« Au commencement Dieu créa le ciel
et la terre. La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres et
la surface de l’abîme et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux ».
Que de questions et de commentaires ont
suscité ces deux premiers versets de la Genèse. Et d’abord, comment interpréter
les deux mots « ciel » et « terre » ? Le ciel est-il
seulement l’étendue que nous apercevons au-dessus de nos têtes, et la terre
seulement la planète sur laquelle nous vivons ? Non, cela donnerait de la création une idée
bien limitée. Mais on ne peut interpréter correctement le premier verset qu’à
la lumière de l’indication donnée dans le second : « et l’esprit de
Dieu mouvait au-dessus des eaux ». Pour celui qui possède la science des
symboles, c’est claire, l’esprit de Dieu, en hébreu Rouah, représente le
principe masculin actif, émissif ; et les eaux, un hébreu Maïm,
représentent le principe féminin, passif, réceptif. Seul le 1, l’esprit, est
masculin ; tout ce qui est pluriel est féminin. Donc, les eaux, c’est
cette matière cosmique originelle que
l’esprit de Dieu, le feu primordial, a pénétré pour la fertiliser.
Contrairement à ce que l’on croit en général, ce n’est pas la terre en tant
qu’élément qui exprime et manifeste le mieux les propriétés et les qualités de
la matière, mais l’eau, et ces qualités sont la réceptivité, l’adaptabilité, la
malléabilité. L’eau est donc le symbole
de la matière inorganisée, « tohou vabohou » (informe et vide) comme
le dit encore la Genèse, et c’est cette matière qui a reçu les germes
fertilisateurs de l’esprit. La vie est née de l’eau grâce au principe du feu,
de l’esprit qui a mis cette matière en mouvement ; Par elle-même l’eau, la
matière, ne possède pas la vie ; c’est le feu, l’esprit, qui la lui
infuse. Vous comprendrez cette idée si je vous présente à l’aide d’un
symbole : le cercle avec le point central : ʘ
On retrouve la même idée dans l’image de
l’œuf cosmique qui est un symbole universel. La coquille de l’œuf est cette
limite qui contient la matière dans un espace bien défini. Il faut toujours des
limites pour donner structure, forme, contour et cohésion à la matière. Si
l’univers n’était pas circonscrit dans des frontières, il serait instable et ne
pourrait subsister. L’univers n’est pas infini, il a des limites. Seul,
l’Absolu est illimité, et de cet Absolu nous ne pouvons rien connaître. Mais
l’univers a des limites ; du moment que Dieu s’est manifesté à travers la
création, c’est qu’Il s’est limité, et l’univers qu’il a créé est limité dans
le temps et dans l’espace. Donc, voilà le principe masculin, le 1, le point
central ; et le 0 est le principe féminin, le cercle ; Lorsque le 1
et le 0 sont réunis, c’est la plénitude. Sans le 1, qui est le principe
masculin, l’esprit, le 0, la matière n’est pas organisée ; elle possède
toutes les richesses, mais c’est le 1 qui l’organise. Le 0 ne doit donc jamais
se séparer du 1, sinon il restera une matière informe, un chaos.
« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». En nommant le
ciel et la terre, Moïse nomme en réalité les deux principes de la
création : l’esprit et la matière. Et il faut remarquer que c’est le ciel,
l’esprit, que Moïse mentionne en premier. Cela signifie qu’avant et au-dessus
de la matière, il y a l’esprit, et que la première place doit être données à
l’esprit, tout en gardant bien en vue que le travail de la création est réparti
entre les deux principes et qu’il ne faut jamais privilégier l’un au détriment
de l’autre. Pour qu’il y ait création, tous les deux sont aussi importants,
aussi indispensables, mais dans des domaines différents. L’esprit, le principe
masculin, reste impuissant en l’absence de la matière, le principe féminin qui
reçoit, qui répond ; car l’esprit est une énergie qui a besoin d’être
contenue, fixée, sinon elle se perd, et la matière a justement pour fonction de
fixer l’esprit. Tout ce qui est vivant dans l’univers est le produit du travail
des deux principes.
Aucune création d’aucune sorte n’est
possible avec un seul principe : il faut que les deux soient ensemble et
unis. Mais cette union n’est pas une simple juxtaposition. Le couple que
forment l’esprit et la matière ne peut pas se comparer à celui d’un homme et
d’une femme qui s’en vont bras dessus bras dessous. L’esprit habite la matière,
il la pénètre, l’anime. C’est pourquoi le symbole le plus éloquent du travail
de ‘esprit sur la matière est le cercle avec le point central. Et le point ne
doit pas se promener n’importe où à l’intérieur du cercle, il doit être au
centre, car c’est à partir du centre que tout s’organise ; parce qu’il se
trouve à une distance égale de tous les points de la périphérie, il maintient
l’ensemble en équilibre.
