La création,
avec la multiplicité de ses manifestations et des événements qui s’y
produisent, peut en réalité se réduire à un jeu de nombres. Si on arrive à
vivifier les nombres, à comprendre comment ils fonctionnent, comment ils
travaillent, on voit qu’ils représentent des forces qui agissent dans la
nature, et leurs conjonctions, leurs séparations, leurs multiplication, leurs
divisions engendrent formes et mouvements. Lorsqu’on regarde la coquille d’un
escargot ou la structure d’un cristal, comment ne pas admirer le travail des
nombres ? Tous les principes de l’arithmétique se retrouvent dans les
pierres, les plantes, les animaux, les étoiles, dans le corps des humains, dans
leur vie psychique et même dans leur destinée.
Parce que
l’Arbre séphirotique est une figure composée de 10 sphères, les 10 séphiroth
apparaissent comme des régions dans l’espace. Mais le premier sens du mot
« séphira « (pluriel « séphiroth ») est :
numération, et avant d’être ces régions dans l’espace, les dix séphiroth sont
des entités spirituelles qui correspondent aux dix premiers nombres. L’Arbre
séphirotique est donc fondé sur le nombre. Les nombres représentent la
charpente de l’univers ; chacun est comme un squelette autour duquel tous
les éléments matériels viennent se mettre en place. Nous considérons
généralement les nombres comme des abstractions, alors qu’en réalité ce sont
des êtres vivants qui, pour se manifester dans le plan physique, ont pris un
corps qu’ils habillent de vêtements successifs.
Toutes les sciences : l’astronomie, la physique, la chimie, les sciences naturelles
ont pour objet d’étude les formations qui se sont produites autour d’un nombre
ou à partir d’un nombre. Les scientifiques ne peuvent mener à bien leurs
recherches – qu’il s’agisse de la formation d’hypothèses ou de la mise en
application des résultats – que s’ils partent de bases mathématiques, et c’est
pourquoi ils travaillent avec les nombres ; pour pouvoir dominer la
matière, ils ont besoin des nombres.
Les nombres
sont donc à l’origine de la création : chaque existence est le résultat de
la cristallisation et de l’agrégation d’éléments matériels autour d’un nombre.
La création n’est faite que de nombres qui se sont incarnés, aussi la Kabbale
leur accorde-t-elle une place primordiale. Celui qui parvient à acquérir la
science véritable des nombres est non seulement capable de pénétrer les
mystères de la création, mais il possède la toute-puissance de l’esprit, car
les nombres sont la première expression de l’esprit. Connaître les nombres de 1
à 10, c’est connaître les principes de toutes choses. Quand les mathématiciens
combinent les nombres, ils ne se doutent pas qu’ils travaillent avec l’Arbre de
la Vie, le 10, la plénitude.
Dans l’Arbre
Séphirotique, Dieu est mentionné sous différents noms. Dans la séphira Binah,
son nom Iod, Hé, Vav, Hé. C’est le
Tétragramme. Les chrétiens le prononcent Jéhovah, tandis que les juifs, eux
l’écrivent mais ne le prononcent jamais, car il représente par excellence le
nom sacré, le nom ineffable. Pendant des siècles les Kabbalistes n’ont cessé de
la méditation, de le sonder ; c’est pourquoi ils en ont donné différentes
représentations, chacune correspondant aux révélations qu’ils avaient reçues
sur le Créateur et la création. Une de ces représentations utile la figure du
triangle.
L’apparition d’une nouvelle lettre
correspond chaque fois à une nouvelle étape de l’incarnation de l’esprit dans
la matière. Dans le triangle du nom divin on peut voir un autre aspect du
fleuve de vie qui, de la source à l’embouchure, descend en s’élargissant ;
c’est pourquoi cette division en quatre se retrouve dans l’Arbre séphirotique.
Parce que nombres et lettres sont deux formes d’expression pour une même
réalité, ils sont en hébreu représentés par le même signe ; la première
lettre, aleph, correspond au nombre 1 ; la deuxième lettre, beth, au
nombre 2 etc… Et la dixième lettre, Iod, correspond au nombre 10. Graphiquement
Iod est la plus petite lettre à peine plus qu’un point, mais symboliquement il
représente l’Esprit cosmique, donc le 1, mais le 1 qui, développé dans le plan
physique, devient le 10, l’univers. De même que du point de vue de la Science
initiatique le 2 n’est pas la somme de 1 + 1, le 10 n’est pas la somme de 10
unités ; pour l’interpréter correctement , il faut étudier le 1 et le 0 dont il est
composé, voir que chacun a sa nature, son activité, et que tous les deux ont un
travail à réaliser ensemble.
