Les humains comprendraient mieux les
lois qui doivent régir leurs relations mutuelles s’ils avaient réfléchi aux
lois qui régissent la nutrition. Vous direz que vous ne voyez pas le
rapport ?... Alors, je vais vous le montrer.
Dans tout ce que nous mangeons :
fruits, légumes, fromages, poissons, etc., il y a le plus souvent quelques
choses à enlever : un noyau, une peau, une croûte, des arêtes… Et s’il n’y
a rien à enlever, il faut au moins laver ou essuyer les aliments. Donc, avant
de manger, on doit prendre quelques précautions afin de ne pas se blesser le
palais, se casser une dent ou se détraquer l’estomac. Eh bien, il y a de ces
faits une leçon à tirer. Laquelle ?
C’est qu’avant de se lier à quelqu’un,
avant de l’accepter dans son cœur, dans son âme, il ne faut pas s’imaginer
qu’il est déjà tout prête à être absorbé, digéré. Que fait le sage ? Quand
une personne se présente devant lui, il la considère comme il le ferait d’un
fruit succulent, bien sûr, mais un fruit qu’il faut laver ou peler avant de le
manger. Le sage est prudent, il sait que pour chaque créature il y a un triage
à faire entre les manifestations de sa nature inférieure et celles de sa nature
supérieure.
Vous direz : "Quoi ?
Trier ? Mais si on aime quelqu’un, on ne trie pas, on le prend tout
entier" Eh bien, comme vous voudrez, mais vous paierez cher cet
aveuglement. Sous prétexte qu’ils éprouvent de la sympathie, de l’amitié, de
l’amour pour quelqu’un, les humains refusent de réfléchir, de regarder, ils se
précipitent pour l’"avaler", exactement comme les chats avalent les
souris ; avec la peau et les intestins. Et ensuite, ils se plaignent
d’être déçus, trahis, abandonnés. Mais pourquoi ont-ils la mentalité du
chat ? Pourquoi se sont-ils dépêchés de "manger" cette femme ou
cet homme, c’est à dire pourquoi le sont-ils acceptés dans leur cœur sans faire
un triage, sans se demander avec quelle partie de ces êtres ils entraient en
relation ? Et une fois qu’ils ont fait une expérience malheureuse, la
pensée ne leur vient pas qu’ils sont eux aussi responsables parce qu’ils ont
manqué de discernement ; non, non, ce sont toujours les autres qui sont
coupables. Et avec cette attitude ils s’exposent évidement à de nouvelles
déceptions.
Alors, maintenant il faut s’analyser.
Quand vous devez entrer en relation avec quelqu’un, si vous êtes honnête, vous
constaterez que vous avez tendance à prendre pour critère ces sentiments
superficiels que sont la sympathie et l’antipathie. Du moment que vous vous
sentez attiré ou repoussé par quelqu’un, vous croyez que cette sensation est
absolument infaillible et qu’il faut la suivre. L’attraction et la répulsion
sont des réactions instinctives tout à fait naturelles, mais qu’est-ce qui les
inspire ? Voilà sur quoi on doit réfléchir.
Ce n’est pas l’intuition ou la
clairvoyance concernant les êtres qui produit en vous les mouvements de
sympathie et d’antipathie, non, ce sont des attractions ou des répulsions qui
ont une origine physique, biologique et pas du tout spirituelle. Une personne a
dans la structure de son corps physique, de son visage, des éléments qui sont
en affinité ou au contraire en opposition avec certains éléments appartenant à
votre propre structure, et c’est pour cela que vous vous sentez attiré ou
repoussé. Si vous vous donnez la peine de réfléchir et d’étudier la question,
il se peut que vous trouviez de graves défauts chez ceux qui vous sont
tellement sympathiques, et au contraire des qualités et des vertus chez d’autres
qui vous sont antipathiques.
Je ne critique pas le fait d’avoir des
sympathies et des antipathies, c’est normal. Chaque jour, partout où vous
allez, vous croisez en passant des hommes et des femmes, et bien que vous ne
les connaissiez pas, leur visage, leur silhouette, leur démarche vous inspirent
toutes sortes d’impression et de sensations. C’est tellement vrai que
Baudelaire, mentionnant certaines de ces brèves rencontres imprévues et parfois
bouleversantes qui peuvent se faire dans une grande vile, parlait de
"sainte débauche".
