En priant, ne multipliez pas de vaines
paroles ... Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le Lui
demandiez. Voici donc comment vous devez prier :
Notre
Père, qui es aux cieux,
que ton
nom soit sanctifié
que ton
règne vienne
que ta
volonté soit faite sur la terre comme au ciel
donnes-nous
aujourd’hui notre pain quotidien
pardonnes-nous
nos offenses, comme nous pardonnons
à ceux qui
nous ont offensés
ne nous
induis pas en tentation
mais
délivre-nous du mal
car c’est
à toi qu’appartiennent le règne
la
puissance et la gloire, aux siècles des siècles,
amen.
Depuis deux mille ans, les chrétiens,
après Jésus, réputent ces paroles, des paroles très simples, trop simples même
d’après certains. En réalité, dans cette prière que l’on appelle le « Notre
Père » ou « La prière dominicale », Jésus a mis une science très
ancienne qui existait déjà bien avant lui et qu’il avait reçue de la
Tradition ; mais cette science est tellement résumée, condensée, qu’il est
difficile d’en saisir immédiatement la profondeur.
Un Initié procède comme la nature.
Regardez : un arbre immense avec es racines, son tronc, ses branches, ses
feuilles, ses fleurs et ses fruits, la nature réussit à le résumer
magnifiquement, magistralement dans un petit noyau, une petite graine, une
semence. Toute cette merveille qu’est l’arbre avec ses possibilités de produire
des fleurs et des fruits, de vivre longtemps et de résister aux intempéries,
tout cela est caché dans une semence que l’on met en terre. Eh bien, Jésus a
procédé de la même manière ; toute la science qu’il possédait, il a voulu
la résumer dans le « Notre Père » avec l’espoir que ceux qui, après
lui, réciteraient et méditeraient cette prière, l’enfouiraient dans leur âme
comme une graine qu’ils arroseraient, protégeraient, cultiveraient, afin de
découvrir cet arbre immense de la Science initiatique qu’il nous a laissé.
Catholiques, protestants, orthodoxes,
anglicans… tous les chrétiens récitent cette prière, mais sans en avoir bien
approfondi le sens. C’est pourquoi certains ne la trouvent ni assez riche ni
assez éloquente, tandis qu’ils en ont, eux, fabriqué d’impressionnantes, oui,
poétiques, complètes ... interminables ! dont ils sont très
satisfaits. Mais que contiennent-elles réellement ? Pas grand-chose.
Essayons donc de voir quelle est la signification de cette prière que Jésus
adressait à son Père céleste. On ne peut pas tout dire, tellement c’est
immense, mais je vais tâcher de vous mettre au moins sur la voie.
« NOTRE
PERE » : Déjà ces deux
premiers mots on tune signification inouïe. Ils représentent une révolution
dans l’histoire des hommes. Pour la première fois, quelqu’un venait leur dire
que Dieu n’est pas ce maître lointain et terrible devant lequel ils doivent
trembler, mais qu’Il est leur père, c'est-à-dire un être qui les aime et qui,
malgré leurs erreurs, est toujours prêt à les accueillir avec bonté et
indulgence. Et puisque nous disons « Notre Père », c’est que tous les
êtres humains sont ses enfants et qu’à chacun, sans exception, sans distinction,
doit être reconnue la dignité de fils de Dieu, de fille de Dieu.
De ce père, Jésus dit qu’il est « aux cieux ». C’est donc qu’il
existe plusieurs régions dans l’espace. Ces régions célestes sont les dix
séphiroth de la tradition judaïque : Kéther, Hohmah, Binah, Hessed,
Guébourah, Tiphéreth, Netsah, Hod, Iésod, Malhouth. D’innombrables créatures
peuplent ces régions, et ce sont elles que la tradition chrétienne, héritière
de la tradition juive, mentionne sous le nom de hiérarchies angéliques :
Séraphins, Chérubins, Trônes, Dominations, Puissances, Vertus, Principautés,
Archanges, Anges, Ames Glorifiées.
