Pour porter des jugements et tirer des
conclusions, l’intellect se base sur l’apparence des êtres et des choses et sur
la vision partielle qu’il en a ; il ne peut donc pas en obtenir une vision
synthétique, pas plus qu’une connaissance de l’intérieur. C’est pourquoi il ne
permet pas à l’homme de se prononcer correctement sur la réalité. Bien sûr, en
accumulant une multitude de données on peut finir par avoir approximativement
un aperçu de la totalité, mais combien de temps cela prendra-t-il ? D’ici
là, on ne manquera aucune occasion de commettre des erreurs ; et surtout
il y a des éléments subtils, impalpables, que l’intellect ne pourra jamais
saisir.
Quand vous rencontrez quelqu’un, vous ne
pouvez pas le connaître d’un seul coup ; il faut le fréquenter longtemps
pour avoir une idée de son caractère, de ses facultés, de ses qualités, de ses
faiblesses. Seule l’intuition permet de le découvrir instantanément dans sa
totalité, car l’intuition n’a pas besoin d’étudier et d’observer pour
juger ; elle pénètre immédiatement au cœur des êtres et des choses, et
elle se prononce impeccablement. Pourquoi ? Parce que l’intuition, qui est
une faculté du plan causal (plan mental supérieur), possède l’extraordinaire
pouvoir de réaliser des synthèses, alors que l’intellect, faculté du plan
mental inférieur, n’est capable que de faire des analyses.
Pour avoir une idée exacte d’un édifice,
on doit non seulement en faire le tour, mais aussi en avoir un aperçu de
l’intérieur. Or, que fait l’intellect ? Il reste fixé sur les quelques
éléments extérieurs, matériels qu’il a sous les yeux en répétant ;
« c’est moi qui ai raison, c’st moi qui suis dans le vrai ». Non,
l’intellect est lin de la vérité, parce que dans l’espace comme dans le temps
il se limite à quelques aspects de la réalité. Il découvrir la vérité, il ne
faut jamais étudier les êtres et les choses en les isolant de l’étendue et de
la durée. Si on raisonne sur une courte période de temps, une vie humaine par
exemple, on ne comprendra pas grand-chose aux événements qui s’y produisent,
car cette vie n’est qu’un maillon d’une longue chaîne. Pour comprendre ce qu’un
être vit au cours d’une de ses incarnations, il ne faut pas considérer cette
incarnation isolément, mais dans la continuité, en la reliant à toutes les
incarnations passées depuis des siècles et des millénaires, et en même temps a
savoir que cette existence se poursuivra dans le futur. On se trompe toujours
sur la signification à donner au présent si on ne le replace pas dans cette
continuité qui v a du passé au futur, car rien ne se produit par hasard et sans
cause.
Chaque événement étant la conséquence
d’un événement antérieur, vous ne saurez pas interpréter correctement le
présent si vous ne jetez pas un regard sur le passé. Et ce n’est pas
tout ; ce présent qui est la conséquence du passé, il est possible de
travailler sur lui pour que l’avenir soit meilleur, plus beau, plus lumineux.
Donc, pour bien comprendre le présent d’un homme, non seulement il faut le
considérer comme la conséquence d’un passé lointain, mais aussi comme le point
de départ pour une nouvelle existence. Celui qui étudie une vie humaine sans
tenir compte du fait qu’elle est reliées à des vies passées et à des vies futures
ne peut pas en avoir une appréciation exacte. Et cette règle n’est pas
seulement valable pour le temps, elle est aussi valable pour l’espace. Depuis
l’endroit où vous vous trouvez sur la terre, vous ne pouvez voir qu’un tout
petit espace avec quelques maisons, quelques arbres, et peut-être quelques
sommets au loin. Mais prenez l’avion : de là-haut vous apercevez des
villes entières, des fleuves, des chaînes de montagnes… plus vous vous élevez,
plus s’élargit l’espace que vous pouvez embrasser du regard. Le même phénomène
se produit dans la vie intérieure ; alors quelle vision des choses
allez-vous choisir ?
