Au cours des âges, les conceptions de
l’amour et de la sexualité ont évidemment évolué. Les primitifs se conduisaient
dans ce domaine avec la plus grande brutalité, la plus grande
grossièreté ; c’étaient des fauves affamés, des volcans en éruption, des
océans déchaînés. Au fur et à mesure du temps, plus ou moins, avec l’éveil de la conscience et de la vie spirituelle, de nouveaux éléments se sont
ajoutés : le respect de l’autre, la tendresse, la délicatesse… et
pourtant, même aujourd’hui, dans la majorité des cas, l’amour est resté une
manifestation primitive. Cet amour passionnel, instinctif, que les humains ont
pratiqué pendant des millénaires, est si profondément gravé en eux qu’ils ne
savent pas tellement comment l’affiner, l’ennoblir. Rien n’est plus difficile,
c’est vrai, mais rien n’est plus facile aussi quand on connaît quelques règles.
L’amour, c’est la vie divine qui descend du Ciel et qui pénètre jusque dans les régions les plus denses de la matière pour
les arroser, les vivifier. Cette vie jaillit pure et cristalline du sommet de
la montagne ; mais en descendant, comme un fleuve elle se charge des
impuretés des régions qu’elle est obligée de traverser. C’est la même énergie
qui vient du soleil, la même lumière, la même chaleur, la même vie qui se manifeste
partout dans l’univers. Mais les humains, ignorants, ne cessent de la gâcher en
la considérant seulement comme un moyen de propagation de l’espèce ou un
instinct dont la satisfaction leur donne du plaisir ; ils ne savent pas
que c’est une énergie divine, la plus puissante, la plus essentielle, et qu’ils
ont la tâche de la rendre à nouveau aussi pure qu’elle l’était au commencement,
en haut.
Par la pensée éveillée, par une
attention soutenue, par un contrôle intelligent, nous pouvons tous faire un
travail sur nous-mêmes afin que cette énergie redevienne aussi limpide que la
lumière du soleil.il y adonc quelques règles à connaître, bien sûr, mais pour
les appliquer il ne faut pas attendre de tenir quelqu’un dans ses bras pendant
l’amour. Etant donné que ce sont les mêmes lois qui régissent tous les
domaines, on peut déjà s’exercer dans les différentes activités de la vie
quotidienne, bien avant même d’aimer quelqu’un et de lui manifester cet amour.
Chaque jour, n’est-ce pas, vous préparez
la nourriture et vous mangez. Mais vous n’avalez pas tout, vous faites des
triages, car il y a toujours quelque chose de sale ou d’indigeste qu’il faut
laver ou rejeter. L’être humain, qui est plus évolué que les animaux, fait des
triages pour la nourriture ; mais quand il s’agit des sentiments et des
pensées, il avale tout. Et c’est bien pire encore quand il s’agit du domaine de
l’amour et de la sexualité. Il ne sait pas que cette nourriture – l’amour –
qu’il va manger et donner à manger à l’autre, il faut la nettoyer, sinon dans
les échanges qu’il aura avec lui, ou avec elle, vont se glisser des germes de
maladie et de mort que sa conscience n’aura pas été capable de voir et
d’éliminer. Oui, la mort se glisse dan un amour où il n’y a ni conscience, ni
contrôle, ni lumière ; et c’est cet amour-là qui est partout chanté,
louée, glorifié. Tellement peu de gens connaissent un autre amour !
