Une tradition rapporte qu’à l’origine,
avant la chute, l’homme possédait le pouvoir créateur du Verbe. Dieu avait fait
de lui le roi de la création, il n’avait qu’à commander et il était obéi, car
un roi a toujours des serviteurs pour exécuter ses ordres. Mais lorsqu’il a
commis le premier péché qui l’a séparé de Dieu, l’homme s’est peu à peu enfoncé
dans la matière, perdant ainsi son pouvoir sur elle. Et puisqu’il ne pouvait
plus dominer la matière, pour obtenir cependant ce qu’il voulait d’elle, il a
été obligé de travailler de ses mains. C’est pourquoi actuellement l’humanité
est obligée de lutter avec la matière pour la façonner et en tirer sa
subsistance, ainsi que Dieu l’a dit à Adam : « Tu mangeras ton pain à
la sueur de ton front ».
En réalité, ce pouvoir du Verbe, l’homme
ne l’a pas totalement perdu, il peut le retrouver, mais à condition
d’entreprendre un travail de transformation intérieure. Ce travail commence par
la maîtrise de ses pensées et de ses sentiments ; Car on peut définir le
Verbe comme la synthèse de toutes les expressions de la vie intérieure, de
toutes les émanations produites par les pensées, les sentiments, les désirs. Le
Verbe est un projet de manifestation, et la parole, comme le geste, comme le
regard, n’en est qu’une des traductions possibles. Mais pour le moment nous
nous arrêterons uniquement sur la parole.
Les pensées, les sentiments, les désirs
créent tout d’abord les choses dans le monde psychique, puis la parole les
concrétise selon certaines lignes de force autour desquelles des particules de
matière viennent s’ordonner. C’est ainsi qu’agit la parole ; même si elle
n’est qu’un pâle reflet du Verbe divin qui a créé le monde, l’existence entière
est là pour nous révéler ses pouvoirs. Dans combien de circonstances on attend
seulement un mot pour agir ! Et quand ce mot arrive, quelque chose se
déclenche ; on coupe la tête à quelqu’un ou on lui fait grâce, on lance
une armée à l’assaut ou on arrête les hostilités, on donne un poste important à
un employé ou on le lui retire ... Vous annoncez une mauvaise nouvelle à
quelqu’un, vous le tuez. Et si un homme ou une femme qui compte beaucoup pour
vous, vous dit ou vous écrit un jour ces simples mots : « je
t’aime », voilà votre vie soudain illuminée ! Rien pourtant n’a
changé, mais tout à changé.
Et même, allons plus loin. Pourquoi
pensez-vous que les gens parlent ? Pour exercer leur pouvoir. Même quand
ils paraissent donner des explications, des informations, souvent ce n’est pas
réellement pour expliquer ou informer ; en parlant, ou en écrivant, ils
veulent surtout produire certains effets ; susciter la colère, la haine,
gagner quelqu’un, endormir sa méfiance, etc. Et vous-même, n’agissez-vous pas
parfois ainsi ? Oui, je vous laisse réfléchir sur tout cela.
Pour le bien comme pour le mal, la
parole est très puissante. Et pour que vous compreniez où réside le secret de
sa puissance je vous donnerai une image. La parole peut être comparée au canon
d’un fusil, et la pensée ou le désir à la poudre. Si vous ne mettez pas de
poudre dans le canon, vous pouvez toujours viser et appuyer sur la gâchette,
rien ne se produira. Maintenant, si le fusil n’a pas de canon, vous ne pouvez
pas diriger la balle. Le canon donne la direction, et la poudre la puissance.
Celui qui veut devenir un véritable mage blanc doit nourrir en lui des pensées
et des sentiments imprégnés d’une grande lumière, d’un grand amour, et ensuite
par sa parole leur donner une orientation divine. C’est alors que cette parole
fait des merveilles, sur lui-même d’abord, puis sur les autres et sur la nature
entière.
