Les deux principes masculin et féminin
sont à la base de la vie, on les découvre dans tous les phénomènes de la vie,
qu’ils soient physiques, psychiques ou spirituels, et c’est en sachant les identifier
qu’on perçoit l’unité de la création. Jusque-là, la nature apparaît comme un
immense désordre, un véritable capharnaüm, et même si les scientifiques ont
essayé de faire des classifications pour y voir un peu plus clair, très peu
sont capables de découvrir les liens secrets qui existent entre tous les
éléments de la création et de comprendre que ces éléments, apparemment séparés,
forment en réalité un tout.
Seule la vision du tout révèle
l’harmonie de ces deux principes qui, au premier abord, paraissent s’opposer
(le masculin et le féminin, l’actif et le passif, le positif et le négatif, la
lumière et les ténèbres, la chaleur et le froid, le bien et le mal, l’amour et
la haine, etc…) ainsi que l’harmonie des phénomènes qui en découlent. Pour celui
qui y voit clair, il y a balance, c'est-à-dire équilibre. Lui-même est dans la
balance, il ne quitte plus l’équilibre. Mais l’équilibre ne signifie pas la fin
des oscillations, un état où les deux plateaux resteraient parfaitement
immobiles ; A ce moment-là, l’équilibre parfait signifierait non seulement
la stagnation, mais le retour à l’indifférenciation originelle. Lorsque Dieu
s’est polarisé pour créer, la balance s’est mise en branle, elle a commencé à
osciller. D’ailleurs, d’après certaines traditions, la création du monde n’a
pas commencé avec la constellation du Bélier, mais avec celle de la Balance qui
lui est opposée sur le cercle du zodiaque.
Dans la deuxième carte du Tarot, le
croissant de lune placé au-dessus de la tête de la Papesse traduit bien aussi
cette idée de l’oscillation de la Balance. Bien qu’à certaines périodes, quand
elle est pleine, la lune apparaisse à nos yeux sous la même forme circulaire
que le soleil, symboliquement, parce qu’elle croît et décroît, la lune est
représentée par un croissant, et un croissant a deux cornes. Oui, et ce n’est
pas par hasard qu’on parle des « cornes » de la lune ni que dans
certaines mythologies les divinités féminines étaient représentées par des
bêtes à cornes. La femme – ici la Papesse – qui est le symbole vivant de la
nature créée par Dieu, est placée sous le signe de la Balance, c'est-à-dire du
flux et du reflux ; après la lumière, les ténèbres, puis à nouveau la
lumière etc. Après l’activité, le repos, et à nouveau l’activité.
Tant que la création ne sera pas
achevée, la balance continuera à osciller ; L’équilibre absolu est
synonyme de perfection, et que peut-il y avoir au-delà de la perfection ?
Rien, tout s’arrête. L’oscillation de la balance révèle que la création est
toujours en devenir ; elle tend vers l’équilibre absolu, donc vers
l’immobilité sans jamais l’atteindre. Le jour où elle l’atteindra, tout
rentrera à nouveau dans le sein de l’Eternel.
L’évolution suppose une perpétuelle
oscillation des deux plateaux de la Balance. Voilà encore un enseignement du
nombre 2. Si le mouvement s’arrête, c’est la mort, car l’équilibre parfait
empêche les échanges. Or, la vie n’est faite que d’échanges. Ces échanges,
c’est comme des fils qui se tissent entre les humains, mais aussi entre les
humains et toutes les formes d’existence. Cependant, ce mouvement doit être
mesuré, car si l’in des plateaux s’élève trop haut, l’autre descend trop bas,
et c’est la chute ; là encore, l’oscillation s’arrête, il n’y a plus de
vie. Ce que nous appelons équilibre est en réalité un certain déséquilibre.
