Dans la
langue courante, on emploie presque indifféremment les mots
« personnalité » et « individualité » : on dit d’un
homme qu’il a une forte personnalité ou bien une forte individualité pour
exprimer exactement la même chose, ce qui entraîne beaucoup de
confusions ; pour ce que je veux vous expliquer concernant la nature
supérieure et la nature inférieure dans l’homme, nous partirons du mot
« personnalité qui vient du latin « persona ». Persona, c’est le
masque que les acteurs de théâtre, à Rome, mettaient sur leur visage pour
jouer. Mais on observe cet usage dans différentes cultures ; l’acteur met
un masque qui révèle immédiatement aux spectateurs le rôle qu’il va interpréter
et, suivant le rôle, il change de masque. Ainsi, le théâtre nous donne une idée
de ce qu’est la personnalité. La personnalité, c’est le rôle que l’esprit qui
vient s’incarner va jouer pour une existence. Il est un homme, ou une femme,
avec tel tempérament, telles facultés et telles lacunes, telles qualités et
tels défauts. Dans une autre incarnation, il reviendra sous une apparence
nouvelle, avec une autre personnalité ; mais cet être qui, d’une
d’existence à l’autre, change de masque et de costume, est habité par une
entité qui, elle, ne change pas parce qu’elle est son Moi véritable, son Moi
divin : l’individualité.
La plus
grande erreur des humains, c’est qu’ils ont toujours tendance à s’identifier à
leur moi inférieur. Lorsque quelqu’un dit : « Moi, je veux… (de
l’argent, une voiture, une femme), je suis… (malade, bien portant, triste,
réjoui), j’ai… (tel désir, tel goût, telle opinion) », il croit que c’est
son véritable moi qui s’exprime. Eh bien non, c’es là justement qu’il se
trompe. En réalité, c’est sa nature inférieure qui désire, qui pense, qui
souffre, et lui, l’ignorant, il court,
il galope pour la satisfaire. Il ne s’est jamais analysé pour connaître en
profondeur sa véritable nature, les différents plans où il évolue, et alors il
s’identifie sans cesse avec sa personnalité, et en particulier avec son corps
physique. Il est temps qu’il prenne conscience que les manifestations de son
corps, de son cœur et de son intellect, ne sont pas l’expression de son vrai
Moi, et qu’en s’empressant de les satisfaire, il se met au service de quelque
chose d’autre que lui.
Le yoga de la
connaissance de soi est appelé en Inde « Jnani yoga ». Celui qui
pratique ce yoga commence par s’analyser ; il se rend compte que même s’il
vient à perdre un bras, une jambe, etc.. il garde son moi, il peut continuer à
dire « moi, je.. ». Son moi n’est donc pas ce bras, cette jambe, ni
aucun de ses organes ; et puisque ses membres, ses organes ne sont pas
lui, c’est qu’il est quelque chose de plus que son corps. Ensuite il étudie ses
sentiments et il constate qu’ils ne cessent de varier d’un jour à l’autre, d’un
moment à l’autre. De plus, puisqu’il peut les observer, les analyser, c’est
qu’il est, lui, ailleurs, au-delà. Puis, il étudie ses pensées et il fait les
mêmes constations que pour les sentiments ; son moi est encore autre chose
que ses opinions, ses pensées…
C’est ainsi
qu’il finit par découvrir que ce moi qu’il cherche, son moi véritable, est son
Moi supérieur, que ce Moi est grand, puissant, lumineux, omniscient, une partie
de Dieu Lui-même, et il fait tous ses efforts pour le retrouver et s’unir à
lui.
C’est à
chacun maintenant de comprendre que ce qu’il appelle habituellement son, n’est
qu’un reflet fugitif, partiel de son vrai Moi, un mirage, une illusion. Et
c’est cette illusion que les hindous ont appelés « maya ».
Chaque être
humain possède cette nature d’essence divine qui habite les régions célestes où
elle jouit de la plus grande liberté, de la plus grande lumière, des plus
grands pouvoirs ; mais elle ne peut s’exprimer dans les régions plus
denses de la matière qu’autant que les trois corps inférieurs le lui
permettent. Une personne que l’on voit ici ignorante, méchante, faible, est en
même temps, en haut, une entité qui
possède la sagesse, l’amour, la force. Voilà pourquoi on trouve dans le même
être cette limitation en bas et cette richesse et cette perfection en haut.
Nous sommes tous des divinités… oui, nous sommes des divinités, et nous vivons dans une région
très élevée où il n’y a plus ni limitation, ni obscurité, ni souffrance. Là,
nous sommes dans la plénitude. Mais cette vie que nous vivons en haut, nous ne
pouvons pas encore la faire descendre ici, la sentir, la comprendre, la
manifester, parce que la personnalité ne nous le permet pas. Elle est obtuse,
opaque, mal adaptée ou mal réglée, comme une radio qui n’arrive jamais à capter
certains postes émetteurs. De temps en temps nous avons quelques révélations,
quelques intuitions parce que nous avons réussi à toucher notre Moi divin. Mais
cela ne dure pas longtemps, de nouveau les nuages reviennent. Quelque temps
après, en lisant un livre, en écoutant de la musique, en regardant un paysage,
un visage, en priant, en méditant, de nouveau nous sentons comme un éclair qui
brille et nous éblouit. Mais encore une fois, cela ne dure pas. Ainsi la vie
humaine est-elle une alternance continuelle de lumière et de ténèbres, nous en
faisant chaque jour l’expérience.
Jusqu’au jour
où, enfin, à force de prière, de méditation, de travail sur nous-mêmes, nous
deviendrons l’expression de la Divinité et nous vivrons la vie nouvelle, la
renaissance complète.
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