Comme le principe masculin, le 1,
l’esprit, a-t-il engendré le principe féminin, le 0, la matière ? Là, si
on cherche une réponse dans la géométrie, on peut dire que le 1, qui est une
ligne droite, s’est recourbé jusqu’à ce que les deux extrémités se rejoignent,
formant ainsi un cercle. C’est ce cercle qui représente la matière, l’univers
créé. Maintenant, pour comprendre le travail de l’esprit sur la matière, il ne
faut pas seulement considérer le 1 et le 0 juxtaposés, mais voir que le 1 entre
dans le 0 pour l’animer, le mettre en mouvement. Cela peut aussi s’exprimer par
la figure du cercle. Le nombre 10 représente la synthèse de l’esprit, le 1, et
la matière, le 0. Du 0, le chaos, la matière informe, le 1 a fait sortir et
continue à faire sortir les richesses inépuisables de la vie : le 10.
L’univers est l’aboutissement du travail
du 1 qui pénètre le 0 pour le mettre en action. Ce la correspond tout
simplement à un principe de mécanique dont l’exemple le plus connu est le
piston. Le piston doit entre en mouvement à l’intérieur du cylindre pour
actionner le moteur d’une voiture, par exemple. Sans ce mouvement interne de va
et vient, rien ne marche. Il existe une méthode pour étudier les nombres, et
celui qui les possède découvre combien ils peuvent devenir significatifs,
vivants, actifs. Pour former le nombre 10, il faut que le 1 et le 0 soient liés
et mobiles. Mais les humains ne connaissent cette réalité que dans le domaine
de la mécanique. Dans celui de la sexualité aussi, c’est vrai ; mais
encore, même là, que d’ignorance ! Car lorsqu’ils mettent ce principe en
application, ils le font inconsciemment. Pour « connaître » la femme,
ainsi qu’il est dit dans la Bible, l’homme doit être comme le 1 dans le 0, et
le résultat de cette connaissance sera un enfant. Mais comment cet enfant
est-il conçu ?... Le 1, l’homme plonge dans le 0, la femme, mais s’il le
fait sans lumière, dans l’obscurité d’une conscience endormie, les résultats ne
peuvent pas être bien fameux. Dans leur manière de travailler avec le 10, les
humains ressemblent souvent au pêcheur qui ramène au bout de sa ligne un vieux
soulier couvert de boue. Ils pourraient ramener de l’or et des pierres
précieuses, mais voilà qu’ils ne pêchent que de vieux souliers !
Tout acte qui contribue à entretenir la
vie en nous correspond au nombre 10, manger, c’est ouvrir la bouche, le 0, pour
y introduire la nourriture, le 1, et cette rencontre produit une énergie ;
et qu’est-ce que la vision ? L’action de la lumière, le 1, qui vient
frapper l’œil, le 0. C’est encore le même phénomène pour le son qui vient
frapper notre oreille. Quant à notre tête, qui est sphérique, elle est aussi un
0, et c’est dans ce 0 que doit descendre l’esprit. Tant qu’elle n’ a pas reçu
l’esprit, notre tête, qui est un 0, ne fabrique rien de bon. Mais le jour où
elle est visitée par le rayon céleste, elle met au monde un enfant divin et
nous devenons le 10. Jusque-là nous ne représentons qu’un 0. Vous direz :
« Mais en voilà des interprétations ! » Eh bien oui ce sont des
interprétations….
Le nombre 10 signifie qu’un porteur de
lumière pénètre l’obscurité de la matière et qu’il l’éclaire afin de l’étudier
et d’agir sur elle. C’est le mineur ou le spéléologue qui descend, armé d’une
torche dans les ténèbres d’une grotte. C’est le chasseur qui pénètre dans la
forêt, car symboliquement la chasse est autre chose que la poursuite d’un cerf
ou d’un sanglier ; dans la vie spirituelle, il y a d’autres gibiers à poursuivre,
d’autres trésors à découvrir…. Et le nombre 10 se trouve aussi en nous :
le 1, le principe masculin, c’est l’intellect ; et le 0, le principe
féminin, c’est le cœur. Par l’intellect nous pouvons pénétrer dans le cœur, le
notre et celui des autres, afin de l’éclairer et de faire un travail avec lui.
L’intellect doit, à la manière du piston, entrer dans le cœur et en sortir.
Celui qui ne sait pas faire ainsi usage de son intellect est limité dans sa
compréhension, et surtout incapable de se connaître. On peut dire que le nombre
10 représente le «connais-toi toi-même ». C’est en pénétrant de sa lumière
le gouffre profond du cœur que la sagesse en découvrira les trésors, les filons
cachés de pierres, de métaux et de liquides précieux. Dans ce puits obscur du
cœur, l’intellect descend et remonte, descend et remonte… afin de faire sortir
du puits l’eau précieuse. Le nombre 10 symbolise donc le travail de l’intellect
sur le cœur, mais aussi celui de l’esprit sur l’âme. Dans son sens sublime, le
10, c’est l’homme dont l’esprit plonge dans les abîmes de l’Ame cosmique afin
d’en percer les mystères, et qui en revient illuminé.
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