Vous voyez, déjà ces quelques mots nous
découvrent un horizon infini. « Notre Père, qui es aux cieux » ;
s’Il est aux cieux, cela signifie que nous pouvons y être aussi, car là où est
le père, le fils sera un jour. Un espoir immense est contenu dans ces quelques
paroles, l’espoir d’un avenir glorieux. Dieu le Maître du ciel et de la terre,
est notre Père et nous sommes ses enfants, ses héritiers ; si nous en
sommes conscients, et dans la mesure où nous saurons nous en montrer dignes, Il
nous donnera des royaumes, Il nous donnera tout.
« QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE » : Dieu a donc un nom, et
s’adressant à lui, Jésus commence par mentionner ce nom, il commence avec ce
qui est au-dessus de tout ; ce nom qui est au-dessus de tous les noms. Ce
nom, Jésus demande qu’il soit sanctifié ; mais pour pouvoir le sanctifier,
il faut au moins le connaître. A la différence des chrétiens qui ne donnent
jamais de nom à Dieu, les juifs lui en donnaient plusieurs. Et Jésus, qui était
héritier d’une longue tradition, savait que Dieu a aussi un nom, mystérieux,
inconnu des profanes. Lorsqu’une fois par an le grand-prêtre prononçait ce nom
sacré dans le sanctuaire du temple de Jérusalem, sa voix devait être couverte
par le bruit de toutes sortes d’instruments : flûtes, trompettes,
tambours, cymbales, afin que le peuple rassemblé devant le temple ne puisse pas
l’entendre. Dans les traductions de l’Ancien Testament, ce nom est écrit Yahvé
ou Jéhovah, mais en réalité ce n’est qu’une approximation. On sait seulement
qu’il est composé de quatre lettres, Iod Hé Vav Hé. C’est pourquoi il est
appelé le Tétragramme (du grec tétra : quatre et gramma : lettre).
Les juifs l’écrivent mais ne le prononcent pas, et quand il figure dans le
texte biblique qu’ils doivent livre à voix haute, ils disent à la place
« Adonaï » : le Seigneur.
Pour sanctifier le nom de Dieu, il
suffit de le prononcer ou de l’écrire. Bien sûr, le nom de Dieu est déjà
sanctifié en haut par les Anges, ce n’est pas vous qui allez ajouter
grand-chose à la sainteté du nom de Dieu. Mais cela vous fera du bien à vous,
et aux autres aussi, car ces paroles sacrées purifieront l’atmosphère autour
d’eux.
« QUE
TON REGNE VIENNE » : Ce
règne de Dieu, c'est-à-dire son royaume qui suppose des lois, toute une
organisation, nous ne pouvons même pas l’imaginer. Et ce ne sont pas les
royaumes ou les gouvernements de la terre avec leur désordre, leurs
affrontements et leurs folies qui nous y aideront. Nous en avons parfois une
sensation fugitive quand il nous arrive de vivre des états de conscience d’une
grande spiritualité. Oui, c’est uniquement dans ces moments-là que l’on
commence à comprendre ce qu’est le Royaume de Dieu ; nous ne pouvons en
avoir une idée qu’en commençant par le trouver en nous. A cette deuxième
demande, « que ton règne vienne », nous descendons dans le monde du
cœur. Le nom de Dieu doit être sanctifié dans notre intelligence, mais c’est
dans notre cœur que son Royaume doit venir s’installer. Avant de pouvoir être
un lieu matériel, il faut que ce Royaume devienne un état intérieur fait
d’harmonie, de bonté, de générosité, de désintéressement. Notre travail est
donc de commencer par faire déjà de notre cœur le Royaume de Dieu. Pour cela
nous devons le débarrasser de tous les parasites que nous avons laissés s’y
introduire afin d’y accueillir le Seigneur et lui donner la première place.
C’est du cœur que naissent les plus grands empêchements à la venue du Royaume
de Dieu, car le cœur est rempli de convoitises, de désirs et de sentiments
grossiers : la cupidité, la jalousie, la haine, le mépris ... Et ces
convoitises, ces désirs, ces sentiments qui ne cessent de s’exprimer font de la
terre un véritable champ de bataille. Le Royaume de Dieu ne viendra que lorsque
les humains nourriront dans leur cœur des sentiments fraternels les uns envers
les autres : la compréhension, l’indulgence, l’amour.
