quoi ça servira ?... On a remarqué qu’un bébé peut
manifester des troubles physiques et nerveux à la suite de tensions entre ses
parents ; car même s’il n’y a pas assisté, ces tensions créent autour de
lui une atmosphère de désharmonie qu’il ressent, parce qu’il est encore très
lié à ses parents. Le bébé n’est pas conscient, mais il est très réceptif, et
c’est son corps éthérique qui reçoit des chocs. Alors, dites-moi, qui doit-on
éduquer ?
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