Cette loi se vérifie aussi bien pour
l’univers, pour le système solaire, que pour les nations, les sociétés, les
familles et l’individu lui-même. Vous avez un être, là, vivant devant
vous ; il travaille, il mange, il parle, il marche ... mais voici
qu’un jour tout s’arrête, il ne bouge plus e ton dit qu’il est mort. Que
s’est-il passé ? Il ne lui manque pourtant rien de tout ce qu’il possédait
comme membres et organes quand on le disait vivant ; C’est donc qu’il
était animé par quelque chose d’invisible qui commandait tous ses actes ;
son esprit. Et quand l’esprit, le point central s’en va, c’est fini. Peu à peu
le corps se désagrège car il a perdu le centre qui maintenait l’ordre et
l’organisation en lui, et ces éléments que plus rien ne retient, se séparent
pour retourner dans les réservoirs cosmiques, d’où ils seront un jour repris
pour entrer dan la constitution de nouveaux corps. Et puisque tout ce qui existe dans l’univers
ne peut fonctionner correctement que grâce à un centre, par analogie on
découvre que l’homme, dans sa vie intérieure, a besoin lui aussi de trouver un
centre, son esprit. La pire chose qui puisse arriver à un être humain, c’est de
se séparer de l’esprit, du 1, car il est alors réduit à l’état de 0, il devient
un désert, une terre stérile. Pour être fertile, chacun de nous doit se lier au
1. Evidemment, nous sommes toujours un 0, mais exactement comme l’univers
entier, ce 0 cosmique que l’esprit, le 1 ne cesse d’animer. Le 0 n’a rien de
mauvais, au contraire, puisqu’en ajoutant un 0 à un nombre on le multiplie par
10. Le 0 est un facteur de richesse, mais à condition d’être précédé du 1.
Placé après le 1, le 0 augmente 10 fois sa puissance ; le 1 devient 10.
Mais si on fait l’inverse, 01, on diminue 10 fois sa puissance.
Mais combien de gens sont capables de
comprendre cette vérité ? Les idées qui circulent à l’heure actuelle les
poussent au contraire à se mettre devant le Créateur et même à la place du
Créateur. Ils disent : « Dieu ? Mais nous n’avons pas besoin de
Lui, nous sommes intelligents et l’univers nous appartient ». C’est ainsi
qu’ils s’amenuisent peu à peu et s’effacent jusqu’à disparaître ; ils ont
accumulé trop de 0 devant le 1. La dispersion est le privilège exclusif de
l’esprit. L’esprit a créé l’univers en se dispersant, en se diffusant, c’est
pourquoi il est dit que « l’esprit de Dieu se mouvais au-dessus des
eaux », ou bien que Dieu est un cercle dont le centre est partout.
Comme se forme un enfant dans le sein de
la mère ? Par la concentration d’éléments autour d’une image, d’une idée,
qui est le dessin, la structure de l’enfant. Et l’enfant naît. Puis un jour,
des années après, tous ces éléments s’éparpilles ; l’homme est mort. On
peut donc définir la vie comme une concentration de forces et d’éléments cers
un but, alors que la mort est une dispersion.
Le torrent descend du sommet de la
montagne et se divise en petites rivières pour arroser la terre partout où il
passe. De même, c’est d’un centre unique, le soleil, que partent les rayons qui
traversent l’espace pour entretenir la vie dans l’univers. Symboliquement,
c’est toujours le ciel qui descend et la terre qui s’élève. S’élever, ici,
signifie converger vers le centre ; et descendre, c’est quitter le centre
pour se répandre vers la périphérie. Bien sûr, nous aurons un jour, nous aussi,
le droit de nous disperser comme le soleil, mais seulement quand nous aurons
réussi à nous identifier avec le centre. A ce moment-là, comme le soleil, nous
pourrons projeter notre amour et notre lumière sur toutes les créatures. Ce
processus est aussi symbolisé par la figure de la pyramide. Les initiés
égyptiens, qui ont présidé à la construction des pyramides, y ont mis tout un
enseignement sur l’un et le multiple, sur l’esprit qui disperse ses énergies et
sur la matière qui doit s’unifier. On peut trouver un grand nombre de
prolongements à cette idée.
Pour être vivant, vous devez sans cesse
tendre de tout votre être le point seulement, un but sublime qui donne un sens
à tous les actes de votre vie. C’est parce que vous serez allé vers le ciel que
la terre prendra sa vraie valeur, qu’elle vous donnera les vraies richesses.
Parce que vous aurez acquis la véritable compréhension ; celle du centre.
Quelqu’un me disait un jour que ce qui l’étonnait le plus, c’est que depuis des
dizaines d’années que je vous parle, il n’y a pas dans mes conférences une
seule idée qui soit en contradiction avec une autre. Tout se tient…. Oui, parce
que dans ma tête il y a un point au sommet, à partir duquel tout le reste
s’organise. S’il n’y avait pas ce point, je pourrais peut-être vous raconter
toutes sortes de choses, mais ce serait complètement décousu. Dans tous les
domaines de la vie, l’homme a besoin d ‘un point qui lui serve de repère pour
se diriger. Celui qui veut traverser une forêt ou se lancer sur la mer sans
avoir de repère, va s’égarer. C’est pourquoi on a fabriqué les boussoles :
pour ne pas perdre la direction. Intellectuellement aussi, les humains ont
besoin d ‘une boussole pour ne pas s’égarer dans la matière, et cette boussole,
c’est l’esprit.
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