Vous serez peut-être un peu étonné que
je compare l’amour à la nutrition, mais ce sont les mêmes lois. Pourquoi les
homes et les femmes se cherchent-ils ? C’est la faim et la soif qui les
poussent. Ils ont faim, ils ont soif, et ils veulent manger et boire. Aimer,
c’est exactement comme se nourrir, ce sont les mêmes besoins et les mêmes
processus. Combien de fois je vous l’ai dit : lorsque vous mangez, vous
devez oublier tout le reste pour penser seulement à lier ce processus de la
nutrition avec l’univers entier, afin que toutes ces énergies ne servent pas
seulement à nourrir votre corps physique, mais soient aussi dirigées vers le
haut pour nourrir vos corps subtils. Celui qui n’a pas compris les processus de la nutrition, ne comprendra pas non plus ceux de l’amour, car ils obéissent aux
mêmes lois de l’alchimie spirituelle ; en mangeant automatiquement, ou
seulement pour le plaisir, sans faire aucun travail spirituel, il ne se prépare
pas à faire ce travail pendant les échanges de l’amour et il restera toujours
aussi grossier, limité et insatisfait. Si j’insiste depuis des années sur cette
question d‘apparence insignifiante : la façon de manger, c’est que j’au un
but bien précis. En commençant par la nutrition, en apprenant à manger d’après
de nouvelles règles, on devient capable de se nourrir aussi des effluves, des
émanations, des rivières qui jaillissent de la Source divine ... Tout commence
par une bonne compréhension de la nutrition. Alors, maintenant, tâchez de
prendre cela au sérieux.
Avant de vous mettre à table, vous vous
lavez les mains, et même si de nos jours ces pratiques se perdent de plus en
plus, vous faites une prière pour inviter le Seigneur à partager votre repas.
Se laver les mains et invite le Seigneur à sa table, rien que ces pratiques
vous apporteront beaucoup ; avant de vous approcher de l’être que vous
aimez, avant de le prendre dans vos bras, vous saurez inviter les anges à
participer à ce festin. Et puisque la nutrition est un acte sacré, il est
préférable de s’habituer à manger dans le silence. Car ne croyez pas que le
silence à table est une habitude qui serait seulement bonne pour les couvents.
Dans le silence vous préparez les conditions pour recevoir les matériaux qui
entreront dans l’édification de vos organes physiques et psychiques.
Lorsque vous prenez la première bouchée,
mastiquez-la consciemment, le plus longtemps possible, jusqu’à ce qu’elle
disparaisse dans votre bouche sans même que vous ayez à l’avaler. L’état dans
lequel on prend la première bouchée est très important ; il faut le faire
dans les meilleures dispositions possibles, parce que c’est cette première
bouchée qui déclenche intérieurement tous les rouages. N’oubliez jamais que le
moment essentiel d’un acte est son commencement ; c’est lui qui donne le
signal pour le déclenchement des forces, et ces forces ne s’arrêtent pas en
chemin, elles vont jusqu’au bout. Si on commence dans un état harmonieux, tout
le reste se fera harmonieusement. Manger lentement et bien mastiquer favorisent
la digestion, bien sûr, mais il faut aussi savoir que la bouche, qui est la
première à recevoir la nourriture, est comme un laboratoire ; elle joue
dans un plan plus subtil le rôle d’un véritable estomac ; elle absorbe les
particules les plus fines, donc les plus actives, et ce sont les matériaux plus
grossiers qui sont envoyés dans l’estomac. Puis, étant donné que l’homme ne
possède pas seulement un corps physique, mais d’autres corps qui sont les
sièges de ses fonctions psychiques et spirituelles (le corps éthérique, astral,
mental, causal, bouddhique, atmique) la question se pose aussi pour lui de
savoir comment les alimenter. Je vous ai dit qu’il faut bien mastiquer les
aliments, mais la mastication est surtout pour le corps physique ; pour le
corps éthérique il faut ajouter la respiration. De même que l’air avive la
flamme – vous savez que pour ranimer un feu il n’y a qu’ souffler dessus – de
même, de profondes respirations au cours du repas favorisent la combustion. La
digestion est une combustion, et de même la respiration et la réflexion ;
seuls le degré de chaleur et la pureté de la matière diffèrent d’un processus à
l’autre.
Donc, en mangeant, il est bon de s’arrêter
de temps en temps pour respirer profondément, afin que cette combustion
permette au corps éthérique de retirer de la nourriture des particules plus
subtiles. Le corps éthérique étant porteur de
la vitalité, de la mémoire et de la sensibilité, on bénéficie de son bon
développement.
