Il est dit dans les
Evangiles que lorsque Jésus reçut le baptême dans les eaux du Jourdain, on vit
le Saint Esprit descendre sur lui sous la forme d’une colombe. Et les Actes des
Apôtres rapportent aussi que, le jour de la Pentecôte, le Saint Esprit
descendit dans la maison où tous les disciples étaient réunis et se posa sur
chacun d’eux comme une langue de feu.
Sous différentes formes,
cette descente du Saint Esprit en l’homme est un symbole que l’on retrouve dans
toutes les traditions spirituelles. Mais parce qu’on dit que le Saint Esprit
« descend » en l’homme, il ne faut pas croire qu’il est une entité
extérieure à lui : c’est son Moi supérieur qui se manifeste, cette
quintessence divine déposée en lui par le Créateur. Dire que l’homme reçoit le
Saint Esprit signifie qu’il est parvenu à faire le lien avec son propre esprit,
son Moi supérieur. Le Saint Esprit est un principe cosmique, une pure émanation
de la Divinité ; sur l’Arbre séphirotique, il est placé dans la séphira
Binah, et notre Moi supérieur est de la même nature que lui. Comme une goutte
d’eau dans l’océan, comme une étincelle dans le feu, il est fait de la même
quintessence divine. Et si l’homme n’a aucune conscience d’être lié à cette
entité, d’être habité par elle, c’est qu’il a laissé s’accumuler en lui trop
d’impuretés, la fusion n’est plus possible. Si vous ne pouvez pas vous
fusionner avec votre Moi supérieur, c’est parce que vous avez laissé trop
d’impuretés s’accumuler ; ce sont ces impuretés qui empêchent la fusion.
Vous comprenez maintenant combien le travail de purification est nécessaire
afin que la fusion du Moi supérieur et du moi inférieur s’accomplisse. Tant que
cette fusion ne se produit pas, notre Moi supérieur reste comme une réalité
séparée de nous, étrangère à nous ; il ne peut pas nous faire partager ses
pouvoirs, ses connaissances, ses richesses. Il voit tout, il sait tout, il peut
tout, mais il ne peut rien pour nous tant que nous n’avons pas réussi à
dissoudre les couches opaques qui nous séparent de lui.
Nous ne cessons de commettre
des erreurs, mais notre Moi supérieur n’intervient pas, il nous laisse
faire ; pendant que nous sommes ici en train de tâtonner, de tomber, de
souffrir, de regretter, de pleurer, il vit, lui dans la béatitude. Et quand
nous sommes plein d’espoir et de bons projets, il n’intervient pas non plus
pour nous aider à les réaliser. Pourquoi ? Parce qu’il vit au-delà de ce
que nous représentons en tant qu’individu avec un corps physique, un corps
astral, un corps mental, et encore au-delà avec les corps causal, bouddhique et
atmique ; car même si ces corps sont d’une extrême subtilité, ce sont tout
de même des corps, et ils sont donc une réalité matérielle. Le Moi supérieur,
lui n’est pas un corps, il se manifeste à travers ces corps, mais sa région est
celle que les kabbalistes appelle Aïn Soph Aur ; lumière sans fin,
l’essence la plus pure de Dieu Lui-même qui est aussi notre propre essence.
Comment exciter la bonne
volonté de cette Entité qui est tellement éloignée de nous et qui pourtant est
nous ?
Notre moi terrestre, ici,
notre moi passager éphémère, est fait de plusieurs moi qui ont des tendances,
des goûts, des aspirations tout à fait différents et même contradictoires. Nous
somme sen apparence un individu unique, un moi servant pour ainsi dire de carte
de visite à tous les autres moi qui habitent la même maison et qui peuvent être
indifféremment cuisinier, jardinier, poète, trafiquant, moine.. Eh oui !
Mais nous-mêmes, qui sommes-nous ? Nous ne le savons pas. Nous sommes un moi fictif qui les englobe tous et qui doit recevoir successivement des
récompenses et des punitions pour les bonnes actions et les fautes des uns et
des autres. Un de ces moi va chaparder un peu chez le voisin, et voilà qu’un
autre moi arrive, un moi honnête qui est étonné, navré ; il ne comprend
pas comment cela a pu arriver. Pendant ce temps, le Moi supérieur regarde,
indifférent, impassible, se dérouler toutes ces comédies. Alors, comment
attirer l’attention de notre Moi supérieur ?
En faisant des efforts pour
le retrouver, pour le toucher. Immédiatement il en est averti, il se réjouit et
devient attentif. Tout ce que nous faisons d’autre le laisse froid. Que nous
devenions général, ministre, empereur, que nous soyons accidenté, dans la misère,
désespéré, cela ne le touche pas. Mais le jour où nous voulons enfin le
connaître, c’est à dire nous connaître, il est alerté et commence à faire
attention à nous. Ce sont alors d’autres courants qui entrent en action et, peu
à peu, nous recevons la lumière, l’amour, la force, la paix.
