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mercredi 12 mars 2014

La chambre du silence



"Quand tu pries, disait Jésus, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ».

Cette chambre secrète n’est évidemment pas un lieu physique avec quatre murs, mais un état de conscience. Quand vous parvenez à créer en vous le silence et la paix, quand vous éprouvez le besoin d’exprimer votre amour pour le Seigneur, vous êtes déjà dans cette chambre secrète : pour le moment au moins, vous avez pu atteindre ces régions de l’âme et de l’esprit que vous portez en vous de toute éternité, mais auxquelles vous n’avez généralement pas accès dans la vie ordinaire et dont la majorité des humains ne connaissent même pas l’existence. Car de même qu’ils ignorent ce qui se passe dans leur subconscient, ils ignorent aussi ce qui se passe en haut dans le ciel, leur ciel, leur esprit, leur conscience divine.

La chambre secrète, c’est donc cet état de grande concentration, de paix, de silence, où tout le reste s’éteint, où il n’existe plus rien que votre prière, votre parole intérieure qui parcourt l’espace. A ce moment-là, même si vous n’en êtes pas tout à fait conscient, vous êtes réellement dans votre chambre secrète. Cette chambre secrète est un symbole magnifique et d’une grande profondeur qui était certainement connu bien avant jésus. Tous les Initiés savent que, pour prier, il faut entrer profondément en soi-même, parce qu’à l’extérieur notre voix n’a pas tellement de portée ni de résonance. Supposez que vous soyez dans la rue, et là, soudain, vous pensez que vous avez quelque chose à dire à un ami qui se trouve dans une autre ville. Il est impossible de lui parler, à moins d’atteindre votre téléphone et de composer le numéro et vous avez la communication. Si vous restez dans la rue sans appareil, vous aurez beau parler, crier, votre ami ne vous entendra pas. De la même façon pour être entendu par le Ciel, il faut entrer dans cette chambre secrète dont parle Jésus, car elle aussi est bien aménagée, avec des "appareils téléphoniques" qui permettent de communiquer avec les mondes supérieurs.

Ce n’est pas dans le bruit que vous pouvez faire ce travail, mais dans un lieu intérieur, secret, où vous devez entrer en fermant la porte derrière vous. Fermer la porte, cela veut dire ne pas laisser pénétrer n’importe quels sentiments ou pensée,s mais seulement des sentiments inspirés par l’amour divin et des pensées inspirées par la sagesse divine ; sinon il y aura des brouillages dans votre communication avec le Ciel, et vous ne recevez aucune réponse. Ce n’est que dans la chambre secrète que prier prend véritablement un sens : vous parlez et vous entendez, vous adresser une demande au Ciel et vous recevez la réponse. Et si vous n’arrivez pas à bien saisir ce que le Ciel vous dit, c’est que vous n’avez pas su utiliser vos appareils ou que vous avez oublié de fermer la porte.

La chambre de la prière est donc un lieu de silence et de secret, car les autres ne doivent pas s’apercevoir de ce que vous dites, comment vous le dites et à qui vous vous adressez. Bien sûr, quelquefois vous ne pouvez pas les empêcher de se rendre compte que vous priez. Mais moins ils s’en rendent compte, mieux ça vaut. Dans les Evangiles Jésus parle aussi de ce pharisien qui était monté au Temple et qui, debout, priait avec ostentation !... Eh bien, c’est exactement le contraire de la chambre secrète, qui est la chambre du silence, le silence du cœur. Mais ici le "coeur", ce n’est plus ce principe psychique qui correspond au plan astral, le siège des sentiments et des désirs inférieurs. La chambre secrète, c’est le cœur spirituel, c’est à dire l’âme. Il y a tellement de "chambres" en l’homme ! Et parmi toutes ces chambres, très peu de gens ont trouvé justement celle qui aime le silence. La majorité se sont égarés dans d’autres chambres, et c’est là qu’ils prient ; mais comme il ne s’y trouve pas d’appareils appropriés, le Ciel n’entend pas leurs demandes.

