L’Apocalypse de saint Jean est le
dernier livre du Nouveau Testament. Bien que ce livre soit très célèbre et
qu’on le cite souvent quand il s’agit d’annoncer des catastrophes, en réalité
on le connaît mal. Tous ces nombres, ces symboles, ces images qu’il contient,
il faut, pour les interpréter, posséder des connaissances sur la Kabbale,
l’astrologie, l’alchimie, la magie, et même sur les cartes du Tarot, qui ne
sont pas des cartes à jouer, comme certains se l’imaginent, mais représentent
un condensé de toute la Science initiatique. C’est pourquoi la plupart des
pasteurs et des prêtres évitent de commenter l’Apocalypse, car ils seraient
obligés d’accepter toutes ces scies, et ainsi de changer le contenu de
certaines croyances enseignées par les Eglises. Oui, ils laissent l’Apocalypse
de côté, parce qu’elle est la preuve que les Livres saints ont besoin de la
connaissance initiatique pour être interprétés. On préfère même parfois
insinuer qu’au moment où il l’a écrite, saint Jean, qui était déjà très âgé,
s’est laissé influencer par des rabbins, ou alors qu’ayant un peu perdu la
tête, il a raconté des choses invraisemblables et d’une telle obscurité qu’il
vaut mieux ne pas en tenir compte.
En réalité, l’apocalypse n’e t un livre
obscure que pour ceux qui ne possèdent pas les clés. Bien sûr, les images, les
symboles, les nombres ne sont pas placés dans l’ordre auquel on pourrait
s’attendre ; certains, qui se trouvent à la fin, sont en relation avec des
passages du début ou du milieu, exactement comme un jeu de cartes qui aurait
été éparpillé sur une table. Seul celui qui possède la vraie science peut
prendre ces "cartes", les replacer dans l’ordre et lire. Quand on
connaît la signification des nombres et le sens caché des symboles, tous les
éléments qui n’ont en apparence aucune relation entre eux peuvent être
rapprochés et, chacun expliquant l’autre, cela donne un ensemble formidablement
logique.
J’ai lu de nombreuses interprétations de
l’apocalypse, et si quelques-unes, bien sûr, sont véridiques, je trouve pourtant
que personne encore n’a jamais touché le vrai, le fond. Pourquoi ? Il y a
plusieurs raisons, mais c’est surtout qu’au lieu de ne voir dans ce livre que
l’essentiel, c'est-à-dire la description d’éléments et de processus de la vie intérieure et de la
vie cosmique, on en a fait un livre de prophéties et on a cherché à y
reconnaître des personnages et des événements historiques. Alors, évidemment,
qu’est-ce qu’on a pu commettre comme erreurs sur les quatre cavaliers, la bête
à sept têtes et à dix cornes, la femme couronnée d’étoiles, la grande
prostituée, la Jérusalem céleste, le nouveau ciel et la nouvelle terre…. On ne
peut rien faire avec l’apocalypse si on n’ a pas déjà travaillé à acquérir les
véritables bases de la vie spirituelle. Car tous ces symboles, il ne suffit pas
de les comprendre intellectuellement, il faut pouvoir les vivifier ne soi.
Au début du vingt et unième chapitre de
son livre, après avoir longuement décrit tous les fléaux qui s’abattent sur la
terre, saint Jean annonce la venue de la Cité céleste par ces mots :
"Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier
ciel ; la première terre avaient disparu…" Cette vision rappelle le
verset d’Isaïe où Dieu dit : "Car je vais créer de nouveaux cieux et
une nouvelle terre". Si on prend ces paroles littéralement, cela signifie
que Dieu est obligé de recommencer sa création. Et pourquoi ? Est-ce
qu’elle est devenue vieille ? La terre, oui, à la rigueur, on comprend
qu’elle ait un peu vieilli parce qu’elle est faite de matériaux qui s’altèrent,
se désagrègent et avec le temps il est possible qu’il soit nécessaire de les
remplacer. Mais le ciel, qui a été créé dans une matière pure, lumineuse,
incorruptible, éternelle, comment se fait-il que lui aussi ait vieilli ?
Dans la Genèse, pourtant, il est écrit qu’après avoir créé le ciel et la terre,
"Dieu vit que c’était bon". Comment se fait-il que quelque temps
après, il découvre que même les cieux sont délabrés au point d’être obligé d’en
faire de nouveaux ?