Tous ceux qui étudient les objets ou les
créatures sans les replacer dans l’ensemble de la vie, ne peuvent pas trouver
la vérité. Voilà un sujet de réflexion pour les scientifiques et les
chercheurs, quel que soit leur domaine, car tous ont trop tendance à se
spécialiser. Evidemment, ce qui est bon chez les spécialiste, c’est qu’ils sont
très compétents dans leur domaine ; mais ils connaissent rarement le
domaine du spécialiste voisin. C’est surtout frappant en médecine où il y a de
plus en plus de spécialistes et de moins en moins de généralistes. Vous direz
que ces spécialisations correspondent à celles que l’on trouve dans
l’organisme, où chaque organe (foie, rate cœur, poumons, reins etc…) a une
fonction déterminée. Bien sûr, mais ces spécialistes-là, que sont les organes
ont tous des liens les uns avec les autres, ils communiquent entre eux, ils
forment une vraie fraternité en travaillant pour cette unité qu’est l’homme.
On ne peut nier que la spécialisation
soir à l’origine de progrès fantastiques. Pour approfondir leurs connaissances
dans un domaine, les scientifiques doivent limiter leur champ d’investigation.
Oui, mais ensuite il est important qu’ils sachent voir les liens qui unissent
le sujet qu’ils étudient avec la totalité des existences. Or, que
font-ils ? Ils détachent une petite écorce de l’arbre cosmique, et quand
ils l’ont bien pesée, bien épluchée, ils écrivent des livres ou rassemblent
quelques centaines de personnes, leurs collègues, leurs étudiants pour leur
présenter les résultats de leurs recherches. Et c’est cela qu’ils appellent
« science ». Mais une fois que ce morceau est occupé, d’une certaine
façon il est mort ! Puisqu’il est retranché de la vie universelle, il est
mort. Il n’est peut-être pas mort physiquement, mais il est mort du point de
vue de la vie cosmique.
C’est pourquoi, un jour, les
scientifiques seront obligés d’admettre que, par leur manière de procéder, ils
ont énormément contribué à la mauvais e compréhension de cet ensemble qu’est la
vie, et ils seront penauds. Bien sûr, quand ils énumèrent les particularités
d’un minéral, d’une plante ou d’un animal, il n’y arien à leur reprocher ;
mais si ce qu’ils disent est exact, cela ne représente qu’un fragment de la
réalité. Pour avoir une vision complète, il faut qu’ils relient l’objet de leur
étude à la vie cosmique qui jaillit, qui vivre, qui rayonne. Détachés de cette
vie, la plante, la pierre, l’animal, l’homme ont perdu l’essentiel. C’est
pourquoi tant que les spécialistes des différentes disciplines continueront
dans cette voie, ce qu’ils appelle vérité scientifique sera une vérité
incomplète, mutilée. Comprenez-moi bien, il ne s’agit pas de critiquer ou de
nier les découvertes scientifiques ; le problème est ailleurs, dans la
tête des chercheurs, dans leur attitude envers la vie, dans leur incapacité à
relier les objets et leur étude à l’ensemble de la vie ; ils mettent trop
l’accent sur l’analyse et négligent l synthèse. Or, qu’est ce que
l’analyse ? Une descente dans la matière. Et la synthèse ? Une montée
vers l’esprit ; plus on s’élève, plus on perd le détail des êtres et des
choses, mais on découvre les relations qui existent entre eux et on marche
ainsi vers le savoir véritable. Le savoir, c’est de regarder du point le plus
élevé afin d’avoir une vision de la totalité.
Pour pouvoir analyser les choses, il
faut s’approcher d’elles et les séparer, mais peu à peu, cette séparation des
éléments finit par produire la mort. La mort n’est rien d’autre que l’analyse
parfaite. Oui, et on peut donc dire que l’analyse conduit à la mort, alors que
la synthèse tend vers la vie. Une preuve : pour former son enfant, que
fait la mère ? Elle rassemble des milliards d’éléments. L’enfant, c’est
cette synthèse vivante qui respire, qui bouge,
qui mange, qui parle. Des années plus tard, quand l’heure de l’analyse a
sonné, chaque particule du corps s’en va rejoindre la région d’où elle est
venue ; la terre, l’eau, l’air ou le feu… exactement comme les lettres
retournent dans les casiers du typographe. Celui qui a choisi l’analyse comme
méthode exclusive de connaissance marche vers la mort, la mort
spirituelle ; or, que fait la science ? Elle travaille de plus en
plus dans le sens de l’analyse ; elle découvre des particules toujours
plus minuscules de la matière ; elle décompose, disloque, désintègre… mais
le plus grave, c’est que ces méthodes d’investigation qu’ils emploient pour
étudier la matière, les chercheurs ont fini par les appliquer à l’être humain.
Lui aussi, ils essaient de le connaître
en le déchirant, en le coupant en morceaux. Et cette tendance à la dissection
s’est maintenant tellement affirmée, renforcée et soulignée partout dans les
sciences quelle a fini par influencer aussi la vie sociale, morale,
spirituelle ; tous sont pour l’analyse ; diviser, séparer, disloquer,
déchirer. Même dans les familles, chacun est devenu tellement analyste qu’on ne
se supporte plus ; pour un rien, on se sépare.
L’analyse et la synthèse … si vous
vous observez, vous constaterez l’importance que prennent ces deux opérations
mentales dans vos réactions vis-à-vis des êtres humains. Vous rencontrez un
inconnu, vous commencez par l’analyser ; son nez, sa bouche, ses gestes…
ses qualités, ses défauts, sa profession, combien d’argent il gagne ...
Maintenant vous rencontrez un ami : vous ne vous préoccupez pas de ces
détails, vous l’acceptez tel qu’il est, vous vibrez à l’unisson avec son être
entier. Mais s’il vous arrive à un moment d’être irrité contre, immédiatement,
voilà l’analyse, et vous le coupez en morceaux. Puis, de nouveau, quand vous
retrouvez votre affection pour lui, vous lui pardonnez, parce que vous voyez
l’ensemble et que vous oubliez les détails, c'est-à-dire les gestes, les paroles
qui vous ont irrité. La synthèse ne s’arrête pas sur les petites choses, au
contraire de l’analyse qui, non seulement s’arrête dessus, mais les grossit
tellement que pour une puce, on brûle toute la couverture. Pour la plus petite
erreur, celui qui analyse est capable de massacrer quelqu’un. En réalité cet
être, comme lui, est un fils de dieu, mais ce n’est pas cela qu’il voit, il
voit la faute et la vision de cette faute obscurcit tout le ciel.
L’hostilité, les parties pris, la
guerre… voilà les résultats de
l’analyse. Et si on considère les etats, très souvent le patriotisme, le
nationalisme, par exemple, ne sont que des manifestations de cette philosophie
de la séparativité universelle. Je n’en nommerai aucun, parce qu’il n’est pas
dans ma mission de m’occuper de politique ; je ne fais qu’observer les
événements et je les explique à la lumière de la science initiatique. Dans le
monde entier, et même dans les pays occidentaux, apparaissent toutes sortes de
mouvements qui prêchent la séparation,
le rejet. De plus en plus les gens deviennent analystes, et si ça continue,
vous verrez, d’ici quelque temps le monde entier sera tout à fait bien
« analysé ». Alors là, en morceaux !... Je ne veux pas dire que
les pays doivent cesser d’être libres ou autonomes, mais seulement qu’ils ont
des efforts à faire pour se sentir membres d’un même organisme, d’un ensemble,
d’une unité plus vaste, afin que la vie circule harmonieusement entre eux. Il
faut maintenant se préoccuper de la synthèse, parce que la synthèse c’est la
vie.
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