Pour échapper aux sollicitations et aux agressions du monde extérieur, certains êtres sont partis se retirer dans les déserts ou les forêts. Ce sont les solitaires, les ermites, les anachorètes. Parmi eux, il y en a qui sont allés encore plus loin et qui ont voulu couper presque toute relation avec le monde extérieur, ne plus avoir recours aux cinq sens, les mettre hors d’état de fonctionner. Pour cela ils ont creusé dans la terre des trous juste assez grands pour s’y introduire et c’est là qu’ils se sont réfugiés. Grâce au sommeil des cinq sens, ces êtres sont arrivés à créer en eux le silence absolu ; n’ayant plus rien à voir, à entendre, à sentir, à goûter ou à toucher, ils ont réussi à percer cette paroi opaque qui sépare l’homme de la véritable réalité.

Quand j’étais en Inde, j’ai rencontré quelques-uns de ces êtres très rares, qui ont fait de telles expériences. Et même si je savais déjà beaucoup de choses avant de les rencontrer, ils m’ont encore beaucoup appris sur la puissance du véritable silence qui est seul capable de faire vibrer nos centres spirituels. Car le véritable silence n’est pas uniquement absence de bruit. Le véritable silence est la source de toutes les créations, il est l’expression de Dieu Lui-même. Il faut se lier à lui souvent, se plonger en lui en s’efforçant même d’arrêter la pensée. Parce que la pensée est un mouvement et que tout mouvement fait du bruit, aussi faible soit-il, et trouble le silence. Dans ce silence une paix extraordinaire s’installe en nous et il se peut même alors que Dieu nous parle.

Entrer dans le silence est donc une activité qui se situe au-delà des cinq sens, au-delà du sentiment et même de la pensée. Lorsqu’on atteint cette région du silence, on nage dans un océan de lumière, on vit la vraie vie, intense, abondante. Cette expérience du silence, certaines personnes l’ont faite parfois après de grands bouleversements, de grandes souffrances, des pertes cruelles. Comme si le choc reçu les avait projetées au-delà d’elles-mêmes, là où veille cette entité que la Science initiatique a appelée justement "le Silencieux".

Mais la réalité c’est que, même s’ils ont fait de telles expériences, la plupart des humains vivent le plus souvent à la périphérie de leur être. Pour eux, la vie intérieure se limite aux domaines du cœur et de l’intellect, c’est à dire aux plans astral et mental. Et là évidement, ça bouge ! Les désirs, les sensations, les passions, les chagrins, les projets, les calculs, il y a de quoi voir, entendre et s’occuper. Mais profondément, toute cette ébullition ne change rien, l’homme ne se transforme pas. Pour changer en profondeur, pour trouver quelque chose d’essentiel, il ne doit pas rester là, il doit s’élever jusqu’aux plans causal, bouddhique et atmique, la chambre du silence.

Certains diront : "Mais ce silence dont vous nous parlez, ces mondes au-delà des pensées et des sentiments, c’est le vide, vous nous demandez de nous jeter dans le vide.. ; c’est effrayant !" D’une certaine façon, oui, on peut appeler cela le vide, mais n’ayez pas peur, je n’ai jamais dit qu’il fallait s’y jeter comme ça, sans être prêt. Pourquoi serais-je plus insensé ou plus cruel qu’une mère oiseau ? Que fait une mère oiseau ? Elle garde ses petits nouveaux nés tout le temps qu’il faut dans le nid ; puis quand elle sent qu’ils sont prêts, que leurs ailes sont suffisamment développées, elle les pousse hors du nid ; mais pas avant. Eh bien, moi non plus, je ne vous pousse pas dans le vide avant que vous ne soyez prêts. Je vous présente seulement à l’avance le travail à faire et les moyens de le faire, c’est tout. D’ailleurs, je vous l’ai dit, le vide n’est pas un but en soi. Faire le vide, c’est uniquement apprendre à se débarrasser de tous les éléments étrangers qui nous empêchent d’entrer en contact avec le monde divin et de recevoir ses bénédictions. Combien de gens sont comme des bouteilles pleines ! Pas moyen de verser quoi que ce soit en eux, c’est plein, plein de désirs malsains, de pensées erronées, de partis pris. C’est de tout cela qu’il faut se vider.

