Lorsque par son travail patient, assidu,
par une attention constante, un être humain est arrivé à renforcer sa volonté,
purifier son cœur, éclairer son intellect, élargir son âme et sanctifier son
esprit, il devient "le temple du Dieu vivant" comme dit saint Paul.
Son corps physique lui-même est un temple, et il peut appeler le Seigneur pour
qu’Il vienne l’habiter. Aucune construction, aucun édifice sacré ne peut se
comparer à un corps qui a été purifié, illuminé, sanctifié.
Mais combien de temps faudra-t-il encore
pour que les humains acceptent au moins l’idée que leur corps physique est
prédestiné à devenir le temple de Dieu ? En le mettant continuellement au
service de leurs convoitises, ils en font une écurie, une basse-cour remplie
d’immondices. Comme le Temple de Jérusalem où les marchands avaient amené
toutes sortes de bestiaux et de volailles qu’ils vendaient. Personne n’était
indigné, tout le monde trouvait ça normal. Mais Jésus a pris des cordes pour en
faire un fouet et les a tous chassés en disant : "Otez cela d’ici, ne faites pas de la
maison de mon Père une maison de trafic". Alors, ne vous conduisez pas
comme les marchands du Temple, ne faites pas de votre corps un repaire d’animaux,
car ce n’est évidemment pas le Seigneur qui viendra l’habiter, mais des entités
inférieures, des indésirables qui aiment beaucoup cette compagnie.
Ce temple de Dieu dont vous entreprenez
la construction restera encore longtemps invisible, car il est le résultat d’un
travail intérieur de longue haleine. Mais un jour, la lumière qui se dégagera
de votre visage et de tout votre corps révélera que le Seigneur a fait de vous
sa demeure. Seulement, je le répète, soyez patient, car c’est très long. On
rencontre parfois dans la vie des êtres d’une beauté, d’un charme
extraordinaire, mais quand on voit leur conduite déplorable, on se dit que s’il
y avait une justice absolue, ils devraient avoir une apparence extérieure
repoussante. Ce manque de correspondance entre l’intérieur et l’extérieur vient
de ce que les états de conscience se modifient beaucoup plus rapidement que la
forme extérieure. Il s’agit donc d’une absence de correspondance entre le passé
et le présent. L’être humain peut en un seul jour changer complètement de
philosophie, de conception du monde, tandis que son apparence physique se
transforme très lentement, car elle est modelée dans une matière beaucoup plus
résistante que la pensée.
Imaginez un homme d’une grande laideur,
mais qui a embrassé une philosophie divine : peu à peu cette philosophie
descend en lui et anime la matière de son corps physique, au point qu’un jour
celle-ci devient le reflet exact de sa vie intérieure, de son âme, de son
esprit : elle est belle, rayonnante, divine. Et l’inverse est tout aussi
vérifiable. Il est donc difficile de se prononcer sur la réalité profonde des
êtres. Souvent, on s’arrête sur une forme qui parle encore du passé, et on se
trompe. Ce n’est qu’une question de temps : tôt ou tard la forme finit par
refléter la vie intérieure. Ainsi, tout
le monde possède un visage intérieur différent de celui qu’il présente chaque
jour à la vue des autres, c’est le visage de son âme. Il n’a pas les traits
défins et immuables de son visage physique, il se modifie continuellement, car
il dépend étroitement de sa vie psychique, de ses sentiments, de ses
pensées ; selon les moments il apparaît lumineux ou ténébreux, harmonieux
ou grimaçant, expressif ou figé. C’est ce visage intérieur que chacun doit
chaque jour modeler, sculpter, peindre, éclairer, pour qu’il imprègne enfin un jour
son visage physique.
Le visage que vous avez aujourd’hui a
été dans une autre vie le visage de votre âme. Il est la somme des vertus ou
des vices que vous avez nourris, et si vous n’êtes pas content de lui, vous ne
pouvez pas pour le moment y changer grand-chose. Donc, ne vos occupez pas de
lui, mais occupez-vous de l’autre visage qui est le modèle intérieur à l’image
duquel vote visage physique s’est formé. Dès que vous lui apporterez
consciemment une amélioration, peut-être les gens autour de vous ne s’en
rendront-ils pas compte, mais les anges le verront et vous recevrez leurs
bénédictions. Le visage physique commence par résister aux modifications, mais
après un certain temps sa résistance cède sous la poussée de l’autre visage, le
visage de l’âme qui est puissant et qui impose ses traits au visage physique.
Déjà, par moments, il laisse transparaître un peu de sa beauté ; car il
arrive que l’âme rayonne de tant de lumière, de bonté, de noblesse, que ce
rayonnement traverse le visage physique, alors on aperçoit furtivement le
visage spirituel, le visage d’en haut. Continuez patiemment votre travail et un
jour vos deux visages parviendront à n’en faire qu’un.
Mais quelle que soit l’apparence
physique d’un être, il y a tout de même quelque chose qui ne trompe jamais et
qui révèle exactement sa nature profonde, ce sont ses émanations, ses fluides.
