« Que ta volonté soit faite sur la
Terre comme au Ciel ». Lorsque dans La prière dominicale Jésus formule
cette demande, il crée un lien entre le ciel et la terre, entre le haut et le
bas. Créer ce lien est symboliquement une des fonctions de la baguette magique.
Et en nous demandant de formuler après lui cette demande, Jésus nous révèle que
nous avons, nous aussi, un rôle magique à jouer : attirer d’en haut la
pureté, la lumière, l’harmonie, afin que la terre devienne un reflet du ciel,
un tabernacle pour la Divinité. Et le seul moyen de réaliser cet idéal est de
se lier au ciel, de maintenir sans arrêt, de tout son être, le contact avec le
ciel, afin de déclencher les courants qui agiront bénéfiquement sur la terre.
Et cela n’est possible que si on se décide à donner toujours la première place
au ciel. Car le ciel est toujours premier, comme nous le révèle Moïse au début
de la Genèse. Puisqu’il a écrit : « Au commencement Dieu créa le ciel
et la terre », c’est qu’il y a le ciel d’abord, et la terre ensuite ;
donc c’est au ciel que nous devons donner la première place.
La Science initiatique a pour tâche
d’amener les humains à prendre conscience de ces deux réalités du ciel et de la
terre, de l’esprit et de la matière. Mais il ne suffit pas qu’ils en prennent
conscience, ils doivent apprendre comment travailler avec elles, car c’est à
cette seule condition qu’ils trouveront l’équilibre. Quand on voit certaines
personnes présenter des signes de déséquilibre, on va généralement en chercher
les causes dans le surmenage, une mauvaise nutrition, une vie difficile, des
chagrins, etc. Non, à l’origine de tous les déséquilibres, il y a le
déséquilibre entre l’esprit et la matière, et c’est ce qui entraîne ensuite
toutes les autres formes de déséquilibres que l’on peut constater. L’esprit et
la matière sont deux pôles, deux principes avec lesquels l’être humain doit
savoir agir intelligemment, prudemment. Et s’il n’est pas recommandé de donner
la prépondérance au confort aux biens matériels, vivre dans les privations sous
prétexte de mysticisme et de spiritualité n’est pas non plus la solution. Pour
trouver l’équilibre, il faut donner à l’esprit et à la matière leur place
respective ; ne pas rejeter la matière, mais la rendre soumise et
obéissante à l‘esprit ; Et c’est ce que Jésus a voulu exprimer en
disant : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au
ciel ».
Mais tant que les humains n’auront pas
une idée claire de ce que signifie leur présence sur la terre, de la mission
qu’ils ont à y remplir, jamais ils ne se décideront à faire ce travail. Combien
craignent même que la vie spirituelle contribue à les affaiblir. En réalité,
cette crainte vient d’une très mauvaise compréhension de ce que sont l’esprit
et la matière. Parce que la matière est là devant eux, bien visible et
tangible, elle leur paraît la seule réalité fiable, et c’est là qu’ils
cherchent des certitudes, une sécurité, un abri. Ils ne se rendent pas compte
que cette matière qui leur inspire tellement confiance se transforme peu à peu
en prison ; et alors non seulement ils sont emprisonnés, mais ils
deviennent vulnérables, car la sécurité que représente la matière n’est qu’une
illusion.
La vie oscille donc entre deux
pôles : la matière qui n’est animée que d’une infime vibration, et
l’esprit de Dieu, une vibration tellement vivante, intense, qu’il est
impossible de saisir. C’est pourquoi les humains doivent s’approcher de plus en
plus de ce pôle de subtilité, d’intensité, de lumière, c’est là qu’est leur
puissance. D’une certaine façon ils le savent, mais ils l’oublient, et c’est
toujours dans la matière qu’ils sont poussés à chercher leurs raisons de vivre
t les solutions à leurs problèmes ; ils ne font pas la différence entre
travailler avec la matière, sur la matière, et se laisser absorber par elle,
car ils ne connaissent pas son formidable pouvoir d’attraction.
C’est pour l’opposer au principe
masculin, actif, l’esprit, qu’on définit l principe féminin, la matière, comme
passif. Mais passif ne signifie pas inactif ; le principe féminin exerce
une action, et cette action, qui prend la forme de la passivité, est
extrêmement efficace. Au lieu de se projeter vers l’avant comme le principe
masculin, le principe féminin attire, aspire. C’est cela son activité, et celui
qui n’a pas de véritable résistance à lui opposer est absorbé. La matière
attire els humains, elle les fascine, et comme ils ne savent pas résister à
cette fascination, peu à peu ils se laissent engloutir, et bientôt on ne sait
même pas où ils ont disparu ; ils tendent une main en appelant au secours,
mais ils se sont si profondément enfoncés qu’on ne peut même plus les tirer
de là. En apparence, bien sûr, ils ont
remporté des succès, ils ont augmenté leurs possessions, leurs pouvoirs, et
tout le monde les félicite – les aveugles les félicitent – et non seulement ils
les félicitent mais ils essaient de les imiter et à leur tour ils
s’ensevelissent à ne plus pouvoir respirer. Voilà une très mauvaise
compréhension du travail sur la matière.
Pour dominer la matière, l’être humain
doit de plus en plus se détacher d’elle et s’identifier à l’esprit, car on ne
domine pas la matière par la matière, mais par l’esprit. Pourquoi ? C’est
une question de polarité. L’esprit est polarisé positivement et la matière est
polarisée négativement. Tant que vous restez polarisé négativement comme elle,
vous ne pouvez pas dominer la matière, car négatif et négatif se repoussent.
Pour la dominer et travailler sur elle, vous devez vous polariser positivement,
comme l’esprit et donc vous identifier à l’esprit. En vous identifiant à
l’esprit, vous vous éloignez de la matière k et s’éloigner de la matière ne
signifie pas la quitte, mais seulement prendre des distances. Vous ne
l’abandonnez pas, au contraire, vous la gardez bien en vue, et après vous être
élevé le plus haut possible par la pensée, vous redescendez pour mieux
l’orienter et l’affiner. A nouveau, vous vous éloignez… et à nouveau vous vous
rapprochez… C’est ainsi que vous parviendrez à faire que la terre devienne un
jour comme le ciel. Jusque-là, vous ne pouvez rien réaliser de vraiment grand
et durable, contrairement à ce que croient les matérialistes. Les matérialistes
ne savent pas travailler avec la matière ; ils s’y engouffrent, ils y sont
ensevelis, étouffés, écrasés, mais ils ne la dominent pas.
En vous éloignant de la matière pour
vous identifier à l’esprit, en réalité vous ne vous détachez pas de vous-même,
car tout est au-dedans de vous. C’est votre conscience qui s’élève pour
atteindre des degrés supérieurs. Vous avez la sensation d’être allé jusqu’au
ciel, jusqu’au soleil, jusqu’aux étoiles, vous êtes entré dans la présence du
Seigneur, alors qu’en réalité, c’est en vous-même que vous êtes allés plus
loin, plus haut… ou plus profondément, comme vous voulez, car il est impossible
de traduire véritablement par des mots les réalités du monde spirituel. Nous
n’avons à notre disposition qu’un langage concret, comme s’il s’agissait d’un
espace extérieur avec un haut, un bas, des distances, des volumes, alors qu’en
réalité tout se passe en nous.
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