Il ne sert à rien que vous
récitiez : « Que ton règne vienne » si vous ne travaillez pas à
introduire d’abord dans votre cœur la paix, la générosité, l’amour ; Car
en admettant même que vous ayez réussi à les trouver à l’extérieur, vous ne
serez capable de les apprécier et de les conserver que si vous les avez d’abord
réalisés en vous-même. De ce Royaume, Jésus dans un autre passage des Evangiles
disait qu’il est proche ; C’est vrai pour certains, et pour eux il est
déjà venu, mais pour la majorité des humains il n’est pas encore venu et il ne
viendra même pas dans vingt mille ans s’ils se contentent de l’attendre sans
faire aucun travail intérieur spirituel.
« QUE TA VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL » :
Toute la Science initiatique se trouve résumée dans ces quelques mots. Hermès
Trismégiste dit dans la Table d’Emeraude : « Tout ce qui est en vas
est comme ce qui est en haut », c'est-à-dire que tout ce qui existe sur la
terre a sa correspondance en haut, dans le monde des archétypes. Hermès Trimégiste
ne dit pas que le monde d’en bas est absolument identique à celui d’en haut,
mais qu’il est « comme » ce qui veut dire qu’il est une image, une
imitation, comme l’ombre qui ressemble à l’arbre mais qui n’est pas l’arbre
lui-même, ou comme le reflet dans un miroir qui est l’image de l’homme mais qui
n’est pas non lus l’homme lui-même. Entre le ciel et la terre il y a évidemment
une différence dans la densité de la matière, les proportions, les couleurs,
les formes etc.. Mais il existe une analogie dans la structure, l’organisation.
Faire la volonté de Dieu, c’est créer un
lien, une circulation d’énergies entre le ciel et la terre, jusqu’à ce que
l’harmonie, l’offre, la beauté, la lumière et l’amour qui règnent en haut,
s’installent en bas, sur notre terre, c’est à dire en nous-mêmes, car Jésus ne
parlait pas d’une terre extérieure à l’homme. Dans le Ciel, la volonté de Dieu
est toujours exécutée sans discussion : les créatures d’en haut agissent
en parfait accord avec elle. Il n’en est pas de même des humains qui utilisent
la liberté que le Créateur leur a donnée pour s’opposer de toutes les manières
à l’ordre et à l’harmonie célestes. « Que ta volonté soit faite »
signifie que nous avons à accorder notre volonté avec la volonté qui règne dans
le Ciel, car c’est le Ciel qui est premier et qui doit rester premier. Il est
dommage que la structure de la langue française ne permette pas de respecter
cet ordre, comme c’est le cas, par exemple, en grec, langue dans laquelle les
Evangiles ont été écrits, ou en bulgare. En grec il est dit : Comme au
ciel, ainsi sur la terre ; Là, la comparaison est parfaitement exprimée,
car c’est toujours la terre qui vient en second et qui doit se conformer,
s’adapter, s’ajuster au ciel.
« Que ta volonté soit faite sur la terre
comme au ciel », cela signifie qu’il y a un travail à exécuter sur la
terre. Dans le ciel, tout est parfait ; c’est ici-bas que ce n’est pas
merveilleux. Il faut donc descendre et descendre consciemment, audacieusement
vers la matière pour la dominer, la vivifier, la spiritualiser. C’est à nous,
les ouvriers, les ouvriers du Christ, de nous atteler à cette tâche. Il ne
suffit pas de réciter la prière et ensuite, par la vie que l’on mène,
s’empêcher la réalisation de ce que l’on demande. On fait souvent comme celui
qui dirait à un visiteur : « Entrer entrez » en même temps qu’il
lui fermerait la porte au nez. « Que ta volonté soit faite sur la terre
comme ciel » : toute la magie divine, la théurgie est inscrite dans
cette phrase. Si le disciple comprend l’importance de cette demande de Jésus,
s’il travaille à la réaliser, il deviendra un jour un transmetteur du ciel, il
sera lui-même à l’image du ciel. C’est écrit et c’est ce que le Seigneur attend
de nous tous. Vous direz « mais comment pouvons-nous faire ?»