La sympathie et l’antipathie sont des
impulsions tout à fait naturelles, mais ce ne sont pas des critères
infaillibles puisqu’elles sont une origine biologique. Vous ne savez pas ce qui
chez les êtres vous attire ou vous repousse, et vous ne savez pas non plus ce
qui, en vous, est attiré ou repoussé. Est-ce votre Moi divin qui rencontre le
Moi divin chez les autres, ou est-ce votre moi inférieur qui rencontre leur moi
inférieur ?... Eh oui, voilà un vaste sujet de réflexion. Quand vous
entrez en relation avec une personne, vous devez vous demander quelle est la
nature des mobiles qui vous poussent. Si vous la recherchez pour qu’elle vous
procure du plaisir, des avantages matériels, qu’elle satisfasse vos caprices,
vous soutienne dans vos projets plus ou moins "catholiques", sachez
que la nature égocentrique de ces mobiles n’ira pas toucher la meilleure partie
d’elle-même. Et si elle satisfait vos désirs, si grâce à elle vous réussissez
dans vos entreprises, comme c’est vous qui l’aurez poussée à se manifester dans
les plans inférieurs, cette relation finira par empoisonner votre vie
psychique.
Dans les relations que vous cherchez à
établir avec les êtres, le premier point à considérer, c’est vous, vos
intentions, vos désirs, l’attitude que vous allez avoir. Avant de vous
préoccuper de savoir s’il s vont répondre à vos souhaits, interroger-vous sur
la nature des demandes que vous allez leur adresser. Imaginez que vous fassiez
la connaissance d’un être merveilleux..
Cela ne suffit pas : si vous n’êtes pas attentif, scrupuleux,
qu’allez-vous lui apporter en le fréquentant ? Et qu’allez-vous aussi
attirer sur vous-même ? Car toute créature humaine, quelle qu’elle soit,
est faite de deux natures, inférieure et supérieure, et si par vos convoitises
vous vous adressez à sa nature inférieure, vous faites du mal à cette
créature ; alors ne vous plaignez pas ensuite si c’est sa nature
inférieure qui vous répond. Si vous vouliez des réponses bénéfiques, il fallait
que vos désirs soient en affinité avec sa nature supérieure. Eh oui, c’est cela
véritablement aimer son prochain. Et en l’aimant de cette façon vous vous aimez
aussi vous-même.
Mais croyez-vous que les humains ont
compris cela ? Dans leur désir de s’attirer l’amour, l’amitié ou la
sympathie des autres, ils tâchent de leur plaire en leur faisant des cadeaux,
en cédant à leurs caprices. L’homme offre des bijoux ou une voiture à une femme
pour satisfaire sa vanité, la femme s’applique à satisfaire la gourmandise et
les appétits sexuels de l’homme, et pendant ce temps leur âme et leur esprit
sont en train de mourir d’inanition. Mais qu’importe ? Ils s’aiment,
paraît-il ! Oui seulement la question est de savoir combien de temps
durera cet amour et surtout ce qu’il va leur apporter.
Nous devons donc méditer la leçon que la
nature nous donne chaque jour par le moyen de la nutrition. Il n’y a rien de
plus merveilleux qu’un fruit, et pourtant quels sont les fruits que l’on peut
manger sans enlever quelque chose ? Aucun. Eh bien, il en est de même avec
les êtres. Quand vous avez des relations avec eux, quand vous les regardez,
leur parlez, les écoutez, c’est comme si vous étiez en train de les goûter, de
les respirer. Or, que faites-vous la plupart du temps ? Que ce soit dans
les relations de couple, avec des amis ou même dans la famille, vous avalez
tout, vous ne faites aucun triage pour sentir cette vie subtile qui est là
cachée, la vie de leur âme, de leur esprit, et pour la respecter. Vous ne
pensez pas qu’il est temps d’abandonner ces attitudes préhistoriques ?
Je sais qu’il n’est pas habituel de voir
dans les relations humaines des processus identiques à ceux de la
nutrition ; pourtant la réalité est là.
Omraam
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