Pour toucher notre Moi
supérieur, il existe évidemment des méthodes. L’une d’elles consiste à prendre
conscience de nous-mêmes, de ce moi que nous sommes là, tout simplement. Car même
limité, même illusoire, ce moi existe ; il n’est pas réellement nous, mais
il est au moins un reflet auquel nous pouvons nous accrocher comme à une
lointaine manifestation de notre vrai Moi. Si nous prenons l’habitude de nous
concentrer, sans penser à rien, avec seulement la conscience d’être là en tant
qu’individu, comme cette conscience est liée à l’infini de notre Moi supérieur,
peu à peu nous arrivons à établir un contact avec lui. Et pour attirer les
qualités de notre Moi supérieur, nous devons faire intervenir la pensée et
l’imagination. Nous nous représentons ce Moi qui vis en haut dans la lumière en
train de regarder cet autre mi qui, à des millions de lieux plus bas, se trouve aux prises avec ses
limitations, ses obscurités, ses faiblesses. Nous maintenons cette pensée et nous
faisons circuler le courant entre notre Moi d’en haut et notre moi d’en bas. C’est
à ce moment-là que se crée le lien, le vrai lien, parce que d’ici nous pensons
que nous sommes en haut, et de là-haut nous sentons que nous sommes ici, en
bas, conscient de notre Moi d’en haut.
A ce moment-là, les deux
pôles inférieur et supérieur de notre être commencent à se rapprocher et, un
jour, la fusion se fait ; notre moi inférieur n’existe plus ; ce moi
inférieur, qui n’est qu’une ombre, un reflet, disparaît, et seul demeure notre
Moi réel, notre Moi supérieur. Finis les découragements, finies les faiblesses,
les obscurités ; car nous nous sentons en possession de notre vrai Moi
omniscient, immortel, éternel. Cette identification avec notre Moi supérieur
suppose évidemment que nous soyons capables de faire un réel travail par la
pensée, car nous devons arriver à concevoir non seulement que notre Moi
supérieur nous regarde, mais qu’il a conscience de se regarder lui-même à
travers nous et d’être lié à nous. C’est grâce au contact qui se produit alors,
que s’éveille notre super-conscience. Puisque notre être entier se reflète sur
l’écran de la conscience, notre Moi supérieur projette aussi un reflet sur cet
écran et, si faible soit-il, c’est ce reflet qui nous permet de nous lier à
lui. Ce reflet est une réalité extraordinairement impalpable et ténue, mais il
est formé de la quintessence du Ciel ; même s’il n’est qu’une trace
lointaine de notre Moi divin, sa présence nous rappelle notre véritable
origine.
Le reflet seulement d’une
personne dans un miroir est une réalité matérielle, ce sont des fluides qu’elle
dépose. Même l’ombre qui la suit sur le chemin est une réalité matérielle. Les sorciers
le savent bien, eux, qui pour envoûter une personne, se servent des traces
fluidiques laissées par son ombre. On croit que l’ombre n’est rien, mais
l’ombre est une réalité, une trace laissée en passant par une personne vivante.
Dans ce sens, cette trace aussi est vivante, et on peut la suivre. C’est ce que
font certains chiens qui arrivent à retrouver des personnes en flairant
seulement les fluides qu’elles ont laissés sur leur passage.
Un jour, nous arriverons à
nous retrouver en haut, notre conscience s’élargira aux dimensions de l’univers
entier, nous sentirons que nous sommes de retour dans le sein du Créateur, nous
plongerons dans l’éternité. Les sages de l’Inde ont enseigné une formule qui
résume tout ce que je suis en train de vous expliquer ; « Moi, c’est
Lui ». Ce qui signifie : Lui, c’est le Créateur, et moi je n’existe
pas en tant qu’être séparé, indépendant. C’est grâce à Lui que j’existe et
j’existe comme un reflet de LUI. Si je veux maintenant me retrouver, c’est Lui
que je retrouverai, car Lui seul est la réalité.
Dieu s’est projeté à travers
l’univers qu’il a créé et aucune créature n’existe indépendamment de Lui. Trouver
Dieu ou se retrouver soi-même, c’est donc au fond le même travail… le même
travail de longue haleine ! Il est des moments où vous vous sentez envahi d’un seul coup par la lumière, d’un seul coup vous vous entez projeté au sommet
de vous-même et vous êtes ébloui de cette immensité, de cette splendeur. Malheureusement,
cela ne dure pas, et de nouveau vous retombez dans la vie quotidienne avec les
mêmes soucis, les mêmes faiblesses, les mêmes angoisses, de nouveau vous vous
sentez coupé de la Divinité, de votre Moi supérieur, comme une scorie rejetée
quelque part ... Mais ne restez pas là, faites des efforts pour rétablir
le lien avec votre Moi supérieur. Si vous insistez patiemment, sincèrement,
cette sensation de coupure se fera de plus en plus rare. Jusqu’au jour où enfin
la lumière ne vous quittera plus, vous aurez franchi le fleuve, vous serez sur
l’autre rive, vous serez enfin sauvé.
Le sens de l’Initiation,
c’est d’apprendre à l’homme à se détacher de sa nature inférieure pour pouvoir
vibrer à l’unisson avec l’Esprit, qui est son véritable Moi. La fusion avec le
Moi supérieur, c’est la fusion avec Dieu. Oui, se retrouver, se connaître,
c’est se fondre dans la Divinité, car cette étincelle, cet esprit qui est en
l’homme n’est jamais séparé de Dieu. Et en se cherchant, en se trouvant,
l’homme atteint la conscience suprême de vivre et de respirer en Dieu.
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