Combien de passages on peut lire dans
les Evangiles où des hommes, des femmes demandent à Jésus de prononcer un mot,
un seul, dans l’espoir que ce mot leur rendra la santé, les délivrera des
esprits mauvais ou ramènera une fille, un frère à la vie. Quelle confiance dans
la puissance de la parole !... Et d’une certaine façon cette confiance ne
s’est jamais perdue ; c’est pourquoi de nos jours encore, la bénédiction
occupe une si grande place dans les rites religieux. Au cours de la messe, à
plusieurs reprises, le prêtre bénit les fidèles ... Et combien de fois
aussi vous avez pu voir – puisque c’est retransmis à la télévision – le pape,
non seulement bénir les foules qui se rassemblent sur la place Saint Pierre à
Rome ou qui se pressent sur son passage lors de ses déplacements, mais donner
dans des circonstances particulièrement solennelles sa bénédiction « Urbi
et orbi », c'est-à-dire à la Ville (Rome) ou au monde. Une bénédiction
est-elle efficace ? Cela dépend de celui qui la donne et de celui qui la
reçoit ; Le mot bénir signifie littéralement : dire de bonnes choses,
dans le sens de : prononcer des paroles qui apportent le bien. La
véritable bénédiction ouvre donc un canal pour faire descendre sur la terre les
influences du ciel. C’est un acte de magie blanche. Mais cet acte de magie
blanche n’a d’efficacité que si l’homme qui l’accomplit est désintéressé, pur,
maître de lui. Quant à celui qui reçoit cette bénédiction, il doit être au
moins réceptif, désireux de s’améliorer et de travailler sur la lumière ;
Si ces conditions ne sont pas remplies, évidemment la bénédiction reste un
geste vide de sens. Malgré cela, il est toujours bon de garder ce rite dans
l’espoir qu’un jour les humains, prenant conscience de ce qu’il représente, en
feront une parole et un geste véritablement bénéfiques.
Et vous aussi, vous devez prendre
l’habitude de prononcer des bénédictions pour lier la terre au ciel. Quand vous
touchez la tête de votre enfant, par exemple, ses petits pieds ou ses petites
mains, ou encore quand vous tenez dans vos bras l’être que vous aimez, pourquoi
ne pas dire de bonnes paroles pour établir une communication entre cet être et
le monde d’en haut, afin que les entités célestes viennent faire en lui leur
demeure ? Il faut tout bénir, tout ce que vus touchez ; es êtres
humains, et aussi les animaux, les oiseaux, les arbres, les fleurs, les
pierres… Car c’est une habitude divine ... Oui, il y a toujours quelque
chose d’utile à faire, la vie est tellement vaste et riche ! Le jour où
vous aurez appris à maîtriser vos pensées
et vos sentiments, à vous mettre dans un état d’harmonie, de pureté, de
lumière, vous aurez le pouvoir de déclencher les puissances d’en haut.
Celui qui sait prononcer les mots qui
inspirent, qui vivifient, possède une baguette magique dans sa bouche, cette
baguette qui fait le lien entre la terre et le ciel. Et quand Jésus dit à des
disciples : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le
ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel »,
en quelques mots, il résume exactement ce qu’est la science de la magie. Bien
sûr, les chrétiens seront offusqués ; comment Jésus peut-il parler de
magie ? Et c’est dommage qu’ils soient offusqués car cela les limite dans
leur compréhension des Evangiles ; et de même lorsqu’ils ne veulent pas
admettre que les Evangiles contiennent des notions d’alchimie, d’astrologie, de
Kabbale, parce qu’ils ne savent pas ce que sont réellement ces sciences. Donc,
les principes essentiels de la magie sont contenus dans ces mots :
« Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et ce que vous
délierez sur la terre sera délié dans le ciel ». La magie est un art qui
repose sur la connaissance des liens qui existent entre les différentes régions
de l’univers et de l’homme lui-même. Et puisqu’il y a des liens, il peut y
avoir aussi des influences ; Même si plusieurs interprétations peuvent en
être données, l’idée essentielle est celle d’une relation qui existe entre le
bas et le haut, entre la terre et le monde divin, et cette relation, l’homme
par sa parole a le pouvoir de la créer. C’est pourquoi l’idéal d’un véritable
disciple de Jésus est de se rapprocher du Verbe de Dieu, le Christ.
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