Depuis le commencement de son évolution,
l’homme a été désireux de créer. Parmi les instincts les plus forts, les plus
tenaces qu’il possède, il y a ce besoin d’être un créateur afin de ressembler à
son Père céleste. Et l’art est une des manifestations les plus frappantes de ce
besoin de création. On l’observe chez les peuples les plus primitifs, comme le
révèlent ces peintures que l’on a retrouvées aux parois de nombreuses grottes
sur tous les continents. Et regardez les enfants : dès leur plus jeune âge
ils commencent à faire des pâtés de sable, des dessins, des coloriage,s à
inventer des histoires, des chansons, des danse,s des déguisement,s à se servir
de toutes sortes d’objets comme instruments de musique, etc.
L’art nous révèle que le besoin
qu’éprouve tout être humain de devenir un créateur ne se limite pas à se
reproduire pour la conservation de l’espèce, instinct que possèdent déjà les
animaux ; il se manifeste comme un besoin d’aller toujours plus loin, de
faire toujours un pas de plus, de remplacer une forme ancienne par une
nouvelle, plus subtile, plus harmonieuse, plus parfaite. Le pouvoir créateur de
l’homme réside plus haut que son niveau de conscience ordinaire ; il se
trouve dans une partie de son âme qui se manifeste comme faculté d’explorer, de
contempler des réalités qui le dépassent et d’en capter les éléments.
Créer, c’est se dépasser, se surpasser.
Certains parlent d’imagination… Si on veut ; mais alors il faut savoir que
ce que l’on appelle "imaginer" ne consiste pas à inventer des choses
qui n’existent pas. Au contraire, imaginer, c’est capter des réalités subtiles
qui existent déjà et s’efforcer de les traduire par des mots, des formes, des
couleurs, des sons. Et si dans le plan de la réalisation nous sommes limités,
car pour réaliser il faut posséder une habileté, une technique qui ne sont pas
données à tout le monde, dans le plan de la pensée, du sentiment, du désir,
rien ne nous limite. Donc, cet instinct de création que chaque être porte en
lui le pousse à dépasser ses possibilités ordinaires et le met en contact avec
d’autres régions, d’autres mondes peuplés de créatures supérieures. Et c’est
grâce à cette partie de lui-même qui a réussi à se déplacer, à aller plus loin,
plus haut, pour capter certains éléments entièrement nouveaux, qu’il peut créer
des enfants qui lui sont supérieurs, mais aussi des chefs-d’œuvre qui le
dépassent. Car souvent la création est bine plus belle que son auteur. Vous
voyez là un petit bonhomme de rien du tout, et c’est ce petit bonhomme qui a
produit une œuvre gigantesque, digne d’un géant, d’un titan et dont le monde
entier est émerveillé.
Mais si tous les êtres humains ont ce
besoin de créer, très peu sont capables d’entrer en contact avec les régions
célestes et sont conscients que, pour produire des créations dignes de ce nom,
il faut connaître certaines lois, mais aussi s’exercer. De quelle façon
s’exercer ? Vous allez le comprendre.
Comment se fait-il que la terre, qui est
terne, nue et stérile en hiver, se couvre au printemps et en été d’une végétation
si belle et colorée : des herbes, des fleurs, des feuilles, des
fruits ? C’est parce qu’à cette période-là, elle se trouve, par rapport au
soleil, dans une positon qui lui permet de mieux recevoir sa lumière et sa
chaleur et de capter ainsi certains éléments qu’elle est incapable de produire
elle-même. Une fois en possession de ces éléments, elle se met au travail et
elle donne des chefs-d’œuvre colorés, parfumés, sucrés, nourrissants, qu’elle
offre à toutes les créatures. De même, si l’homme veut créer et produire des
œuvres remarquable,s il doit apprendre à s’exposer au soleil spirituel et faire
des échanges avec lui.
Vous comprenez mieux maintenant pourquoi
nous allons le matin contempler le lever du soleil : pour apprendre à
créer des œuvres qui lui ressemblent, des œuvres vivifiantes, limpides, pleines
de lumière et de chaleur. Le soleil avec sa lumière, sa chaleur et sa vie est
un moyen de nous rapprocher de Dieu, de nous unir à Lui, parce que c’est dans
ces échanges avec le Seigneur que nous devenons des créateurs, comme Lui. C’est
là la raison d’être de la prière, de la méditation, de la contemplation :
s’arracher à son état de conscience ordinaire, s’élever au-dessus de soi-même,
se déplacer, se surpasser. Pour donner des chefs-d’œuvre inoubliables,
éternels, un créateur ne doit pas rester uniquement au niveau des cinq sens,
mais grâce à ses corps subtils s’efforcer d’entrer en relation avec le monde
divin.