Simplement développer toutes les qualités, toutes les facultés que le Seigneur
nous a données afin de les mettre à son service, car de ces dons que nous avons
reçus, il nous demandera compte un jour….
Les
trois premières demandes du « Notre Père » correspondent donc aux
trois principes fondamentaux qui constituent le psychisme humain, celui de la
pensée, de l’intellect, qui doit posséder la lumière pour tout éclairer et
sanctifier ; celui du sentiment, du cœur, où doit s’installer le Royaume de
Dieu qui est un royaume de paix et d’amour ; enfin, celui de la volonté,
afin d ‘exprimer et de répéter par nos actes, l’ordre qui règne dans le ciel. Le
disciple qui entreprend de réaliser le contenu de ces trois demandes reçoit
toutes les bénédictions : il vit dans la lumière et dans l’amour et il
possède la force. Dans les trois
premiers versets de la prière dominicale, on retrouve donc une application de
tout ce que je vous explique depuis des années concernant les trois vertus qui
sont les trois piliers de notre vie psychique ; la sagesse, l’amour et la
vérité.
Je vous donne un
exercice :
Asseyez vous en plaçant vos mains sur
les genoux, faites la paix et le silence en vous, puis inspirez pendant six
temps en prononçant intérieurement : « Mon Dieu, que ton nom soit
sanctifié en moi ». Retenez six temps votre souffle en prononçant ;
« Que ton Royaume descende en moi ». Enfin, en expirant six temps,
dites : « Que ta volonté s’accomplisse à travers moi ». Répétez
cet exercice quatre ou cinq fois par jour et après quelque temps, vous
constaterez que quelque chose en vous s’est éclairé, élargi, apaisé.
Etudions maintenant la suite de la
prière.
« DONNE-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN » : Ici
commencent les demandes qui concernent l’homme lui-même. Les trois premières
concernaient le Seigneur, car c’est toujours par le Seigneur qu’il faut
commencer : connaître et sanctifier son nom, souhaiter la venue de son
Royaume, faire sa volonté ; et maintenant l’homme demande quelque chose
pour lui-même.
Ce qui demande d’abord, c’est le pain.
Pourquoi le Pain ? Parce qu’il est le symbole de la nourriture
indispensable à sa subsistance ; Mais le pain dont parle Jésus n’est pas
seulement le pain physique ; dans les Evangiles, les allusions qu’il fait
à la nourriture concernent plus souvent le plan spirituel que le plan physique.
Et cette signification spirituelle de la nourriture est encore plus claire au
moment de la Cène quand il a béni le pain et le vin et les a donnés à ses
disciples, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps… Prenez
et buvez, car ceci est mon sang… Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la
vie éternelle ». La première demande que l’homme fait pour lui-même
concerne le pain quotidien sans lequel il ne peut vivre, mais c’est encore plus
vrai dans le sens spirituel ; c’est tous les jours que l’homme doit
chercher auprès de Dieu ce pain, c'est-à-dire la lumière et l’amour qui
nourriront son âme et son esprit.
« PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT
OFFENSES » : En réalité, la traduction exacte du texte
évangélique est : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à
nos débiteurs ». Toute transgression est en effet comparable à un acte
malhonnête pour lequel on doit ensuite payer. Celui qui, par exemple, abuse de
la confiance ou de l’amour d’un être, est comme un voleur qui devra rendre un
jour, d’une façon ou d’une autre, ce dont il s’est illégitimement emparé. La
notions de karma repose sur cette vérité que nous revenons sur la terre payer
pour les transgressions commises dans nos incarnations antérieures. Celui qui a
payé toutes ses dettes peut ne plus se réincarner.
