Vous avez consacré au service du Ciel
les forces brutes et bouillonnantes qui sont au-dedans de vous, et le Ciel les
a prises pour les transformer. Toutes les tendances instinctives, mauvaises,
peuvent être ainsi transformées, et je dis bien « transformées », pas
anéanties, c’est impossible ; et d’ailleurs il faut savoir que si l’on
parvenait à les anéantir, les résultats pourraient être encore pires. Combien
de fois il est arrivé que des êtres chez qui on était arrivé à arracher certains
vices deviennent la proie de vices encore plus grands.
Regardez comment dans le passé la
religion considérait la force sexuelle. Et alors, combien de malheureux, hommes
et femmes, ont essayé d’échapper à leurs tourments en allant se réfugier dans
des couvents. Ils portaient des cilices, se donnaient la discipline, jeûnaient,
veillaient, mais le résultat, c’est qu’il étaient encore plus tourmentés,
encore plus obsédés.. Parce que ce n’est pas ainsi qu’on maîtrise la force
sexuelle. On maîtrise la force sexuelle en aimant, pas en fuyant ou en luttant.
Sur l’arbre de la sexualité il faut greffer la branche de l’amour le plus
noble, le plus élevé, le plus pur. Alors, les sèves qui montent des racines
circuleront à travers les branches et monteront jusqu’au cerveau où elles
produiront la lumière, l’inspiration.
Et si vous êtes coléreux, que
faire ? A cause de cette colère vous avez peut-être déjà détruit plusieurs
amitiés et gâché de bonnes conditions pour votre avenir. Eh bien, cette force
brutale qui éclate comme le tonner, vous pouvez la transformer en décidant que
dorénavant vous ne gaspillerez plus vos énergies dans des explosions, mais que
vous les emploierez à vous renforcer intérieurement pour mieux supporter les
difficultés, à défendre des causes justes et nobles, et qu’au lieu de chercher
à détruire ce qui vous paraît mauvais,
vous parviendrez à construire ce qui vous paraît bon et grand.
Et la vanité, qu’est-ce que la vanité ?.... C’est le désir d’être remarqué, estimé,
apprécié, recherché, invité… photographié ! Bien sûr, c’est là une
tendance normale qui n’a rien de tellement répréhensible, tout le monde a
besoin d’être apprécié, reconnu. Et on peut dire même que l’Intelligence
cosmique a mis cette tendance en l’homme pour l’obliger à évoluer. Il est
souvent arrivé que, dans le désir d’attirer l’approbation ou l’admiration des
autres, beaucoup aient réussi à se dépasser. Des gens qui avaient peur, mais
qui ne voulaient pas décevoir la confiance que leur famille avaient mise en
eux, sont devenus de véritables héros.
Un artiste, aussi, ne cesse de se
perfectionner dans son art pour que le public ne se fatigue jamais de lui et de
ses œuvres, et c’est naturel. Mais combien de temps et d’argent, combien d
‘énergies sont perdus souvent à obtenir la reconnaissance d’autrui ! On
s’épuise, car toutes les autres énergies, les énergies intellectuelles et
morales, sont détournées, absorbées et utilisées par la vanité. Sans parler de
l’hostilité que suscite cette attitude, car celui qui veut être remarqué se
donne en spectacle et fait du bruit ; il tâche de mettre son nom partout,
ce qui porte ombrage aux autres qui ont eux aussi leur ambition. Eux aussi
veulent le succès et la gloire, et alors voilà des conflits sans fin. Mais
est-ce bien raisonnable ? Est-ce que ça vaut la peine de se donner tant de
mal pour être glorieux devant les humains ? Et combien de temps durera
cette gloire ?...
C’est pourquoi sur cette tendance
instinctive de la vanité, l’homme éclairé doit greffer le désir de la gloire
divine. C’est au Ciel qu’il cherche à plaire, pas aux humains, car Dieu sait
seulement par quels chemins tortueux on doit passer pour les satisfaire. Il se
met au service du Ciel pour mériter d’être accueilli parmi les élus. A ce
moment-là, que les humains le reconnaissent, l’estiment ou non, il ne
s’inquiète pas, il continue son travail, car il sait qu’il travaille pour
l’éternité et qu’il gagnera un jour la gloire véritable, une gloire
immarcescible. L’homme a été créé pour participer à la gloire divine, et cette idée
est aussi exprimée dans les Evangiles : c’est la parabole du festin où
l’invité doit se présenter avec des vêtements de cérémonie. Seul est accepté à
ce festin celui qui porte les parures et les vêtements somptueux, symboles de
la gloire divine jusqu’à laquelle il a pu s’élever.
Tous ces exemples doivent vous faire
comprendre que seul compte le travail que vous ferez sur vous-même, quelles que
soient vos faiblesses et vos lacunes.
D’ailleurs, les qualités et les vertus
n’ont pas une valeur absolue. Combien de gens possèdent de grandes
vertus ! et que font-ils avec ? Rien. Tandis que d’autres ont toutes
sortes de défauts, mais ils veulent s’améliorer, et en travaillant chaque jour
sur eux-mêmes, ils deviennent capables d’accomplir de grandes choses. S’ils
n’avaient pas ces défauts, ils ne feraient peut-être rien. Mais oui, on a vu
des gens réaliser des exploits en travaillant sur leurs défauts, tandis que
d’autres, satisfaits de leurs qualités, ne faisaient pas grand-chose. Eh bien,
sachez que le Ciel donne deux centime de vos qualités ; il ne considère
que ce que vous réaliser avec.
Ce qui importe, c’est uniquement le
travail que nous faisons sur nous-mêmes pour mettre nos défauts comme nos
qualités au service d’un haut idéal. Combien de gens se lamentent sur la nature
humaine pécheresse et porteuse des germes du mal ! Mais il n’y a pas à se
lamenter, il y a uniquement à travailler. Que ce soit la vanité, l’orgueil, la
colère, la jalousie, la sensualité, tous les défauts doivent être mis au travail.
Voilà le véritable travail alchimique.
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