Qu’est-ce que l’inspiration ?
L’entrée dans un être humain d’une entité spirituelle. Cette entité qu’il a
réussi à attirer prend possession de lui, afin d’exécuter à travers lui ce que
lui-même serait incapable de réaliser. Par lui-même, dans son état ordinaire de
conscience, l’être humain n’est pas tellement capable de produire des créations
géniales, divines, mais en sachant comment les attirer, il peut être visité par
des entités très évoluées qui viennent l’inspirer. Si les artistes du
passé : architectes, sculpteurs, peintres, musiciens, poètes, philosophes…
ont donné de tels chefs-d’œuvre à l’humanité, c’est qu’ils connaissaient
certaines lois de la vie spirituelle. Avant de se mettre au travail, ils se
recueillaient, méditaient et demandaient la bénédiction du Ciel. Ils recevaient
ainsi la révélation de la vraie beauté et la possibilité de l’exprimer et de la
transmettre.
Regardez seulement combien de poèmes de
l’antiquité commencent par une invocation aux dieux ou aux muses ! C’était
une façon de montrer qu’avant de créer, l’artiste doit s’adresser à des êtres
supérieurs pour leur demander de participer à son travail. Mais maintenant, où
trouverez-vous des artistes qui vont prier et méditer avant de créer ? Ils
n’ont pas besoin de l’aide du Ciel ! La majorité des artistes
contemporains ont malheureusement oublié ces pratiques tellement salutaires que
sont la méditation, la contemplation, la prière ; ils restent dans la
prose, dans le bruit, la fumée, ils s’imaginent qu’en vivant une vie
désordonnée, passionnelle, ils créeront des œuvres sublimes. Eh non, la
majorité ne propose au public que des platitudes, des épouvantails, des
monstruosités, des "gargouilles" qui révèlent exactement leur degré
d’évolution. Parce qu’ils ont perdu le secret de la vraie création. Ils se
justifient en disant qu’ils peignent la "réalité". Mais qu’est-ce que
c’est, la réalité ? Il y a toutes sortes de réalités. Ce que nous appelons
la "réalité" dépend de notre façon de voir. Et aujourd’hui c’est la
mode dans l’art de s’arrêter sur les "réalités" les plus prosaïques,
grossières, sordides même. C’est pourquoi les créations contemporaines non
seulement ne contiennent plus cet élément d’éternité qui donne un tel prix aux
œuvres du passé, mais elles abîment quelque chose dans l’être humain.
Et il en est de même des philosophes,
des romanciers, des poètes qui n’ont jamais fait l’effort de s’élever jusqu’aux
régions supérieures de l’esprit : leurs œuvres démolissent ceux qui les
lisent en leur inspirant le doute, la révolte, l’anarchie, le désespoir. Alors,
étudiez bien les états que ces œuvres font naître en vous. La fréquentation des
œuvres littéraires et artistiques ne reste jamais sans conséquences pour
personne. En les regardant, en les écoutant, nous nous lions à leurs créateurs,
nous commençons à sentir et à vivre ce qu’ils ont vécu, car inconsciemment nous
parcourons le chemin qu’il sont parcouru avant nous :: ils nous entraînent
dans les régions qu’ils ont visitées. Et c’est là véritablement l’utilité de
l’art, le côté éducatif de l’art. Lorsque les artistes ont su s’élever jusqu’au
monde divin, jusqu’au sommet de leur être, ils ont rapporté de ces ascensions
spirituelles des éléments qui non seulement continuent à travailler en eux,
mais apportent des transformations bénéfiques dans le monde entier. Voilà
l’idéal d’un véritable artiste, l’idéal d’un Initié.
En somme, les Initiés, les mystiques et
les artistes se rejoignent par le fait qu’ils entraînent l’humanité vers le
haut ; les artistes par leurs chefs-d’œuvre, les mystiques par leurs
vertus et leurs émotions spirituelles, et les Initiés, les grands Maîtres (que
je place encore au-dessus parce qu’ils sont le plus près du monde divin) par
leur capacité à faire briller la lumière de l’esprit. Les artistes s’efforcent
de présenter des formes qui se rapprochent le plus possible de la beauté
idéale ; les mystiques, les religieux se consacrent à l’amélioration du
domaine psychique, moral, c’est à dire du contenu ; et les Initiés, les
grands Maîtres travaillent dans le domaine du sens, c'est-à-dire des idées, des
principes. Ces trois catégories d’êtres se rejoignent dans leur désir de faire
évoluer l’humanité. Seul diffère le domaine dans lequel ils exercent leur
activité.
