Lorsque l’esprit de l’homme a quitté le
sein de l’Eternel, il était en possession de tous les savoirs, de tous les
pouvoirs, et il ne les a pas perdus, ils sont profondément enfouis, recouverts
par des couches de matière opaque, mais ils sont toujours là, en lui. Alors,
comment les retrouver ? C’est simple : le travail et le temps… oui,
le travail et le temps nécessaires pour la matérialisation, la concrétisation
des puissances de l’esprit.
Mais ce qu’il faut connaître avant tout,
ce sont les conditions dans lesquelles ce travail de matérialisation est
possible. Ces conditions, beaucoup, même parmi ceux qui se sont engagés dans la
voie de la spiritualité, ne les connaissent pas. Sous prétexte qu’ils ont
entendu parler des pouvoirs de la pensée, ils se lancent dans des exercices de
concentration pour produire certains phénomènes ou réaliser des projets dans le
plan physique ; et comme ils n’obtiennent pas de résultat, ils sont déçus
et ne s’exercent plus, ce qui est dommage. Ou alors, ils persévèrent et
détraquent leur système nerveux, ce qui est encore plus grave.
La nature a donné à l’homme différents
instruments pour agir sur la matière, mais il doit savoir quand et comment les
utiliser. Si vous voulez faire venir par la pensée un morceau de sucre jusqu’à
votre bouche, vous aurez beau vous concentrer, il y a de fortes chances pour
qu’il ne bouge pas. Mais prenez ce morceau de sucre avec la main, portez-le à
la bouche, et ça y est ! Pour saisir les objets, la nature nous a donné
une main, et cela doit nous suffire. Vous direz : "Mais alors, que
doit-on faire avec la pensée ? " Ah ! avec la pensée
on peut réaliser des choses beaucoup plus importantes ; seulement il faut
connaître sa nature, comment elle travaille et quelles sont les conditions
nécessaires pour qu’elle se réalise dans la matière.
Combien de livres compliqués ont été
écrits sur la matérialisation de la pensée ! En réalité, c’est très
simple, et le plus extraordinaire, c’est qu’on a continuellement sous les yeux
des exemples de ce processus, seulement on n’ a pas su les observer et en tirer
des conclusions. Un homme se dit un jour
qu’il serait bien agréable d’avoir un peu d’argent sans se fatiguer. Tout
d’abord, il se contente d’imaginer, il se représente la scène, les
circonstances : la foule dans le métro, ou dans un grand magasin, et sa
main qui se glisse dans une poche ou dans un sac pour prendre un porte-feuille…
Cela reste encore un moment dans sa tête comme une perspective assez vague.
Seulement voilà, comme cette pensée s’est enregistrée, elle déclenche certains
rouages en lui et peu à peu elle descend dans le plan du sentiment : il
commence à désirer ardemment sa réalisation. Les communications, les
branchements sont en train de se faire, et voilà qu’un beau jour, sa main se
faufile dans un sac ou s’empare d’un objet sur un étalage. Donc, vous voyez,
tant que la pensée restait en haut, dans le plan mental, elle était
inopérante ; mais elle est descendue dans le plan astral, le plan du
désir, et de là dans le plan physique. Comment peut-on dire alors que la pensée
ne se réalise pas ?
Prenons encore un exemple. Un garçon
tout à fait pacifique, doux, idéaliste, qui ne ferait pas de mal à une mouche,
entre à l’Université. Là, il commence à lire des livres d’histoire et de
philosophie où il découvre les idées de certains penseurs politiques qui ont
bouleversé des sociétés et entraîné des peuples dans de grandes aventures. Il
se prend de passion pour eux, se plonge dans leurs œuvres, et nourrit des idées
de plus en plus audacieuses. Enfin, il s’inscrit dans un parti avec le désir de
jouer, lui aussi, un rôle et le voilà un jour à la tête d’une révolution dans
son pays. Tout a commencé par des idées, des théories, une philosophie. Alors,
comment douter que la pensée est une puissance formidable ? On ne la voit
pas, elle n’arrive pas à faire bouger un morceau de sucre, mais elle finit par
soulever des millions d’hommes !