Mais ce déséquilibre doit rester limité et momentané ; l’équilibre est
momentanément rompu pour être rétabli aussitôt. De cette rupture de niveau
jaillissent des forces qui doivent être rapidement rattrapées par un mouvement
contraire afin d’être dominées. C’est cette oscillation qui engendre la
vie ; On peut donc dire que la vie est un déséquilibre sans cesse rattrapé
grâce à l’intervention d’un troisième principe capable de maîtriser les
courants de forces antagonistes.
L’acte de marcher illustre parfaitement
ce phénomène. Nous marchons en avançant alternativement un pied puis l’autre.
Au moment où nous avançons un pied, notre corps est dans un léger déséquilibre
que nous rectifions en avançant l’autre pied. Mais, observez combien il est
facile de perdre l’équilibre et de tomber ; le moindre dysfonctionnement
dans les centres nerveux de l’équilibre, le manque de vigilance, la rencontre
imprévisible d’un obstacle, et c’est la chute. Chaque élément, chaque objet, chaque
situation, chaque créature est une source d’énergies, mais pour que ces
énergies se manifestent, il faut les placer dans une certaine position de
déséquilibre, c’est à dire sur une pente ; Considérez l’eau placée sur une
surface plane, elle se répand comme une nappe douce et tranquille ; il n’y
a pas de pente, elle ne peut pas circuler. Donnez maintenant à cette eau une
certaine pente ; sa puissance augmente, et si elle est abondante, elle
produit une énergie capable de faire fonctionner des usines entières. Mais à
condition de la contrôler.
Il en est de même pour l’homme. Il
existe en lui une pente sur laquelle des forces ne cessent de descendre en
cascade, et il est nécessaire de les canaliser pour qu’elles fassent un bon
travail. Le nombre 2 est la plus grande pente que Dieu ait donnée à
l’homme : il faut seulement que cette pente soit sans cesse rééquilibrée
par un troisième principe qui domine les deux autres, car un excès dans un sens
finit par produire un excès inverse. Notre vie psychique est fondée sur un
certain déséquilibre, et ce déséquilibre, quand il est maîtrisé, apporte
richesse, création. Les génies par exemple, ne sont pas des êtres équilibrés au
sens ordinaire du terme (cet équilibre-là n’engendre souvent que la
médiocrité). Au contraire même, les génies sont souvent des êtres qui, se
sentant menacés par des puissances obscures, essaient de les maîtriser en les
mettant au service d’un principe supérieur, et c’est ainsi qu’ils arrivent à
réaliser des œuvres grandioses.
Un certain déséquilibre est nécessaire
pour notre avancement, mais à condition de rester vigilant et d’être capable
d’intervenir avant que les plateaux de la balance n’accusent une trop grande
différence de niveaux. Savoir équilibrer les forces donne un pouvoir magique
sur soi-même et sur la nature ; Mais il faut se surveiller aussi pour
conserver une certaine oscillation, car le jour où les deux plateaux sont
parfaitement équilibrés, plus rien n’avance, c’est la mort qui
s’installe ; La mort est un équilibre parfait. Dans combien de domaines on
peut vérifier que la vie est créée par cette oscillation entre des forces ou
des situations contraires !
Toute l’abondance et la variété des
richesses qui apparaissent à la surface de notre planète viennent de ce que
cette surface n’est pas plane, mais qu’il y a différents niveaux, depuis les
hauts sommets jusqu’aux profondeurs terrestres et marines. La diversité des
climats, de la flore, de la faune etc… d’où découle en partie la diversité des
civilisations, vient de ce que la surface de la terre n’est pas nivelée, et
c’est magnifique. Et les humains non plus, il ne faut pas qu’ils soient
nivelés. Pourquoi ? Pour qu’il y ait des échanges fructueux entre eux,
toute une circulation. Le seul point qu’ils doivent avoir en commun, c’est un
haut idéal, le désir de toujours progresser dans l’amour et la lumière, afin de
se sentir tous fils et filles de Dieu. Pour le reste, qu’ils soient
différents ! C’est cette différence qui rend leur vie riche et belle.
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