Ces trois catégories d’êtres
correspondent aux trois principes essentiels dont l’homme est constitué :
l’esprit, l’âme et le corps ; l’intellect, le cœur et la volonté ; la
pensée, le sentiment et l’action. C’est par ces trois principes que l’homme
doit se rapprocher du Ciel. En réalité, les trois sont nécessaires, mais à la
première place on doit mettre l’intelligence, le sens ; ensuite la morale,
les aspirations mystiques un cœur vaste et sensible ; enfin l’action, le
travail, la réalisation. Celui qui veut parvenir à la perfection doit être
capable d’embrasser ces trois mondes ; la philosophie, la religion (qui
comprend aussi la morale) et l’art. Les
humains espèrent toujours quelque chose de nouveau, en pensant que ce sera
mieux, et c’est ce nouveau qu’ils vont chercher dans les expositions, les
musées, le théâtre, le cinéma, les concerts, le music-hall… Ils sont poussés
par cet instinct de trouver mieux, sans savoir, les pauvres, qu’au lieu de
courir après ce mieux dans des lieux matériels, c’est en eux-mêmes qu’ils
devraient le chercher, dans les hauteurs de l’âme et de l’esprit. Car même les
plus grands artistes sont limités dans leurs moyens d’expression, ils n’ont pas
la possibilité d’exprimer exactement tout ce qu’ils voient, entendent ou
sentent dans leurs moments d’inspiration. Même des créateurs comme Mozart,
Beethoven, Léonard de Vinci, Michel-Ange ou Rembrandt n’ont pas réussi à retranscrire
tout ce qu’ils voyaient ou entendaient.
Il ne faut donc pas croire qu’en allant
dans les musées ou au concert on a trouvé le meilleur moyen d’évoluer.
Evidemment, c’est bien, c’est utile, moi aussi je suis allé dans le monde
entier visiter des musées, écouter des concerts, voir des pièces de théâtre.
Mais c’est très peu en comparaison de toutes les visites que j’ai essayé de
faire dans d’autres régions, et ces régions m’ont révélé des splendeurs auprès
desquelles tous les chefs-d’œuvre du monde pâlissent. C’est pourquoi, devant
certaines créations, je ne suis pas toujours respectueux ni admiratif. Ce n’est
pas ma faute, on m’a montré des réalités tellement plus belles, plus
parfaites !
L’intelligence cosmique a déposé en nous
cet instinct qui nous pousse toujours à aller plus loin, afin qu’il y ait une
évolution, un progrès dans l’espèce humaine. Regardez les plantes et les
animaux ; après plusieurs millénaires, ils sont encore à peu près les
mêmes, car ils progressent très lentement. Les humains, eux, ont la possibilité
d’évoluer beaucoup plus vite, mais à condition de faire des efforts pour
développer certaines facultés, sinon ils ne créent pas, ils se contentent de
reproduire. Exactement comme les pères et le s mères qui n’ont fait aucun travail
intérieur avant la conception de leurs enfants : ils reproduisent chez eux
leurs propres faiblesses, leurs propres maladies. Ils croient créer alors
qu’ils ne font que reproduire. Seule est créateur celui qui s’efforce de se
dépasser, de se surpasser, afin d’attirer les régions célestes des éléments
qu’il communiquera ensuite à sa création, et c’est ainsi que ses enfants ou ses
œuvres le dépasseront par leur beauté et leur intelligence. La création n’est
pas une simple reproduction, une copie, mais un pas en avant, une évolution.
C’est parce qu’il est habité par cet instinct de création que chaque être
évolue, que le cosmos tout entier évolue. Car, Dieu excepté, tout doit évoluer.
Voilà pour vous tous de magnifiques
perspectives, des horizons nouveaux : savoir faire des échanges avec les
mondes supérieurs, savoir que la prière, la méditation, la contemplation sont
des moyens de création. Vous n’aurez pas assez d’une existence entière pour
explorer toutes ces possibilités, tellement elles sont vastes. Et vous pouvez
m’objecter tout ce que vous voulez : que les artistes doivent rechercher
des formes nouvelles, qu’ils doivent traduire les réalités de leur temps,
etc... je vous répondrai qu’ils sont en effet libres de créer comme ils
l’entendent. Mais ils doivent comprendre que la véritable mission de l’art,
c’est de pouvoir donner aux humains un avant-goût, un pressentiment du Ciel.
Réfléchissez bine. Jusqu’à maintenant
vous avez pu vérifier que tous les conseils et les méthodes que je vous ai
donnés étaient sensés, bénéfiques ; alors, je vous demande de prendre en
considération ce conseil que je vous donne encore aujourd’hui : de vous
dépasser, de vous surpasser pour pouvoir devenir des créateurs véritables.
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