Maintenant, que l’on traduise par :
« Pardonne-nous nos offenses » ou « Remets-nous nos
dettes », le point essentiel, c’est l’idée de pardon. Pour la première
fois dans l’histoire de l’humanité est apparue l’idée d’un Dieu miséricordieux,
d’un Dieu qui pardonne. Le Dieu de l’Ancien Testament que présentait Moïse ne
parlait que de vengeance et d’extermination ; les coupables étaient impitoyablement
punis. Et même si certains dieux d’autres religions étaient d’un caractère
moins vindicatif, on n’avait jamais insisté auparavant comme l’a fait Jésus sur
la miséricorde divine. Cette idée d’un Dieu qui pardonne découle logiquement
des deux premiers mots de la prière ; « Notre Père… » Dieu nous
pardonne parce que, même s’il doit les corriger pour les éduquer, un vrai père
comprend ses enfants et leur pardonne leurs erreurs.
Seulement, Jésus précise :
« Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Si Dieu nous
pardonne parce que nous sommes ses enfants, nous-mêmes devons pardonner aux
autres parce qu’ils sont nos frères. Si nous voulons obtenir le pardon du
Seigneur, nous devons tout d’abord pardonner aux humains ; Cette idée du
pardon des offenses est fondamentale dans la religion chrétienne parce qu’elle
découle de l’enseignement de l’amour apporté par Jésus. Les autres fondateurs
de religion avaient plutôt mis l’accent sur la justice, la sagesse, le savoir,
la puissance. En fréquentant les êtres les plus simples, et même les
prostituées et les criminels, Jésus a bouleversé toutes les règles. On n’avait
jamais vu cela auparavant : des gens que la Loi ordonnait de lapider, de
mettre à mort, lui, il mangeait avec eux, il les visitait et acceptait d’être
invité leur table. C’est pourquoi ceux qi veillaient à ce que la hiérarchie
sociale soit respectée n’ont pas pu accepter cette conduite, et quand ils ont
vu qu’il osait révéler à la foule les vérités les plus sacrées, ils ont décidé
de le faire mourir.
« NE NOUS INDUIS PAS EN TENTATION, MAIS DELIVRE-NOUS DU MAL.. » :
A plusieurs reprises cette question m’a été posée : « Est-ce que
demander à Dieu de ne pas nous induire en tentation ne laisse pas supposer que
c’est Lui qui nous tente, donc qui nous pousse au mal ? » Il existe
d’autres versions : « Ne nous soumets pas à la tentation »,
« Ne nous fais pas entrer en tentation », « Ne nous laisse pas
succomber à la tentation », qui révèlent que ce verset a présenté de
grandes difficultés pour les traducteurs. J’ai demandé ce qui était dit exactement
dans le texte grec, puisque le Nouveau Testament est écrit en grec et on m’a
répondu que le sens était bien celui-là : nous demandons à Dieu de ne pas
nous pousser à la tentation. Mais Jésus parlait en araméen, un dialecte
sémitique proche de l’hébreu. Alors ne soyez pas choqué, mais je pense que les
paroles de Jésus n’ont certainement pas été rapportées correctement.
En réalité, Dieu est au-delà du bien et
du mal. Alors, s’Il est au-delà du bien, on ne peut l’identifier au bien ;
quant à penser qu’Il a devant Lui un ennemi qu’il n’arrive pas à vaincre, c’est
tout simplement une aberration. Dieu est le Créateur et le Maître de l’univers,
et les esprits du mal, comme les esprits du bien, les anges, sont ses
serviteurs. Alors lorsque nous sommes tentés, ce n’est pas Dieu qui veut nous
attirer dans des pièges, mais Il laisse faire le Diable qui est son serviteur.
Et Jésus, lui aussi, a été tenté. Après qu’il eut jeûné quarante jours dans le
désert, le Diable s’est présenté à lui et lui a fait trois propositions :
la première de changer les pierres en pains et Jésus a répondu :
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toutes paroles qui sortent
de la bouche de Dieu » ; la deuxième de se jeter du haut du Temple de
Jérusalem car le Seigneur enverrait des anges pour le protéger, et Jésus
répondit : « Il est écrit : tu ne tenteras pas le Seigneur, ton
Dieu » ; enfin le Diable lui promit tous les royaumes de la terre s’il se prosternait devant lui et
Jésus répondit : « Retire-toi Satan, car il est écrit : tu
adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras, lui seul ».
Il faut que vous le sachiez : Il
dépend toujours de vous d’accepter ou de refuser une influence.
