De plus en plus, il est vrai, sous
l’influence des philosophies orientales, la méditation devient à la mode, mais
cela n’a rien de réjouissant de voir tous ces malheureux s’embarquer sans
préparation préalable dans un domaine qu’ils ne connaissent pas. Comment
pourront-ils méditer avant d’avoir compris certaines vérités, vaincu certaines
faiblesses ? Non seulement ils ne pourront pas, mais dans ces conditions
il est même dangereux pour eux d’essayer. Ils ferment les yeux, prennent des
poses, mais intérieurement que se passe-t-il ? Où sont-ils ? Dieu
seul le sait. Si vous entrez dans leur tête pour voir, ils dorment, les
pauvres, ou ils se laissent aller à toutes sortes d’élucubrations. Ils
méditent ?... Ah oui, sur l’argent, sur le pouvoir, sur un homme ou une
femme à séduire. Ils ne peuvent pas méditer sur des sujets célestes puisqu’ils
n’ont pas un haut idéal pour les arracher à la vie ordinaire, animal et les
tirer jusqu’au ciel.
Il ne faut pas se faire
d’illusions : la méditation est un exercice très difficile. Tant qu’on
reste engagé dans des occupations prosaïques ou plongé dans les passions, il
n’est pas possible de méditer, car la nature de ces activités ne le permet
pas : elles retiennent la pensée dans les régions inférieures des plans
astral et mental. Pour pouvoir projeter sa pensée dans les régions
spirituelles, il faut d’abord pouvoir se libérer intérieurement. J’ai vu des
gens méditer pendant des années, mais ils perdaient leur temps ou même se
détraquaient, parce qu’ils ne savaient pas, ou ne ovulaient pas savoir, que
pour méditer il faut remplir certaines conditions. D’ailleurs beaucoup me l’ont
dit : "Depuis des années j’essaie de méditer, mais je n’y arrive pas,
c’est le vide, mon cerveau se bloque". Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont
pas compris qu’aucun moment de notre vie n’existe isolément, chaque moment est
lié à tous ceux qui le précèdent et que l’on appelle le passé. Ils n’ont pas
compris que leur passé les alourdit, les gêne, et comme ils veulent tout de
même méditer, ils forcent leur cerveau qui se bloque, et rien à faire…
Désormais, soyez vigilant et dites-vous : "Je veux méditer, je dois
donc préparer mon cerveau et tout mon organisme, je dois tout mettre au point
pour avoir la possibilité de faire un travail".
Supposez qu’un soir vous ayez eu une
violente dispute avec quelqu’un. Le lendemain matin, au moment de méditer, les
événements de la veille reviennent à votre conscience et vous n’arrêtez pas de
penser : "Ah ! Ah ! il m’a dit ceci, il m’a dit cela.. La
prochaine fois il va voir ce qu’il va voir, il passera un mauvais quart
d’heure" Voilà le sujet autour duquel tourne votre "méditation".
C’est un remue-ménage, une pagaille ! Au lieu de s’élever jusqu’aux
régions divines on agite tout ce que l’on a vécu dans le passé, et ça défile, ça
défile… tout un cortège de visages et d’événements viennent se présenter, on
n’en sort plus. Et comme la même histoire se répète pendant des années,
évidemment on n’a pas de résultats.
Vous tous, vous pouvez devenir puissants
et libres, mais à condition de savoir un certain nombre de choses et, en
particulier, que chaque moment de l’existence est lié à ceux qui le précèdent.
C’est ce que voulait dire Jésus quand il conseillait : "Ne vous
inquiétez pas du lendemain". Oui, parce que si vous arrangez tout correctement
aujourd’hui, vous mettez un bon départ pour demain. C’est vrai pour chaque
domaine de l’existence, et c’est vrai aussi pour la méditation. Si
intérieurement vous avez réglé vos problèmes la veille, le lendemain vous serez
libre pour concentrer votre pensée sur le sujet que vous souhaitez. Tandis que
si vous n’avez rien arrangé aujourd’hui, demain vous devrez galoper à droite et
à gauche pour remédier à toutes les lacunes ou erreurs du passé, et vous ne
serez pas disponible pour travailler dans le présent ni pour créer l’avenir.
