La journée que vous venez de
vivre détermine la nuit que vous allez passer ; mais la façon dont vous
vous préparez au sommeil va également déterminer le jour suivant. Chaque soir,
avant de vous endormir, recueillez-vous un moment en laissant de côté tout ce
qui vous a préoccupé ou troublé au cours de la journée. Pensez ensuite aux
erreurs que vous avez pu commettre, afin que les esprits lumineux vous
inspirent durant votre sommeil la meilleure manière de les réparer. Enfin, au
moment de vous endormir, abandonnez-vous sans crainte à l’Ange de la Mort.
« L’Ange de la
mort », c’est le nom que la Kabbale donne à l’Ange du sommeil. Car chaque
soir nous mourons et chaque matin nous revenons à la vie. Au moment où nous
nous endormons, nous quittons notre corps physique, et si nous apprenons à considérer
ce passage de la veille au sommeil comme un exercice à faire chaque soir, nous
serons prêts pour le jour où nous devrons définitivement quitter la terre.
Celui qui ne sait pas comment s’endormir ne saura pas non plus comment mourir.
Il n’existe aucune différence entre le sommeil et la mort, sauf qu’en mourant
on quitte pour toujours la maison que l’on habitait, le corps physique ;
Pendant le sommeil, on la quitte également mais un line subsiste ; la
corde d’argent, qui nous rattache à elle.
Il faut comprendre la
nécessité de se préparer chaque soir au sommeil comme pour un voyage sacré,
afin d’être prêt un jour pour cet autre voyage tellement plus décisif : la
mort. Combien de gens, en quittant cette vie, n’arrivent pas à se détacher de
leur corps physique ; Les liens sont là, puissants, qui les retiennent.
Vivants, ils n’ont pas eu dans leur cœur, dans leur âme, le désir de découvrir
d’autres espaces pour aller vers Dieu, ils ne pensaient qu’aux affaires
matérielles, à l’argent, aux plaisirs, comme si toute la vie était là, comme si
rien d’autre n’existait. Alors, comment peuvent-ils accepter de partir et
d’abandonner tout cela ? Ils rôdent longtemps autour de leur corps, autour
des lieux où ils ont vécu, des êtres qu’ils ont connus et, bien que des esprits
lumineux, serviteurs de Dieu, viennent les aider à se libérer, ils souffrent
terriblement ; Rares sont ceux qui peuvent quitter instantanément leur
corps physique comme un vieux vêtement usé qu’ils laisseraient tomber pour
entrer dans un vêtement de lumière.
C’est parce qu’ils ne
s’exercent pas à prendre des distances par rapport au monde physique que la
majorité des humains ont peur de la mort. Comment ne pas avoir peur quand la
conscience est totalement envahie par des préoccupations matérielles, des activités,
des possessions qu’on va être obligé d’abandonner ? Privé de ce qui
accaparait totalement sa conscience, l’homme ne
sait plus où il est, il se trouve devant un vide, un trou noir. Ne pas
avoir peur de la mort suppose qu’il ait appris à se détacher de tout ce qui
obscurcit son regard et l’empêche d’aller contempler les réalités du monde
spirituel.
« Alors, direz-vous
pour se détacher, il faut mépriser la vie terrestre, couper tout lien avec la
société ? » Non. Certains ascètes ou ermites sont partis au désert ou
se sont enfermés dans les grottes des montagnes ; ils pensaient s’être
ainsi détachés, mais leur détachement n’était qu’extérieur ! Dans la
solitude la plus totale, ils étaient tout à coup harcelés par une multitude
désirs et de convoitises. Puisqu’ils étaient seuls, le Diable avait toutes les
conditions pour leur rendre visite ; La littérature est pleine d’histoires
racontant les tentations des saints, des ermites. Vous avez entendu parler des
tentations de saint Antoine. Et même que se passe-t-il avec certains moines et
religieuses dans les monastères ?... Il ne s’agit donc pas de tout
abandonner, mais de comprendre que le vrai détachement est intérieur et que
seule la pureté de Iésod peut nous y conduire.
L’Eglise chrétienne attache
une grande importance au fait de réconcilier un mourant avec le Ciel par le
sacrement de l’Extrême-onction : en cela elle se conforme à une tradition
très ancienne, d’après laquelle ceux qui quittent le corps physique sans la
lumière de l’existence d’un autre monde, errent dans les régions obscures de
l’au-delà en proie à de grandes souffrances. Et il ne suffit pas d’admettre
l’existence d’un autre monde, il faut se préparer pour ce voyage. Car de même
que le moment où l’on s’endort est important pour la journée du lendemain, le
moment de la mort est aussi important pour l’incarnation suivante ;
l’attitude du mourant agit dans l’autre monde jusqu’) son incarnation
prochaine. Rien, aucun phénomène, aucune pensée, aucun sentiment, aucun acte,
ne peut exister isolément : chacun a une cause et produit des conséquences
plus ou moins lointaines. C’est ce que vous pouvez observer chaque jour.
L’être humain est habité par
des « ouvriers » qui utilisent tout ce qui se passe en lui à la
frontière entre la veille et le sommeil comme des forces de construction ou de
destruction. C’est pourquoi, méfiez-vous, ne vous couchez pas avec des
préoccupations négatives, car elles détruiront tout ce que vus avez acquis de
bon pendant la journée. Avant de vous endormir, mettez au moins une pensée, une
inspiration, une image lumineuse dans votre tête et dans votre cœur ; vous
vous réveillerez le matin purifié, régénéré. […]
Même si pendant la journée
vous vous êtes laissé aller à quelque faiblesse, il est très important qu’avant
de vous endormir vous arriviez à mettre de l’ordre en vous et à vous lier au
Ciel. Prêtez une grande attention à cela car, je ne le répéterai jamais assez,
c’est la nuit, durant le sommeil, que les forces psychiques font un travail en
profondeur dans le subconscient.
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