Si l’on s’en tient à la lettre du récit
biblique, après qu’Adam et Eve eurent mangé le fruit défendu, Dieu pour les
punir de leur désobéissance, les chassa du Paradis, les vouant pour toujours,
ainsi que leurs descendants, à une existence de misère et de souffrances. Mais
est-ce que l’histoire s’arrête vraiment là ? Non. La suite se trouve au
chapitre 12 de l’Apocalypse de Saint Jean :
« Un grand signe parut dans le
ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une
couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait,
étant en travail et dans les douleurs de l’enfantement ; Un autre signe
parut encore dans le ciel ; et voici, c’était un grand dragon rouge, ayant
sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entrainait
le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre ; Le dragon se
tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant,
lorsqu’elle aurait enfanté. Elle enfanta un fils, qui doit paître toutes les
nations avec une verge de fer. Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son
trône. »
En nous reportant au symbolisme de
l’Arbre séphirotique, nous avons vu que l’équilibre cosmique a été ébranlé au
moment où Eve, le principe féminin, qui correspond à la séphira Iésod, la Lune,
s’est détournée d’Adam (Tiphéreth, le Soleil) pour s’ouvrir à l’influence des
Kliphoth, les séphiroth noires, symbolisées par le serpent.
La femme décrite par saint Jean est, au
contraire, parvenue à quitte Iésod, puisqu’elle a la lune sous les pieds, et à
s’élever jusqu’à Tiphéreth, puisqu’elle est enveloppée de soleil. Enfin, sa
tête est couronnée de douze étoiles pour signifier qu’elle reçoit aussi la
lumière de toutes les constellations, symboliquement représentées dans la
séphira Hohmah par Mazaloth, le zodiaque. Devant la femme se dresse un dragon,
qui est une autre forme du serpent. Ce dragon a dix cornes et sept têtes.
Pourquoi dix cornes et sept têtes ? Justement, parce que les dix cornes
représentent les dix séphiroth noires, les Kliphotoh, et les sept têtes
représentent les sept planètes dans leurs manifestations inférieures. Lae
dragon est donc bien une image de l’Arbre de Vie inversé ; et si les têtes
portent des diadèmes, c’es qu’il existe des princes des ténèbres comme il
existe des princes de la lumière ; Cependant, malgré sa puissance, le
dragon ne put pas triompher de la femme, car cette femme c’est l’Eve Nouvelle
qui, à la différence de l’Eve ancienne, est parvenue à échapper à son emprise.
Or, cette femme est enceinte et le
dragon attend qu’elle mette au monde son enfant pour le dévorer.
Symboliquement, cet enfant représente l’avènement d’une ère nouvelle ; et
le dragon représente les forces des ténèbres qui s’opposent à sa venue parce
qu’elles s’opposent à l’évolution de l’humanité, et elles essaient d’anéantir
l’enfant dès sa naissance. Dans l’Apocalypse, cette idée est aussi exprimée
quelques chapitres plus loin par l’image de « la grande prostituée »
assise sur une bête qui a comme le dragon, sept têtes et dix cornes. Il s’agit
donc du même symbolisme ; le monde des ténèbres – représenté par les
séphiroth infernales et la grande prostituée – qui s’oppose au monde de la lumières
représenté par les séphiroth supérieures et la femme couronnée d’étoiles.
Eve, la femme couronnée d’étoiles, ainsi
que la grande prostituée sont trois figures féminines ; mais là encore il
faut n’y voir que des symboles, la représentation de phénomènes psychiques qui
concernent aussi bien l’homme que la femme. Le principe féminin, Iésod, la
Lune, qui est proche de Malhouth, la Terre, possède les clés de la réalisation
d ans la matière, et cette réalisation peut se faire pour le bien comme pour le
mal. Dans le plan physique, seules les femmes peuvent mettre des enfants au
monde, mais dans le plan psychique et dans le plan spirituel, l’homme comme la
femme possède ce pouvoir, car ce sont les mêmes lois qui agissent dans tous les
plans.
Sur le front de la grande prostituée
était écrit : « Babylone la grande, la mère des impudiques et des
abominations de la terre », et cette inscription sur son front indique
clairement les projets qu’elle s’apprête à réaliser. La grande prostituée,
c’est la face inférieure de Iésod toujours ouverte aux influences des régions
ténébreuses. Tandis que la femme environnée de soleil représente sa face
supérieure, ouverte aux régions de la lumière, Triphéreth. Elle travaille à
mettre au monde la nouvelle vie ; et cette nouvelle vie est symbolisée, à
la fin de l’Apocalypse, par la Jérusalem nouvelle qui descend du ciel.
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