Ayant compris cela, celui qui veut
méditer commence par se préparer, il se purifie et ne s’embarrasse pas de
toutes sortes de préoccupations inutiles. Quand il a réussi à s’échapper de
cette prison qu’est la vie quotidienne avec toutes ses obligations, quand enfin
il est libre, libre dans son corps, dans ses pensées, dans ses sentiments, et
quand il commence à s’élever intérieurement, la sensation intense qu’il existe
une vie tellement plus belle, plus riche, plus vaste, le projette dans les
régions où circule cette vie… ces régions qui, en réalité, sont en lui-même,
car la vie divine coule en chaque être humain. C’est cette vie qu’il arrive à
goûter, pour un moment, et une fois qu’il a fait cette expérience, il ne peut plus
l’oublier ; il sait désormais qu’il peut s’arracher à l’engrenage de
forces obscures qui le limitaient, le désagrégeaient, pour entrer dans les
courants bénéfiques et libérateurs de la lumière.
La méditation est une opération
psychologique, philosophique, un travail cosmique de la plus haute importance.
Quand vous avez appris à vous discipliner, votre pensée accepte de se
soumettre ; vous voulez la mettre ne marche, elle se déclenche ; vous
voulez l’arrêter, elle s’arrête, comme si les cellules de votre organisme tout
entier avaient décidé de vous obéir. Mais tant que vous n’êtes pas arrivé à
cette maîtrise, il vous faut des heures et des heures pour vous apaiser ;
vos cellules continuent à s’agiter, elles ne vous écoutent pas, elles vous
disent : "Si tu crois que tu vas si facilement t’imposer à
nous ! Nous nous moquons bien de toi, nous n’avons aucune considération
pour toi, parce que tu nous as montré que tu es trop ignorant, trop
faible". Et elles n’en font qu’à leur tête. Vous en connaissez tous quelque
chose, n’est-ce pas ?
La méditation est une des méthodes les
plus efficaces pour se libérer des tourments psychiques. Mais celui qui décide
de pratiquer la méditation doit savoir que cette décision ne restera pas sans
conséquence, car il entre dans un univers où les lois sont aussi strictes et
implacables que celles du monde physique. Donc, attention, la décision de
méditer doit s’accompagner d’autres décisions et en particulier celle d’adopter
une certaine discipline de vie. Il vaut
mieux ne pas pratiquer la méditation si l’on a pour but dans l’existence
l’argent, le pouvoir, la gloire, les plaisirs, etc… car c’est le plus sûr moyen
de se casser la tête.
Ceci bien compris, il est aussi
nécessaire, pour méditer, de bien connaître la nature du travail psychique.
D’abord, il ne faut pas tellement se préoccuper du temps. Combien de gens qui
veulent méditer sont là, pressés, crispés, obsédés par la pensée qu’il faut
finir vite, parce que toutes sortes d’autres activités les attendent. Et c’est
cela qui les empêche de se concentrer. Il y a, dans leur inconscient, quelque
chose qui les bloque et qu’ils doivent prendre en considération pur l’analyser.
Ils vont m’objecter que la vie est ainsi faite, qu’ils ont un travail, une
famille et toutes sortes de préoccupations. Je sais bien, mais si pour une
demi-heure, une heure, ils s’habituent à ne pas se sentir pressés, quand ils
reprendront ensuite leurs travaux, ils s’apercevront que tout marche dix fois,
cent fois mieux. Chaque chose en son
temps, à sa place… Du moment que vous avez décidé de méditer, ne pensez à rien
d’autre, vous aurez assez de temps ensuite pour vous occuper du reste.
Efforcez-vous d’être à ce que vous faites, car il y a un temps pour tout.
Sinon, il n’y a plus de temps pour rien, parce qu’on n’a jamais la tête où il
faut : quand on doit méditer, on pense à toutes les tracasseries
quotidiennes, et quand on est pris jusqu’au cou dans ses obligations, on se dit
qu’il faudrait méditer ! Dites-moi un peu si c’est intelligent…
Alors, supposons que vous êtes
maintenant dans un état intérieur convenable pour méditer… Il y a encore une
règle à connaître, c’est que vous ne devez pas exiger de votre cerveau qu’il se
concentre brusquement sur un sujet, car vous violentez les cellules nerveuses
qui réagissent en se bloquant et vous n’arriverez à rien sauf à avoir mal à la
tête. Il faut donc commencer par se mettre dans une attitude réceptive, se
détendre, s’apaiser, ne penser à rien, mais rester tout de même vigilant. Bien
sûr, sans entraînement ce n’est pas si facile, mais à la longue il suffira
seulement de quelques secondes. Et au moment où vos sentez que votre système
nerveux est bien disposé, dans une attitude réceptive qui lui permet de se
recharger, de reprendre des forces, vous pouvez orienter votre pensée vers le
sujet choisi.
Omraam
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