Cela ne parle pas tellement en faveur de
sa perfection. Et puis, en attendant que les travaux soient terminés, où
va-t-on loger les habitants du ciel, toutes ces myriades d’anges et
d’archanges ? Quelle inquiétude et quel remue-ménage là-haut. Voilà encore
des soucis pour le Seigneur... Eh bien, non, c’est absurde, et on est obligé de
donner une autre interprétation à ce texte.
Par le mot "ciel", il faut
comprendre une chose, et par le mot "terre", il faut en comprendre
une autre. Dans le langage symbolique, le ciel représente la partie spirituelle
de l’homme, le domaine de la pensée, et la terre représente le domaine de la
concrétisation, de la réalisation dans la matière. Et de même que dans
l’univers le ciel et la terre représentent une unité, dans l’être humain aussi
ils sont inséparables. Un "nouveau ciel" signifie des idées
nouvelles, une compréhension, une perception des choses, une philosophie
nouvelles qui entraînent une "nouvelle terre", c’est à dire des
attitudes nouvelles, des comportements nouveaux, une nouvelle façon de vivre.
La tête est dans le ciel et les pieds sont sur la terre. Les pieds, c’est ce
qui marche d’après la tête, car les pieds courent là où la tête a déjà quelques
projets. Donc, c’est le comportement, la conduite, la façon d’agir des humains
qui changeront à cause du changement de la tête, c'est-à-dire grâce à une
nouvelle philosophie.
Alors, ce nouveau ciel que Dieu est en
train de créer, est-il vraiment nouveau ? Eh non, il est là depuis
l’éternité, mais c’est pour les humains qu’il sera nouveau, car il est là mais
ils ne le voient pas. Et le jour où ils le découvriront, évidemment, ce sera
nouveau… pour eux. Un nouveau ciel et une nouvelle terre…. En réalité, on ne
sait même pas ce que signifie le mot "nouveau". Prenons un fleuve,
son nom reste le même ; Danube, Seine ou Tamise, mais l’eau qui coule
n’est-elle pas toujours nouvelles ? Et le soleil aussi, qui est le même
tous les jours, en réalité il est toujours nouveau car ses émanations, ses
radiations sont à chaque instant différentes. Ce qui est nouveau, c’est la vie,
le contenu. Si vous êtes capable d’aller suffisamment loin, suffisamment haut,
au-delà de la forme matérielle, le contenant, pour entrer dans le contenu, la
vie, vous trouverez que tout est sans cesse nouveau, et le ciel et la terre.
Donc, le nouveau ciel et la nouvelle
terre, cela signifie que le niveau de conscience des humains s’élèvera jusqu’à
un point où ils découvriront une réalité qui a toujours existé, mais qu’ils
n’avaient encore jamais soupçonnée. Ce soleil qu’ils voient chaque jour et qui
était là bien avant leur apparition sur la terre, il leur est étranger,
inconnu. Du moment qu’ils ne le sentent pas comme un être vivant, intelligent,
avec lequel ils peuvent entrer en relation, du
moment qu’ils ne le contemplent pas avec la conscience de son importance
pour leur vie spirituelle, c’est qu’ils ne l’ont pas encore découvert et qu’ils
piétinent dans l’ancien ciel, vieux, vermoulu, moisi.
Alors, n’imaginez pas qu’on doive
attendre des bouleversements cosmiques pour connaître ce nouveau ciel dont le
soleil est le symbole. Dès aujourd’hui, vous pouvez l’habiter. Chaque fois que
vous nourrissez des pensées et des sentiments purs, que vous décidez de
travailler pour un haut idéal, vous êtes déjà dans le ciel nouveau, et le ciel
nouveau entraîne obligatoirement une terre nouvelle. Car celui qui embrasse une
philosophie sublime est obligé de changer son comportement, sa façon d’agir.
Toutes les méthodes que vous donne notre enseignement concernant la nutrition,
la respiration, tous les actes de la vie quotidienne, le travail, la création
d’une famille, les relations avec les humains et tout l’univers, c’est cela la
nouvelle terre. Alors, qu’attendez-vous pour y entrer ?
Omraam.
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