Etudions maintenant le dernier
verset :
« CAR C’EST A TOI QU’APPARTIENNENT LE REGNE, LA PUISSANCE ET LA GLOIRE,
AUX SIECLE DES SIECLES ». Pour comprendre cette phrase, il faut
revenir aux régions de l’espace spirituel dont je vous parlais en commençant,
ces régions que Jésus appelle « les cieux » et qui correspondent à ce
que la Kabbale appelle les séphiroth, ou encore l’Arbre de la Vie. Les
séphiroth sont au nombre de dix (vu plus haut) : la Couronne, la Sagesse,
L’intelligence, la Miséricorde, la Force, la Beauté, la Victoire, la Gloire, le
Fondement, le Royaume. La dixième séphira, reflète et condense toutes les autres
séphiroth.
Donc, le grain semé en terre, c’est la
première séphira, Kéther. Pour se développer, le grain se divise tout d’abord
en deux, puis il devient tige, branches, feuilles, bourgeons, fleurs et
fruits ; et le fruit à son tour porte des graines. Le grain planté, Kéther
devient un arbre en passant successivement par toutes les autres séphiroth
jusqu’à Malhouth. Chaque cause engendre
des conséquences, et ces conséquences sont la cause de conséquences nouvelles…
Dans la phrase : « Car c’est à
Toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire », le règne, la
puissance et la gloire correspondent aux trois dernières séphiroth :
Malhouth, Iésod, et Hod. Le règne, c’est Malhouth le Royaume de Dieu, la
réalisation et c’est là que se trouve notre terre. La puissance, c’est Iésod,
mot qui signifie « fondement », « base ». Cette séphira
préside à la pureté qui est le véritable fondement de toute chose, et elle
préside aussi à la force sexuelle, car la vraie puissance est là, dans la force
sexuelle. C’est elle qui crée la vie, et c’est elle aussi qui, comprise dans
les plans supérieurs, est à l’origine des plus grandes réalisations. Cette
phrase signifie donc « c’est à Toi qu’appartiennent les trois régions
Malhouth, Iésod et Hod qui représentent le terme de la croissance de Kéther,
donc la maturité ».
Le règne, la puissance et la gloire
forment une triade qui répète la triade du début : « Que ton nom soit
sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». Le nom, le
règne et la volonté, ce sont les séphiroth Kéther, Hohmah et Binah. A la triade
d’en haut, Kéther Hohmah, Binah, qui représente la création dans le monde
invisible, spirituel, correspond la triade d’en bas, Malhouth, Iésod, Hod qui
représente la concrétisation, la formation, la réalisation dans le plan
physique.
« AUX SIECLES DES SIECLES » Cette formule correspond à la
séphira Netsah dont le nom signifie « éternité ». Ainsi lorsqu’on
prononce la phrase « car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la
puissance et la gloire, aux siècles des siècles », on se lie aux quatre
dernières séphiroth de l’Arbre de la Vie.
Toutes ces demandes ont une
signification que seul celui qui possède une compréhension profonde des choses
peut découvrir. Lorsque des archéologues se penchent sur des objets oud es
monuments très anciens, ils tâchent, d’après les figures représentées, d’après
emplacement et le style des constructions, etc ... de déchiffre la
mentalité du peuple et de l’époque qui ont laissé ces vestiges, et grâce à ces
indices ils entrent dans leurs intentions, devinent ce qu’ils ovulaient dire.
Nous aussi, nous pouvons considérer cette prière que Jésus nous a laissée comme
une sorte de monument, de site archéologique sur lequel nous devons faire des
recherches et nous y découvrirons tout un monde enfoui. Depuis vingt siècles,
des millions, des milliards de chrétiens ont récité le « Notre
Père », et même s’ils n’étaient pas tellement capables de saisir toute la
profondeur de cette prière, ils ont fait d’elle, dans le monde invisible, une
formule vivante, un réservoir de forces accumulées. Et vous-mêmes, en la
répétant maintenant consciemment, vous vous liez à ce grand réservoir et vous
attire à vous toutes ces énergies bénéfiques pour mieux continuer votre
travail.
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