La langue
hébraïque assimile les lettres aux nombres. Et si la première lettre, Aleph,
correspond au nombre 1, la deuxième lettre, Beth, dont Dieu s’est servi pour
créer le monde, correspond au nombre 2. Ainsi, la création est l’œuvre du 2.
Or, qu’est-ce que le 2 ? C’est le 1 polarisé en positif et négatif,
masculin et féminin, actif et passif. Dès qu’il y a manifestation, il y a
partition, division. Pour se manifester et se faire connaître, le 1 doit se
diviser. L’unité est le privilège de Dieu lui-même, son domaine exclusif ;
pour créer, Dieu, le 1, a dû devenir 2. Avec le 1 seul il ne peut y avoir de
création, car il ne peut y avoir d’échanges ; or, la création suppose des
échanges, des relations entre deux pôles complémentaires. Dieu s’est donc
projeté hors de Lui-même en se polarisant, et l’univers est né de l’existence
de ces deux pôles. Le pôle positif exerce une attraction sur le pôle négatif,
et inversement.
C’est ce
mécanisme d’actions et de réactions réciproques qui déclenche et entretient le mouvement
de la vie. L’arrêt de ce mouvement entraînerait la stagnation et la mort, le
retour à l’état d’indifférenciation originelle ; Les premières lignes du
livre de la Genèse révèlent que la création s’est opérée par divisions
successives. Le premier jour de la création, Dieu sépara la lumière des ténèbres.
Le deuxième jour, Il sépara les eux d’en haut des eaux d’en bas. Le troisième
jour, il sépara la terre ferme des eaux…. Et à l’autre extrémité de la création,
la cellule, qui est le plus petit élément de tout organisme vivant, se
reproduit en se scindant en deux : le 1 devient 2.
Le 1 est une
entité refermée sur elle-même. Pour sortir et se manifester, il doit devenir 2.
Dans la science des Initiés, le 2 n’est pas l’addition de deux unités comme en
arithmétique, mais le 1 qui, pour créer, se polarise en positif et négatif.
Seulement, pour comprendre les termes « positif » et
« négatif » quand il s’agit des deux principes, il ne faut pas leur
donner une signification psychologique ou morale (est positif ce qui est bon,
constructif ; est négatif ce qui est mauvais, destructif) ; non, il
faut les interpréter en se souvenant que ces termes appartiennent d’abord au
vocabulaire des sciences physiques où les deux grandes forces sont
l’électricité et le magnétisme. Dans les deux cas, on trouve la polarisation en
positif et négatif, c'est-à-dire émissif et réceptif ; une prise
électrique à deux pôles ; un aimant aussi. Lorsqu’on transpose ces termes
du domaine des forces de la nature dans le plan psychique ou spirituel, on
applique le caractère positif ou émissif au principe masculin, et le caractère
négatif ou réceptif au principe féminin.
C’est donc
cette idée de la polarisation d’un principe unique en principes positif et
négatif, masculin et féminin, qui est inscrite dans l’architecture de l’Arbre
séphirotique. Sur le pilier de la Clémence, les séphiroth Hohmah, Hessad et
Netsah représentent les puissances masculines ; sur le pilier de la
Rigueur, les séphiroth Binah, Guébourah et Hod représentent les puissances
féminines ; et elles ne peuvent travailler harmonieusement ensemble que si
elles sont maintenues par cette instance supérieure que représente le pilier
central, avec Kéther au sommet. Ce sont ces deux forces antagoniste mais
complémentaires, maîtrisées par celle qui les domine toutes, Kéther, La
Couronne, que les kabbalistes appellent la
Balance cosmique.
Ceux qui
connaissent les cartes du Tarot savent qu’elles sont au nombre de 22 et que sur
chacune d’elles est inscrite une lettre de l’alphabet hébraique. La deuxième
carte, qui porte la lettre Beth, est nommée la Papesse. Entre autres détails remarquables, on découvre qu’elle
est coiffée d’une tiare surmontée d’un croissant de lune dont la forme
s’apparente à celle d’une balance, et elle est assise devant deux colonnes
entre lesquelles est tendu un voile. Ces deux colonnes représentent
symboliquement les deux piliers du Temple de Salomon : Yakin et Boaz. A
droite se dresse Yakin et à gauche Boaz. L’une est bleue et l’autre est rouge,
deux couleurs qui soulignent leur différence de polarité. Dans ces deux
colonnes on retrouve les deux piliers de l’Arbre séphirotique ; le Pilier
de la Clémence et celui de la Rigueur.
De nos jours les cartes du Tarot sont
surtout considérées comme un jeu où certains cherchent à lire l’avenir. Mais
les Initiés du passé qui les ont créées ont mis dans ces cartes une grande
partie de leur science sous forme de symboles. Ceux qui savent interpréter ces
symboles voient s’ouvrir devant eux un immense champ de réflexions et de
découvertes. Avec deuxième carte du Tarot, vous commencez à en avoir un aperçu.
La Balance du zodiaque est donc un reflet
de la Balance cosmique, cet équilibre des deux principes opposés mais
complémentaires, grâce auxquels l’univers est apparu et continue à exister.