Le corps astral, lui se nourrit de
sentiments, d’émotions, donc d’éléments encore plus immatériels que les
particules éthériques. Et si vous êtes sensible, vous sentirez que la
nourriture n’est pas autre chose qu’une lettre d’amour écrite par le
Créateur ! Alors, comment peut-on négliger cette lettre ? Comment ne
pas y répondre aussi avec amour ? Tous les hommes, toutes les femmes,
quand ils reçoivent une lettre de celui ou celle qu’ils aiment, regardez avec quelle
ferveur ils la lisent, la relisent ; ils sont heureux et la conservent
précieusement. Mais la lettre du Créateur, on l’envoie au panier, elle ne
mérite pas d’être lue… Eh bien, d’après moi la nourriture est la lettre d’amour
la plus éloquente, la plus puissante, puisqu’elle nous apporte la vie, la
force ; et apprendre à lire cette lettre, c’est cela la véritable
communion.
Pour nourrir votre corps mental, vous
devez apprendre à vous concentrer sur la nourriture, en pensant qu’elle est
faite de particules d’énergies qui ne viennent pas seulement de la terre, mais
de l’univers entier. Car en réalité, la nourriture se matérialise sur la terre
exactement comme les enfants se matérialisent dans le sein de la mère ; a
l’origine, les plantes, les fruits sont des esprits dans l’espace, mais comme
on ne peut pas travailler dans le plan physique si on n’a pas de corps physique, pour pouvoir
agir efficacement ici sur la terre et entretenir la vie, ces esprits doivent se
conformer aux lois de la matière : ils s’incarnent. Alors, si vous êtes
plus attentif, si vous comprenez la richesse et la valeur de la nourriture,
vous pourrez recevoir et déchiffrer les messages qu’elle transport : elle
vous dira comment toutes les particules qui la composent ont traversé
l’univers, quels êtres ont travaillé à la faire croître, quelles entités se
sont occupées constamment, jour et nuit, à lui infuser telle ou telle propriété
pour être utile aux enfants de Dieu. Elle a même enregistré les empreintes
laissées par tous ceux qui ont travaillé dans les champs ou se sont promenés
auprès d’elle. Oui, le savoir que nous recevons ainsi en mangeant est uns avoir
vivant, car il imprègne toute la substance de notre être.
Enfin, au-delà des corps éthérique,
astral et mental, l’être humain possède d’autres corps encore plus
subtils : les corps causal, bouddhique et atmique, sièges du mental
supérieur, de l’âme et de l’esprit, qui doivent aussi être nourris. Vous les
nourrirez en vous laissant pénétrer d’un sentiment de reconnaissance envers le
Créateur. Ce sentiment de reconnaissance vous ouvrira les portes célestes par
lesquelles vous recevrez les plus grandes bénédictions, car la reconnaissance
est capable de transformer la matière grossière en particules de lumière qui
seront distribuées partout en vous, dans le cerveau, le plexus solaire et tous
les organes. Vous commencerez à vous rendre compte que vous avez d’autres
besoins, d’autres joies, d’une nature supérieure, et de plus grandes
possibilités d’agir se présenteront aussi à vous. Oui, car la gratitude est la
conscience de ce que nous devons au Créateur. Et c’est cette conscience,
concentrée sur la nourriture, qui est capable de l’ouvrir pour en libérer
l’énergie emprisonnée. En réalité, il s’agit là d’un processus identique à
celui que l’on observe dans une centrale nucléaire ; si on savait vraiment
manger, quelques bouchées à peine pourraient suffire ; on retirerait assez d’énergies pour remuer l’univers entier.
L’être humain doit comprendre qu’il a reçu cette mission grandiose de
transformer et de sublimer la matière de la création : tout ce qu’il
mange, tout ce qu’il touche, il lui est donné de l’améliorer, de l’embellir.
Voilà notre tâche à tous ; faire passer la matière à travers nous afin de
lui imprimer une marque divine. La nutrition est un processus de la plus haute
alchimie. Tant que nous ne comprenons pas cela, nous passons à côté de quelque
chose d’essentiel. Nous avons pour tâche de mettre le sceau de l’esprit sur la
matière, de tout spiritualiser, de tout diviniser, et si nous y parvenons, nous
sommes reconnus, appréciés, choisis par les esprits lumineux qui s’arrêtent
auprès de nous parce que nous remplissons notre tâche de fils de Dieu.
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