La nature est le théâtre de luttes
perpétuelles entre le principe de vie et le principe de mort. Le premier unit
et organise les éléments partout où il pénètre ; le second sépare et
désagrège ces mêmes éléments et es renvoie dans les laboratoires cosmiques où
ils seront repris pour être utilisés dans la création de nouveaux organismes.
Dans tous les règnes de la nature et aussi en l’homme, évidemment, on peut
observer le travail de ces deux principes que la Science initiatique appelle
Iona et Horev.
On peut assimiler Iona, le principe de
vie, à l’esprit, et Horev, le principe de mort, à la matière. Dès la formation
du fœtus dans le sein de la mère, ces deux principe s commencent à agir en
luttant l’un contre l’autre. Dès l’instant où l’esprit descend dans le corps de
l’enfant pour l’animer, la matière lui oppose son propre pouvoir, et tandis que
les puissances de vie se mobilisent pour animer l’organisme, déjà le principe
de la matière agit en sourdine pour freiner le processus. Dans les premières
années de la vie, le principe de la matière reste soumis et son rôle est
secondaire ; autant qu’il le peut, il met des entraves, mais son action
est limitées par la volonté et le pouvoir de l’esprit ; Plus tard, quand
l’esprit a terminé le travail qu’il devait faire dans ce corps, il s’éloigne,
peu à peu, et alors commence véritablement le mouvement descendant.
La période ascendante est celle de
l’épanouissement, de la floraison de l’espoir. Les parents, émerveillés,
constatent que leur enfant « pousse comme un champignon », qu’il est
plein d’énergie, de souplesse, de rayonnement. Et les vieilles personnes qui le
regardent soupirent ; « Ah que c’est beau, la jeunesse !» Le
principe de vie, l’esprit, dont la fonction est d’assembler les éléments, se
manifeste jusqu’à un certain point. Un moment vient où il commence à s’éloigner
de ce corps avec lequel il ne peut plus travailler comme précédemment ; il
veut aller ailleurs visiter d’autres régions, faire un autre travail, acquérir
de nouvelles connaissances. Le principe de la matière prend alors de plus en
plus d’audace et poursuit activement son entreprise de dislocation. De temps à
autre, pourtant, l’esprit intervient pour s’y opposer, puis il s’éloigne à
nouveau… Jusqu’au jour où il quitte définitivement le corps. Le principe
destructeur n’interrompt jamais son action ; dès que la vie apparaît, il
se met au travail. Mais son pouvoir est limité.
Pendant une certaine période il est tenu
en respect par l’autorité que l’esprit exerce sur la matière. Puis arrive le
moment où il remporte la victoire, car c’est une loi ; tout ce qui naît
doit mourir. La vie et la mort sont un frère et une sœur qui se donnent la main
et qui travaillent tous les deux dans le sens de l’évolution. La mort nous
apparaît comme une chose affreuse, mais réfléchissez, imaginez ce qui se
produirait si la mort cessait un jour son œuvre, ce serait bien pire… Horev et
Iona travaillent sur le même chantier, mais à des périodes différentes. Comme
le dit Salomon dans l’Ecclésiaste : « Il y a un temps pour toute
chose sous les cieux ; un temps pour naître et un temps pour mourir ;
un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté… »
Seul l’esprit est immortel et il
s’incarne sans cesse dans de nouvelles formes qui, à leur tour, seront
détruites. Cependant, l’homme qui s’efforce de donner en lui la première place
à l’esprit parvient à retarder l’action du principe destructeur, qui est aussi
assimilé au temps ; Kronos ou Saturne ; il s’efforce dans tous les
actes de la vie d’ouvrir son cœur à la bonté, à la douceur, à la beauté, fin de
permettre au printemps d’entrer en lui. Il se plonge dans cette fontaine de
jouvence qu’est la lumière divine et il s’y régénère. On ne peut vaincre le
principe destructeur, mais il faut chercher à s’opposer à lui et à entraver son
action, et surtout savoir l’utiliser. Comment ? Lorsque la maladie et la
vieillesse commencent à faire leurs ravages, lorsqu’on perd ses forces et ses
moyens physiques, il faut se dire que c’est le moment de rechercher d’autres
occupations, d’autres sources de joie. L’essentiel est d’apprendre à tout
utiliser, et même si on est privé des énergies physiques, on peut toujours creuser
en soi pour faire jaillir les énergies spirituelles qui, elles, sont
inépuisables.
C’est souvent à l’approche de la
vieillesse que des hommes et des femmes découvrent dans une philosophie, dans
un enseignement spirituel, les vérités dont ils auraient au tellement besoin
pour conduire leur vie. Alors, ils se disent que c’est maintenant trop tard et qu’ils ont gâché leur existence.
Non, il ne faut jamais dire cela. Evidemment, il est préférable de rencontrer
très tôt la lumière, pour être capable de s’orienter dans la vie, mais rien
n’est perdu, et même pour celui qui n’a plus que peu de temps à vivre, il n’est
pas trop tard pour apprendre les vérités essentielles et s’en pénétrer, fin de
quitter la terre avec une conscience plus éveillée ; C’est la plus grande
différence entre la vie physique et la vie spirituelle. Si vous n’avez jamais
appris à jouer d’un instrument, à piloter un hélicoptère ou même seulement à
coudre et à tricoter, ce n’est pas à quatre-vingts ans que vous allez
commencer. Mais pour comprendre les lois qui régissent le monde de l’âme et de
l’esprit, il n’est jamais trop tard. Tous les efforts que vous ferez dans ce
sens, non seulement vous faciliteront l’entrée dans la lumière de l’autre
monde, mais ils vous permettront de préparer votre prochaine incarnation.
L’intelligence cosmique a organisé ainsi
les choses pour notre bien. Si le principe qui fait grandir et s’épanouir les
êtres ne rencontrait pas des oppositions et des obstacles dans le plan
physique, l’homme se perdrait. Oui, si la vieillesse, la maladie et d’autres
maux n’étaient pas là pour les limiter un peu, combien de gens deviendraient
des monstres. Mais tous savent que leur chemin débouche sur une seule
issue ; la mort. Dans ce domaine, tous les hommes sont égaux ; Donc,
tous sont obligés de s’incliner, d’être modestes, de réfléchir, de s’assagir et
de trouver le chemin qui conduit à Dieu. Tant qu’ils sont jeunes et bien
portants, les humains ne pensent jamais que le principe de désagrégation finira
par triompher un jour. Ils ont tendance à croire que le monde leur appartient
et que l’avenir ne cessera jamais de leur sourire. Quel étonnement et quelle
révolte parfois quand ils voient que, peu à peu, tout est en train de leur
échapper. Beaucoup vivent cette période comme la plus douloureuse de leur
existence. dans cette lutte sans merci qui s’est engagée entre Iona et Horev,
certains veulent par tous les moyens retenir Iona, ce qui peut les conduire aux
pires aberrations. Quand ils s’aperçoivent qu’Horev gagne de plus en plus du terrain,
il sjettent dans la bataille tout ce qu’ils devaient conserver pour une autre
tâche, et ils perdent tout.
Vous direz : « Mais ne vaut-il
pas mieux toujours lutter ? » Si, mais comment lutter, là est la
question. Nous ne somme spas venus sur la terre pour y rester éternellement
jeunes et en bonne santé, mais pour y faire un stage, un apprentissage. Les deux principes ne sont pas
ennemis ; ils ont été créés par Dieu et doivent travailler en alternance.
La fonction d’Horev est de faire retourner les éléments vers le lieu d’où ils
sont venus et de libérer ainsi l’âme humaine du monde de l’illusion. C’est
pourquoi, avec le temps, Horev enlève à Iona son empire sur l’homme ; Le
sage est celui qui connaît la courbe du chemin et s’efforce de tout utiliser.
Dans e monde spirituel, l’ascension est ininterrompue. lci-bas, quoi qu’on
fasse, on verra son front et ses joues se rider, ses cheveux blanchir, ses
dents tomber, etc. Mais il faut comprendre que l’aspect extérieur n’a aucune
importance si, derrière les cheveux blancs et les rides, se manifeste le
rayonnement de la vie spirituelle.
On dit que la mort est affreuse et
laide. En réalité ce principe qui désagrège est le plus grand
bienfaiteur ; il permet aux êtres de se libérer pour pouvoir aller plus
loin, plus haut. Les Initiés, qui connaissent les plans de l’Intelligence
cosmique, acceptent l’existence et les manifestations de ces deux principes et
s’efforcent, quelles que soient les circonstances, de travailler avec Iona qui
purifie, embellit, illumine. Iona est un principe plutôt mental et spirituel.
Sachant que ce principe peut être renforcé quand on l’aliment par des pensées
justes, des sentiments généreux, nous pouvons tous retarder l’action de Horev
en nous. Mais je ne vous dis pas cela pour vous donner le désir de vivre dans
une jeunesse éternelle ; de toute façon vous n’y parviendrez pas. Je veux
seulement éclairer cette question pour que vous appreniez à donner la
prépondérance à l’esprit ; c’est l’esprit en vous qui entretient la vie et
qui vous donnera la souplesse, la joie, et surtout le goût des choses, car
c’est cela la jeunesse. Le secret de la jeunesse, c’est de ne jamais s’arrêter
dans sa marche vers le sommet des montagnes spirituelles.
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