On peut dire que, schématiquement, Aleph
représente l’homme, un bras levé vers le ciel, l’autre tendu vers la terre.
Elle marque donc le commencement d’une activité. Celui qui lève le bras annonce
sa volonté d’agir. Les bras tendus horizontalement formant une croix avec le
reste du corps, expriment l’équilibre, le repos : c’est dans cette
position que les oiseaux planent. Mais si les bras sont inclinés à l’oblique,
cela montre que les plateaux de la balance sont à des niveaux différents,
l’équilibre est rompu, l’homme sort du repos et veut agir. Aleph est un être
pensant et agissant.
Le geste d’Aleph est celui d’un
intermédiaire entre le ciel et la terre, entre le monde divin et le monde humain :
de son bras levé il attire la vie, la lumière et les énergies d’en haut et de l’autre
il les déverse sur les humains ; et inversement, il attire tout ce qui est
terrestre, humain, et il l’élève jusqu’au ciel. Il est un symbole du Christ, ce
principe cosmique qui fait le lien entre Dieu et les hommes. C’est pourquoi
Jésus disait : « Nul ne peut aller au Père qu’à travers moi ».
Cette idée est aussi exprimée par la première carte du Tarot que l’on nomme le
Bateleur : un homme debout devant une table, un bras levé, l’autre
baissé ; et su r cette carte, justement, est inscrite la lettre Aleph. Par
la position de ses bras, l’un levé et l’autre baissé, il montre qu’il est un
intermédiaire entre le ciel et la terre.
Maintenant, si nous étudions plus en détail
le graphisme de la lettre Aleph, nous voyons qu’elle est formée de quatre Iode.
Le Iod est une lettre qui a la forme du pouce. Il est donc lié à la volonté.
Aleph est une lettre puissante, créatrice, son graphisme révèle qu’il y a en
elle une volonté faite de quatre volontés, de quatre activités, de quatre
directions réunies au centre. Aleph est la lettre de l’espace avec ses quatre
directions : nord, sud, est, ouest, la lettre des quatre éléments :
feu, air, eau, terre, les quatre principes de la matière. Elle est donc le
symbole de l’Initié qui est parvenu à commander aux forces de la nature, aux
quatre éléments. Et cette idée est encore exprimée par la première carte du
Tarot : le Bateleur se tient devant une table qui symbolise l’élément
terre ; il a devant lui une coupe qui symbolise l’eau, et il tient un
bâton qui est dirigé vers le haut, ce qui veut dire qu’il met en relation les
éléments inférieurs : la terre et l’eau, avec les éléments
supérieurs : l’air et le feu.
Ce bâton que tient le Bâteleur n’est
rien d’autre que la baguette du mage. Et quel est le rôle de cette
baquette ? Comme elle est appelée « magique », les ignorants
s’imaginent qu’il s’agit d’un objet doté de pouvoirs surnaturels qu’il suffit
de prendre en main en prononçant quelques formules mystérieuses pour commander
aux esprit set réaliser des prodiges, comme l’apprenti-sorcier des contes. Non,
la baguette magique, comme la formule magique, n’est que le signe extérieur,
matériel, du lien intérieur, vivant, que le Mage doit établir entre le monde
d’en haut et le monde d’en bas. C’est en lui-même d’abord qu’il doit créer ce
lien entre la terre et le ciel. Ensuite, qu’il tienne concrètement ou non une
baguette, c’est secondaire pour l’exercice de son pouvoir.
Devenir un Aleph, voilà le vrai travail.
Tant qu’on n’a pas compris cela, on n’a rien compris des paroles du Christ. Et
comprendre signifie vouloir devenir comme lui : faire le lien entre la
terre et le ciel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire