Dès que l’homme agit, il déclenche inévitablement
certaines forces qui produiront aussi inévitablement certains résultats. C’est
cette idée de rapport de causes à conséquences qui est d’abord contenue dans le
mot "Karma". Ce n’est qu’ensuite que Karma a pris le sens de paiement
pour une transgression commise.
En réalité, on peut dire que le karma se manifeste
toutes les fois qu’un acte n’est pas exécuté à la perfection, ce qui est, la
plupart du temps le cas. Mais l’homme fait des essais, il faut qu’il s’exerce
jusqu’à atteindre la perfection, et tant que ses essais sont ratés il doit se
corriger, réparer ses erreurs, et bien sûr pour cela il doit peiner, souffrir.
Il faut agir. Evidemment, vous souffrirez, mais
vous apprendrez, vous évoluerez… et un beau jour vous ne souffrirez plus. Quand
vous aurez appris à travailler correctement, il n’y aura plus de karma. Chaque
mouvement, chaque geste, chaque parole déclenche certaines forces qui entraînent
des conséquences, c’est entendu. Mais supposons que ces gestes, ces paroles
soient inspirés par la bonté, la pureté, le désintéressement : ils
attireront des conséquences bénéfiques, et c’est ce qu’on appelle le
"Dharma".
Le dharma est la conséquence d’une activité ordonnée,
harmonieuse, bénéfique. Celui qui est capable d’entreprendre une telle activité
échappe à la loi de la fatalité et se place sous la loi de la Providence. Ne
rien faire pour éviter les tracas et les souffrances, non, ce n’est pas la
bonne solution : il faut être actif, dynamique, plein d’initiative, mais
en donnant à son activité d’autres mobiles que l’égoïsme et l’intérêt personnel
c’est le seul moyen d’échapper à des conséquences désastreuses.
Echapper aux conséquences, c’est impossibles :
il y aura toujours des causes et des conséquences, quelle que soit votre activité ;
simplement, si vous arrivez à agir de façon désintéressée, ce ne seront plus
des conséquences douloureuses, mais la joie, le bonheur, la libération.
Si pour avoir la paix on ne fait rien, on ne se
développera pas, on n’apprendra rien, on ne gagnera rien. Evidemment, vous ne
commettrez aucune erreur, mais vous serez en pierre ; les pierres ne
commettent jamais d’erreurs. Il est préférable de se tromper, de se salir même,
mais d’apprendre.
Comment voulez-vous quand on a des ouvriers dans un
bâtiment, qu’il ne tombe pas quelques gouttes de ciment ou de peinture ?
C’est impossible. Il faut accepter les taches, pourvu que le bâtiment monte et
que le travail soit fait. Après, on frotte, on lave, on se change, on met
d’autres vêtements, mais au moins la maison est finie.
Le Maître Peter Deunov disait un jour :
"Je vous donne à tous un petit livre pour apprendre l’alphabet" (nous
disons en bulgare "boukvartché »… et vous ?... un
abécédaire ? bon, un abécédaire). "Oui bout d’un an je vous demande de
me le rendre. Certains d’entre vous me rendent ce "boukvartché"
absolument net, impeccable : ils ne l’ont pas ouvert, ils n’ont donc rien
appris. D’autres, au contraire, me le rendent tout raturé, déchiré,
taché : ils l’ont ouvert et fermé des centaines de fois, ils l’ont
transporté partout, ils ont même mangé dessus… Oui, mais maintenant ils savent
lire".
Et le maître concluait : "Je préfère
ça". J’étais très jeune alors, et je me souviens que très timidement je lui posai la question :
"Et moi, dans quelle catégorie je suis" ? Il me répondit :
"Toi ? Dans le deuxième catégorie". Bien sûr, j’étais content
car je comprenais que c’était mieux.
Combien d’erreurs on commettra, combien de taches,
d’éclaboussures on enverra, combien de critiques et d’injures on recevra, que voulez-vous
ça n’a pas d’importance. Il faut savoir lire, il faut faire le travail, il faut
finir le bâtiment. Et tous ceux qui sont toujours très raisonnables, très
prudents, pour ne pas se compromettre, n’avancent pas. Alors, Seigneur Dieu, où
seront-ils, ces gens-là ?
Quand vous apprenez une langue étrangère, si vous
ne dites rien par peur de vous ridiculiser en faisant quelques fautes, jamais
vous ne saurez parler. Il faut oser se ridiculiser, oser faire quelques fautes,
mais apprendre à parler. Eh bien, c’est la même chose avec le karma : il
ne faut pas être paralysé par la peur de commettre des fautes qu’il faudra
réparer. Car au fur et à mesure qu’on s’entraînera en donnant à ses actes un
but divin, on ne provoquera plus de karma, mais le Dharma c’est-à-dire les
grâces et des bénédictions du Ciel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire