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Il en est des cultures et des peuples
comme des êtres humains : ils naissent, grandissent, vieillissent et
meurent pour laisser la place à d’autres. Ils suivent la même courge : ils
donnent ce qu’ils doivent donner, et ensuite ils s’éteignent. On dirait qu’ils
se reposent pour pouvoir un jour se réveiller et produire de nouvelles
richesses. On a vu cela avec toutes les civilisations, et c’est de la même
manière le sort des religions ; chacune prend son essor, arrive à une
grande élévation, une grande extension, un point culminant, puis elle se
cristallise et perd les clés de la vie. Regardez, même les Mystères de l’Egypte
ancienne, ces temples dont les grands prêtres possédaient les clés de la
connaissance et du pouvoir, qu’en reste-t-il maintenant ? Tous ces
hiérophantes, où sont-ils ? Toutes ces sciences, où sont-elles ?...
Tous ont subi les lois immuables de la vie : chaque chose ou chaque être
qui naît doit mourir et laisser la place. Seule ce qui n’a pas de commencement
n’a pas de fin ; et seuls les principes n’ont ni commencement ni fin.
Les principes qui gouvernent l’univers
sont comparables aux nombres de 0 à 9 à partir des quels se font toutes les
combinaisons numériques. Les principes, comme les dix premiers nombres, sont
donnés une fois pour toute s, mais personne n’est capable de prévoir toutes les multiples
combinaisons qu’ils peuvent produire, car ces combinaisons vont jusqu’à
l’infini. Alors, voilà ce que l’humanité doit apprendre au cours des siècles :
les nouvelles combinaisons, les nouvelles formes engendrées par les principes
qui, eux, sont éternels. Dans tous les domaines, le mouvement est la loi de la
vie. La vie est un jaillissement perpétuel qui a besoin de nouvelles formes
pour s’exprimer. Après un certain temps, c’est elle-même qui casse les formes,
car elle a besoin de nouveaux conducteurs pour révéler de nouvelles richesses,
de nouvelles lumières, de nouvelles splendeurs. C’est pourquoi, après un
certain temps, les formes doivent disparaître pour permettre d’autres nuances,
d’autres manifestations plus subtiles.
Regardez l’être humain : quand il
est jeune, la matière dont son corps est fait est extrêmement souple,
malléable, vivante ; et c’est dans cette matière qu’à travers l’intellect,
le cœur et la volonté, l’esprit parvient à s’exprimer de mieux en mieux. Mais
il arrive toujours un moment où la forme durcit, se cristallise, et l’esprit,
qui n’a plus la possibilité de se manifester à travers cette vieille forme
ratatinée, doit partir pour revenir sous une forme nouvelle. Il faut observer
la nature pour en tirer les conclusions valables dans tous les domaines. Pour
durer on a besoin de se renouveler. Aussi est-ce une grande erreur de la part
des religions que de vouloir éterniser les formes. Seuls les principes sont
éternels, les formes s’usent et doivent être changées.
Si le christianisme perd de plus en plus
de son influence, c’est qu’il s’est accroché à de vieilles formes, des
croyances, des rites qui ont perdu aujourd’hui de leur sens et qu’il faut
remplacer. Bien sûr je ne parle pas de remplacer les principes sur lesquels il
est fondé, il ne peut exister de meilleurs principes que ceux qu’enseigne Jésus
dans les Evangiles. Mais pourquoi continuer à traîner de vieilles pratiques qui
ne donnent plus de résultats ? Le monde chrétien a besoin de grandes
transformations, car les traditions sur lesquelles il vit ne sont plus adaptées
à notre époque ; si elles l’étaient, l’humanité se trouverait dans un
meilleur état. On a fini par réduire la religion à des formes inefficaces, et
il ne faut donc pas s’étonner si de moins en moins de personnes la prennent au
sérieux.
Dans le passé, les gens acceptaient tout
ce qu’on voulait leur faire croire : il y avait une autorité, l’Eglise,
qui pensait et décidait pour eux, tandis que maintenant ils ne veulent plus que
d’autres pensent à leur place, et ils s’éloignent d’elle. C’est là un indice
que l’Eglise doit chercher et accepter les nouvelles formes que le Ciel lui
présente… Jusqu’au jour où ces nouvelles formes seront vieilles à leur tour et
devront être remplacées. Les principes sont seuls durables, les formes jamais.
Le rôle de la forme est de garder le contenu intact ; elle se présente
donc comme un récipient, comme une limite. Mais après un certain temps, elle
finit pas devenir une prison. Pour que le contenu ne reste pas immobilisé,
emprisonné dans une forme, il faut l’abandonner et déverser ce contenu dans une
forme nouvelle, plus subtile, plus souple, plus transparente. Voilà pourquoi
rien de ce qui a été construit dans le plan physique n’est éternel.
Le temps ne peut pas agir sur les
principes, mais il agit sur les formes. Quand on dit que le temps détruit tout,
cela concerne seulement les formes. Et les chrétiens n’ont pas encore compris
que les formes dans lesquelles leur religion leur a été donnée, il y a des
siècles, ont perdu de leur efficacité et doivent être changés afin que le
contenu, l’esprit, puisse mieux s’exprimer. Je le répète, ce n’est pas les
principes qu’il faut changer, mais les formes, car elles sont soumises au
temps ; l’éternité est seulement pour les principes. C’est donc à vous
maintenant d’élargir votre champ de vision, et surtout d’avoir toujours ce
désir d’évoluer.
Qu’est-ce
que l’évolution ? Un changement
de forme. Pour se manifester, l’esprit a toujours besoin de nouvelles formes,
car la forme, elle, n’évolue pas. Les formes sont là, telles quelles, créées
depuis l’origine ; même les nouvelles formes que nous ne connaissons pas
encore existent déjà dans le plan des archétypes. Et les humains aussi, de
nouvelles formes les attendent : au fur et à mesure de leur évolution, ils
doivent s’approprier de nouvelles formes, car il y a toujours une forme ancienne
à laisser et une nouvelle à prendre, plus pure, plus élaborée.
Voilà ce que les chrétiens doivent
comprendre : ils veulent éterniser la forme, mais sur la terre c’est
impossible, c’est une attitude qui va contre les décrets de l’Intelligence
cosmique. Toute forme est déjà éternisée dans les ateliers en haut. Oui, en
haut, les formes existent de toute éternité pour servir les projets de
l’Intelligence cosmique. Mais si l’homme s’obstine à se cramponner à telle sou
telles formes, alors là, il provoque les forces cosmiques qui viennent casser
ces formes pour le libérer. Comme il ne comprend pas, il se plaint de la
cruauté de son sort… Mais comment pourrait-il se libérer s’il restait accroché
aux mêmes formes ?
Cette volonté du monde invisible de
casser les vieilles formes n’est pas encore comprise par l’Eglise : elle
s’étonne d’être ainsi bousculée. Mais qu’elle comprenne ou non, et quoi qu’elle
fasse, les anciennes formes seront cassées. Qu’est-ce qu’un matérialiste ?
Un homme qui s’est fixé sur des formes matérielles, et c’est en ce sens que
l’on peut dire que l’Eglise est matérialiste. Eh oui… et c’est pourquoi ses
formes seront cassées afin qu’elle puisse reprendre le chemin de l’esprit. Ne
pensez pas que je suis contre toutes les formes, non, les formes sont utiles,
nécessaires ; mais au bout d’un certain temps on doit les abandonner pour
accueillir des formes nouvelles.
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