Si vos êtes capable de les percevoir, que cet être soit beau ou laid, vous ne
vous tromperez pas ; ses émanations expriment absolument son état intérieur,
et si elles sont ternes, si elles sont dissonantes, si elles sont malsaines,
elles expriment exactement ses pensées, ses désirs. On ne peut pas réellement
voir l’âme d’un être, mais on peut sentir ses émanations, et si ces émanations
sont pures, lumineuses, on ne se trompe pas en disant que c’est une belle âme.
Quelquefois, même ces émanations sont tellement puissantes que, malgré leur
subtilité, elles deviennent visibles. Il existe par exemple des gens
extrêmement laids, difformes même, mais voilà que pour un moment ils sont
métamorphosés. Ce sont leurs émanations qui pour un instant se sont révélées
plus puissantes que leur apparence physique, et s’ils persévèrent dans la même
voie ce changement sera un jour définitif.
J’aime les artistes : l’art est une
porte ouverte sur le Ciel, un chemin vers la Divinité ; mais malgré cela
je trouve qu’il existe encore des degrés supérieurs de l’art. Les artistes
créent la beauté, mais elle reste en dehors d’eux, ce n’est pas encore sur leur
propre matière qu’ils travaillent pour refléter, exprimer la beauté du monde
divin. Or, le peintre qui ne travaille jamais sur les couleurs de son aura
n’est pas un peintre. Le peintre, le musicien, le poète qui n’a jamais pensé à
accorder son intellect, son cœur et sa volonté, ne possède pas encore la
science des couleurs, des sons, du Verbe. Il faut comprendre que l’art
véritable, c’est de se créer soi-même par ses pensées, ses sentiments, ses
gestes, ses paroles, ses regards… Et chaque jour, il y aune exposition
présentée devant les anges… Alors, pourquoi tant d’artistes s’abîment-ils la
santé à vouloir monter sur les planches, plastronner et se faire applaudir par
la foule, quand tous les jours, chacun a là, dans le monde invisible, tout un
public angélique qui attend de pouvoir admirer ses œuvres ?
Celui qui travaille dans son for
intérieur, avec exactitude et clarté, a créer les plus belles couleurs, les
plus belles formes, les plus belles harmonies, ne se plaindra jamais de ne pas
être apprécié et reconnu par les humains : il sait, il sent que son
travail est là en lui, il ne peut pas se décourage, il ne peut pas douter.
"Oui, mais on ne voit aucune de ses
œuvres", direz-vous. Pour le moment peut-être, oui, mais je vous l’ai dit,
il y a dans le monde invisible d’autres créatures qui viennent contempler ses
expositions, écouter ses concerts, lire ses poèmes. Donc, l’artiste par
excellence est celui qui, conscient du travail spirituel à réaliser, a pris
comme matière à sculpter sa propre chair, comme toile à peindre son visage et
son corps, comme terre à modeler sa pensée et ses sentiments, car il veut que
la beauté et l’harmonie de la création passent à travers lui. Il devient
véritablement le temple du Dieu vivant, et c’est à ce moment-là, que Dieu
entend ses prières. Car le pouvoir d’une prière ne dépend pas du lieu où on la
prononce. Vous pouvez aller prier Dieu dans tous les lieux saints du monde, si
votre propre sanctuaire n’est pas purifié, Dieu ne vous entendra pas. Mai sis
vous avez purifié, illuminé votre sanctuaire intérieur, où que vous soyez,
votre prière s’élèvera jusqu’à LUI.
Et de même qu’il ne doit pas
nécessairement y avoir un lieu, il ne doit pas nécessairement y avoir un temps
pour prier Dieu. Pourquoi chaque religion a-t-elle un jour particulier réservé
au culte ? Pour les musulmans, c’est le vendredi, pour les juifs le
samedi, pour les chrétiens le dimanche… Il n’y a en réalité aucune différence
entre ces jours. Aux yeux de Dieu, touts les jours sont également sacrés,
bénis. Passer six jours à oublier Dieu dans des préoccupations et des activités
matérielles, et le septième, enfin tourner ses regards vers Lui, cela n’a pas
de sens. Dans quel état arrivez-vous devant Lui quand vous avez vécu six jours
n’importe comment ? Croyez-vous qu’Il apprécie cette hypocrisie ? Ce
que vous vivez le septième jour dépend de la façon dont vous avez déjà vécu les
six autres. Donc, dans la véritable religion du Christ, c’est partout et tous
les jours que l’homme se sent dans le temple de Dieu pour Le célébrer et Le
louer, parce qu’Il est lui-même devenu un temple.
Nous avons tous le devoir de rendre
notre corps sacré afin que le Seigneur vienne l’habiter. Et comme le Seigneur
ne vient jamais seul, Il sera suivi de tous les esprits lumineux. A ce
moment-là, rein ne nous manquera, nous aurons le savoir, les pouvoirs, nous
vivrons dans l’émerveillement, parce que ce temple si parfait de notre corps
vibrera à l’unisson avec le temple immense de la Nature. Le Seigneur est
partout. L’univers est sa demeure et son temple. Et nous, en travaillant à la
construction de notre propre temple, nous communions avec tous les autres
temples qui sont innombrables dans l’univers, et c’est ainsi que nous
commençons à vivre dans la conscience cosmique, à partager la vie du Créateur.
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