La pensée est donc une force, une
énergie, mais en même temps une matière d’une extrême subtilité qui travaille
dans des régions très éloignées du plan physique. Elle traverse les murs et les
objets sans laisser de traces et, pour pouvoir agir sur la matière, elle a
besoin qu’on lui construise des ponts, c'est-à-dire toute une série
d’intermédiaires. Donnez-lui ces intermédiaires et vous verrez qu’elle est
capable d’ébranler l’univers. Vous avez regardé comment fonctionnent les
machines dans une usine ? Tout est branché, tout est prêt, il y a juste un
bouton, là, un simple bouton sur lequel il suffit d’appuyer ; et comme ce
bouton est relié à une quantité de rouages, de circuits de transmission, au moment
où on appuie, toutes les machines se mettent en marche et, au bout de la
chaîne, là-bas, on voit bientôt apparaître un objet entièrement réalisé.
La pensée que l’homme projette agit déjà
dans sa région, en haut, où elle met en marche des appareils d’une grande subtilité.
Mais tant que la communication n’est pas correctement établie d’un plan à
l’autre, tant que les relais de transmission ne sont pas installés, elle ne
peut pas se concrétiser par des actes dans le plan physique ; il y a des
trous, des zones mortes, le courant ne passe pas. Tout n’est donc qu’une
question de communication, de transmission. Jamais la pensée n’exerce
directement son pouvoir dans le plan physique. Il lui faut des intermédiaires.
On ne saisit pas des braises avec la main, mais avec des pincettes ; et
pour se servir de potage on prend une louche. Et le bras, si l’on veut
comprendre ce qu’est un bras, eh bien, c’est justement un intermédiaire entre
la pensée et l’objet. Lorsque vous prenez un morceau de sucre qui agit ?
Votre pensée, car c’est votre pensée qui conduit le bras. Mais la pensée ne
suffit pas, il faut le sentiment, car si vous n’avez pas envie de sucre ou si
vous ne l’aimez pas, votre bras n’ira pas le prendre.
Il existe évidemment un lien entre la
pensée e t l’action, mais c’est entre le sentiment et l’action que ce lien est
le plus fort. Pourquoi, quand vous éprouvez de l’amour ou de la colère, ce
sentiment se fraie-t-il immédiatement le chemin jusque dans le plan
physique ? Que vous le vouliez ou non, vous faites les gestes qui lui
correspondent. Aimez quelqu’un, et vous êtes instinctivement poussé à lui
sourire, à la caresser, à l’embrasser, à lui apporter des cadeaux. Soyez irrité contre lui, et vous devez faire des
efforts pour ne pas le foudroyer du regard ou lui donner une paire de
gifles. Chaque sentiment se manifeste à
travers des gestes déterminés. C’est toujours la pensée, soutenue par le
sentiment, qui fait courir les gens ou qui les arrête, qui suscite des guerres,
des dévastations ou les plus nobles entreprises…
La pensée est donc bien une puissance,
mais à condition qu’il y ait les bras pour la réaliser. Et l’homme lui-même est
un exécutant, un bras. Le bras d’un homme est un symbole de l’homme lui-même,
qui représente alors un autre bras. Oui, le bras est résumé de l’homme :
l’homme est un bras pour la pensée, et il se peut que la pensée soit aussi un
bras pour d’autres pensées dans des régions de plus en plus élevées… jusqu’à la
divinité qui utilise tous les bras, c'est-à-dire toutes les créatures.
S’il y a une chose qui’ ne faut jamais
oublier, c’est que toutes les pensées que nous formons, les plus faibles, les
plus insignifiantes soient-elles, sont une réalité, car chaque pensée est une
entité vivante. Et ce n’est pas parce qu’elle ne touche pas directement le plan
physique qu’on peut en conclure qu’elle ne se réalise pas. Elle se réalise,
mais dans la région qui est la sienne : le plan mental, et c’est seulement
là qu’elle agit, comme on peut l’observer dans le cas de l’hypnotisme (sujet
abordé dans un autre post) .
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