Sur certaines représentations de la
croix figure un agneau placé en son centre, ou bien, inversement, c’est un
agneau qui porte une croix. Cela signifie qu’à l’origine, le Christ, l’Agneau
divin s’est offert en sacrifice afin que l’univers, une fois créé, puisse se
perpétuer. Car seul le sacrifice produit une force capable de lier entre elles
toutes les particules de l’univers. Cette force, c’est l’amour. Le Christ est
l’esprit cosmique de l’amour qui attire, rapproche, soutient. C’est lui qui a
été placé comme base de la création, et le sang de l’agneau immolé est le
symbole de ce fluide qui doit imprégner la matière. Il est le lien, le ciment
qui empêche l’univers de se disloquer. Partout, dans les pierres, dans les
étoiles, c’est cet amour qui soutient la charpente. Si l’amour disparaît notre
corps même commencera à se désagréger. Car c’est la force de l’amour qui unit
toutes les cellules.
Le Christ, le Fils de Dieu, c’est donc
l’Agneau qui a dû être sacrifié avant la création du monde. Mais cette idée
n’est pas, non plus, propre au seul christianisme. Dans le passé, et de nos
jours encore dans certains pays, lorsqu’on veut construire une maison, un pont,
un monument, la coutume est d’arroser les fondations du sang d’un agneau. Cette
tradition doit rappeler à tous qu’au commencement il a fallu le sacrifice d’un
être vivant pour que l’univers s’édifie sur des bases solides. Et pourquoi
croyez-vous que les églises chrétiennes sont édifiées sur une base qui a la
forme d’une croix ?... En réalité cette idée du sacrifice dépasse le seul
domaine de la religion, car c’est aussi grâce à cette force de cohésion
produite par le sacrifice que les familles, les sociétés, les nations, toutes
les collectivités peuvent subsister. Dans les sacrifices que les humains font
les uns pour les autres, sans les renoncements consentis par tous, plus aucune
vie collective ne serait possible.
Si vous voulez qu’une création soit
durable, placez à la base l’amour, le sacrifice, le Christ. Evidemment, l’idée
d’un dieu qui se sacrifie est difficile à comprendre pour beaucoup, ce n’est
pas celle qu’ils se font généralement de la Divinité. Pour eux, un dieu doit
être fort, puissant, cruel même, et réclamer pour se nourrir, la chair et le
sang d’autres créatures. On trouve de tels exemples dans la religion des
Carthaginois avec le dieu Moloch, dans celle des Aztèques, etc. et combien,
même de nos jours, en refusant leur compassion et leur amour aux êtres faibles
et déshérités, répètent d’une certaine façon les actes des religions
barbares ! Qu’est-ce que c’est, ce culte de la force ? Il n’est de véritable
force que celle de l’esprit, et c’est cette force de l’esprit qui donne aux
êtres la capacité de se sacrifier. Vous ne trouverez nulle part dans l’univers
un acte qui dépasse le sacrifice. C’est l’Oméga, la dernière lettre, il n’y en
a pas d’autre. En mourant sur la croix, Jésus est venu pour prononcer cette
dernière lettre. D’autres viendront après lui pour continuer son œuvre, mais ils n’ajouteront
rien qui puisse dépasser le sacrifice ; le sacrifice reste pour l’éternité
l’acte le plus sublime. C’est pourquoi on ne doit pas associer le sacrifice à
l’idée de mort, mais à celle de vie, la vie de l’esprit.
Cette idée du sacrifice qui engendre et
soutient la vie, on la trouve encore exprimée dans le symbole de la fraternité
spirituelle des Rose-Croix : une rose rouge au centre d’une croix. Cette
rose représente le cœur, le chakra du cœur parfaitement développé en l’homme et
considéré comme la croix sublimée. Car, de même que la croix a quatre branches,
le cœur a quatre cavités et on peut établir des relations entre le cœur et la
croix. Vous direz que notre cœur n’est pas au centre du corps… C’est vrai, mais
les symboles ne s’occupent pas de ces détails. Physiquement le cœur n’est
pas au centre, mais par son importance, parce
qu’il représente le soleil en nous, il occupe une place centrale.
C’est par l’amour désintéressé, l’amour
spirituel, que l’homme développe le chakra du cœur dont la couleur et le parfum
sont ceux de la rose. La rose-croix est donc le symbole de l’Initié, qui, grâce
au travail qu’il a réalisé sur lui-même, a réussi à développer en lui l’amour
du Christ, l’amour divin, l’amour qui vivifie et transforme la matière. Etre un
adepte de la rose-croix signifie que l’on étudie tous les secrets liés à la
croix, mais également ceux de la rose épanouie au centre de la croix. La rose
dans la croix, c’est l’être parfait qui a la connaissance de tous les éléments
dont il est constitué et de ses relations avec l’univers, mais qui est aussi
capable de faire jaillir et couler l’amour du Christ. Celui qui marche sur le
chemin christique devient un Rose-Croix, même s’il n’est pas inscrit dans les
registres de cette société.
On peut faire aussi un rapprochement
entre le symbole de la rose-croix et celui de la coupe du Graal, le vase
d’émeraude qui contient le sang du Christ. Oui, la coupe qui doit se remplir de
cette quintessence divine, le sang du Christ, n’est autre que l’être humain.
Grâce à son travail de purification, il permet au sang du Christ de se déverser
en lui. Et il est aussi la croix, parce que la croix comme la coupe, c’est
toujours l’homme, et c’est sur cette croix que doit s’épanouir la rose :
la vie et l’amour du Christ.
Omeraam.
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