Nous trouvons encore cette Balance dans notre corps physique. Notre corps physique
est construit symétriquement de part et d’autre d’un axe central, la colonne
vertébrale, et en ce sens on peut dire qu’il est régi par le nombre 2. Nous
avons 2 yeux, 2 oreilles et le cerveau et le nez, bien qu’étant 1, sont en
réalité 2 : les 2 hémisphères et les 2 narines… Puis il y a les 2 poumons,
les 2 reins et plus bas encore pour l’homme les 2 testicules et pour la femme
les 2 ovaires. Enfin, nous avons 2 bras et 2 jambes. Même si cette symétrie
n’est pas absolue, car le côté gauche du corps n’est jamais la réplique exacte
du côté droit, on peut considérer que notre corps physique est fondé sur la
symétrie. Mais psychiquement, la question se présente tout à fait différemment.
L’étude du cerveau humain révèle que les fonctions des deux hémisphères ne sont
pas identiques (la logique, le raisonnement) que l’on peut qualifier de masculines, et l’hémisphère droit est le
siège des facultés de synthèse l’intuition, la sensibilité) que l’on peut
qualifier de féminines ; les deux hémisphères ont donc des activités
complémentaires. Ainsi, dans notre corps physique qui obéit à un principe de
symétrie, et dans notre psychisme qui repose sur les polarités masculine et
féminine, positive et négative, on découvre l’action du nombre 2.
Que ce soit dans la création ou chez les
créatures, tous les aspects de la vie sont gouvernés par le nombre 2. Mais on
ne peut connaître le 2 que si on garde la conscience du 1 dont il est la
polarisation. Tout ce qui existe est
produit par la polarisation du 1 et notre tâche est de comprendre la
nature de ces deux pôles masculin et féminin, et comment ils travaillent
ensemble. Si leurs relations sont harmonieuses, on peut dire qu’il y a
réellement polarisation et il se passe quelque chose d’analogue aux signes
d’amitié que des personnes s’envoient de près ou de loin. Sinon on ne peut pas
parler de polarisation, mais seulement de division, d’affrontement. Au lieu de
réaliser un travail dans l’entente, l’harmonie, les deux parties s’opposent et
finissent par se détruire. Celui qui possède une bonne compréhension du nombre
2 produit en lui-même quelque chose de comparable à la germination du grain.
Pour que le grain germe, il faut qu’il se divise. Avant de germer, le grain est
1, mais semez-le en terre, il devient 2. Alors apparaît le 3, le germe
qui y était contenu. Ce germe puise des forces dans les deux parties qui l’ont
produit et il commence à croître. Dans le grain il y a donc division, puis
fermentation, et quand le ferme pousse, le grain lui-même disparaît, on assiste
à sa mort. Cette mort n’a pas seulement son rôle à jouer dans la nature, mais
aussi dans notre vie intérieure ; c’est grâce à cette mort que nous nous
éveillerons à une vie nouvelle. Tel est le sens des paroles de Jésus : « Si
le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul, mais s’il
meurt, il porte beaucoup de bruits ».
Le nombre 2 est celui de l’Initiation.
Toutes les questions les plus profondes, les plus complexes, les plus
dangereuses aussi, sont là, dans le 2, car la dualité révèle déjà le germe du
mal. Même du deuxième jour de la Création, Dieu n’a pas dit qu’il était bon.
Pour tous les autres jours, il est écrit : « Dieu vit que c’était
bon ». Mais relisez le récit de la Genèse ; à propos du deuxième jour,
Il ne s’est pas prononcé. Le nombre 2 est le plus redoutable, parce qu’en lui
se trouvent toutes les possibilités de division, de bifurcation, et c’est donc
là que commence le mal. Mais il n’est pas donné à tous de pouvoir s’enfoncer
dans cette étude et d’approfondir le mystère du 2. Suivant notre compréhension
et notre comportement, c’est le bien ou le mal qui sortira de la rencontre de
ces deux forces.
La Papesse représentée sur la deuxième
carte du Tarot est assise devant les deux colonnes du Temple, et entre ces deux
colonnes est tendu un grand voile qui en cache et en interdit l’entrée ;
sa main droite est posés sur un livre entrouvert (donc, là aussi, le 2) et elle
tient deux clés dans sa main gauche. Cela signifie qu’il faut s’instruire pour
obtenir les clés qui permettent d’écarter le voile et d’accéder aux Mystères.
Le livre est 2 et les clés sont 2. Le nombre 2 représente l’entrée du
sanctuaire. Celui qui passe cette porte s’engage dans une voie étrange et
mystérieuse. Il ne peut savoir ce qu’il rencontrera en la suivant, mais il est
certain qu’il fera de grandes découvertes. La Papesse lui
dit ; « Instruis-toi, mon enfant, et u connaîtras comment le
Créateur a tout merveilleusement agencé dans l’univers ». Celui qui
n’étudie pas, n’a pas une juste vision des choses, il n’est donc pas capable de
faire la liaison correcte entre les éléments du 2, il rencontre des oppositions
et des ennemis, et c’est dans la lutte et les malheurs qu’il apprend la réalité
du nombre 2.
Il y a une chose essentielle à comprendre :
le 2, l’existence des deux principes masculin et féminin, émissif et réceptif,
positif et négatif. L’univers est l’œuvre des deux principes. Donc, l’univers
ne subsistera et l’humanité ne pourra subsister et continuer à progresser que
grâce au travail des deux principes. Vous direz : « C’est aussi
simple que ça ? Vous nous aviez prévenus que c’était
difficile ». Mais oui, c’est aussi simple que ça, pourquoi aller chercher
des complications ? Les difficultés viennent de l’incapacité des humains à
comprendre et à utiliser les différentes manifestions de cette polarité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire