On a donné de la vérité toutes sortes de
définitions qui n’ont réussi qu’à embrouiller la question. Il est impossible de
dire ce qu’est la vérité, car elle n’existe pas en tant que principe
isolé ; seuls existent la sagesse et l’amour dont l’union produit la
vérité. Combien de gens prétendent qu’ils sont dans le vrai ! C’est facile
d’avoir ces prétentions, mis quand on les voit agir… parce que justement, ce
qu’ils appellent la vérité n’est pas le fruit de la sagesse et de l’amour
véritables, ce n’est que leur vérité à eux. Seul le comportement d’un être
révèle s’il est dans le vrai. Ce qui est extraordinaire, c’est que les humains
font de la vérité une sorte d’abstraction, alors que c’est au contraire dans
leur façon d’être, de se manifester tous les jours qu’elle apparaît
concrètement.
Et combien de gens prétendent qu’ils
cherchent la vérité sans arriver à la trouver. Or, justement c’est parce qu’ils
la cherchent qu’ils ne la trouvent pas. En réalité, ils n’ont rien à chercher
ni rien à trouver ; ils ont seulement à progresser dans la voie de la
sagesse et de l’amour. Mais surtout qu’ils se gardent bien d’attendre la vérité
sous la forme qui correspond le mieux à l’idée qu’ils s’en font. Et quelle idée
s’en font-ils ? Eh bien, que la vérité doit se conformer à leurs désirs.
Il est rare qu’ils la voient comme une lumière qui doit les tirer vers le
haut ; au contraire, ils veulent la faire descendre à leur niveau… très
bas, et la mettre à leur service.
Pendant des siècles – et encore un peu
de nos jours, malheureusement ! – les hommes sont cherché une épouse comme
on cherche une servante ; ils avaient besoin d’avoir à la maison une femme
qui leur donne des enfants, qui leur fasse la cuisine, le ménage, la lessive,
qui raccommode leurs vêtements et supporte leur mauvais humeur. Eh bien, c’est
ainsi que la majorité des humains cherchent la vérité ; oui, ils cherchent
une servante. Or, voilà qu’il n’y a pas de vérité servante ; au contraire,
c’est à ceux qui aspirent à la vérité de devenir, eux, ses chevaliers servants.
Car la vérité est une princesse ; « et moi, je veux être un
prince » direz-vous. C’est entendu, pourquoi pas ? Mais alors vous
devez vous montrer digne de ce rang en vous élevant jusqu’à elle, et non tenter
de la faire descendre à votre niveau.
Quel homme oserait faire irruption dans
un palais royal en annonçant qu’il va épouser la princesse et se faire proclamer
prince héritier ? Vous avez lu dans les contes combien d’épreuves devait
traverser le jeune audacieux qui voulait obtenir d’un roi la main de sa
fille ; s’il ne savait pas se montrer à la hauteur de ses ambitions, il
mourait ; eh bien, ces contes sont très profonds, et ils doivent vous
faire réfléchir, car il en est de même pour la vérité ; elle est la fille
du roi, du roi céleste, et si vous vous présentez devant elle sans être prête à
la servir pour montrer que vous êtes digne d’obtenir sa main, elle ne vous
accordera même pas un regard. Donc, non seulement vous ne parviendrez pas à la
gagner, mais vous mourrez ; oui, spirituellement parlant, vous mourrez.
La vérité, on peut seulement s’approcher
d’elle en cherchant à manifester l’amour et la sagesse. Alors, maintenant, si
vous m’avez compris, vous devez à chaque instant vous analyser ;
« voyons, quelle est la nature de mes sentiments ? Est-ce le
véritable amour ?... Et ma pensée, comment envisage-t-elle les
choses ? Est-ce qu’elle suit la voie de la sagesse ? Ne s’est-il pas
glissé un élément trop personnel qui va m’induire en erreur ? » C’est
ainsi que peu à peu vous lierez en vous le corps astral au corps bouddhique, le
corps mental au corps causal et que votre corps physique manifestera les pouvoirs
du corps atmique. A ce moment-là, oui, vous aurez trouvé la vérité, car vous
vivrez dans la vérité. Et la vérité, je vous l’ai dit, embrasse la totalité des
existences.
Au fur et à mesure que nous progressons
dans l’amour et la sagesse, nous découvrons la vérité, nous devenons la vérité.
Jésus disait : « je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Pourquoi les chrétiens n’ont-ils pas encore compris le sens profond de cette
phrase ? Eh bien, justement, parce qu’ils n’ont pas compris que la vérité
est le fruit de l’amour et de la sagesse.
« je suis le chemin, la vérité et
la vie » - ces paroles, dans combien d‘églises et de temples ont-elles été
inscrites ! Mais si ceux qui les lisent ne savent pas comment situer ces
trois mots « chemin, vérité et vie » les uns par rapport aux autres,
à quoi cela sert-il ? Ces trois mots, c’est vrai, appartiennent à des
domaines totalement différents. Le chemin représente une réalité physique,
concrète. La vérité est considérée comme une notion abstraire, un des thèmes philosophiques
sur lesquels les humains ont la plus grande difficulté à se mettre d’accord.
Quant à la vie, elle reste pour eux une réalité extrêmement vaste et vague, car
il en voient les innombrables manifestations sans pouvoir dire ce qu’elle elle.
Ces paroles de jésus, encore une fois
c’est l’image du fleuve qui nous aidera à les comprendre, car seule l’image du
fleuve permet de faire de ces trois mots, chemin, vérité et vie, un ensemble
cohérent. A l’origine d ‘un fleuve, il y a une source qui jaillit, et cette
source représente la vérité. De cette source coule l’eau ; la vie ;
et au fur et à mesure du temps, l’eau creuse son lit ; le chemin. Jésus
voulait donc dire ; « je suis le fleuve qui descend de la source
céleste, j’apporte l’eau de la vie, et si vous voulez boire de cette eaux,
suivez mon chemin ». Cette image du fleuve descendant du ciel est aussi la
dernière vision de saint jean dans l’apocalypse ; « et il me montra
un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de dieu ».
A l’origine, il y a donc la source (la
vérité) : de cette source coule la vie (l’amour) : et le chemin
qu’empreinte cette eau pour descendre jusqu’à nous, le lit du fleuve, c’est la
sagesse. L’eau vient de la source, en haut, et elle descend pour vivifier
l’univers entier. Mais si nous voulons la boire dans toute sa pureté, c’est à
nous de nous élever jusqu’au sommet en empruntant le chemin de la sagesse. Car
c’est la sagesse qui nous conduit ; la sagesse n’est pas un but, elle est
un guide. Mais nous ne pouvons chercher que si nous avons la vie, l’eau qui
nous soutient ; et cette vie, c’est l’amour. Enfin, si nous marchons,
c’est pour nous élever jusqu’à la source, la vérité, afin de boire l’eau pure
et cristalline des sommets. Rien n’est plus clair que cette image qui
représente le programme à réaliser par tous les fils et les filles de dieu.
Nourris par l’amour qui est la vie, et guidés par la sagesse qui est le chemin,
nous arrivons à la vérité qui est la source.
Vous voyez maintenant l’importance de
ces trois principes ; amour, sagesse et vérité sur lesquels j’ai fondé mon
enseignement. Si nous approfondissons ces trois principes, nous comprendrons le
sens des paroles de jésus ; « je suis le chemin, la vérité et la
vie » et nous entrerons en relation avec le fleuve de la vie universelle.
Celui qui veut s’élever jusqu’à la
source, la vérité, doit donc emprunter le chemin de la sagesse. Maintenant, que
se passe-t-il s’il arrive que la source tarisse ? Le fleuve
s’assèche ; mais son lit reste encore comme le témoignage de ce qui a été.
C’est un vestige et, en tant que tel, il devient aussi un enseignement pour
nous ; et il appartient donc au domaine de la sagesse (évidemment je
prends ici le mot sagesse dans un sens très large). Comme le lit du fleuve, la
sagesse demeure, parce qu’elle est une forme et que la forme se maintient dans
le plan physique comme vestiges, monuments, écrits ; même si l’amour, la
vie, s’est transporté ailleurs, la forme subsiste ; il ya des maisons
vides que leurs habitants ont abandonnées depuis longtemps, amis elles
résistent encore. Les rochers, les montagnes sont là aussi ; même si leur
âme les a quittés, ils demeurent. Tout ce qui dure et résiste appartient au
monde d e la sagesse ; la sagesse demeure pour l’éternité afin de révéler
ce qui a été et ce qui sera.
Celui qui veut s’instruire a toutes les
possibilités de consulter la sagesse, car elle survit à tous les accidents et
on la trouve inscrite partout. Chaque objet est obligatoirement marqué par la
sagesse et porte son sceau, même lorsqu’il ne s’agit que de maigres
vestiges ; les archéologues s’efforcent de rétablir l’histoire des hommes
en rassemblant quelques restes éparpillés ; des ossements, des éclats de
silex, des tessons de poteries ; et quand ils y arrivent, leur travail est
très instructif, il y a beaucoup de choses à apprendre et qui font réfléchir.
Mais à la différence de la sagesse qui
reste fixée en un lieu, l’amour, lui, voyage, il ne se fige pas dans des
formes ; c’est un être vivant, toujours en mouvement et qu’on ne retrouve
jamais à la même place ; on ne peut que suivre ses traces en parcourant
les lieux qu’il a traversés et qu’il a un moment habités. Vous rencontrez un
homme, une femme, et pendant les quelques minutes où vous restez en sa
présence, son regard, son expression, son sourire remplissent votre cœur d’amour.
Une semaine ou même seulement un jour après, vous rencontrez à nouveau cet
homme ou cette femme et vous êtes étonnés de ne plus rien recevoir ni éprouver.
C’est que l’amour que vous aviez entrevu a voyagé. Il n’est plus là.
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