Donc, c’est vrai, faire le silence, c’est en quelque sorte faire le vide en soi, et dans ce vide on reçoit la plénitude. Oui, car en réalité le vide n’existe pas. Enlevez l’eau d’un récipient, il y entre l’air ; enlevez l’air, il y entre l’éther… Quand on essaie de faire le vide, la matière est chaque fois remplacée par une matière plus subtile. De la même façon, quand on arrive à rejeter les pensées, les sentiments et les désirs inférieurs, c’est la lumière de l’esprit qui fait irruption ; à ce moment-là on voit, on sait.

Le silence est la région la plus élevée de notre âme, et au moment où nous voyons autour de nous, et même ce que nous ne voyons pas, est traversé et imprégné de lumière. Et le but du silence, justement, c’est la fusion avec cette lumière qui est vivante et qui pénètre toute la création ; quand vous êtes parvenu à vos fusionner avec la lumière, vous possédez la quintessence dont vous pouvez remplir les paroles de votre prière, et c’est alors que votre prière devient réellement puissante.

Il reste encore tellement d’incompréhension dans la tête des gens concernant la prière ! Ils s’imaginent que l’essentiel est dans les mots qu’ils prononcent. Eh non, souvent les mots retombent à côté d’eux, sans effet. La bouche marmonne quelque chose, mais en réalité l’homme ne prie pas car il n’ a pas réussi à capturer cette quintessence qui doit remplir les mots qu’il prononce pour les rendre vivants et agissants. La parole n’est en quelque sorte que la signature qui permet le déclenchement des forces d’en haut. Et à ce sujet, j’ajouterai encore quelque chose. Cette prière que vous faites dans le silence produit en vous une accumulation d’énergie et il est souhaitable de donner une issue à ces énergies. Ne pas le faire peut créer des troubles ; trop de forces accumulées, trop de tensions, c’est comme un baril de poudre qui peut exploser sur place. La parole, justement, en donnant à ces forces la possibilité d’agir, est un moyen de les canaliser. Il faut toujours trouver une utilisation aux énergies accumulées, et la parole peut le faire. Donc, après un moment de grande ferveur, de communion intense avec le Ciel, vous pouvez prononcer à voix haute quelques formules comme : "Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel", ou "que le Royaume de Dieu et sa Justice se réalisent sur la terre". Ainsi il ne manquera rien à votre prière.

"Quand tu prie, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret". L’essentiel est évidemment d e comprendre la signification spirituelle de ces paroles, mais cela n’interdit pas d’avoir réellement chez soi un endroit spécial pour se recueillir. Si vous le pouvez, essayez d’avoir dans votre appartement un lieu à part, réservé au silence ; même si ce n’est pas plus grand qu’une cabine téléphonique, l’essentiel est que ce soit un lieu consacré dont les vibrations, les fluides subtils que vous y avez déjà laissés, vous permettent d’entrer plus facilement en contact avec la Divinité. Que cet endroit soit plein de belles couleurs et décoré de quelques tableaux symboliques ou mystiques. Consacrez-le au Père céleste, à la Mère divine, au Saint-esprit, aux anges et aux archanges, n’y laissez entrer personne et n’y entrez vous-même que si vous êtes capable de faire le silence afin d’entendre les voix du Ciel.

Nous vivons en même temps dans les deux mondes : visible et invisible, matériel et spirituel, c’est pourquoi il est bon d’avoir cette chambre du silence à la fois en soi et en dehors de soi, et de la maintenir sous la protection des esprits lumineux. Au fur et à mesure que vous préparez cette chambre du silence, soyez conscients que vous la préparez aussi en vous, dans votre âme, dans votre cœur. Ainsi il arrivera un jour où, quel que soit le lieu où vous vous trouverez, même au milieu des tumultes, vous pourrez entrer dans cette chambre intérieur pour y goûter la paix et la lumière. 


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